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POUR SERVIR À

L'ÉTUDE DE D'HISTOIRE, DES LANGUES, DE LA GÉOGRAPHIE ET DE L'ÉTHNOGRAPIIE DE L'ASIE ORIENTALE

(CHINE, JAPON, CORÉE, INDO-CHINE, ASIE CENTRALE et MALAISIE).

RÉDIGÉES PAR MM.

GUSTAVE SCHLEGEL

Professeur de Chinois à l’Université de Leide

ET

HENRI CORDIER

Professeur à l'Ecole spéciale des Langues orientales vivantes et à l'Ecole libre des Sciences politiques à Paris. ,

Série II. Vol. IV. ee © +

LIBRAIRIE ET IMPRIMERIE CI-DEVANT E. J. BRILL..

LEIDE 1903,

FiAY 16 À Al 6 k dg:

SOMMAIRE.

NL PR LT ST

Articles de Fonds.

Pages M. DE MAROLLES, Souvenirs de la révolte des T'aï-P‘ing (Fin). . . . . 1 A. GRAMATZKY, Vergleichende Liste von Ausdrücken im Satsuma-Dialect und im gewühnlichen Umgangs-Japanisch . . . . . . . . . . 19 HENRI CORDIER, Congrès des Orientalistes de Hanoï . . . . . . . . 93 CHARLES-EUDES BoniN, Vocabulaires. . . RARE Pa HENRI FONTANIER, Une mission chinoise en Annam (1840— 1841) par Henm: Cordier .: . 127 HENRI CORDIER, La France et l'Angleterre en © Indo-Chine et en Chine sous le Premier Empire. . 201 G. ScHLEGEL, Java. I. Notions of the Island from A.D. MA till the beginning of the 13th century. . 228 HENRI CORDIER, La Reprise des Relations de la France avec ‘l'Annam sous la Restauration. . et ep te oO LR AO Henri CorRDiER, Majorité de l'Empereur Kouang- SU SIRET LED NIET AOL

HeNRr1 Corbier, Les études chinoises (1899 —1902). (Fin.) . 23, 146, 324, 371 Henri Copier, Bibliotheca Indo-Sinica; Essai d’une Bibliographie des Ou-

vrages relatifs à la presqu’ile indo-chinoise. Première Partie: Bir- HA ON CR SALE ee DA PE RES At Of oh nu O0 Mélanges. Le calice du Grand-Lama, par Thiébault-Sisson . . . . . . . . . . 251 Eighth International Geographical Congress . . . . . . . . . . . 343 Une Supplique de Tehang Tchi-toung . . . . . . . . . . . . . 344 Variétés. MORE ES TA dUCEONE en Lo ne me ee oder alrenth ed ne dc 10 Nécrologie.

Albrecht Conon von der Schulenburg, par G. Schlegel; André Pierre Ricaud, T‘ao Mo, Jules François Gustave Ber HOT D Henri Cordier . . . 72

Mr. Hughes, Jong-Lou, par Henri Cordier. . Rte Lo Foung-lou, Jules Arène, Amiral Courrejolles, par Henri Cordier 26 1 980 Amiral Edouard Pottier, Henry de la Vallée Poussin, Cornelis Gerbrand Luzac Het Cordier) RE ROME LE Ra ne Lo 2 eo Dr. Gustave Schlegel, Mgr. Anzer (Henri Cordier) . . . . . . . . . 407

Bulletin critique.

Les Coréens, Esquisse Anthropologique par E. Chantre [et] E. Bourdaret; Etude sur les relations économiques des principaux pays de l’Europe continentale avec l'Extrème-Orient par Edouard CI: very (Henri Cordier); Histoire des Relations de la Chine avec les Puissances Occidentales.

IV SOMMAIRE. Pages I. (4860—1875), IL. (1875—1887). Par Henri Cordier ($. Lane-Poole); : China, Her History, Diplomacy and Commerce from the earliest Times to the Present Day by E. H. Parker (Henri Cordier) . . . 74 China and the Chinese by Herbert Allen Giles: Inventaire descriptif des Monuments du Cambodge par E. Lunet de Lajonquière (Henri Cordier) 164 J. Pène-Siefert, Jaunes et Blancs en Chine; Les Jaunes Historic Macao. By C. A. Montalto de Jésus; El Libro de Marco Polo Aus dem ver- mächtnis des Dr. Hermann Knust nach der Madrider Handschrift heraus- gegeben von Dr. R. Stuebe; Notice du MS. Nouv. Acq. Franç. 10.050 de la Bibliothèque nationale contenant un nouveau texte français de la Fleur des Histoires de la Terre d'Orient de Hayton par M. H. Omont (Henri Cordier). Chinesische Bronzegefässe. Text von Julius Lessing (Dr1BLaufer)s TTL EN L. de Reinach, Recueil de Traités conclus par la France « en Extrême- Orient (1648—1902) ; The Island of Formosa Past and Present by James W. Davidson; Geschichte der chinesischen Litteratur von Dr. Wilh. Grube (Henri Cordier); The Book of Ser Marco Polo, the Venetian, concerning the Kingdoms and Marvels of the East. Translated and edited, with Notes, by Col. Sir Henry Yule. Third Edition, revised by Henri Cordier, with a Memoir of Henry Yule by his Daughter, Amy Frances Yule (The Athenæum, Oct. 17, 1903). . . 52992 Mis de la Mazelière, Essai sur l’évolution de la civilisation indienne: Petit Dictionnaire Chinois- Français par F.S. Couvreur S.J. (Henri Cordier); K. Ahlenius, Ein Kinesisk Världskarta frân 17:de Arhundert : Hans Virchow, Das Skelett eines verkrüppelten Chinesinnen-Fusses; J. S$. Speyer, Ueber den Bodhisattva als Elephant mit sechs Hauzähnen : A. Henry, The Lolos and other Tribes of Western China; Captain C. H. D. Ryder, Exploration in Western China; Dr. Sven Hedin, Three Years’ Exploration in Central Asia, 189-1902: George Macartney, Notices, from Chinese sources, on the ancient kingdom of Lau-lan, or

Doen-shen (Ed. "Chavannes)s 8 NE EN NN CRIE Bibliographie. Livres nouveaux + SN EN Se MB UIGS PO ODUADE Publications périodiques ©. 2.0: COMME te 200 60 100) 2218, :008 20 Chronique.

Allemagne, Asie centrale, Asie russe, Belgique, Birmanie, Chine, Etats-Unis, France, Grande Bretagne, Inde Anglaise, Indo-Chine Française, Japon, Pays-Bas et Colonies Néerlandaises, Russie, Siam, Suède, 90, 176, 276, 369, 432

Notes and Queries. Chinpseriens 2 20e MUR ER TP SEEN LL Na

Index alphabétique®:24 4 DCS IRC TNT ARE DNS 71)

Souvenirs de la révolte des T'aï-P‘ing 1862-1863) PAR

M. le Commandant DE MAROLLES.

(Suite de la page 221, Vol. IIL.)

Kersauson ne pense qu’à rentrer en France et ne veut pas profi- ter de la position que lui a donnée la mort de Protet. Il m'avoue n'avoir pas osé dire à l'amiral anglais qu'il blâmait la conduite du général Staveley. Kersauson écrit au Japon au capitaine de vaisseau Faucon pour que ce dernier vienne le remplacer.

Kersauson veut faire de moi son chef d'état-major; je refuse. Il m'offre alors le commandement du petit vapeur, le Déroulède, que j'accepte. Vers la fin du mois, nous voyons la population refoulée dans les environs de Chang-Haï. Les T'aï-P'ing se sont enhardis. Ils incendient les moissons. Le camp impérial, qui était sur le Houang-pou prend peur et se rapproche de la ville. La rivière charrie des cadavres.

Juin. En quittant Ne-Kiao, on y avait laissé une garnison (une compagnie de chasseurs et les Tardif). Il y avait à ravitailler cette troupe. Le pays est en insurrection partout, grâce à l’abandon de Nezian et de Cading. Une colonne de 85 français commandés par un lieutenant de vaisseau, est embarquée sur le Déroulède qui, aidé par une chaloupe canonnière, remorque 32 jonques, chargées

1

2 J. A. DE MAROLLES.

de vivres, munitions, etc. Arrivé à Ning-Hong, j'y trouve en station une petite frégate anglaise, dont le séjour dns cet endroit a éloigné les rebelles et a rendu la communication entre les deux rives. Soung Kiang est bloqué; les Ward la défendent. Ward écrit pour être secouru.

5. Départ de la colonne et arrivée à 10 h. matin à Ne-Kiao. La place est serrée de près par les rebelles. Aïdé des Tardif, on les attaque et met en fuite, grâce à notre artillerie. Chaleur torride. Retour à bord du Déroulède.

D'après les commurications que je fais au commandant anglais, ‘il abandonne son projet de secourir Nékiao, et part avec tout son monde secourir Soung Kiang. Dans l'après-midi plusieurs navires de guerre anglais arrivent avec des troupes pour secourir Soung- Kiang. Cette ville est une des clés de Chang-Haï. Les rebelles, chassés de ce côté, se rapprochent de Chang-Haï et ont brûlé quel- ques maisons de la concession américaine.

7. Parti de Niug-Hong et arrivé à Chang-Haï.

9. L'on craint que les rebelles n'attaquent Wou Soung, sont nos magasins et notre dépôt de charbon. Le Monge y est déjà. On m'y envoie pour voir ce qui s’y passe. Toujours du choléra.

13. Retour à Chang-Haï. Je suis encore forcé de parler du P. Lemaître. Dès le commencement des troubles il avait dressé plusieurs de ses ouailles à être ses espions et les renseignements qu'il obtenait d’eux étaient toujours vrais; 1l nous les communiquait aussitôt, et nous les communiquions aux Anglais.

* 15 Juillet. Parti pour Wou-Soung, station importante à cause de la proximité des T'aï-P‘ing et de nos grands magasins.

5. J'oublie de mentionner que le capitaine de vaisseau Faucon a pris le commandement de la station de Chine. Kersauson ne pense

qu'à s'en aller. Je suis toujours resté en très bons termes avec

SOUVENIRS DE LA RÉVOLTE DES T'AÏ-P'ING. p)

mon nouveau supérieur, quoique sur beaucoup de choses, nous n'ayions pas les mêmes idées.

4 Août. Je suis rappelé à Chang-Haï, pour faire l'évacuation de Né-Kiao, à la demande des Anglais. A 11 h. soir, parti pour Ning-Hong; à 4 h. matin mouillé devant Ning-Hong; à 7 h., parti pour Ne-Kiao avec une faible escorte et 18 jonques. Le pays est tranquille. Vers 10 h. l'évacuation est terminée; faute de bateaux, les 100 hommes de la garnison sont obligés d’aller à pied, par une pluie battante. Les Anglais, qui ne sont jamais expéditifs, mettent 3 heures de plus dans leur évacuation et ils ne sont pas plus nombreux. Ils ont réquisitionné de nombreuses jonques pour déva- liser les malheureux habitants de Né-Kiao. Pendant toute la journée, ils ont chargé leurs bateaux d’effets chinois, de lits, tables, bancs, chaises, et si je ne l'avais pas vu, je ne l’aurais pas cru, de portes, fenètres, nn Les officiers trouvent cela tout naturel: cela se vendra bien à Chang-Haï, ou servira dans leurs chambres.

6. Départ du Déroulède pour Chang-Haï avec la garnison de Ne-Kiao.

7. Service funèbre pour l’Amiral Protet ordonné par le Gouvernement de Péking. Le tao-tai voulait qu'il se fit dans une pagode et Faucon ne s’y opposait pas, mais quand le P. Lemaître apprit cela, il insista fortement pour que la cérémonie se fit dans la cathédrale catholique, ce qui eut lieu. Après, le tao-tai lut une proclamation impériale sur papier jaune, et scellée du grand sceau, ordonnant le service funèbre et l'envoi à la femme de l’Amiral de 100 peaux de mouton et de 3 pièces de velours extra-fin, comme témoignage des regrets que l'Empereur a éprouvés de la mort de l'Amiral. L’on me dit que la fourrure vaut 10,000 francs et chaque

pièce de velours 2,000.

En quittant la cathédrale, le tao-tai se rend à une des grandes

4 J. A. DE MAROLLES.

pagodes de la ville chinoise l'on fait un service païen pour Protet; aucun chrétien n’y a assisté.

Mauvaises nouvelles de Ning-Po; les rebelles s’approchent de cette grande ville, mettant tout à feu et à sang. L'année dernière, ils l'avaient prise, en avaient brûlé un tiers et massacré la plupart des habitants. Nous la leur avions reprise, avec perte d’un lieute- nant de vaisseau, M. Kenny et de quelques marins et fantassins. Les Anglais y ont une petite frégate en station. La ville de Yu- Yao, clé d’une des vallées qui aboutissent à Ning-po, vient d’être prise par les Impériaux, mais ils craignent d'y être enlevés et demandent à être secourus.

Voyant Faucon très inquiet, je lui propose de partir pour Ning-Po, moyennant un renfort de marins que je pourrais débar- quer, ce qui est accepté. Le vapeur chinois, le Confucius, est mis sous mes ordres par le Vice-Roi. Il est commandé par un Américain. La batterie d'artillerie de Tardif embarque sur le Déroulède.

21. Parti pour Ning-Po. Je dois, en allant, visiter les Chousan.

22. Mouillé à Ting-Haï, capitale des Chousan. Pays intéres- sant, population douce, nullement hostile aux chrétiens. L’établisse- ment des Lazaristes y est en pleine prospérité. Il contient un Sé- minaire, des écoles, une ferme modèle, un orphelinat. Le tout dirigé par 2 Pères, aidés par quelques chrétiens chinois. Les Chousan seraient une magnifique station militaire et maritime, aussi nos bons amis les Anglais les surveillent anxieusement et nous ont défendu de les occuper.

Août. À mon arrivée à Chousan, j'avais été visiter le cimetière français, situé sur l’île vis-à-vis la ville de Ting-Haï. Je constate que la clôture est en ruines et qu’un cercueil payen a été déposé sur une des tombes. Je rappelle au mandarin gouverneur de l’ar- chipel qu'il s’est engagé à entretenir le cimetière. Il me le promet.

25. Parti de Chousan pour Ning-Po. Passé devant Chin-Haï,

SOUVENIRS DE LA RÉVOLTE DES T'AÏ-P'ING. 6)

ville murée qui a été prise par les T'aï-P'ing à la même époque que Ning-Po, et reprise par nous. Elle est à moitié ruinée, incen- diée et ses habitants ont été en partie massacrés.

À la nuit mouillé en amont de Chin-Haï.

26. Mouillé devant Ning-Po. La ville est heureusement située pour le commerce: c’est un Fou. Ruinée et en partie incendiée, elle commence à reprendre un peu de son ancienne activité. Les Anglais et les Américains y font déja un commerce fructueux. Quant aux Français, il n’y en a pas.

Le matin allé en ville. Passé l'inspection du corps franco-chinois, dont le capitaine Tardif de Moiïdrey va prendre le commandement. Vu l’évêque. Les soldats, formés par des sergents et caporaux français, restés volontairement en Chine et qu'on a nommés capitaines et lieutenants, manoeuvrent bien et nous ont déjà rendu de grands services. Je vois Mgr. Delaplace, évêque lazariste de Ning-Po, qui me met au courant des affaires, ainsi que M. Giquel, enseigne de vaisseau !) délégué français auprès du Tao-taï.

Trouvé en amont la petite frégate anglaise l’ÆEnconnter, com- mandant la station de Ning-Po, avec lequel j'ai l’ordre de m'’en- tendre pour tout ce qui regarde la défense de Ning-Po. Le com- mandant m'apprend que les nouvelles de Yu-Yao sont alarmantes: les troupes qui y sont craignent d’être attaquées par les T'‘aï-P‘ing.

Yu-Yao est une assez grande ville, qui fut reprise sur les

»

rebelles après Ning-Po. Elle a été à moitié ruinée et incendiée.

1) Cet officier très intelligent, était un médiocre ofticier de marine, parce qu'il avait constamment le mal de mer. En Crimée, il débarqua et fut employé aux batteries. Dès que nous eûmes pris Canton, il se fit employer à terre, lors de la guerre de Chine; après la prise des forts de Takou, il fit de même. Il savait passablement l'anglais et le chinois. Il entra dans les douanes européennes, et plus tard, fut chef à Niug-Po. Je lui reproche de n'avoir jamais pris les intérêts de nos missionnaires, et cependant ce sont eux seuls qui

représentent la France. [Cet oflicier distingué a été le créateur de lParsenal de Fou-tcheou.]

6 J. A. DE MAROLLES.

Par sa situation sur la branche E. du fleuve de Ning-Po, elle est la clé de cette dernière ville.

27. Nouvelles très alarmantes de Yu-Yao. Le commandant anglais étant malade, ou faisant le malade, je lui annonce que je partirai demain matin. Expédié le Confucius à Chaug-Haï.

Pris 400 Tardif, 8 chevaux, 150 Ward et arrivé le soir à Yu-Yao.

28. Dès le matin, je vais voir Tardif, pour m’entendre avec lui pour la défense de la ville. Il est impossible avec la population de 25,000 habitants qu’elle avait, d'empêcher qu'elle ne soit atta- quée; il faut donc organiser un réduit, un cavalier, pour la troupe. Les Ward doivent s'organiser ainsi à l'O. de la ville. Un pont relie YVu-Yao au grand faubourg de Lao-Tcho, en partie ruiné; c'est que sont casernées uu millier de troupes impériales, venues soi-disant pour défendre Yu-Yao. En amont, sont des jonques de guerre cantonaises, dont presque toutes étaient des pirates. Le Tao-tai les a prises à son service. Le grand mandarin de Ning-Po me fait prévenir que Ward a été tué à la prise de Tsi-Ki. Très mauvaise nouvelle pour le Gouvernement Chinois. Ward avait réussi à former un corps de 5000 hommes. Le major Morton, ancien sous-officier anglais, qui est à Yu-Yao, est incapable de lui succéder. La rivière charrie constamment des cadavres d'hommes et de femmes: ce sont les T'aïi-P'ing qui ont pris, incendié et tué les habitants des villages environnants qu'ils n'avaient pas encore visités.

J'avais fait dire aux jonaues de guerre mouillées près de moi, de changer de mouillage, leur situation empêchant mon obusier de tirer dans la direction de la ville. Quelques-unes seulement obéis- sent; je leur fais savoir que si elles ne m'obéisseut pas, je ferai couper leurs câbles; elles se décident alors à obéir. ŒElles étaient venues près de moi, se figurant être mieux défendues contre les T'aï-P'ing. Elles vont en aval de moi et ne pourront servir à rien,

si Yu-Yao est attaquée. Je reçois constamment des plaintes au sujet

SOUVENIRS DE LA RÉVOLTE DES I‘AÏ-P'ING. 7

des jonques dont les équipages vont en maraude piller les pauvres paysans des environs. Les T'aï-P‘ing sont à une lieue ou deux de Yu-Yao et ne bougent pas. Les jonques de guerre qui sont en amont de la ville n’osent pas remonter plus haut, de crainte des T'ai-P'ing.

2 Septembre. De nombreuses jonques cantonaises étaient mouillées en amont, mais tout près de la ville et par leur position, ne pouvaient contribuer à la défense de Yu-Yao. J'avais été voir le mandarin militaire de classe, pour lui dire qu'il devait donner l'ordre à ces jonques d'aller plus en amont mais je n'avais obtenu que des réponses embarrassées. Pour en finir, je me fais donner 100 hommes des Tardif que je mets par moitié sur chaque rive et avec 15 hommes du Déroulède, je fais démarrer toutes les jonques qui barraïent la rivière. Avec le flot qu'il y avait, elles vont natu- rellement en amont et le passage de la rivière est dégagé.

6. Les grandes jonques cantonnaises reviennent peu à peu à leur ancien mouillage près de la ville. Visite de deux négociants anglais qui viennent se plaindre à moi que leurs barques sont arrêtées par les marins chinois et qu'elles ne peuvent arriver à Yu-Yao sans avoir payé un droit de passage. Tardif et moi nous allons voir le grand mandarin, qui nous avoue alors n’avoir aucune autorité sur les jonques. Quant à leur amiral, il est invisible, on ne sait il est. |

9. Je conviens avec Tardif qu'il faudra encore faire une expédition pour dégager la rivière. Dans l'après-midi, je pars avec mes 15 marins pendant que Tardif doit me faire soutenir par une Compagnie de son bataillon qui arrivera sur la rive gauche, mais l’imbécile de capitaine qui la commande ne sachant au juste ce qu'est l’'amont ou l'aval d'une rivière, va à l'aval, on lui apprend que tout le monde du Déroulède est parti pour le haut de la rivière:

il rentre à la caserne. Pendant ce temps, je faisais démarrer les

8 J. A DE MAROLLES.

jonques que le flot emportait en amont, mais avec le peu de moyens que j'avais, l'opération avançait lentement au milieu des cris et des hurlements des marins chinois. Au bout d’une demi- heure, les cris et les hurlements augmentent; je suis attaqué ainsi que mes hommes, je recois deux coups de feu, 3 de mes hommes tombent morts. Ne voyant pas venir de Tardif, j'ordonne la retraite. Cinq de mes hommes sont plus ou moins grièvement blessés. Plusieurs n’avaient jamais vu le feu. Je rallie le peu de monde qui me reste, et poursuivi par les marins chinois, aussi bien que par la troupe du mandarin, je rentre le dernier à Yu-Yao. Tardif ne m'a été d'aucun secours: arrivé récemment au bataillon, ne sachaut qu’un peu de chinois, il n’avait pas encore réussi à se faire obéir de ses hommes. Les Ward, commandés par un incapable, ne bougèrent pas. Les Chinois me poursuivirent jusque près de Yu-Yao. J'ordonnai à Tardif de sortir avec ses hommes; il ne put en rallier qu'un petit nombre, et fut à son tour attaqué par les Impériaux et les marins qui le forcèrent à rentrer en ville.

Telle fut l'affaire de Yu-Yao. Rentré tard à bord du PDéroulède, je soignai mes blessés; je n'avais pas de chirurgien: celui qu’on m'avait destiné à Chang-Haï, fut pris du choléra et mourut.

10. Parti le matin pour Ning-Po. Le chirurgien de l’Æncounter vient à bord pour m'extraire mes deux balles et panser mes blessés. Je dois dire que mes blessures n'étaient pas graves, qu’elles guéri- rent facilement et ne m'obligèrent pas de suspendre mon service (1 balle dans le bras gauche, qui s'arrêta heureusement près de l'articulation et une à la hanche droite). A Ning-Po je fis mon rapport au commandant Faucon, commandant la station par 2nlerim.

Je demandais une punition sévère pour le Général Impérial, quelques récompenses pour mes hommes et une indemnité aux fa- milles des morts. Faucon en envoya une copie au ministre de la

marine et une autre à notre ministre à Péking. Celui-ci réclama

SOUVENIRS DE LA RÉVOLTE DES T'AÏ-P'ING. 9

=

mollement, parce qu'il était occupé à un traité de commerce dont il espérait obtenir uu bon résultat et le ministre répondit qu'il regrettait vivement le guet-apens de Yu-Yao, qu'il fallait agir prudemment avec les Chinois, et toujours à cause de ce traité de commerce qu'on négociait,. Le Tao-tai de Ning-Po envoya aussi sou rapport à Péking, il disait que j'avais fait tuer trois de ses soldats et bâtonner un certain nombre d’entre eux, ce qui est complètement faux. Pas de réponse quant aux indemnités deman- dées pour les familles des morts. Faucon ne voulait que sa tran- quillité et ne pas léguer une affaire à l’Amiral qui allait lui succéder.

12. Tardif est continuellement attaqué par les soldats et marins qui se sont joints aux T'aïi-P‘ing. Le capitaine de l’ÆEncounter se décide enfin à partir sur sa canonnière pour voir ce qui s’y passe; il en revient le lendemain et me dit que la situation de Yu-Yao est fort critique, et qu'il faut lui porter secours.

13. Quoique ayant la fièvre et le bras en écharpe, je pars pour Yu-Yao avec 250 Ward, et j'y arrive le soir: Tardif et les Ward sont toujours attaqués. Je trouve quelques petites jonques cantonaises mouillées en aval. Tardif a été obligé de brûler les maisons qui étaient proches de son casernement pour pouvoir se

défendre plus facilement.

15. Parti de Yu-Yao pour Ning-Po, toujours avec la fièvre. J'y trouve l’aviso à vapeur le Xïen-chan, que le commandant de la sbation m'envoyait avec une Compagnie de la Renommée, d'après le bruit que j'avais été attaqué.

18. Mauvaises nouvelles d’amont. Les T'aï-P'ing sont près de Yu-Yao; ils ont pris la ville de Tsi-Ki; les troupes impériales se sont enfuies lâchement: la rivière charrie une foule de cadavres. On me demande de venir au secours de Yu-Yao: je réponds qu’a-

yant toujours la fièvre je vais passer sur le Âien-chan et que le

10 J. A. DE MAROLLES.

commandant de ce navire passera sur le Déroulède. Ward, qu'on disait mort, est arrivé, guéri de ses blessures.

19. -— Appareillé de Ning-Po sur le Æien-chan pour Chang-Haï; mouillé à Chou-san, l’évêque de Ning-Po vient me donner des nouvelles du pays.

21. Mouillé à Chang-Haï; je suis toujours malade; j'apprends que Faucon à en une attaque de choléra dont il n’est pas remis. Il ne peut s'occuper des affaires: me voilà encore commandant de station. Je m'explique sa conduite par rapport à mon affaire de Yu-Yao. Faucon veut que je vienne m'établir près de lui, pour l'expédition des affaires. Presque tout le monde est malade à bord de la Renommée. Il en est de même dans l’escadre anglaise. Dépêche du nouveau Tao-tai de Niug-Po, annonçant qu’il remplace l’ancien. Le gouvernement chinois espère aussi nous satisfaire. On m'accuse d’avoir fait couper trois têtes de soldats, d’en avoir fait battre plusieurs qui ne me saluaient pas, ete. Réponse: c'est un tissu de calomnies, qu’il a menti pour tâcher d’excuser le guet-apens. Pas de réponse de Ning-Po.

24. Nous apprenons que Tsi-Ki a été repris par Ward, mais que Ward est mort. C’est une bien grande perte pour les Impériaux. Il laisse une grande fortune.

Nos affaires de Chine ne sont pas en bon état; Faucon est toujours malade; nous devrions avoir à Chang-Haï un Consul général: le ministère n’en trouve pas qui consente à venir de bonne volonté, à cause de la cherté de l'existence. Notre consulat est géré par un incapable que l’on ne peut consulter pour nos réclamations nombreuses.

8 Octobre. Appareillé sur le Kien-chan avec 25 chasseurs du bataillon d'Afrique et 41 marins de la ÆRenommce. Très mauvais temps; le 9, mouillé à Ting-Hai (Chousan). N'’étant pas encore complétement guèri de ma fièvre, Faucon me donne un enseigne

dont je suis content et enfin an médecin.

SOUVENIRS DE LA RÉVOLTE DES T'AÏ-P'ING. 11

10. Arrivé à Niug-Po; j'y trouve deux petites frégates et une canonnière anglaises pour coopérer à la défense de Yu-Yao. La plupart des jonques cantonaises qui m'ont attaqué ont disparu; on ne sait elles sont. L’amiral Hope a pris très froidement mon affaire, puisqu'il n'y avait que des Français qui fussent attaqués; il s’en repent maintenant, depuis qu'il a appris que presque toute l'armée impériale a rejoint les T'aï-P'ing. Les Ward et toutes les Compagnies de débarquement anglaises sont partis pour reprendre Fang-koua, ville située sur l’autre branche de la rivière, surprise par les rebelles.

Retour de l'expédition anglaise de Fang-koua. Ils avouent 25 morts, ou blessés; les Ward, mal commandés, se sont mal conduits.

J'ai de continuels accès de fièvre qui m'affaiblissent beaucoup.

16. Quitté le commandement du ÆXïen-chan et repris celui du Déroulède. 18. J'apprends par Chousan que les pirates cantonais,

craignant d’être attaqués par moi, ont tous quitté Ning-Po, et se sont réfugiés dans un des nombreux canaux des Chou-san; plusieurs jonques se sont jointes à eux; ils quittent leurs navires et vont faire des razzias dans la grande île. Le gouverneur de Chou-san, n'ayant aucune troupe, en est affolé et me fait demauder par les missionnaires de venir à son secours, car après avoir pillé, les brigands assassinent. L'occasion est trop belle pour que je laisse échapper le soin de tirer vengeance du guet-apens de Yu-Yao. Le Capitaine Dew, de l’Æncounter, me donne les deux chaloupes canon- nières à vapeur, le Confucius a l’ordre de suivre le Péroulède.

19. Nous partons tous le matin, et en cherchant bien, nous voyons toutes les jonques chinoises dans le canal séparant la grande Chou-san et Tzi-tzi. Une des canonnières est envoyée à l’autre extrémité de ce canal pour barrer le chemin aux jonques qui vou

draieut se sauver. Pris ensuite le canal de Oan-chan-yan qui va en

12 J. A. DE MAROLLES.

se retrécissant et enfin nous voyons l’ennemi mouillé entre Letea et la Grande Chousan. Dès que nous approchons les pirates tirent sur nous et nous continuons à avancer en leur répondant; les gros obus des chaloupes mettent le feu à quelques barques et l'ennemi se sauve à terre. Nous débarquons tous quelques uns de nos hommes pour les poursuivre ‘), mais ils se dispersent, et l’on n’a pu en tuer qu'uu petit nombre. Pendant ce temps, je fais mettre méthodique- ment le feu à toutes les jonques, et je reste jusqu’au lendemain pour constater qu’elles sont toutes brûlées. Voici l’épilogue de l'expédition de Chousan: Les pirates s'étant enfuis sans armes, sans vivres, furent traqués dans les campagnes et tués par Les paysans. Une petite troupe réussit à se sauver jusqu’au port de Ting-Hai, ils s’emparèrent de deux jonques avec lesquelles ils voulurent se sauver à Ning-Po: Poursuivis immédiatement par leurs possesseurs, ils furent rejoints et tous tués. Toute la nuit, nous entendons des explosions, les jonques ayant toutes de la poudre. Une petite ville est à 4 kil. du mouillage; on y mit le feu, elle était habitée par les partisans des pirates qui profitaient de leurs rapines.

Le lieutenant de vaisseau Le Brethon arrive de Chang-Haï avec un brevet du prince Kouvg, pour prendre le commandement des troupes franco-chinoises de la province du Tche-Kiang, dont Ning- Po est la capitale militaire et Hang-tcheou la capitale civile. Jus- qu'alors il n’y avait pas eu de grand chef militaire. Les anciennes troupes de Ward doivent être commandées par Le Brethon, en dernier lieu, elles se montaient à 5 ou 6,000 hommes. Il en est de même du corps franco-chinoïs formé par Tardif, qui reste com- mandant de l'artillerie franco-chinoise et de la place de Yu-Yao. Le tao-taï est insulté gravement et son yamoun est saccagé par

une petite troupe des anciens Ward, auxquels il est deux mois

1) Le Confucius avait a son bord 200 hommes des anciens Ward.

SOUVENIRS DE LA RÉVOLTE DES T'AÏ-P'ING. 23

de solde. Il me demande à lui donner les 40 marins que j'ai à mou bord pour arrêter les insulteurs et les juger. Je lui réponds que quand il aura règlé mon affaire (indemnité aux familles des trois marins tués à Yu-Yao) qui est bien plus ancienne que la sienne, j'obtempérerai à sa demande. Après avoir attendu deux jours, le Tao-taï s'adresse alors aux Anglais !): je ne comprends pas la préférence qu'il m'a donnée.

Les rebelles sont à quelques lieues de Yu-Yao, continuant leur oeuvre de massacre et d'incendie. Parti de Ning-Po pour Yu- Yao, je dépose mes 40 marins. Aussitôt Le Brethon en part pour Chang-Yu, une des places de dépôt et de ravitaillement des T'aï-P‘ing. L'ennemi s'enfuit précipitamment à son approche, aban- donnant vivres, approvisionnement, étoffes de soie, fourrures et même un certain nombre de jeunes filles. Le butin a été estimé à plus d’un million. Je pars en pirogue de Yu-Yao pour Chang- Yu: toute la campagne est dévastée. Partout des cadavres sur la berges et dans la rivière. Retour le lendemain: tout est tranquille.

Novembre. Tout est tranquille à Yu-Yao et à Chang-Yu. Les T'aï-P‘ing ont disparu, d’après ce que me communiquent Tardif et Le Brethon. Je demande à Faucon à rentrer à Chang-Haï, et il m'envoie le Xïen-chan pour une remplacer. J'ai toujours la fièvre.

1 Décembre. Parti de Ning-Po pour Chang-Haï, j'arrive le 3. On vient de découvrir une conspiration du parti rétrograde contre les étrangers et la politique suivie par le prince Koung. Elle s'étend de Péking à Canton. Les ministres étrangers deman- dent aux amiraux à augmenter le nombre des défenseurs des con- cessions. Faucon répond qu'il ne peut rien, n'ayant que trop peu de monde et attendant bientôt le nouvel amiral. Le contre-amiral

Jaurès annonce sa prochaine arrivée et quoiqu'il ait déjà été en

1) Le commandant anglais a fait saisir quelques uns des plus mutins et 3 d’entre eux

ont été fusillés.

14 5. À. DE MAROLLES.

Chine, il demande qu'on lui envoie un pilote aux Saddle. Désirant connaître les Saddle, je me propose de le lui mener, et je pars avec un pilote anglais.

22. Mouillé aux Saddle. Visité l'archipel. Le 25, vu la Sémiramis; nous allons mouiller à East Saddle. Jaurès me parle des affaires de Chine. Il me propose le commandement du Monge; il ne veut à aucun prix de son commandant actuel, d'Harcourt, très excentrique, quoique très discipliné. J'accepte moyennant que je ne resterai pas longtemps en Chine. D'Harcourt ramènera la Renominée eu France avec des malades et un équipage réduit: abo- minable corvée.

Mauvais temps. Jaurès appareille. J'en fais autant, mais je suis forcé de revenir au mouillage. Brume, pluie, coup de vent. Arrivé à Wou-soung le 29; en passant sur la barre, je vois la Sémiramis échouée. Jaurès, malgré Le pilote, a voulu la passer. Il a échoué

la frégate qu'il a fallu décharger entièrement pour la tirer de là.

1863.

1 Janvier. Pris le commandement du Monge. Occupé jus- qu'au 5 à déséchouer la Sémiramis. Nous arrivons tous deux à Wou-soung.

17. Très mauvaises nouvelles de Cochinchine. L’amiral Bonnard qui y commande, écrit une lettre désespérée à l'amiral Jaurès, le priant instamment de venir à son secours avec toutes ses forces: l'insurrection des Annamites est générale et il court risque d’être enlevé à Saigon (textuel). Sa lettre est tellement navrante, que Jaurès se décide à partir de suite pour la Cochinchine avec des renforts et un bataillon espagnol de Tagals, qu'il obtiendra de Manille.

20. Nouvelles de Ning-Po. Le Brethon a été tué par un

SOUVENIRS DE LA RÉVOLTE DES T'AÏ-P'ING. 15

canon qui à éclaté au siège de Chao-Sing. Ses hommes se sont enfuis dès qu’ils ont connu sa mort !).

La Renommée et la Sémiramis partent pour Saigon. Faucon qui allait partir pour France obtient de rester encore à Chang-Haï, à sa grande joie.

L'on a reconstitué à Chang-Haï un nouveau corps de troupes franco-chinoises dont le lieutenant de vaisseau Bonnefoy a le com- mandement. À la mort de Ward, Burgevine, un aventurier améri- ain, le remplaça, mais il y resta peu. Le tao-taï ne lui faisant pas remise des fonds pour payer ses troupes, il alla chez le banquier du tao-taï et enleva les fonds qui lui étaient nécessaires, Le tao-taï voulut le faire assassiner, mais Burgevine se sauva sur un navire anglais. Le capitaine d'infanterie de marine, Holland, le remplaça. Au bout de peu de temps, se croyant sûr de ses hommes, il voulut, par ses seuls moyens, reprendre sûr les T'aï-P‘ing la ville de Ca- dine, que nous avions remise aux troupes impériales. Celles-ci s'étaient enfuies dès qu’elles virent l'ennemi s'approcher. Holland fit le siège de Fa-tsan, y pratiqua une brèche, et l'ennemi, voyant qu'il n'avait pas de troupes européennes dans son corps, attaqua les anglo-chinois, qui s’enfuirent immédiatement; tout fut abandonné par eux, armes, munitions, artillerie, effets personnels, ete. Fa-tsan était proche de Cadine, et il était indispensable de la prendre avant celle-ci. L’amiral anglais ne veut pas rester sous le coup d'un si honteux échec. Il annonce à Faucon qu'il va faire une expédition pour reprendre Cadine, et lui demande de lui venir en aide, et c'est avec plaisir que j'accepte le commandement de cette petite troupe, car nous sommes peu nombreux à Chang-Haï, l'amiral étant parti avec 600 hommes, marins ou fantassins.

19 Février. Départ de la colonne française: 55 marins, 100

1) CAtbert-Edouard Ve Brethon de Caligny, le 11 déc. 1833, à Clermont (Calvados); tué le 17 janvier 1863.]

16 5. A. DE MAROLLES.

fantassins, 200 franco-chinois commandés par Bonnefoy. Nous pas- sons par Li-kou-an, Tai-zan, Li-kou-ka, ville à moitié ruinée; le lendemain, à Lioutié entièrement ruinée; ses habitants ont disparu. Il n’y existe aucun abri pour nos hommes.

20. Passé par Lou-tié et arrivé sous les murs de Cadine; les T'aï-P‘'ing s'étaient enfuis et nous n'y trouvons que quelques vieilles femmes. La ville a beaucoup souffert par le séjour qu’y ont fait les T'aï-P‘ing.

Vu le Général Staveley: nous nous disons qu'il n’y a rien à faire ici, puisque l'ennemi recule à mesure que nous avançons et qu'il nous est défendu d'aller plus loin; notre expédition, faite pour venger le désastre des Anglo-Chinois, me fait l'effet de s'être changée en promenade militaire.

21. Enfin, nous avons un consul-général, M. Mauboussin: Le gouvernement avait été long à trouver quelqu'un qüi acceptät la situation. Îl fait très cher vivre à Canton, à Hong-Kong et à Chang-Haï et c’est la raison qui était alléguée pour refuser la position.

Li [[i Houng-tchang], le Fou-taï, est très mal disposé envers nous: à chaque réclamation, et nous en avons beaucoup, ce sont des objections ‘de détail qui n’ont pas le sens commun. Il va jus- qu'à régler la couleur du papier pour nos lettres officielles et quand on le met au pied du mur, il répond qu’il va en référer à Péking, ce qui amènera un retard de 4 ou 6 mois. Il veut en arriver à nous lasser et à nous dégoûter d’eux.

Mr. Berthemy, notre nouveau ministre à Péking, arrive de France; il veut passer quelques jours à Chang-Haï, pour se mettre au courant.

4 Avril. J'ai à ma table M. Berthemy, ministre plénipotentiaire à Péking, et M. de Bellonet, 1% secrétaire de légation.

8. Mouillé à Tche-fou; parti le soir.

SOUVENIRS DE LA RÉVOLTE DES T'AÏ-P'ING. 17

9. Mouillé devant Ta-kou à 12 milles de la côte que l’on ne voit pas; l’on est comme en pleine mer.

10. Un aviso français vient preudre tous mes passagers. A Ta-kou, M. Pichon, attaché d’ambassade, envoyé de Péking à M. Berthemy, lui apprend que les routes ne sont pas tout à fait sûres. Aussitôt je réponds que je donnerai une escorte de 12 hommes commandés par un aspirant de 1ère classe. Je suis enchanté de cela, parce que cela me permettra d'aller à Péking.

11. Arrivé à Tien-tsin. Je pars pour Péking, je reçois

une aimable hospitalité de l’évèque du Tche-li') et de ses Lazaristes.

21. Parti de Péking pour Tien-tsin, Ta-kou, et rentré à bord du Monge. Relaché à Tche-fou mouillé le 3 Mai à Wou-soung. L'amiral

Jaurès est revenu à Chang-Haï, mais en est reparti peu après pour le Japon, de graves difficultés se sont élevées entre les Anglais et les Japonais.

14 Mai. L’amiral Jaurès étant toujours retenu au Japon, j'ai pris le commandement de la station de Chine, au départ de Faucon. C’est alors seulement que j'ai été informé de la mort de Tardif. Expédié le Déroulède à Ning-Po. Remplacé Tardif par le lieutenant de vaisseau Bonnefoy. Les troupes sous ses ordres partent au secours de Cadine, de nouveau assiégée par les T‘aï-P‘ing et défendue seulement par les anciens Ward qui sont insuffisants. La corvette le Dupleix est venue dernièrement d'Europe à Chang-Haï, mais est bientôt appelée au Japon par Jaurès.

Juillet. Lettre de l'amiral Jaurès, que nos bons amis les Anglais m'ont retenue deux jours m'informant que les Japonais ont rompu toutes relations avec les Européens: il m'appelle au Japon avec le bataillon d'Afrique, conservé à Chang-Haï: terreur de la

colonie européenne, qui se voit menacée par les T'aï-P'ing.

1) [Mgr. Martial Mouly.]

t

18 J. A. DE MAROLLES.

4. Parti pour Yokohama avec un chargement de munitions. Toujours le choléra à bord. Le bataillon est de suite débarqué. À la suite de cela les Japonais se montrent moins hostiles. Mais le prince de Niügata ayant fait tirer sur un navire américain qui passait dans la Mer Intérieure, les deux amiraux français et anglais partent de Yokohama pour Shimonoseki et leur feu détruit une partie des batteries du détroit de Shimonoseki.

Ayant plus de deux ans de séjour en Extrême-Orient, j'obtiens de Jaurès de rentrer en France par les paquebots français. Après avoir visité Nagasaki, j'arrive à Chang-Haï, d’où je pars pour la Cochinchine et la France.

A Paris, je vois de suite le Ministre de la Marine, M. de Chasseloup-Laubat et je lui rends compte des évènements d'Extrême- Orient. Je lui parle aussi du désastreux traité fait par Bonnard, livrant presque toute la Cochinchine méridionale et ne gardant que quelques ports. Il me répond qu'il s’y est vivement opposé, mais que l'Empereur l’a voulu. Je vois l'Empereur et lui parle dans le même sens. L'Empereur, qui ne m'a fait aucune objection et qui m'a écouté les yeux baissés comme c’est son habitude, à l’air de se réveiller enfin, et me demande si j'habite Paris. A ma réponse, il me congédie avec une poignée de main en me disant: «Eh bien,

je vous ferai appeler bientôt!» ce qu'il n’a pas fait.

Vergleichende Liste von Ausdrücker im Satsuma-Dialect und im gewübnlichen Umgangs-Japaniseh

VON

Dr. A. GRAMATZKY.

——"L—— Satsumanisch. Futsugo. (Schüler zum Lehrer.) kammäntona kamaimasenka. ättona gozaimaska. nakätna arimasendeska. ikénna ikendzättona do de gozaimaska. dogénna dogensüttona | ; : suru no de gozarimaska. ikensüttona | süttona suru no de gozarimaska. $iyaräntona nasaranai no de gozarimaska. kogénna | A ko de gozarimaska. kogendzättona | yokätna | : 4 ; yoroshiu gozarimaska. yuzänska | yugozansañka yoroshiu gozaimasenka. goahäñka

: gozaimasenka. nakäñska

20

Satsumanisch.

kas$ahânka kuiyahänka tamonsänka yaiyahâäñka gozanska déanska küiyänse

tamônse

$idasandzästa

nakänsuga goahäñga nakänStaga wakansäñga dekeméstaga Simostäidon odzäñsüdo énsüdo simésüdo gozänsüde wakahände wakansän Susan ikénsten Saiméi(ga) simostäidon

yumostäidon

ma(i) dote miséänse

kogénste mire

miséte mire

»

GRAMATZKY.

Futsügo.

kashte kudasaimase. okure nasai.

O yari nasal. gozarimaska.

de gozarimaska. kudasaimase. shüseimasen deshta. gozarimasen des yo.

gozarimäsen deshta yo. wakarimasen des yo. dekimashta yo. shimashta keredomo. irasshaimas yo.

imas yo.

shimas yo. gozarimas kara. wakarimasen kara. wakarimasen. shirimasen. dôüshtemo.

zehi1.

shimashita keredomo. imashita keredomo.

ma doüshte misete kudasaï.

(Schüler zum Schüler.)

küshte goran.

misete goran.

VERGLEICHENDE LISTE VON AUSDRÜCKEN U.S.W.

Satsumanisch.

kogensüya asubôya

don; kara, = karañ séidon, karañ yaräüka

kasénka

kureñka modosäñka innya; dnnya andené, addené déaidén(kara)(n) ikénsuto yo sogensitoyuto yo hana ga séta

hi wo téta

1 wo kéta hetamonno héta han to keta

indasééidon (u —)

äéikara kamañ kokenya kékeke sogensÜnna kogenstäya än$a yüétado Stäya

Stäidon

Futsugo.

kôüsho de wa naika.

asobimashô yo. so de aru keredomo.

yatte okure. kashte okure. kuremasenka. kaesanaika.

liye.

so des ne.

de aru keredomo. suru no deska. so shimas’ka ne. hana ga saita.

hi wo taita.

ji wo kaita.

hoshi mono wo hoshita.

koronda.

21

watashidomo wa shitte iru kere-

domo.

achira no h6 kara. kamawanai.

koko ni wa.

koko ye koi.

SO suru na. küshta tokoro ga. ano katagata wa. imashta yo.

shita tokoro ga.

shimashita keredomo.

22 A. GRAMATZKY.

Satsumanisch. Futsügo. oidzätawayo ore no no deshta yo. kewasuréte kita de wasurete kita kara.

(Schüler zu sich selbst.)

ë agensütto dzarokai à anna ni suru no deshôüka.

agendzätta a de atta.

miendekisüka mienai no de komarü.

undastan watashidomo wa shiranai.

&iééotto koi shitte iru no ni.

watto déarokai warü no de aro ka shiran’. de se. We

v.29.3.1.entnommen. De PR Shiritsu Kyoikukwai .

LES ÉTUDES CHINOISES 1899—1902)

PAR

HENRI CORDIER,

Professeur à l’Ecole des Langues Orientales vivantes, Paris.

2h 46e 0 2 sites

Pour la quatrième fois !) j'entreprends de passer en revue les principales publications qui, depuis le Congrès des Orientalistes de Paris (Septembre 1897), ont été consacrées à l'étude de l’histoire, de la géographie, de la langue de l’Empire Chinois. Il ne semble pas que les évènements graves qui ont marqué l’année 1900 aient notablement ralenti le travail des sinologues.

Comme précédemment, j'ai consacré des chapitres spéciaux à la Translitération du Chinois et à l'Enseignement de cette langue.

Auparavant je marque les pertes malheureusement toujours nom-

breuses qu'ont faites nos Études.

1) Half a Decade of Chinese Studies (1886—1891) by Henri Cordier, Professor at the École des Langnes Orientales vivantes, Paris. «Reprinted from the 7'ouxg-pao, Vol. III, no. 5». Read at the Ninth International Congress of Orientalists held in London, in 1891. Leyden, E. J. Brill, 1892, in-8, pp. 36.

Les Études Chinoises (1891—1894) par Henri Cordier, Professeur à l’École des Langues Orientales vivantes, Paris. «Extrait du Z‘oung-pao», Vol. V, no. 5 et Vol. VI, no. 1. Leide, £. J. Brill, 1895, in-8, pp. 89.

Les Études Chinoises (1895—1898) par Henri Cordier, Professeur à l’École des Langues Orientales vivantes, Paris. Vice-Président de Ja Société de Géographie. Extrait du Supplément au Volume IX du «7"oung-pao», no. 5. Librairie et imprimerie ci-devant E. J. Brill. Leide 1898. In-8, pp. 141.

24 HENRI CORDIER.

NÉCROLOGIE.

Tru’o’ng Vinh-kÿ. Petrus Tru’o’ne Vinx-Kÿ, lettré an- uamite, mort le 6 sept. 1898, à Choquan !).

Devéria. Jean-Gabriel Dev£ri4, le 8 mars 1844; élève- interprète pour la langue chinoise, 6 fév. 1860; premier interprète de la Légation à Pe-king, 30 oct. 1873; professeur à l'École des Langues orientales vivantes, 1889; membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 10 déc. 1897; mort le 12 juillet 1899, au Mont-Dore *).

Harlez, Mgr. de Le Chevalier Charles-Joseph de HarLez, à liége, le 21 août 1832; ordonné prêtre; en 1861, Supérieur du Collége d'Humanités et d'Etudes professionnelles et Préfet des Etudes à Huy; en 1867, premier Directeur de l'Ecole Normale des Humanités, annexée à l'Université de Louvain; en 1871, professeur ordinaire de langues orientales dans cette Université; Elu par l’Académie royale de Belgique, membre correspondant le 7 mai 1883,

et membre titulaire le 7 mai 1888; mort le 14 juillet 1899 à).

Viguier. Septime-Auguste Vicurer, à Limeil, près Paris, le 9 juin 1837; ancien Capitaine du Port de Chang-Haï; mort à Paris, le 26 août 1899 f).

Durand-Fardei. Le docteur Charles Louis Maxime DurAND-

1) T'oung-pao, Juillet 1900, pp. 261—268.

2) T'oung-pao, Déc. 1899, pp. 481—486. Notice sur la vie et les travaux de M. Gabriel Devéria par M. Edmond Pottier Membre de l’Académie [des Inscriptions]. Lue dans la séance du 2 mars 1900. Paris, Firmin-Didot, MDCCCC, in-4, pp. 23.

3) T'oung-pao, Déc. 1899, p. 487.

4) T'oung-pao, Déc. 1899, pp. 488—9.

ÉTUDES CHINOISES. 25

Farper, à Paris le 24 sept. 1815; mort dans cette ville, le 19

mars 1899; membre associé de l’Académie de Médecine ).

Chalmers. Le Rév. Dr. John CHarmers, en 1825 dans le comté d’'Aberdeen; entra en 1852 dans la London Missionary Society; arrivé à Hong-kong le 28 juin 1852; mort à Tchemoulpo, Corée, le 22 nov. 1899 ?).

Gaillard. Louis Gaizrarp, S. J., le 14 juillet 1850; arrivé au Kiang-nan, le 20 oct. 1885; + à Pe-king, le 12 mai 1900 *).

Hannen. KSir Nicholas J. Hanxex, mort à 58 ans à Chang- Haï, le 26 avril 1900; «Chief Justice of the Supreme Court for China and Japan» depuis 1891 ‘).

Vasiliev. Le professeur Vasili Pavlovitch Vasiziev, doyen des sinologues, en 1818, mort à St. Pétersbourg, le 27 avril —10 mai

1900; membre de l’Académie impériale des Sciences depuis 1886 *).

Pryer. William Burges Pryer, ancien curator du Muséum de Chang-Haï; mort le 8 janvier 1899, à Sandakan, Bornéo, il

était agent consulaire anglais ‘).

Loch. Lord Henry Brougham Locu, le 23 mai 1827, dans le Midlothian, est mort à Londres le 20 juin 1900; ancien

secrétaire de Lord Elgin en Chine ?).

1) T'oung-pao, Véc. 1899, p. 490.

2) T'oung-pao, Mars 1900, pp. 67— 69.

3) T'oung-pao, Juillet 1900, p. 257. Notice, pp. v—vur, de Nankin Port ouvert, Chang-Hai, 1901.

4) T'oung-pao, Juillet 1900, p. 257.

5) T'oung-pao, Juillet 1900, pp. 258—260.

6) T'oung-pao, Oct. 1900, p. 345.

7) L'oung-pao, Oct. 1900, p. 345.

26 HENRI CORDIER.

Anderson. Le Dr. John ANperso»x, à Edimbourg, en 1833; mort à Buxton, au mois d'août 1900; membre des Missions

Sladen et Horace Browne !).

Rondot. Natalis Ronnor, à Saint-Quentin (Aisne), le 23 mars 1821; mort au mois d'août; ancien membre de la Mission

Lagrené en Chine ?).

Müller. Friedrich Max Mürcer, le 6 déc. 1823, à Dessau:; mort à Oxford, le 28 :octobre 1900; ce célèbre philologue se rattache à nos études par la publication dans la collection des Sacred Books of the East de traductions des Classiques chinois par le Rév. James

Legge et la publication de textes japonais relatifs au Bouddhisme *).

Ma Kien-tchong. Ancien élève de la Mission Giquel; li- cencié en droit; ancien Directeur de la China Merchants’ Steam

Nav. Co., mort en 1900 {).

Muirhead. William Murraean, à Leith le 7 mars 1822; entré dans la London Missionary Society; arrivé en Chine en 1847;

mort à Chang-Haï, le 4 octobre 1900 *).

Anderson. William Axoersow, à Londres en 1842; mort dans cette ville le 27 octobre 1900; ancien Directeur médical du

Collége naval de Tokio f).

Lamprey. Jones LamPrey, mort le 29 octobre 1900, à South-

sea, âgé de 77 ans; a fait la campagne de Chine de 1860 ?).

1) T'oung-pao, Oct. 1900, p. 346. 2) T'oung-pao, Oct. 1900, pp. 347—8. 3) T'oung-pao, Déc. 1900, pp. 491 —2. 4) T'oung-pao, Déc. 1900, p. 492. 5) T'oung-pao, Déc. 1900, p. 492. 6) Toung-pao, Déc. 1900, p. 493. 7) T'oung-pao, Déc. 1900, p. 494.

ÉTUDES CHINOISES. 27

Dennys. Le Dr. Nicholas Belfield Dennys est mort à Hong- kong le 5 déc. 1900: ancien directeur de la China Mail et de la China Review ?).

Watters. Thomas Warrers, ancien Consul-Général d’Angle- terre en Chine, Membre du Conseil de la Royal Asiatie Society;

mort le 10 janvier 1901, à Ealing *).

David. L'abbé Armand Davin, le célèbre voyageur et na- turaliste, à Espelette (Basses-Pyrénées) le 7 sept. 1826; entré le 4 nov. 1848 dans la Congrégation de la Mission (Lazaristes); quitta

définitivement la Chine, le 2 avril 1874; mort le 10 nov. 1900 ).

Dudgeon. Le Dr. John Dupczox est mort àgé de 64 ans, à Pe-king, le 22 février 1901; après avoir appartenu à la London Missionary Society, il fut secrétaire du marquis Tseng et dans les dernières années de sa vie, il représentait le syndicat du Yang-tseu

pour l’entreprise de chemins de fer et l'exploitation des mines {).

Bretschneider. Le Dr. Emile Vasilievitch BrersCHNEIDER le 22 juin—4 juillet 1833, est mort à St. Pétersbourg, le 29 avril v. st. 1901; les lecteurs du 7‘oung-pao connaissent l'étendue

de la perte de ce savant qui n’a pas de remplaçant °).

Moellendorff. M. P. G. von MüLzenporrr en 1848, à Gôrlitz, mort à Ning-Po, le 19 avril 1801; commissaire des Douanes

chinoises ‘).

1) T'oung-pao, Mars 1901, pp. 91—2.

2) T'oung-pao, Mars 1901, pp. 92—3.

3) l'oung-pao, Mars 1901, pp. 94—6.

4) T'oung-pao, Mars 1901, pp. 149—150. 5) T'oung-pao, Juillet 1901, pp. 192—197. 6) T'oung-pao, Juillet 1901, p. 198.

28 HENRI CORDIER.

Orléans. Le Prince Henri d'Orr£axs, à Ham, Angleterre, le 16 octobre 1867, mort à Saïgon, le 9 août 1901; pendant sa trop courte carrière, ce jeune prince avait su prendre une place au premier

rang des voyageurs contemporains !).

Venioukov. Le général Michel Venrouxov est mort en juillet

1901; voyageur dans l’Asie centrale et en Chine ?).

Serrurier. Lindor SerruRIER, à Dordrecht, le 21 déc. 1846, mort à Batavia le 7 juillet 1901, ancien Directeur du Musée

d'Ethnographie de Leyde ©).

Havret. Le R. P. Henri Havrer, S.J., ie 15 nov. 1848 à Vassy-sur-Blaise (Haute-Marne); mort à Zi-ka-wei, le 29 sept. 1901; il était arrivé en Chine le 10 déc. 1874 #).

Li Houng-tchang. Ce célèbre homme d'Etat est mort à Pe-king, le 7 novembre 1901 *).

Arendt. Carl Arenpr, le déc. 1838, mort à Berlin

dans la nuit du 29 au 80 janvier 1902; ancien premier interprète

s

de la légation d'Allemagne à Pe-king; professeur au Séminaire des

Langues Orientales de Berlin depuis 1887 ‘).

Heude. Le R. P. Pierre Heupe, $. J., le 25 juin 1836, mort à Zi-ka-wei le 3 janvier 1902; il était arrivé en Chine le 9 janvier

1868; créateur du musée d'histoire naturelle de Zi-ka-wei ?).

1) T'oung-pao, Oct. 1901, pp. 277—8.

2) T'oung-pao, Oct. 1901, p. 278.

3) T'oung-pao, Oct. 1901, pp. 279—282.

4) T'oung-pao, Oct. 1901, pp. 386—7.

5) T'oung-pao, NII, p. 257 et Déc. 1901, p. 387. 6) T'oung-pao, Mars 1902, pp. 37—8.

7) T'oung-pao, Mars 1902, pp. 38—9.

ÉTUDES CHINOISES. 29

Tiele. Cornelis Petrus Tise, le 16 déc. 1830 à Leyde; mort dans cette ville le 11 janvier 1902; professeur d'histoire des

religions à l’Université de Leyde !).

Buissonnet. Eugène Buissonner, mort à Saint-Vallier (Drôme) le 7 juin 1902, à l’âge de 68 ans; premier Président du Conseil

municipal français, de Chang-Haï, en 1862 !?).

Saigo. Le Maréchal Marquis Sarco Tsoukoumitchi, mort le 17 juillet 1902, âgé de 63 ans; ancien commandant de l'expédition

japonaise contre Formose en 1874 à).

Forrest. Robert James Forresr, mort à Londres, le 17 juillet

1902, à l’âge de 66 ans; ancien consul d'Angleterre en Chine {).

Feer. Léon Fger, à Rouen le 22 nov. 1830; mort à Paris

le 10 mars 1902; conservateur-adjoint à la Bibliothèque nationale 5).

Michie. Alexandre Miouie, en 1833 à Earlferry, Fifeshire,

mort le 7 août 1902 à Londres: négociant et journaliste 5).

Hart. James H. Harr, frère cadet de Sir Robert Hart, In- specteur des Douanes maritimes chinoises, lui-même Commissaire des

Douanes, mort à Hove, Brighton, le 13 nov. 1902, à l’âge de 55 ans ?).

Zottoli. Le R. P. Angelo Zorrour, $. J., à Naples le 21 juin 1826; mort le 9 nov. 1902 à Zi-ka-wei; arrivé au Kiang-Nan,

le 27 sept. 1848; auteur du Cursus litteraturae sinicae ©).

1) T'oung-pao, Mars 1902, pp. 39—40. 2) T'oung-pao, Oct. 1902, p. 248. 3) Toung-pao, Oct. 1902, p. 248. 4) T'oung-pao, Oct. 1902, p. 248. 5) T'oung-pao, Oct. 1902, pp. 249—250 6) T'oung-pao, Déc. 1902, p. 338. 7) T'oung-pao, Déc. 1902, p. 339. 8) T'oung-pao, Déc. 1902, p. 339.

30 HENRI CORDIER.

Lees. Jonathan Les, à Manchester le 7 août 1835; mort en 1902; London Missionary Society; arrivé à Chang-Haï le 21 février

1862 :).

Lieou K’ouen-yi. Vice-roi des Deux Kiang; le 21 jan- vier 1830, à Héng-yang, dans le Hou-Nan; mort à Nau-king, le 6 oct. 1902 ?).

TRANSLITÉRATION DU CHINOIS.

La question de la transcription du chinois fait depuis plusieurs années l'objet des préoccupations de M. Marrin-Forrris. Lors du Congrès des Orientalistes tenu à Paris en 1897, sur sa proposition une commission internationale avait été désignée pour étudier la transcription des sons chinois; elle était composée comme il suit: MM. Courant, interprète pour les langues chinoise et japonaise; Devéria, professeur de chinois à l'Ecole des langues orientales vi-

«

vantes de Paris; Douglas, professeur de chinois à l’Université de Londres; Giles, professeur de chinois à l'Université de Cambridge; Hirth, professeur et membre de l’Académie de Munich; Nocentini, professeur de chinois à l’Université de Rome; de Rosny, professeur de japonais à l'Ecole des langues orientales vivantes de Paris; Schlegel, professeur de chinois à l'Université de Leyde; Turrettini, sinologue à Genève. Secrétaire: M. Martin-Fortris, Authon-du- Perche (Eure-et-Loir), France.

Un tableau en trois colonnes des sons mandarins des caractères chinois fut imprimé; voici une partie de la première page.

1) T'oung-pao, Déc. 1902, p. 338. 2) T'oung-pao, Déc. 1902, p. 339.

ÉTUDES CHINOISES. 31

Colonnes I. Orthographe de Wells Williams !).

Colonnes II. Orthographe de la Commission internationale de 1897.

Colonnes IF. Orthographe officielle de la République Française.

IT IT al al ch'an | tch‘an an an chän

: ; tchen cha | chen | tcha chah | ch‘an tch'en ch'a ch‘en tch'a ch‘ah chang | tchang chaï tchaiï ch'ang |tch‘ang ch'ai tch'ai chäng |tcheng chan tchan ch'äng |tch'‘eng

La première est affectée aux sons mandarins tels que Wells Williams les écrit; la deuxième aux mêmes sons orthographiés suivant le système de la Commission internationale de 1897; la troisième enfin, laissée en blanc, est destinée à recevoir les équi- valents officiels dont chaque Gouvernement aura fait choix pour représenter les sons mentionnés dans les deux autres colonnes.

Au XII Congrès des Orientalistes tenu à Rome du 3 au 15 Octobre 1899, la IV® section qui comprenait la Chine, le Japon eb la Corée émit le voeu que «chaque pays fixe un système unique et officiel de transcription des sons chinois; ces différentes trans- criptions seront recueillies dans un manuel international; en atten- dant que ce travail soit prêt, la IV® Section approuve provisoire-

ment la transcription proposée par la Commission nommée par le

1) Voir son Dictionnaire syllabique, Introduction, pages XVI—XvIr.

32 HENRI CORDIER.

Congrès de Paris à condition que cette transcription soit accom- pagnée d’un index donnant dans chaque pays l'orthographe géné- ralement usitée». Le voeu a été adopté par 9 voix contre six: la minorité était composée de MM. Henri Cordier, professeur à l’Ecole des Langues Orientales vivantes de Paris, Paul Boell, Carl Arendt, professeur de chinois au Séminaire des Langues Orientales de Berlin, le Dr. A. Forke, de la Légation Impériale d'Allemagne à Peking, Okada, von Wenckstern. Le voeu fut également adopté en séance plénière.

En conséquence les différents gouvernements reçurent communi- cation de ce voeu; j'ignore quelle suite les gouvernements étrangers y donnèrent; je dirai tout à l'heure ce que décida le gouvernement français.

Apparemment, M. Martin-Fortris considéra le résultat obtenu comme insuffisant, car au dernier congrès de Hambourg, il présenta

la proposition suivante:

«Le XIII Congrès des Orientalistes a dans sa séance de clôture adopté le voeu suivant :

«La Section (Chine, Japon et Corée) du XIII Congrès international des Orientalistes émet le voeu que chaque pays fixe un système unique et officiel de transcriptions des sons chinois, ces différentes transcriptions seront recueillies dans un manuel international.

«Afin que ce voeu ne restàt pas stérile, le comité organisateur du Congrès de Hambourg a fait imprimer en même temps que le Bulletin 4, le Tableau des sons mandarins des caractères chinois.

«Ce tableau comprend trois colonnes:

«La est affectée aux sons mandarins tels que Wells Williams les écrit; la 2% aux mêmes sons orthographiés suivant le système de la Commission in- ternationale de 1897; la 3°” enfin, laissée en blanc, est destinée à recevoir les équivalents officiels dont chaque Gouvernement aura fait choix pour représenter les sons mentionnés dans les deux autres colonnes.

«Il appartient maintenant à la section de décider s’il convient de per- mettre au Comité de poursuivre l’éxécution de l'oeuvre commencée en lui don- nant mandat d’adresser à chacun des Gouvernements intéressés un exemplaire du Tableau qu'il a fait imprimer avec prière d’en remplir la colonne et de

le retourner ensuite au Secrétaire de la Commission internationale».

ÉTUDES CHINOISES. 33

Cette proposition relative à la transcription des sons chinois, fut, malgré l'opposition de MM. H. A. Grzss et H. Corner, adoptée dans la séance du 5 Septembre par la 4 Section, Asie centrale et Orientale, mais, sur les observations de M. W. Rapcorr, la Com- mission supérieure du Congrès a écarté cette proposition par 13 voix contre 10.

Le voeu ayant été soumis une première fois aux gouvernements, après le Congrès de Rome, il était inutile, pour ne pas dire plus, de renouveler une démarche qui pouvait amener des réponses désagréables; Ia question est d’ailleurs d’ordre scientifique et ne rentre nullement dans la compétence des gouvernements. Néan- moins, le mouvement créé par M. Martin-Fortris a eu des résultats en France.

Le Ministère des Affaires étrangères saisi du voeu le transmit au Ministère de l’Instruction publique qui répondit avec juste raison qu'il n'avait pas à intervenir dans la question, chaque savant ayant le droit de se servir de la transcription qui lui paraissait la meil- leure. Le Ministère des Affaires étrangères fit alors étudier pour son propre compte le voeu par M. A. Vissière, son interprète pour la langue chinoise; il comptait arriver à uniformiser la transcription disparate employée par ses agents dans l'Extrême-Orient; la question devenait d'ordre administratif, et rien ne s’opposait que l’on admit dans la correspondance diplomatique et consulaire une orthographe uniforme; c’est d’ailleurs ce qu'a fait l'Angleterre en imposant à ses agents consulaires la transcription de Sir Thomas Wade pour- tant si défectueuse.

M. Vissière donna le résultat de ses recherches dans une

plaquette in-folio intitulée: Tables de transcription française des sons 3

34 HENRI CORDIER.

chinois *). M. Vissière a donné l’explication de son système dans le

Bulletin du Comité de l'Asie Française ?):

«L'étude à laquelle nous nous sommes ainsi livré nous a conduit à pro- poser comme devant être adoptée la méthode de transcription de Stanislas Julien, dont le nom est en vedette de la sinologie et dont les ouvrages, nombreux et importants, sont toujours consultés, toutes les fois que ce système était d'accord avec lui-même. Lorsque des anomalies se présentent dans les trans- criptions de Julien, nous y avons apporté les modifications exigées par les principes mêmes qu'avait appliqués ce maître, mais auxquels il lui arrivait de manquer. Nous avons ainsi ramené à une formule unique les syllabes que Julien représentait parfois de plusieurs façons différentes. Nous trouvons, no- tamment, à la fois dans ses oeuvres, {s’an et thsan.….: nous avons abandonné la forme thsan et ses similaires, l’h offrant des inconvénients, ainsi que nous lindiquons plus loin, pour marquer l’aspiration dans le corps d’une syllabe. Mais les sons transcrits par Stanislas Julien sont ceux de la langue mandarine du Sud et c’est avec raison, suivant nous, que la légation de France à Pékin, consultée sur l’ensemble du projet, s’est prononcée en faveur de l’adoption ex- clusive, dans la méthode officielle française, de la prononciation de la capitale actuelle de la Chine».

L’aspiration représentée par la lettre 2, comme la marquait Abel Rémusat, parfois Stanislas Julien, aujourd’hui encore M. Maurice Courant, a le grave inconvénient de donner en français le son de l# après le p, par exemple Æ, ue etc., écrit ping, phou, se prononceront ing, fou, tandis que p‘ing, p'ou, parent avec l'accent à cet inconvénient.

Le système de M. Vissière, celui de Julien unifié, qui n’est

d’ailleurs que celui des anciens missionnaires, a été accueilli avec

1) Ministère des Affaires étrangères. Tables de transcription française des sons chinois comprenant: Une liste de noms géographiques. Un répertoire alphabétique de noms de personnes. Une liste des syllabes de la langue mandarine de Pékin. Angers, Burdin, 1901, pet. in-fol., pp. 17.

2) Méthode de transcription française des sons chinois adoptée par le Ministère des Affaires étrangères —- Extrait du Bulletin du Comité de l’Asie Française Paris, 190?, pet. in-8, pp. 22.

LT

Tirage à part de l’article.

# ÉTUDES CHINOISES. 39

faveur par les sinologues français; depuis longtemps d’ailleurs, j'emploie une transcription semblable: j'écris comme M. Vissière houang, houa, etc., et non pas hoang, hoa, ete. pour FH: Â4,, etc.; nous différons pour le son ong que je marque oung, p.e. *T., houng au lieu de hong, HE: loung au lieu de long; je trouve ex- cellent l'emploi du w, Æ, wang, L'& wen, et je trouve pratique la suppression de l’accent sur les voyelles, tcheou au lieu de tchéou, WA, k‘eou au lieu de k'‘éou, FT, etc.

Il était intéressant de connaître l’opinion des sinologues français de l’Extrême-Orient sur le système, c’est-à-dire des missionnaires et des membres de l'Ecole d'Extrême-Orient.

Sous le titre de Romanisation officielle, le Rév. P. G. CHAMBEAU, S. J., a présenté dans l’Æcho de Chine (6 juin 1902) les observations

suivantes sur le système de M. Vissière:

Un système de transcription du chinois, système dit du Ministère des Afjaires Etrangères et du Comité de l'Asie Française, même de Stanislas Julien, est annoncé et en partie établi.

Étudié depuis deux ans et demi à Paris et à Pékin (Pei-king), il aboutit présentement à un choix, en liste alphabétique, de 436 syllabes entre lesquelles doivent se répartir tous les caractères chinois, selon la prononciation de Pékin ou une des prononciations de Pékin qui peut être définie bientôt.

C’est une grave et utile tâche qu’assume le ministère, que de régler l’homophonie ou distribution phonétique des six ou dix mille caractères usuels. Dès à présent, il est vrai, cette homophonie est supposée connue; déjà deux listes de noms propres, fort appréciées des publicistes, parisiens, éclaircissent quelques cas douteux; surtout les récents dictionnaires chinois-français (et chinois-latins) des missionnaires français, ceux spécialement, si étendus, du Père Couvreur Ho-kien-fou), celui du Père Debesse Chang-hai), également le syllabaire de la Boussole du Père Boucher, reparu lan dernier pour la troisième fois, déterminent cette homophonie dans la plupart des cas (et selon des trans- criptions très voisines de la convention présente). Toutefois ces beaux et popu- laires travaux français s'appliquent surtout au mandarin moyen. Pour le man- darin discrètement pékinois qu’on nous esquisse, il nous reste, même après les travaux anglais ou français spéciaux, trois cents et quelques incertitudes sur l'intention du Ministère ou du Comité. On les connait bien à Paris et on ne

saurait les résoudre que là, en une page, ou une feuille, d’exactes séries homo-

36 HENRI CORDIER.

phoniques, quelles que soient là-bas, aujourd'hui encore, les lenteurs de l’im- pression du chinois.

Un cas, des plus saillants, sinon des plus perplexes: la liste des 436 sylla- bes distingue entre liw et lu: on les confondait jusqu'ici, en France et en Angleterre et dans les syllabaires indigènes; on nous offre bien, à présent des indications: Lu Hai-houan, nom d’homme, Liu tcheou-fou, nom de lieu, et quelques autres exemples: mais cela ne nous fixe pas les deux séries, des liu et des lu, ni au complet, ni à peu près. Que doivent faire, en attendant ces séries, et vingt ou trente autres, sinon toutes, les éditeurs les plus affectionnés à l’union transcriptive et à sa dernière formule en particulier? télégraphier quai d'Orsay, comme peut faire la légation? adhérer partiellement? adhérer entièrement d'intention, sans s’occuper des confusions présentement inévitables ? désirer la publication officielle des séries homophoniques, des plus obscures du moins, publication implicitement promise ?

On ne saurait assez souhaiter pour l'entente et l’influence française, une prompte et concrète déclaration de l’autorité administrative, ici compétente bien certainement, et résolue, a-t-on dit, «à en finir»: c’est bien dit. Le savant précis et sage qui l’éclaire, le vrai père du système est M. Vissière (et son nom suffisait; Stanislas Julien est un glorieux parrain très rajeuni par lui pour la fête). Il ne craint pas ces efforts ardus (non pas arides: rien de fécond comme l’union) ; il prévoit bien aussi d’autres détails (diphonie, polyphonie), dont je ne dois pas fatiguer le lecteur, mais qui, moyennant consigne nette et brève, peuvent rendre la transcription française du chinois égale en fermeté, ou supérieure, à l'orthographe française du français.

Dans tout ce qui précède, il n’y a pas un mot d'opposition ni de discussion. Chacun doit céder de ses petites préférences. Nous n’aurions pas cru, quant à nous, le grand public disposé aux pékinismes; souhaitons au comité et au ministère l’activité, la fécondité décisive. En général, la transcription est large: Kouang préféré à Koang, tchouang à tchoang; petit ennui dans un lexique à colonnes ou sur les cartes géographiques franco-chinoïses qu’il faut établir et répandre: leang, pour liang, nous semblait archaïque, moins simple aussi pour le public, en regard de Kiang, siang.… M. Vissière se passe après d’autres, de tout 6, l’accent aigu demeurant libre pour la notation facultative du ton Kiu- cheng: daigne le public s’y habituer. Ces remarques sont vaines sans doute désormais; en tout cas, nous ne voulons pas qu'elles pèsent rien contre l’unité

immédiate, si comme il semble, le public l’embrasse.

L'Ecole d'Extrême-Orient qui avait déjà donné sa Transcription

du Cambodgien par M. L. Finor '), a publié également sa Trans-

1) Bal. Ecole Ext. Orient, XI, No. 1, p. 1.

ÉTUDES CHINOISES. 37

cription du Chinois !); l'Ecole française se rallie au système de M.

Vissière, en y ajoutant les conventions suivantes:

«1°. Il est souvent difficile de savoir si un caractère doit se transcrire ko ou houo, po pouo, et les tables ne résolvent pas la difficulté. Nous trans- crirons en ce cas d’après le Petit dictionnaire chinoïis-français du P. Debesse, portatif et peu coûteux, paru à Chang-hai en 1901.

«20, M. Vissière transcrit uniformément fo les caractères LA et 4. Nous croyons qu'il y a deux sons différents: c’est pourquoi nous réserve- rons {0 pour la série Z , et nous transcrirons le caractère {5 et ses homophones. Il en ira de même pour les caractères des séries > chô, 4] tchü et 4#Æ tsü. La lettre à nous parait offrir l'avantage de ne pas différer essentiellement de la lettre o de M. Vissière, et de pouvoir être remplacée par lo simple sans grave inconvénient dans les fontes manquerait l’ü avec tréma. Comme règle pratique, nous transcrirons à tous les caractères que le Dictionnaire du P. Debesse transcrit avec un e final immédiatement précédé d’une consonne,. Ces modifications sont indiquées dans la table par des italiques.

«30, Généralement nous ne marquons par les tons, mais nous n’avons au- cune objection à ce que nos collaborateurs les marquent. De plus, les mots au joù cheng ont eu une évolution phonétique si particulière qu’il serait désirable, au moins dans les travaux de linguistique, de les marquer par le signe de la brève, en attendant que les progrès de la philologie nous permettent de restituer exactement l’ancienne prononciation. Cette marque de la brève se mettra sur la voyelle, si le mot n’a qu’une voyelle, sur la seconde voyelle, si le mot en a deux ou plus. Ex.: kù, koù, koüo».

De même que le système du Foreign Ofice est devenu le système des Douanes Impériales Maritimes chinoises, la transcription du Ministère des Affaires étrangères, adoptée par les Ministères de la Guerre et de la Marine, par les sinologues d'Extrême-Orient et par la plupart de ceux de France (MM. Ed. Chavannes et Sylvain Lévi y ont adhéré), l’a été aussi par les Sociétés de Géographie et de Géographie commerciale de Paris, ainsi que par le Comité de l'Asie française.

Nous avons donc fait un pas considérable, sinon définitif, vers

l'adoption d’une transcription unique du chinois en français. C'est

1) Bul. Ecole Ext. Orient, I, No. 2 p. 178.

88 HENRI CORDIER.

à cela que doit se borner notre tâche; c’est le seul but pratique à atteindre. Une transcription internationale est chimérique.

Les Anglais, comme nous l'avons vu, en sont au même point que nous. Les Allemands sont moins avancés. Le Dr. Fried. Hrrru a fait un louable effort et il a présenté au Congrès des Orientalistes de Hambourg une table que l’autorité qui s’attache aux travaux de

ce savant nous fait un devoir de reproduire:

TABELLE

für die Umschreibung chinesischer Schriftzeichen in dem für Schriftzwecke modifizierten Dialekt von Peking.

Dem XIII. Internationalen Orientalisten-Kongress in Hamburg vorgelegt von Professor Dr. FRIEDRICH HIRTE.

Der Gedanke, den Dialekt von Peking, von gewissen gegen das Jahrhun- derte alte Herkommen in Europa verstossenden Eigentümlichkeiten befreit, als Grundlage eines für die Umschreibung der Schriftsprache bestimmten Systems zu verwenden, stammt von dem verstorbenen Dr. E. Bretschneider in St. Peters- burg, der in seinen zahlreichen englischen Schriften davon mit Erfolg Gebrauch gemacht hat. In der folgenden Tabelle wird etwas Aehnliches für deutsche wissenschaftliche Werke, Landkarten, Zeitungen u.s.w. angestrebt. Nach dem Muster des von Herrn Martin-Fortris, Sekretär der vom Pariser Orientalisten- Kongresse ernannten Transscriptions-Kommission, aufgestellten «Tableau» sind darin neben der jetzt vorgeschlagenen deutschen Rechtschreibung (Rubrik II) noch Rubriken für das in Williams’ «Syllabic Dictionary» befolgte System (1) und die seiner Zeit von der Kommission dem Kongress in Rom 1899 vorgelegte internationale Rechtschreibung (II) ausgefüllt worden.

Im Williams’schen Wôürterbuch wird der Leser die sämtlichen zum Gebrauch der Tabelle nôtigen chinesischen Schriftzeichen unter den in Rubrik I genannten Silben finäen. Die internationale Schreibung, wie sie in Rubrik II mitgeteilt wird, wurde vom Kongress in Rom mit Recht verworfen, weil sie den einzelnen Nationen das Aufseben ihrer phonetischen Idiosynkrasien zumuthete. Statt dessen wurde die Zusammenstellung eines Handbuches empfohlen, worin für jede Nation oder Sprache ein den orthographischen Grundbegriffen derselben Rechnung tragendes System mitzuteilen sei. Diesem Zwecke entspricht die von mir nach dem Vor- gang Bretschneider’s seit sieben Jahren geübte Rechtschreibung, wie sie in der

Rubrik III mitgeteilt wird.

| * | | |

ÉTUDES CHINOISES. 39

Um eine annährend richtige Wiedergabe der Laute zu erzielen, beachte der Leser die folzenden Regeln:

4. Bei weitem die Mehrzahl aller Silben ist wie im Deutschen zu lesen; man lese jedoch

2, j wie im franzôsischen jardin. Andererseits wird der Laut des deutschen j stets durch y wiedergegeben; daher Yang, nicht Jang, im Namen des grossen Flusses, da jang einer ganz anderen Lautgruppe angehôürt, deren Aussprache im Anlaut mehr dem Namen Jean im Franzôsischen nahe kommt.

3. h vor a, o und « ist wie deutsches ch in «Schlacht» oder wie x im spanischen «Xeres» zu lesen.

&. Die konsonantischen Anlaute p, k, {, ts, tsch und {z sind etwas weniger hart als im Hochdeutschen auszusprechen, z.B. kang, wo das anlautende k die Mitte zwischen unserem k und g hält. Dagegen müssen die mit einem Apostroph bezeichneten Anlaute so scharf wie môglich gesprochen werden, z.B. £’ang, dessen Æ noch härter klingt als das unsrige, also etwa k—hang.

5. Der Accent über Diphthongen soll andeuten, dass die einzelnen Vokale getrennt auszusprechen sind, z.B. f’éu (Kopf), das so klingt wie das erste Wort in t‘hu wabôhu mit unterdrücktem #. Man lese daher mién, nicht etwa min, u.s.w.

6. à, u und à sind kurz und tonlos vor a, é, o oder u.

7. Bei den sechs schwierigen Silben ssi, {zi, tschi, schi, ji und ir (Zungen-r) soll das Vokalzeichen à andeuten, dass der daneben stehende Halblauter (ss, €z, tsch, sch, j oder r) gleichzeitig mit einem Vokal zu intonieren ist. Bei ei ver- schmelzen die beiden Vokale zu einem nach à überklingenden e. Dass ich zu jenen sechs Lautgruppen mit Edkins ein allen gemeinsames Symbol, i, verwende, ist in der chinesischen Lautbeschreibung begründet, worin mehr das Gemeinsame ihrer Entstehungsweise als ihre Klangwirkung berücksichtigt wird. Letztere ist dialektisch verschieden; was jedoch allen Abarten im Gebiet der Mandarin- Dialekte gemeinsam ist, darf man als das Zusammenklingen eines vokalischen Elements, des «irrationalen Vokales», mit einem Halblauter bezeichnen. Die be- treffenden Silben werden nach der Wade’schen Rechtschreibung des Pekinesischen wie folgt bezeichnet:

ssi=sst, tzi=tzù, tschi=tschih, schi=shih, ji=jih, ir=érh.

Im Uebrigen quäle sich der Leser, der nicht damit umgeht, chinesisch sprechen zu lernen, nicht mit diesen Aussprache-Regeln. Es genügt zu wissen, dass die in Rubrik III mitgeteilten Silben bestimmten Lautgruppen entsprechen, deren Aussprache in China selbst ohnedies die grüssten dialektischen Verschiedenheiten zulässt.

Dass der Dialekt von Peking, so wie er heute gesprochen wird, sich nicht für die Wiedergabe der chinesischen Schriftsprache eignet, wird wohl jedem einleuchten, der die folgenden, in unserer Jahrhunderte alten China-Litteratur wohlbekannten Namen in dieser Transscription wiederfindet : Fu-tschien = Fu-kién,

40 HENRI CORDIER.

Nan-tsching=Nan-hing, Tschiang-hsi= Kiang-si, tschiang-tschün=tsiang-kün («General», in den alttürkischen Inschriften des 8. Jahrhunderts: sängün). Wenn es daher in China für dienstliche Zwecke (z.B. im Seezolldienst, in einigen Konsulaten und Gesandtschaften sowie neuerdings auch im Schutzgebiet von Kiautschou) von den durch mündlichen Verkehr in diesem Dialekt geübten Beamten als eine Erleichterung empfunden wird, wenn sie chinesische Namen so niederschreiben dürfen, wie sie im Dialekte gehôürt werden, so müssen wir doch nicht vergessen, dass dieser rein lokale Vorteil mit der Rechtschreibung des Chinesischen in der europäischen Wissenschaft, Kartographie, Presse u.s.w., nichts zu thun hat, während speziell Pekinesischer Eigenart entspringende Schreibweisen wie Fu-tschien u.s.w. bei europäischen Lesern nur Verwirrung anrichten künnen. Aus diesem Grunde wurde von der internationalen Kommis- sion des Pariser Kongresses 1897 von der dem Pekinger Dialekt eigentümlichen Verschmelzung der Anlaute Æ und fs vor à in {sch und À und s in hs, wie man aus Rubrik IT der nachfolgenden Tabelle ersehen kann, gründsätzlich ab- gesehen. Die genannte Kommission setzte sich aus Gelehrten der verschiedensten Nationalitäten zusammen (Courant, Devéria, de Rosny-Paris, Douglas-London, Giles-Cambridge, Schlegel-Leiden, Turrettini-Genf, Nocentini-Rom, Hirth-München mit Martin-Fortris als Sekretär), und, wenn auch aus begreiflichen Gründen die erstrebte internationale Einigung nicht zu stande kommen konnte, so sollte doch bei der Feststellung eines nationalen Systems, wie es in Frankreich alle Aussicht hat zur allgemeinen Annahme zu gelangen (s. den Artikel «Notre transcription du Chinois» im «Bulletin de l'Ecole française d’extrême orient», X, Hanoi 1909, p. 178 ff.), der Anschluss an die bereits vorhandene grosse China-Litteratur sowie an die Schreibweisen der Nachbarstaaten nicht versäumt werden.

LA ÉTUDES CHINOISES. 41

TABELLE

für die Laute des Chinesischen im Mandarin-Dialekt.

Rubrik I: nach Williams” Syllabic Dictionary.

Rubrik Il:

Rubrik Ill:

Kongress 1897 ernannten Kommission.

nach der internationalen Schreibweise der vom Pariser Orientalisten-

nach den neuen Vorschlägen zu einer nationalen deutschen Recht-

schreibung. ai al ai ching |tching | tschüng bai haï haï ang ang ang ch‘ing |tch‘ing |tsch’ông han han han cha choh tcho tscho hän hen hôün tcha |tscha à chah ch‘oh |tch‘o |tsch’o bang |hang |hang ch‘a chu bäng heng hông tch‘a |tsch’a lichu | tschu 2 É 4 ch‘ah chuh || hao hao bau chaï tchai | tschaiï ch‘u | heu hôu hou L ; Le tch‘u |tsch’u ; ch‘ai tch‘ai |tsch'ai ch‘uh || hi Fe We : ; : ï hi i chan tchan |tschan chui tchui |tschui hih \ ch‘an tch‘an |tsch’an ch‘ui tch‘ui |tsch'ui hia ue j ÿ à hia hia chän | chun |tchun |tschun hiah | tchen |tschôn ; Re AL =: chen ch‘un |tch‘un |tsch’un hiai hiaï hié ch‘än | + chung |tchung |tschung hiang |hiang |hiang tch‘en | tsch’ün : ; ë ; ; ch‘en | ch‘ung |tch‘ung|tsch'ung fhiao hiao hiau chang |tchang |tschang chwa |tchua |tschua hieh hié hié ch‘ang |tch'‘ang | tsch’ang fJchw‘ai | tch‘uai | tsch‘uai fhien hien hién chäng |tcheng | tschông chwang|tchuang| tschuang fhin hin hin ch‘äng |tch‘eng | tsch’ông f[chw‘ang|tch‘uang| tsch’uang | hing hing bing chao tchao | tschau chwen |tchuen | tschuan hioh hio hio ch‘ao tch‘ao | tsch’au chw‘en | tch‘uen |tsch’uan |hiu hiu hiu ché tché tschô fah fa fa, hiun hiun hün ch‘é tch‘é tsch’ü fan fan fan biung |hiung |hiung cheh tche tschô fan fen fôn ho 10 10 ch‘eh tch‘e | tsch’ü fang fang hoh | cheu tchôu | tschôu féi fei bu | ch‘eu tch‘ou |tsch’ôu feu huh hu hu chi l hi pipe foh bwuh | : chi schi chih fu ch‘i 7 ATEN DES fuh hüé büé ue 1 ch‘i sch’i 3 üé büé ch‘ih fung hüeh

HENRI CORDIER.

hüen hung hwa hwah hwai hwan hwang hwo hwoh hwui hwun i

yih jan jan jang jäng jao jeh jeu

joh

kao k‘ao keu k‘eu ki kih k‘i k‘ih kia kiah k‘ia k‘iah kiai k‘iai kiang k‘iang kiao k‘iao k‘ié k‘ieh kieh kien k‘ien kin k‘in king k‘ing kioh k‘ioh kiu k‘iu kiün k‘iün k‘iüng ko koh k‘o k‘oh

k‘i

Kia

{ka kiaï k‘iaïi kiang k‘iang kiao k‘iao

ie

kié kien k‘ien kin k‘in king k‘ing kio k‘io kiu k‘iu kiün k‘iün

k‘iüng

ko

|K‘o

ku kuh k‘u k‘uh küh k‘ü k‘üh küeh k‘üeh küen k‘üen kung k‘ung kwa kwah kw'‘a kwaï kw‘aï kwan kw‘an kwang kw‘ang kwéi kw‘éi kwo kwoh kw‘oh kwun kw'un la

lah lai lan lang läng la0 leh léi

küé k'‘üé küen k‘üen kung

6 k‘ung kua

k‘ua kuaiï k‘uai kuan k‘uan kuang k'uang kuei

k'‘uei

k’ua kuaï k’uai kuan k’uan kuang k'uang kui

k’ui

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ÉTUDES CHINOISES. 43

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mien mien mién nün nün nün

HENRI CORDIER.

seh seu sha shah shai shan shän shen shang shäng shao shé sheh sheu shi

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ÉTUDES CHINOISES.

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tsih ts‘i ts‘ih tsiang ts‘iang tsiao ts‘ia0 tsié tsieh ts‘ié ts‘ieh tsien ts‘ien

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46 HENRI CORDIER.

À côté de ces efforts que je pourrais en quelque sorte qualifier d’officiels, nous voyons des essais particuliers de transcription.

Dans un gros volume in-8 intitulé Æssai de réforme orthogra- phique internationale en 40 langues, Paris, 1902, M. le Dr. E.-J. Sruper a consacré un chapitre au Groupe mongol; la transcription de l’auteur avec l’emploi de caractères typographiques spéciaux que je ne puis reproduire ici, pour cause, rappelle la haute fantaisie du système inventé par Escayrac de Lauture.

À la suite d'articles du Rév. W. N. Brewster dans le Chinese Recorder sur China’s Intellectual Thraldom and the Way of Escape, le Rév. W. A. Grônzuxo, de la China Inland Mission, Ta-kou t'ang, proposa !) de fonder une compagnie et créer un journal en chinois romanisé; la romanisation n’est pas autre chose que la transcription

ou la translitération.

«But, dit l’auteur du projet que je mentionne à titre de curiosité, what about the system of Romanized to be used? I think it is a simple matter, Let those who show their interest either by redeeming shares, subscription of the paper, or by annual contributions, vote about which system they prefer Wade’s, Williams’, Mateer’s, C.I. M., or any other, one number per annum, or

corresponding sum of the other, giving one vote».

Le Rév. William N. Brewster mis directement en cause répondit ?):

«The proposition is one that I hope will be acted upon. However, that the writer should take charge of it, would insure failure. I do not speak the Mandarin. I live in the Fuhkien province, where that language is used only in the yamëên. Such a paper should be published in Hankow or Shanghai. It could not be self-sustaining at first. Tract Societies or the Diffusion Society would have to foster it. The editor should be a master of the Mandarin tongue. He should not be overloaded with other work. If possible not a novice in editorial work. Above all he should believe firmly in the Romanized system and in its ultimate triumph. With him, at least, it must be no experiment. The logic of it and the experimental success of others must have convinced him beyond the shadow of a doubt.

1) Chinese Recorder, Sept. 1901, p. 467. 2) Ibid, p. 566.

Ce

ÉTUDES CHINOISES. 47

«A year or even two years is too short a time to demonstrate either success or failure, There must be a body of missionaries in Central China who systematically push instruction in their schools of all grades and both sexes. The catechists and school-teachers must be labored with. The Romanized should be put in their courses of study, and passing a creditable examination after a reasonable time made a sine qua non of continued employment. It is a good plan to make it one of the requirement of enfrance examinations in the higher mission schools. The day-schools are excellent nurseries for it when the teachers are able to read it well. Schools for women, sometimes called «station classes» where adult Christian women are taught to read in this way oNLy have been found to be very useful. All this requires primers, text-books, labor, patience, time, co-operation, faith. There must be men and women back of every method, however useful, to insure final success ».

Miss J. E. Martha LxBens nous donne d'autre part le résultat

de son expérience ‘) dans l’emploi de la romanisation:

«The Romanized Colloquial is the best agent to evangelize women and children in the Sing-in district. The average child in a day-school (where attendance is irregular) learns to read the Romanized intelligently in three months, and within à year becomes acquainted with the Gospeis and Acts, so as to read the same to others Women in the boarding-school learn to read in one or two months. The best testimony in favor of the Romanized we heard from the students in the women’s boarding-schoo!l bright, intelligent women, who are advanced in studies; when a book in classical character is introduced, they all asked to be excused from reading that book on the ground that it was too hard, and they «wanted to know what was in the book». They said: «The Roman book tells us the meaning, and we understand it; but the meaning of the characters has to be explained by {he teacher». Had I not been before that convinced that the Romanized literature is a valuable educating agent for our people, I would have bequn to believe it then. When first ap- pointed to work in Sing-in all letters had to be written and read for the people by teachers. Three years after, letter-writing was quite common among all those who had been students in our schools. The monthly paper printed in the Hing-hua colloquial is read as eagerly by women and children as by men, and there is hardly a Christian family without the paper, because they are able to read it and like to learn the news. If the paper were printed in character, then only a few favored ones would be able to read it, and the larger number

of the hard working class would be excluded from this privilege. It really.

1) Chinese Recorder, Oct. 1901, pp. 512—6513,

48 HENRI CORDIER.

ought to be the right of every Chinese to be able to read and to write: and the Colloquial printed in Romanized will help them to do it».

Depuis longtemps d’ailleurs, un système de romanisation a été employé pour faire pénétrer la connaissance des Saintes Ecritures dans les diverses provinces de Chine. Je relève dans le dernier catalogue de la «British and Foreign Bible Society» les différentes versions dialectales de la Bible: Amoy Vernacular, Canton Vernacular, Fuh-chow Vernacular, Hainan Vernacular, Hakka Vernacular, Ningpo

Vernacular, Peking Vernacular, Swatow Vernacular.

ENSEIGNEMENT DU CHINOIS.

La mort de Gabriel Devéria le 12 juillet 1899 laissait la chaire de langue chinoise vacante à l'Ecole des Langues Orientales vivantes. M. Arnold Vissière !), premier interprète de la légation de France à Pe-king comme l'avait été celui qu’il était appelé à remplacer, fut nommé à cette chaire, importante puisque son titulaire donne l’enseignement aux jeunes gens qui se destinent à suivre la carrière d’interprète à la légation et dans les consulats de Chine. Comme on devait s’y attendre d’un homme aussi expérimenté que l’est M. Vissière, l’enseignement de l'Ecole des Langues Orientales n’a pas périclité entre ses mains et le nombre des élèves du cours de chinois varie de 35 à 40 pour les trois années. M. Vissière emploie pour

son cours comme livre de textes un recueil dont il a fait paraître

1) Vissière, Arnold-Jacques-Antoine, le 2 Août 1858; élève diplomé de l’Ecole des Langues Orientales, 25 novembre 1879; élève-interprète (hors cadres) détaché à la mission brésilienne en Chine, 16 janvier 1880; interprète-adjoint à Pé-King, 21 février 1882; second interprète, 10 mars 1883; interprète de seconde classe, mai 1884; premier in- terprète de la légation, 28 mai 1886; interprète de première classe, 9 novembre 1887; consul de seconde classe, 12 mars 1894; gérant du consulat de Tien-Tsin, 5 avril 1897— 23 mai 1898; consul de première classe à Canton (non installé) 10 février 1899; secrétaire-

interprète à Paris, 16 octobre 1899.

ÉTUDES CHINOISES. 49

deux livraisons qui comprend non seulement des pièces officielles, mais aussi des extraits de journaux, des documents commerciaux, etc. !)

J'écrivais dans mon dernier rapport sur les Etudes chinoises qu'il était possible, sinon probable, que les grands intérêts commer- ciaux de Lyon en Chine, fissent créer, dans cette ville, une chaire de chinois. En effet des cours de chinois ont été organisés dans cette grande ville par la Chambre de commerce avec le concours du Gouvernement général de l’Indo-Chine et de la Faculté des Lettres et on a nommé à la nouvelle chaire M. Maurice Couraxr que recommandaient son séjour dans les divers pays d’Extrême- Orient et ses excellents travaux. M. Courant daus des rapports présentés à la Chambre de commerce de Lyon aux mois de juin 1900 et 1901 a donné des renseignements reproduits dans une lettre qu'il a adressée à M. Picavet, Directeur de la Revue de.

l'Enseignement supérieur; nous en tirons les notes suivantes:

Dès le début les cours ont été divisés en deux séries:

19 Enseignement de la langue chinoise moderne parlée et écrite. Les cours de cette série sont des cours de la Faculté des Lettres. Ouverts le 17 mars 4900, ils ont eu lieu d’abord deux fois par semaine dans une salle de la Faculté; j'ai, äès le mois de mai de la même année, ajouté une leçon faite à 8 h.1/, du soir pour les auditeurs que leurs occupations retiennent toute la journée: l'association des anciens élèves de l'Ecole supérieure de commerce avait bien voulu me prêter une salle. J'ai vite reconnu qu’un aussi petit nombre de cours est insuffisant pour des jeunes gens qui exercent une profession ou font d’autres études, qui, par suite, ne peuvent fournir hors des cours que peu de travail personnel. Dans l’année 1900—1901, j'ai donc fait deux séries de cours, les uns à 5 h. 12, les autres à 8 h. 1/, du soir, comprenant respectivement 2 et 3 leçons par semaine ;

29 Exposé des mœurs et institutions de la Chine contemporaine faisant non

1) Recueil de textes chinois à l’usage des élèves de l'Ecole spéciale des Langues orientales vivantes Textes en langue orale, Extraits de journaux, pièces administratives et commer- ciales, correspondance épistolaire, documents officiels, traités, lois, réglements, etc. Réunis par A. Vissière, Professeur à l’École spéciale des langues orientales. Première livraison. Paris, Imprimerie nationale MDCCCCII, in-8, pp. 1—16. Deuxième livraison. Ibid., pp. 17—32.

50 : HENRI CORDIER.

seulement connaître les grands traits de la société chinoise, mais donnant des détails précis et pratiques sur la vie quotidienne des indigènes et sur leurs rapports journaliers avec les étrangers. Les cours de cette série ont lieu tous les jeudis soir au Palais du Commerce, ils ont été ouverts le 25 janvier 1900.

Les matières traitées au Palais du Commerce l’an dernier (25 janvier—mi- juillet) ont été les suivantes: calendrier, poids, mesures et monnaies; la fa- mille et le clan; les communes rurales, les associations provinciales; les corporations de marchands et d’artisans; la propriété foncière, contrats, impôts; les monopoles officiels, les droits sur la production et les trans- actions; liste générale des produits étrangers importés en Chine; la classe des lettrés et des mandarins.

Cours du Palais du Commerce (mi-octobre 1900 à mi-juillet 1901): l’ad- ministration (sous-préfectures, préfectures et cercles, provinces, armée chinoise et armée mantchoue, etc.). Situation faite aux Européens par les traités et les précédents et état économique et politique des diverses régions de l’Empire Chinois. De cette vaste étude je n’ai abordé jusqu'ici qu’une partie: Mantchourie, Mongolie, Turkestan, Tibet, en insistant sur le port de Nieou-tchoang et sur l’activité des Russes dans ces régions. Je compte dans la nouvelle année scolaire m'occuper, aux mêmes points de vue, de la Chine propre, puis du Tonkin et de l’Annam.

Des résumés du cours ont été polycopiés et distribués aux auditeurs.

Pour la langue chinoise, les cours de 5 h. 1/, ont été consacrés plus spé- cialement à la grammaire et à l'explication des textes écrits contemporains. Au cours de 8 h. 1/2, réservé à la langue parlée, j'ai exercé les élèves à com- prendre et à faire eux-mêmes des phrases usuelles (exercices oraux, explication de dialogues, thèmes et versions par écrit) en insistant au fur et à mesure des besoins sur les principes grammaticaux appliqués. Je n’ai eu garde de négliger l'étude des caractères chinois; car la langue chinoise dite parlée s'écrit elle aussi, et celui qui ne peut reconnaître les mots usuels, s’aider de l'écriture pour compléter une explication insuffisante, celui-là est comme un aveugle. L'expérience de ces deux années, confirmant mes opinions antérieures, m’a dé- montré que des résultats solides sont atteints par cette méthode en un bref espace de temps.

Des principes de grammaire et des textes de versions et de thèmes, ainsi que les éléments d’un vocabulaire, ont été polycopiés et distribués aux auditeurs.

Des dictionnaires, recueils de dialogues, recueils de documents écrits, etc. ont été achetés par la Chambre de commerce, qui a fait dresser aussi une grande carte murale de l’Empire Chinois. La bibliothèque de l’Université a fait également l’acquisition de plusieurs ouvrages.

Le nombre des auditeurs réguliers (1900—1901) a été de 12; toutefois,

lun deux, après plus de 4 mois d’assiduité, a été interrompu; il annonce l’in-

£ La ÉTUDES CHINOISES. 51

tention de reprendre à la rentrée. Parmi les auditeurs de passage, je dois signaler plusieurs étudiants de la Faculté de droit qui ont assisté à diverses leçons. Le nombre 192, indiqué plus haut, se décompose de la manière suivante:

[e)

Elèves de l'Ecole de commerce Comptables .

Employés de commerce.

Etudiant en pharmacie .

Etudiant pour la licence ès lettres. . Professeur de l'Enseignement secondaire . Officier enr retraite 5... Lin

Allemand.

Anglais

Er ETES ten RO

TOTAL PS A0

Sur ce total, 6 avaient commencé leurs études au printemps 1900. Dans le cours de l’année scolaire 1901—1902, 4 sauront assez de chinois pour s’en servir en Chine; À a cessé momentanément d'assister aux cours: 4 ont pour- suivi leurs études; 3 ne peuvent être comptés comme éléments coloniaux français. J'ajouterai qu'un jeune Russe, étudiant de langue chinoise à Saint- Pétersbourg, se trouvant pour quelque temps à Lyon, est venu régulièrement à mes dernières leçons.

À Berlin, après la mort de M. le Prof. Carl ArenDT dans la nuit du 29 au 80 janvier 1902, le cours de chinois au Séminaire des Langues Orientales à été fait successivement pendant l'année scolaire par le Dr. MerxriNenaus, M. von Varcamix et le Dr. F. W. K. Mücrer, du Kgl. Museum für Vôlkerkunde; ce dernier a continué le cours jusqu’à la fin de l’année 1902; au 1% janvier 1903, M. le Dr. A. Forxe, de Chang-Haï, a prendre définitive- ment possession de la chaire.

L'autre chaire de chinois de Berlin, celle du regretté Georg von der GABELENTZ, est toujours vacante; elle avait été offerte à M. le Dr. J. J. M. de Groor, de Leyde, qui a décliné l'honneur qu'on lui faisait. Et l’on a laissé partir le Dr. Fried. Hirrn, pour les Etats-Unis!

En Italie, M. Lodovico NocenriNi a été transféré de Naples à

52 HENRI CORDIER.

l'Université Royale de Rome. En Belgique, la mort de Mgr. de Harzez laisse inoccupée la chaire de chinois de l’Université de

Louvain.

En Angleterre, M. T. L. Burrocx occupe définitivement la chaire du Dr. Legge à Oxford. Il vient de publier un volume d'Exercices gradués de chinois écrit ‘). M. Herbert A. Gixes, à Cambridge, et M. R. K. Doueras, à King's College, Londres, con- tinuent leur enseignement. Un cours de chinois pratique a été créé à l’'Imperial Institute pour M. George Brown *), ancien consul à Kieou-Kiang. Enfin, M. E. H. Parker fait un cours à Owen College, Manchester; il a fait sa leçon d'ouverture le 2 Octobre 1901: An Outline of Chinese History.

Aux États-Unis, une chaire de Chinois a été créée par le général Horace W. Carpenter, à New-York, à Columbia University; le Dr. H. A. Grzes, en Mars 1902, a inauguré le cours par une série de six conférences qui ont été réunies en volume *). Le Dr. Friedrich Hierx, de Munich, est parti au mois de Septembre dernier,

pour occuper définitivement la chaire. Je ne vois rien à signaler en Autriche, ni aux Pays-Bas.

suivre.)

1) Progressive Exercises in the Chinese Written Language by T. L. Bullock, Professor of Chinese in the University of Oxford. London, Sampson Low, 1902, in-8, pp. vi + 1 f. n. ch. + pp. 266.

2) Elève-interprète en Chine, 3 juillet 1871; il a pris sa retraite le 17 Mai 1896.

3) China and the Chinese by Herbert Allen Giles, LL.D. Professor of Chinese in the University of Cambridge Lecturer (1902) on the Dean Lung Foundation in Columbia University. New York, the Columbia University Press, 1902, pet. in-8, pp. Ix—229:

I. The Chinese Language. II. A Chinese Library. III. Democratic China. IV. China and Ancient Greece. V. Taoïism. VI. Some Chinese Manners and Customs.

CONGRÈS DES ORIENTALISTES DE HANOI

PAR

HENRI CORDIER.

Nous avons, à diverses reprises, entretenu nos lecteurs du premier essai qui à été tenté dans l’Extrême-Orient, de réunir en des assises scientifiques les savants du monde entier qui s’intéres- sent aux choses d'Asie. Ce Congrès s’est tenu du Mercredi 3 Dé- cembre au Mercredi 10 Décembre avec le plus complet succès. Pour distinguer cette réunion de la série régulière des Congrès Internationaux des Orientalistes, il a été décidé qu’on lui donnerait le nom de Premier Congrès International des Etudes d’Extréme-Orient.

Dans la séance préparatoire du Mercredi 3 Décembre, le Bureau du Congrès a été constitué de la façon suivante: Président: M. Fino1'; Vice-présidents: MM. Héscer, LieBreiN et Takakusu; Secrétaires: MM. Perzior et Sroënner; Trésorier: M. Commarrie. Les trois Sections du Congrès ont formé ainsi leur Bureau: I. (7nde) Prési- dents: MM. Macuizzan et Purré; Secrétaires: MM. P. Corpter et de Foxrarnieu. IT. (Chine et Japon) Présidents: MM. Bonix, FLoRENZ et Nocenrint; Secrétaires: MM. Leavenworrx et Maîrre. LIL. (7»do- Chine) Présidents: MM. Brannes et GErinr; Secrétaires: MM. M1- DROLLE et Parmentier. En outre des Commissions de transcription, d’un manuel de philologie indo-chinoise et d’un Dictionnaire bouddhique

chinois-sanscrit ont été constituées. Comme au Congrès de Hambourg,

54 HENRI CORDIER.

t

il a été décidé que les communications restaient la propriété de leurs auteurs et que le Congrès ne publierait qu’un compte-rendu analy- tique des débats.

Le Jeudi 4 Décembre, a eu lieu, à dix heures du matin, dans une des Salles de la Société philharmonique, la séance d'ouverture sous la présidence de M. Bsau, Gouverneur-Général de l’Indo-Chine française, assisté de M. Bourrocus, secrétaire-général du Gouverne- ment, M. BRont, résident-supérieur, M. Baie, résident-maire, et

M. KFinor, directeur de l'Ecole française d'Extrême-Orient, président du Congrès.

Le Gouverneur-général à prononcé le discours suivant:

En ouvrant le premier Congrès des Orientalistes réuni en Indo-Chine et en leur souhaitant la bienvenue, je suis heureux tout d’abord de constater l’empressement avec lequel les Gouvernements et les corps savants, tant de France que de l'étranger, ont répondu à l'invitation qui leur avait été adressée par la Colonie.

Cette réunion d’un aussi grand nombre de savants éminents, maîtres dans la philologie orientale et extrême-orientale, montre de la façon la plus palpable combien l’idée était féconde de réunir, à l’occasion de l’Exposition de Hanoï, un Congrès scientifique dont les résultats complèteront et couronneront cette impo- sante manifestation de travail et de progrès.

L'Ecole d’Extrême-Orient, par l'enquête méthodique qu’elle a instituée sur place depuis deux ans et par les premiers résultats qu’elle a obtenus de ses recherches, a déjà fait prévoir tout ce que l’étude du passé de l’Indo-Chine pourrait apporter de nouveau à la science et à l’histoire de la civilisation.

Par sa situation intermédiaire entre la Chine et l’Inde, ce pays s’est trouvé le théâtre séculaire les deux grandes variétés de l’espèce humaine, la Mon- golique et l'Indo-Chine aryenne. se sont rencontrées et ont lutté pour la con- quète et l’hégémonie. Les traces de cette lutte sont encore inscrites sur le sol et sur les traits des races qui l’habitent et nulle autre partie de l’Asie n'offre un champ aussi riche et aussi varié pour l’étude des langues, des religions et des civilisations qui se sont disputé cette partie du monde.

Aussi les études que vous poursuivez, et dont vous venez ici nous faire Connaître les résultats en les soumettant à l’épreuve d’une discussion amicale et éclairée, ne sont-elles pas seulement d’ordre théorique et destinées à satisfaire

votre curiosité scientifique. De vos recherches sur le passé de la grande pénin-

CONGRÈS DES ORIENTALISTES DE HANOÏ. 55

sule indo-chinoise, sortent les plus utiles renseignements que nous puissions recueillir pour le Gouvernement des peuples si divers qui l’habitent.

En utilisant la source précieuse de documentation que vous nous apportez, nous nous préserverons de bien des erreurs et nous apprendrons à faire meil- leur usage des ressources de toute nature que ce pays nous offre. De plus, en pénétrant, par l’histoire du passé, jusqu’au fond encore si fermé de la pensée des races indigènes, il est permis d’espérer que nous arriverons à les comprendre, à nous faire comprendre et même aimer d'elles: et ainsi nous parviendrons peu à peu à réaliser la mission que la France s’est imposée en prenant charge du Gouvernement de ces peuples, qu'elle doit, par les voies supérieures de la science, de la justice et de la civilisation, faire évoluer vers un avenir meilleur.

Je déclare ouverte la session du Congrès des Orientalistes de 1902.

Puis M. Finot a pris la parole en ces termes:

Monsieur le Gouverneur Général,

J'exprime le sentiment unanime du Congrès en vous adressant ses respec- tueux remerciements pour le témoignage de haute bienveillance que vous avez tenn à Jui donner en venant inaugurer ses travaux et pour les paroles de bon accueil que vous venez de lui adresser.

Messieurs,

Le Congrès qui s'ouvre aujourd’hui est un nouveau signe de ce besoin général d’entente et de coopération qui s'affirme, de notre temps, dans tout le domaine des études orientales. Jadis, les savants préféraient le travail isolé. Chacun était soigneux d’un fief il ne tolérait pas volontiers les incursions. On était, en général, peu disposé à s'associer à d’autres pour atteindre plus tôt un but l’on espérait, avec le temps, arriver seul. L'important n’était pas de faire vite une découverte, mais d’être le premier à la faire. Les questions de priorité suscitaient d’âpres polémiques et les divergences philologiques dégéné- raient souvent en hostilités ouvertes.

Je ne crois pas m’abuser en constatant que le monde savant d’aujourd’hui domine un horizon plus large. On y est moins préoccupé d'autonomie que d'union, moins attentif aux personnalités qu'aux résultats.

Depuis trente ans treize Congrès ont rapproché les orientalistes dans une croissante harmonie de travail, et l'on a vu, de l'un à l'autre, des œuvres excellentes germer, se développer et mürir. C'est la que sont nées ces deux grandes associations internationales pour l'exploration archéologique de l’Inde et de l’Asie centrale, et orientale, qui vont reprendre l'enquête historique avec une vigueur nouvelle et de plus puissants moyens d'action. C’est sous leur

inspiration que s'élaborent ces œuvres collectives, telles que la Bibliographie

56 HENRI CORDIER.

ilalienne, l'Encyclopédie musulmane auxquelles ne saurait suffire l'initiative individuelle: et que l'union des efforts achèvera.

S'il est, Messieurs, une partie du monde dont l'étude réclame cette associa- tion de forces, c'est assurément l’Extrême-Orient.

D'une part, en effet, la connexité des faits qui composent la trame de son histoire, interdit le morcellement des recherches; d’autre part l’infinie diversité des races et des langues oppose à une étude intégrale des obstacles presque insurmontables. Mais cette antinomie apparente s’évanouit, si un échange régu- lier de communications s'établit entre tous les travailleurs de ce vaste domaine, si l'information, bornée de chacun de nous peut se compléter par les connais- sances spéciales d’un confrère mieux renseigné.

C’est pour préparer les voies à cette organisation plus rationnelle du travail scientifique qu’un groupe d'Orientalistes français a pris l'initiative de cette conférence. Il leur a semblé, qu’un ensemble de conditions favorables désignait l’Indo-Chine comme un centre propice de réunion.

Située au milieu des pays d’Extrème-Orient, à la jonction des deux grandes civilisations qui se sont partagé l'Asie Orientale, l’Indo-Chine est comme le rendez-vous des races et des religions qui font l’objet de vos études. Ici au bord de la mer de Chine se trouvent à la fois l'habitat actuel du peuple anna- mite, de la domination chinoise, le berceau probable de la race malaise et les vestiges extrèmes du brahmanisme indien; à lOuest, au Cambodge et au Laos, les monastères, peuplés de moines en robe jaune nous mettant en contact avec le bouddhisme singhalais. Et derrière ce rideau de populations civilisées, un complexe mélange de tribus sauvages attend encore les investigations des ethnographes.

Qu'il me soit permis aussi de mentionner, au nombre des circonstances qui recommandaient l’Indo-Chine comme siège du Congrès, l’existence d’une institution vouée déjà à une tâche analogue. Lorsqu'il créa l'Ecole Française d'Extrème-Orient, M. Doumer dont le nom doit être rappelé ici avec grati- tude, ne voulut pas en faire une sorte d’institut d'histoire locale, il lui assigna comme champ de travail l’'Extrèéme-Orient dans son ensemble. C’est conformé- ment à ces intentions maintes fois rappelées que les membres de l’École ont successivement visité Java, la Chine, le Siam, l’Inde, le Japon, nouant ainsi les premiers liens de cette fédération scientifique de l'Asie Orientale, qui deviendra, si elle se réalise, un incomparable agent de progrès.

Certes, Messieurs, l'Ecole à qui fut commis le soin de vous recevoir, était

encore bien jeune pour un tel honneur; elle avait à peine trois ans d'existence.

Néanmoins, vous n'avez pas hésité à venir à elle, à l’exemple des bonnes fées qui aiment à se grouper autour des berceaux.

Soyez rererciés pour avoir répondu avec tant d’empressement à notre appel. Au nom du Comité d'organisation, je vous souhaite la bienvenue.

Nous nous sentons particulièrement obligés envers les gouvernements

CONGRÈS DES ORIENTALISTES DE HANOIÏ. 57

d’Autriche-Hongrie, des Indes Néerlandaises, d'Italie, de Siam, qui nous ont fait le grand honneur d'envoyer ici des représentants.

Je suis heureux de saluer, en la personne de leurs éminents délégués, les Musées d’ethnographie de Berlin et de Vienne, les Universités de Bologne, de Christiania, de Rome, de Tôkyô, de Yale: les branches de Bombay et Chang-Haï de la Société Asiatique de Londres; l'Institut royal de La Haye; la Société asiatique italienne; l’Institut royal de Naples; la Société allemande pour l'étude de l’Asie Orientale; la Société orientaliste du Japon: le Gouvernement de l'Inde française: la Société Asiatique de Paris; la Société de géographie; le Muséum d'histoire naturelle; l'Ecole des Hautes-Etudes; la Société française d’archéologie; la Société des études Indo-Chinoises.

J'adresse notre cordial salut à tous ceux qui sont venus prendre part en personne aux travaux du Congrès, et notre affectueux souvenir aux confrères absents, qui n’ont pu que nous envoyer de loin leur adhésion et leurs vœux.

Vous êtes, Messieurs, en présence d’un champ de travail immense et en grande partie inculte; en y appliquant vos communs efforts, vous justifierez les sympathies qui vous entourent et qui saluent dans votre réunion l'espoir

des moissons futures.

M. le Conseiller Hrçcur (Gouvernement impérial d’Autriche- Hongrie), M. le Dr. Branpes (Gouvernement des Indes néerlandaises), M. Nocenrixi (Gouvernement royal d'Italie), M. le Comte Puzré (Ministère de l’Instruction publique d'Italie), M. le Colonel Gerint (Gouvernement royal du Siam), M. LreBieiN, au nom des Sociétés étrangères d'Europe, M. le Dr. Bazzz, au nom des Sociétés étrangères d'Extrême-Orient, M. H. HugerT, au nom des Sociétés françaises ont pris ensuite la parole.

Voici les discours de M. le Comte Puzré et de M. H. Hugerr:

M. le Gouverneur général, MM. les Membres du Congrès.

J'ai l'honneur de présenter au nom du Ministre de l’Instruction publique d'Italie quelques exemplaires de la collection des Studi Italiani de Filologia indo-iranica, et au nombre que l'Ecole française d’Extrème-Orient pensera lui être utile ou agréable.

Depuis le XI° Congrès international des Orientalistes en 1897 à Paris je présentais le 4% de ces volumes, bien du chemin a été fait par l’activité in- tellectuelle de la France, et pour l'entente de nos sentiments.

J’admirai alors la loyale franchise de M. Lebon, votre Ministre des Colo-

nies, lorsqu'il affirma le droit de la France aux conquêtes coloniales au nom

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de ses conquêtes scientifiques et nous assura pour l’avenir que les intérêts ma- tériels de sa patrie auraient marché toujours de conserve avec les intérêts de la science dans ces régions de l'Orient.

En attendant qu'Alger la France donne encore son hospitalité au pro- chain Congrès des Orientalistes. nous fasse connaître les bienfaits de la France pour Ja culture du continent noir, nous constatons ici en ce moment et sur place que les intérêts de la civilisation et de la science ont parcouru chez vous la même route que les intérêts d’autre nature.

Oui, ses anciennes promesses, votre noble pays les à tenue en galant homme Cette Ecole qui surgit, la première parmi les institutions de la plus jeune de vos colonies, pleine de vitalité et de foi dans l’avenir, est un bien grand exemple aux nations, de l’esprit et des méthodes des conquêtes modernes.

Elle est placée ici, cette Ecole, sur ce point éloigné, comme avant-garde de la mentalité européenne, pour éclairer de la lumière tranquille de la science le chemin de la civilisation en marche.

C'est en appréciant, en suivant avec la plus vive sympathie cette nouvelle manifestion de la France jeune, de la France démocratique et laïque, que nous sommes ici, les envoyés d’un peuple frère: de ce peuple d'Italie que les senti- ments intimes et profonds, les lois d’une origine et d’une organisation commu- nes, les nécessités d’une même destinée rallient et rallieront toujours à la France lorsqu'il s'agira des luttes suprèêmes pour les revendications séculaires de notre progrès social et intellectuel. C’est dans ces sentiments, M. le Gouverneur Géné- ral et MM. de l'Ecole Française, que nous vous remercions de nous avoir invités pour assister à la nouvelle affirmation d’une renaissance de l’ancien latin, langue gentile dans ces pays de l'Orient que le génie de Rome, la mère commune, avait à peine entrevue, mais que l'esprit des peuples issus d’elle ont de tout temps poursuivie. Merci, de nous avoir invités à prendre part à une œuvre si belle et si noble dont l’immanquable réussite nous souhaitons avec toute la

force et la sincérité de nos cœurs.

Monsieur le Gouverneur Général, Messieurs,

Je prends la parole au nom des Institutions et des Sociétés Françaises qui s'intéressent de près ou de loin à l’Indo-Chine, tant de celles qui sont repré- sentées ici que de celles qui n’ont pas pu vous envoyer leurs représentants. Je tiens une place que devraient remplir des savants sanscritistes et sinologues Français dont vous regrettez l’absence à ce congrès. Je les connais cependant assez et je connais assez bien les sentiments qu'ils professent à l'égard de vos œuvres et de ceux d’entre vous qu’ils connaissent, pour ne pas craindre de les dénaturer en vous apportant, avec le nôtre, leur salut et leur hommage.

Peut-être, aurez-vous plaisir à constater, messieurs, la diversité des intérêts

et des préoccupations qu’apportent à votre congrès ceux qui vous viennent de P

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France. Vous trouverez parmi nous des Orientalistes que ne connaissent pas les congrès européens du même nom. Je vous prie d’y voir un signe de l'intérêt très général qui s'attache là-bas au travail d’ici. Nous aurons à poser ensemble, messieurs, et vous aurez à résoudre des problèmes dont la solution importe à des branches fort diverses de la science. J’ajoute que cette diversité de préoccu- pations s’attachant à un seul objet est l’image de la science nouvelle qui atteint à ses fins par la collaboration des disciplines.

Messieurs, j'exprimerais mal, je le crois, les sentiments de ceux pour les- quels je vous parle ici si je vous laissais penser qu’ils sont venus par amour de la science spéciale, Je vous laisserais ignorer la joie profonde et la véritable allégresse que nous sentons à nous trouver parmi vous à Hanoï. Nous sommes venus fêter avec vous, Messieurs, une sorte de jubilé du Tong-king français. L'heure en est venue très tôt. Nous nous en applaudissons avec vous et nous sommes venus vous féliciter, Monsieur le Gouverneur Général, d’avoir été appelé à présider à cette fête. L'histoire est encore bien récente.

Nous avons parmi nous un de ces héros.

Il faut que les choses aient marché bien vite pour que nous ayons à nous occuper maintenant de concert avec la Nouvelle Ecole française d’Extrême-Orient d'organiser l’étude scientifique des terres gagnées à si grand peine. L'avenir que vous inaugurez, messieurs, nous le montrera. Monsieur le Gouverneur Général nous à dit que ce n’était pas une œuvre de luxe. Ce serait en tous cas un de ces luxes seigneuriaux qui font la dignité des grands peuples, que nous aimons par tradition et dont nous nous enorgueillissons de nous être donné notre large part.

Je ne sais, Messieurs, si vous êtes aussi bien placés que nous pour appré- cier la grandeur, j’emploie mes mots à dessein, de l’œuvre scientifique qui a déjà été accomplie ici. Un hommage public a été rendu récemment par le congrès international des orientalistes de Hambourg aux travaux de l'Ecole d’Extrème- Orient, à son directeur et à l'initiative de ses fondateurs. Nous venons encore voter ici cet hommage. Ce n’est pas la première fois qu'il aura été dit que le Gouvernement général de l’Indo-Chine a le droit d’être fier de cette nouvelle institution, sœur des Ecoles d'Athènes, de Rome, et du Caire, qui depuis de longues années ont pu faire apprécier leurs services effectifs. Celle-ci a déjà fait ses preuves et elle a plus à faire que ses aînées.

Messieurs, ce congrès marque un moment de recueillement dans votre effort à vous qui travaillez pour la science et pour la patrie en Indo-Chine. C’est aussi un moment de repos pour nous qui venons de France. Avec le repos le rire est permis et peut-être aussi l’utopie. Nous retomberons assez tôt au labeur.

C’est en tous cas une belle chose et qui doit nous réjouir le cœur, à vous, qui nous recevez, comme à nous, que de voir réuni un congrès international pour une œuvre commune et une œuvre humaine dans cette jolie ville française d'Orient. J'y vois un signe des temps et le sceau de ce qui s’est fait ici. Peut

être vous verrez avec moi, Messieurs, que nous avons le salaire de ceux qui

60 HENRI CORDIER.

sont morts à la tâche, et une source profonde d’orgueil pour ceux qui survivent. Quant à moi, Messieurs de l'Ecole française, qui représente ici une Ecole votre Directeur a professé et dont vous serez sans doute un jour les maîtres,

ce que je vous apporte pour ma part, c’est un tribut d’amitié.

Voici le Compte-rendu des séances, d’après les procès verbaux qui viennent de paraître récemment:

Jeudi, 4 Décembre; 2 h. Sections réunies. Présidence de M. Hecer. M. NocenriNr présente le texte et la traduction de la relation sur le Tong-king du P. Baldinotti (1626); M. Branpes présente des remarques sur les antiquités de Java; M. Gerixr offre au Congrès une collection d'ouvrages siamois et expose le plan de son livre en préparation sur la géographie ancienne de l’Indo-Chine: M. Takakusu présente un mémoire sur la Samkhya-kärik4 étudiée à la lumière de sa version chinoise; M. FLorenz présente un mé- moire sur la poésie archaïque du Japon; M. HuBerT résume les données actuelles sur le Préhistorique de l’Indo-Chine.

Vendredi 5 Décembre; 8 h. ‘}, matin. Sections réunies. Pré- sidence de M. Finor. M. Marrre donne lecture d’une note de M. CAHEN sur l’enseignement des langues orientales en Russie; M. LieBLEIN présente deux mémoires: l’un sur le nom d'Aménophis IV, l’autre sur le mythe d'Io; M. Peccror donne lecture d’un mémoire de M. CHavanxnes sur les deux plus anciens spécimens de la carto- graphie ancienne de la Chine; M. Purré présente le résultat de ses recherches sur la Cartographie de l’Inde au moyen-âge; M. ProuNpes présente quelques aperçus sur l'iconographie et la liturgie du bouddhisme japonais. 2 h. après midi: Section [I (Chine et Japon). Présidence de M. NocenTiNI. M. Lemière lit une note sur l’his- toire de la Presse au Japon; M. Marre lit une note de M. ArrGa sur l’idée de souveraineté dans l’histoire du Japon; M. FLorexz pré- sente une traduction allemande du drame japonais Tsubosakadera,

due à M. Oxamoto; M. Taxaxkusu fait l'historique du voyage de

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Kanshin au Japon (A.D. 742 —754); M. FLorewz lit une étude sur Ibara Saikaku, romancier naturaliste japonais du XVII® siècle; M. Mairre résume ses recherches sur la littérature historique du Japon depuis ses origines jusqu’à la fondation du Shôgunat de Kamakura (1192); M. Fusisaima présente une brève histoire de la secte Shin.

Samedi 6 Décembre, 8 h. ‘}, du matin. Section [ (Inde). Présidence de M. Puzré, puis de M. Macmizrax. M. MacmiLLan étudie la métrique d'une chanson populaire marathi; M. P. Corprer signale un certain nombre de manuscrits médicaux sanscrits décou- verts par lui dans l'Inde; M. Frxor signale et commente une 1n- scription inédite, relatant la fondation d’un hôpital par un roi du Cambodge, au XII siècle; M. de Fonrarnieu lit une étude de M. Vocez sur une statue du Gandhära conservée au Musée de Lahore; M. Maomwizcan lit un travail de M. Shams-ul-Ulma Jivanji Jams- hedji Moor sur les mentions de la Chine qui se trouvent dans les anciens livres des Parsis. Section IIT (Indo-Chine). Présidence de M. Branpus. M. Parmentier lit un mémoire de M. d'Exyoy sur la femme dans la société annamite; M. Parmentier lit une note de M. Lewrre intitulée: «Moïs et Océaniens»; M. Cnéox lit une étude de M. Son Diep sur les Légendes concernant la région du Bassac (Soctrang); M. Marre lit un mémoire de M. Ed. Huser sur une version populaire chinoise d’un conte indo-européen; M. Bonrraoy lit une étude sur la poésie populaire des Mans du Tong- king; M. Hygcgr résume ses travaux sur les tambours ancieus en bronze du Sud-Est de l'Asie; M. ParMenTiER expose ses nouvelles découvertes archéologiques en Annam (Trésor des rois chams et fouilles de Doug-du'o'ng). 2 h. après midi. Sections réunies. Pré- sidence de M. Lueszernx. M. Finor présente un projet d’une nou- velle transcription du thai par M. Masrero; M. de Fonrarnieu lit

un mémoire sur les <pagotins» et les parânas dans le sud de l'Inde;

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M. Pezuror lit un mémoire de M. $. L£vi sur la date de Candra- gomin; M. Paris présente au Congrès les calques pris par lui des inscriptions des grottes de Phong-nha (Quang-binh); M. Moxon trace une esquisse générale de la géologie de l’Indo-Chine; M. le Dr. Baez fait un exposé général de ses travaux et de ses con- clusions sur les races de l’Extrême-Orient; M. Perzior présente des manuscrits divers et fait l'historique de la réforme des examens en Chine; M. Perrtor communique au Congrès un projet d’alphabet international de M. ScHREINER.

Lundi, 8 Décembre, 8 h. ‘/, du matin. Sections réunies. Prési- dence de M. Finor, puis de M. Lregceix. M. Leavenworrx lit un résumé de ses études sur la guerre de 1856—1860 entre la Chine et les puissances européennes ; M. Nano lit un mémoire sur les trois versions chinoises du Saddharmapundarikäsütra; M. Caprère expose ses recherches sur les lieux historiques du Quang- binh; M. Hugerr analyse une instruction pour l'étude sociologique de l’Indo-Chine préparée par M. Mauss; M. Bois lit une note sur quelques plantes de la Chine et de l’Indo-Chine; M. Cortes lit un mémoire sur les populations thaï du Tong-king; M. Cnéox lit une note de M. Neuvän-KuHac-HuË concernant une inscription recueillie sur le tombeau de Vo-trong-Toan; M. BaBoNNEAU communique des inscriptions recueillies autrefois par M. Tran-vax-Hanx sur des

pierres commémoratives des montagnes de Thaiï-son et de Vinh-tê.

Parmi les voeux qui ont été adoptés, toutes séances réunies, sous la présidence de M. Finor, le lundi 8 décembre, à 2 heures, nous notons que:

_— Les Sociétés savantes de l’Extrême-Orient encouragent par tous les moyens en leur pouvoir la collaboration des indigènes à leurs études.

L'Ecole française d'Extrême-Orient étende son activité à

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l’exploration des stations préhistoriques et que les résultats des fouilles entreprises soient réunis avec le reste des collections ar- chéologiques dans le Musée de l'Ecole.

M. Puzré veuille bien entreprendre un travail sur la carto- graphie ancienne de l’Indo-Chine.

Les orientalistes européens adressent aux auteurs du diction- naire sanscrit-chinois préparé par MM. Nans10, Takaxusu et Tokrwaï, avec la collaboration et l’aide de l'Ecole française d'Extrême-Orient, toutes les suggestions qui pourraient les aider dans leurs recherches; que le gouvernement du Japon encourage par tous les moyens une oeuvre destinée à honorer la science japonaise.

Un Manuel de philologie indo-chinoise dont l’objet et le plan sont exposés par M. GeriNi au nom d’une commission spéciale,

soit publié.

Les souscripteurs au Congrès recevront le compte-rendu analytique des délibérations du Congrès qui doit paraître prochainement et les quatre numéros du Bulletin de l'Ecole française d’Extréme-Orient

pour l’année 1903.

Le Dimanche 7 Décembre, a eu lieu une excursion à la Pagode de Lim, au temple commémoratif des rois Ly à Diah-Bang et à Phu-tu-Son. Nous extrayons de l'Avenir du Tonkin, publié à Hanoï

le 11 Décembre 1902, le compte-rendu suivant de cette promenade:

Les membres du Congrès des Orientalistes s'étant rendus dimanche dernier en excursion à Phu-tu-Son, nous sommes allé demander à un des excursion- nistes quelles étaient les impressions qu'il avait rapportées de cette promenade. Très aimablement notre interlocuteur s’est rendu au désir que nous lui expri- mions au nom des lecteurs de l’Avenir du Tonkin.

Le dimanche 7 décembre les délégués et les membres du Congrès des Orientalistes dont quelques-uns accompagnés de leurs femmes se rendirent par chemin de fer à Phu-tu-Son les attendaient les autorités du district et le

Résident venus à leur recontre.

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Après avoir pris quelques rafraîchissements qu'on leur servit dans la grande salle de la Résidence, les excursionnistes furent conduits sur les collines qui entourent la ville ils visitèrent plusieurs pagodes fort intéressantes et de vieux tombeaux.

De ces hauteurs qui dominent la ville ils purent embrasser une partie du paysage environnant.

Remontant ensuite dans le train les Congressistes revinrent en arrière pour s'arrêter à la station de Pagode Lim on leur fit visiter un intéressant Mausolée royal. Une foule considérable d’indigènes entourait les visiteurs.

Un délégué japonais avait emporté un drapeau richement décoré et teinté de rouge, de jaune, de bleu et de vert, couleurs symboliques synthètisant les rayons émanant du Swastica ou lumière sacrée. Cet embléme était porté à l'extrémité d'une hampe en bambou, et précédait la petite troupe.

Le déjeuner fut servi sous une tente spécialement dressée pour la circon- stance et se termina par des toast chaleureux et quelques discours fort bien tournés. Le délégué japonais fut prié de prendre la parole et après avoir quelque peu hésité s'exécuta de bonne grâce.

S'excusant de la difficulté avec laquelle il s’exprimait en français il dit être certain de se faire l'interprète dessentiments de tous les étrangers présents en remerciant de tout cœur les hôtes qui les avaient si généreusement accueillis.

Il était charmé de tout ce qu’il avait vu. La bravoure de ses vaillants hôtes français avait donné à leur patrie un empire en Extrême-Orient, dont leur capacité comme administrateurs et comme financiers avait tiré un merveilleux parti; leur énergie et leur esprit d'initiative avaient accompli des œuvres gran- dioses, créé des chemins de fer, des routes et des cités magnifiques. Faisant allusion au courage dont les Français firent preuve au cours d’une longue lutte contre des adversaires également vaillants, il ajouta que l’esprit de bienveillance et de mansuétude dont avaient fait preuve les vainqueurs vis-à-vis de leurs adversaires malheureux témoignait hautement en faveur du génie humanitaire et bienfaisant de la glorieuse France.

Vous avez conquis un empire immense, ajouta le délégué du Japon, et cette belle Exposition de Hanoi montrera au monde entier la compétence avec laquelle vous savez l’administrer. Vous avez créé en quelques années une capitale bril- lante, des villes et un port, votre clairvoyance a même prévu l’importance qu'avait au point de vue des relations futures de votre colonie avec les pays avoisinantes la création d’une Ecole française d’Orientalistes et vous nous avez convié au premier Congrès tenu par cet éminent corps scientifique. Les étran- gers que vous avez si cordialement invités se sont rendu compte de ce que vous avez mené à bien des vastes projets que vous avez été prévoyants pour l’avenir. Vous êtes, vous autres Français, un peuple unique au monde d'hommes au cœur généreux, de vaillants soldats et de diplomates à l’âme haute.

Nous vous adressons pour votre accueil chaleureux nos remerciements sin-

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cères et nous conserverons pendant toute notre vie le souvenir ému de votre généreuse hospitalité, de votre bonne camaraderie et de votre bel Empire Indo- Chinois.

Messieurs, buvons à la France hospitalière et généreuse, à sa prospérité, à son avenir.

Le soir les membres du Congrès des Orientalistes étaient de retour à Hanoï absolument enchantés de la journée qu'ils venaient de passer.

C’est, ajouta notre interlocuteur, une journée dont je garderai longtemps le souvenir.

Pour ce qui est des impressions que me laissera votre beau pays, elles sont les mêmes que celles de mon confrère japonais, et je crois pouvoir ajouter qu’il en est de même de tous mes autres confrères. AV.

Le mardi 9 et le mercredi 10 décembre a eu lieu une excursion à la frontière de Chine. Nous en empruntons le compte-rendu fan- taisiste et amusant de M. Pierre Mrre inséré dans le Temps, du

jeudi 22 janvier 1903:

Cao-Bang, 14 décembre 1902.

L’Exposition de Hanoï n’a pas de chance avec moi, ou plutôt c’est moi qui n’en ai pas avec elle. Je commençais à peine à la regarder que les orientalistes qui se sont assemblés en congrès à Hanoï sont allés visiter Lang-Son et la Porte de Chine; et, bien que je ne parle ni le parsi, ni le pàli, ni le sanscrit, ni le chinois, ni l’annamite, ni le th, ni même le javanais une langue admirable de simplicité, et qui est appelée, paraît-il, à remplacer mème lespéranto et le volapück j'ai sauté dans le même train que les orientalistes.

Il y a maintenant un chemin de fer par lequel, en sept heures, on peut aller de Hanoï à Lang-Son, et même à 14 kilomètres plus loin, à la fameuse Porte de Chine, un de ces monuments dont on dit qu'il faut les voir; et, bien qu'il n’ait aucun intérêt, on y trouve les Chinois chez eux, ce qui n’est pas sans intérêt. Tant de souvenirs aussi de la période héroïque ressuscitent sur la route! C’est Bac-Ninh, c'est Bac-Lé, Kep, Lang-Son, Dong-Dang, et cette Porte de Chine même que, après l'avoir détruite, nous ne pûmes franchir.

Elle est restée la limite de notre frontière. Dans cette région montagneuse et boisée, les pirates chinois se sont maintenus jusque dans ces derniers temps par grandes bandes et il y reste encore de petites troupes de maraudeurs armées qui sont parfois génantes. Voilà pourquoi elle n’a pas encore été livrée à l’ad- ministration civile. Toutes les provinces de la frontière septentrionale du Ton- kin sont divisées en cercles militaires. Les méthodes du gouvernement et d’ad- ministration y sont fort différentes de celles qui sont appliquées dans le Delta.

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On les doit au général Galliéni; et elles ont eu un assez grand succès pour que le désir me soit venu de pénétrer plus avant, de voir fonctionner la machine sur place, au lieu de me contenter d’en considérer les dessins. Voilà pourquoi je suis aujourd’hui à Cao-Bang, dans le deuxième territoire militaire qui est un

pays fort pittoresque et assez sauvage: et si les petits chevaux du pays le veu-

lent bien, j'espère pousser jusqu’à Lao-Kay d’où je redescendrai sur Hanoï par le Fleuve Rouge.

Il n’y a pas dans le Jura français de sites plus àpres et de rochers plus pathétiques que le paysage de Lang-Son. Après des gorges tristes et sauvages, presque entièrement déboisées, la vallée du Song-Ki-Kong s’élargit. Les eaux du fleuve ont rongé les schistes, les ont décomposés en une argile rouge, mêlée à un limon fertile. Il n’en reste que des collines assez basses et arrondies. Mais aussi ces eaux violentes se sont heurtées à de larges bancs de calcaire bleu dont toutes les parties dures ont résisté. Elles n’ont pu enlever que les parties de marne que contenaient ces calcaires. Parfois, ceux-ci sont alors percés de part en part; ils ouvrent sur le ciel des porches monstrueux. Parfois aussi des grot- tes profondes, comme celle de Ki-Lua, pénètrent jusque dans leurs obscures profondeurs. Les Chinois y ont mis les statues de leurs dieux. Ce sont des poussahs féroces, qui roulent comme des braises leurs yeux exorbités peints au vermillon, des bonzes pieux qui méditent dans l’ombre, ou des bouddhas dorés et gros, si dédaigneux du monde extérieur qu'ils ne s’aperçoivent même pas que les stalactites de la voûte leur tombent sur le crane. C’est ce qui explique pourquoi plusieurs ont la tête cassée. Mais ils n’en ont cure, étant véritable- ment philosophes.

La Porte de Chine se trouve à quinze kilomètres au nord de Lang-Son, tout près du poste de Dong-Dang. En 1885, le général de Négrier, après l’avoir fait sauter à la dynamite, avait placé tout près des ruines un écriteau portant ces mots en carrctères chinois: «Ce ne sont pas les murailles de pierre qui protègent les frontières, mais le respect des traités.» Sage maxime, dont tout le monde peut faire son profit: car, en somme, on n’a jamais bien su si c'était nous, ou bien les Chinois, qui n’avions pas respecté les préliminaires du traité de Tien-Tsin; et c’est de cette petite négligence qu'est résultée la malencon- treuse affaire de Bac-Lé, 350 Français furent décimés par 3,900 ennemis. La guerre en fut rallumée.

Les Chiuois semblent avoir pensé que les murailles pouvaient servir autant que les traités à protéger les frontières et ils ont relevé leur porte. Ils ont même construit derrière une espèce de petit fort dont la principale défense est un tigre d’aspect fort redoutable, bien pourvu de crocs, tout hérissé de poils, et dont les quatre pattes sont excessivement griffues: mais il est seulement peint sur un mur. Quant au fort, il m’apparut au premier abord qu’il était sur le pied de guerre: il était tout rempli de sacs. Et que peuvent contenir des sacs dans une forteresse, sinon de la poudre? Nous jetâmes donc tous notre cigarette.

CONGRÈS DES ORIENTALISTES DE HANOÏ. 607

Mais le colonel Ouou, aimable Chinois, qui commande la place, s’empressa de nous offrir des cigares. Il voulut bien, en même temps, nous expliquer que ces sacs ne contenaient que du riz, que l’administration française venait d'offrir à son iilustre chef, le maréchal Sou: on lui en a envoyé, cette année, pour 40,000 piastres.

Tout le monde sait que nous entretenons avec cet homme de guerre céleste des relations courtoises. Auparavant, il avait trouvé un excellent moyen de débarrasser des pirates les provinces chinoises dont il a la garde: il les pous- sait tout doucement sur nos territoires. Nous avons jugé alors qu’il était pré- férable de subventionner ce grand dignitaire. Nous pourrions lui faire nos petits cadeaux en espèces. Mais il aime mieux le riz, qu’il revend avec avantage à ses soldats et même à la population; et comme tout justement la famine règne cette année dans le Kouang-Si, tout porte à croire que les 80,000 francs de riz que nous lui donnons vont lui en rapporter 100,000. Il à fait une bonne affaire, et nous aussi. Une amitié établie sur ces bases me paraît solide et les personnes pacifiques seront heureuses en France, je n’en doute pas, d'apprendre qu’il est au moins au monde une forteresse qui n’est plus qu’un grenier.

On peut aussi visiter, à Hanoï, le palais de l'Administration du Territoire et celui du Trésor. Ce sont de beaux édifices, carrés, massifs, un peu lourds, mais plus durables que ceux de Hanoï et qui ont, en vérité, un air de grandeur romaine. Les bâtiments militaires du poste de Dong-Dang font une impression plus forte encore. Ils sont construits en marbre bleu. Aucune ville d’Indo-Chine n’en possède de pareils. Comme je les admirais sincèrement, on me répondit:

On les a payés assez cher pour qu'ils soient beaux; quelque chose comme deux millions, avec ceux de Lang-Son. Et l’entrepeneur dut faire une bonne affaire: le jour qu’il fut payé, il voulut bien donner à son contremaître une gratification de cent mille francs.

J'avoue que je fus un peu étonné de l’énormité de ces sommes. Mais il n.y avait rien qu’une beauté de plus de cette administration que tous les maçons de l'étranger nous envient. Tout n'est-il pas réglé, chez nous, par des séries de prix établis d'avance dans une capitale. Or, à Hanoï, il ne se trouve point de pierre dans les environs: elle coûte donc très cher. C’est le prix de la pierre prise à Hanoï qui a été payé à PDong-Dang, elle abonde. Mais ce n’est pas tout: ce prix a été majoré de celui du transport à dos d'homme de ces précieux matériaux de Hanoï à Dong-Dang, parce que le chemin de fer n’existait pas alors.

Il était naturel que je me demandasse on avait trouvé les fonds néces- saires pour couvrir ces dépenses, qu'il est permis de qualifier d’impériales. J’en eus le secret le lendemain même, en visitant la maison du tri-cho, c’est-à-dire du sous-préfet indigène de la circonscription. Cet honorable fonctionnaire, homme fort honnète, et dont la physionomie était intelligente, nous reçut fort bien. D'abord il nous offrit le thé. Puis il nous fit visiter son jardin, sa cour, sa

bassecour, et finalement sa prison. Dans ce violon primitif, qui n’était qu’une

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paillotte, j’aperçus un pauvre diable qui aurait été fort embarrassé de se lever, car, tel un traître, il avait aux pieds la double boucle. Il se contenta donc d’une inclinaison de tête bien polie, et on nous le présenta, C’était un assez gros personnage, maire d’un village des environs.

Je suis dans les fers, me dit-il avec résignation, pour avoir perdu à la maison de jeu 62 piastres, qui n'étaient point ma propriété, mais celle du gou- vernement français. Cette somme constituait le montant des impôts payés par mes administrés. On va m'envoyer au chef-lieu, et tout me porte à croire qne j'aurai trois mois de prison. Quant à mes administrés, ils payeront une seconde fois. Telle est la loi. Tout cela n’est rien: mais il est à croire que je serai destitué: car c'est la troisième fois que ce malheur m'arrive. La chance ne m'est pas favorable au ba-kouan.

Le ba-kouan est un petit jeu encore plus simplé que notre baccarat natio- nal. Il y à quatre numéros: le un, le deux, le trois et le quatre. On ne peut miser que sur un seul. Le banquier, quand les mises sont, non pas sur la table, mais sur la natte, prend un bol plein de sapèques, le renverse, et décompte les sapèques par quatre. Selon qu’il en reste à la fin une, deux, trois ou quatre, c’est un de ces numéros qui gagne. Dans mes jeunes années, j'ai joué aux billes, à un jeu qui s'appelait «la bloquette», et qui avait, avec celui-là, certaines analogies. Comme le banquier ne paye que deux fois et demie les mises des gagnants, il fait de beaux bénéfices. On dit que c’est le général Galliéni qui eut l’idée d’affermer l'autorisation de faire jouer le ba-kouan à des tenanciers, dans ceux des centres indigènes l'affaire en valait la peine. Les revenus de la ferme sont considérables. À PDong-Dang, village de neuf cents habitants, la ferme paye 1,270 francs par mois; à That-Ké, 900 fr.; à Na-Chom, un ha- meau, 500 francs. Dans le cercle de Cao-Bang, sur une recette totale de 168,000 francs, 66,000 proviennent du ba-kouan.

L'importance même de ces sommes, comparée avec le petit nombre des habitants des villages, prouve d’ailleurs que ce ne sont pas ces habitants qui portent leur argent au jeu. Ils y viennent, comme le maire dont je parlais tout à l’heure; mais, c'est là, paraît-il, une exception. Ce sont surtout les coolies chinois et tous les Célestes qui passent la frontière les jours de marché, qui sont possédés de cette passion. Ils y perdent, cela est certain. Toutefois d’autres savent y gagner. Comme je demandais le nom du fermier du ba-kouan à Dong-Dang, on me répliqua:

Mais vous l'avez vu! C'est le colonel chinois de la Porte de Chine, celui qui est aussi entrepositaire du riz.

Je n’ai pas regretté d’avoir pu faire la connaissance d’un guerrier si original,

Outre les délégués d'Europe dont nous avons donné les noms

dans notre dernier numéro, toutes les sociétés savantes ainsi qu'un

CONGRÈS DES ORIENTALISTES DE HANOI. 69

grand nombre de gouvernements étaient représentés au Congrès: Ceylon Branch of the Royal Asiatic Society (M. Boxaparre-W yse); Légation de France en Chine (M. Bonin); Direction des Douanes impériales chinoises (M. T. Prry); North-China Branch of the Royal Asiatie Society (M. Lemière); Bombay Branch of the Royal Asiatic Society (M. MacmiLLan); Gouvernement de l'Inde française (M. le Dr. Connie); Gouvernement général des Indes néerlandaises et Société batavienne des Arts et des Sciences (M. le Dr. Branves); Chambre d'agriculture de Saigon (M. Genet); Société des études indo-chinoises (MM. Moine et Passerar de la CHaPzLie); Cabinet impérial du Japon et Université de Tôky6 (M. Tarakusu); Asiatic Society of Japan (M. le Dr. Baztz, prof. hon. à l’Université de Tôky6); Deutsche Ges. f. Natur- und Vôlkerkunde (M. le Dr. FLorenz, prof. à l’Université de Tôkyô); Teikoku Tôyd-gakkwai, Société orientaliste du Japon (MM. Naxsio et Fusisarma); Académie malgache (M. Jury);

Gouvernement royal du Siam (Col. Gerini).

On peut dire que cet essai de décentralisation scientifique a

brillamment réussi.

VARIÉTÉS.

Monsieur R. L. a publié dans le quatrième volume des «Notes and Queries on China and Japan» de l’année 1870 un article très intéressant sur «Of trans- lations from and into Chinese», dans lequel il cite e. a. l’horrible traduction du titre du Gouverneur de Canton par «Tai Ping-t‘au» (K E EI] }sDes horreurs semblables se rencontrent éga- lement dans des traductions des titres néerlandais en javanais et malais. Aïnsi, le journal néerlandais «Préanger-Bode» (Courrier du Préanger) donne l’exemple suivant, de la traduction d’une carte de visite de Monsieur Van Kol, membre des Etats-Généraux néerlandais, traduite en malais par: Anggota derri Madjelis Negri Blanda. La «Nieuwe Courant» (La Nouvelle Gazette), après avoir lu cette notice dans le «Préanger-Bode» s’adressa au professeur H. Kern à Leyde, pour lui demander son avis sur cette traduction. Monsieur Kern répondit textuellement :

«Le mot malais Anggota signifie membre d’un corps humain, mais jamais membre d’une société ou assemblée. Le mot derri (correctement dari) répond à l'anglais from, mais pas à l’anglais of. Le mot Madjelis ou medjelis est la

désignation arabe pour une assemblée,

pour quel terme de bons équivalents malais existent». Un peu plus loin monsieur Kern dit: «Je ne saurais fabri- quer une traduction malaise du terme membre des Etats-Généraux, d’abord puisque la langue malaise ne rentre pas spécialement dans le cadre de mes études, et ensuite puisque je ne pourrais en faire une traduction, même, si je savais parfaitement le malais. Tous les essais, faits par des Européens pour traduire des idées, étrangères aux indi- gènes, sont des avortons horribles et ridicules. Essayons p.e. de traduire en français les termes hollandais heemraad ou polder et l’on comprendra pourquoi une traduction, fabriquée par un Hollan- dais, doit nécessairement échouer. Un Français, sachant se rendre compte de ces deux mots, réussira peut-être à les rendre en français !). Le terme hollan- dais Staten-Generaal mème est une mauvaise traduction du terme français Etats-Généraux, car Staten-Generaal

ne désigne pas les Etats-Généraux, mais

1) Les dictionnaires rendent le mot Æeem- raad par inspecteur des digues, et le mot polder est expliqué comme wxe ferré con- quise sur la mer au moyen de digues. On

avouera que cela n’est pas une traduction.

4 LA VARIETES.

la chambre des députés. On peut se servir d’une circonlocution, mais cela n’est pas une {raduction. Il importe que les Européens apprennent qu'ils se rendent ridicules aux yeux des indigènes en faisant parade de leur propre igno- rance. Que les Hollandais emploient leur langue maternelle même envers les in- digènes, qui l’acquérront en peu de temps».

71

Nous partageons entièrement l’opinion du célèbre Sanscritiste. Les Italiens disent très justement: «Traduttori—traditori», car les traîtres en linguistique sont bien autrement dangereux que les traîtres en politique, puisque les derniers ne sé- duisent que les ignorants, tandis que les premiers font faire fausse route à des gens instruits.

GS

NÉCROLOGIE.

ALBRECHT CONON VON DER SCHULENBURG.

Monsieur le comte Albrecht Conon von der Schulenburg, professeur à l’uni- versité de Güttingue, vient de décéder le 26 décembre dernier à Kônigs- lutter (Brunswick) à la suite d’une affection cérébrale. à Nordsteimke en 1865, il fut initié dans les études linguistiques par son oncle, le sinologue von der Gabelentz. Il prit son grade de docteur en philosophie à Berlin en 1891, fut nommé privat-docent à l’université de Munich en 1895, et-en août 1901 il fut nommé professeur extraordinaire de langues orientales à la nouvelle chaire créée à l’université de Güttingue. Sa thèse doctorale fut publiée en 1895 dans le T‘oung-Pao, sous le titre de «Fürstin Kiang und ihre beiden Sôhne». Il a également publié quelques ouvrages manuscrits, laissés par feu son oncle von der Gabelentz. G. SCHLEGEL.

ANDRÉ PIERRE RICAUD.

Nous avons le vif regret d'apprendre la mort de M. André Pierre Ricaud, ancien élève de l'Ecole des Langues Orientales vivantes, élève interprète attaché au Consulat de France à Tien-tsin, décédé dans cette ville le 7 décembre 1902,

dans sa 247€ année. AC:

TAO MO [f) à.

Le vice-roi du Liang-kouang est mort le 10 oct. 1902. Originaire du Tche- kiang il est en 1830, il a été tao-taï de Lan-tcheou au Kan Sou (1884), après avoir occupé différents postes dans cette province; juge provincial au Tche-li (oct. 1885); trésorier provincial au Chen-si (mai 1888); gouverneur du Sin-kiang (nouveau Territoire) mars 1891; vice-roi du Chen-si et du Kan-Sou (nov. 1896); ce fut lui qui en 1900 reçut la cour à Si-ngan fou, d’où il a été transféré à Canton. HUC

NÉCROLOGIE. 73

JULES FRANÇOIS GUSTAVE BERTHEMY.

M. Berthemy, ancien ministre de France en Chine, est mort le 21 novembre 1902, au château de Barbey, près Montereau (Seine et Marne).

Jules François Gustave Berthemy, fils du général de ce nom, est le 1% dé- cembre 1826, à Paris; après avoir occupé différents postes, il fut nommé le 14 octobre 1862, ministre plénipotentiaire, chargé de gérer la légation à Pe-king; le 9 octobre 1863, il fut nommé envoyé extraordinaire et ministre plénipoten- tiaire à Pe-king; il quitta son poste le 4 juin 1865, accréditant M. Henry de Bellonet comme chargé d’affaires auprès du gouvernement chinois. M. Berthemy fut ensuite nommé envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire aux Etats- Unis (28 oct. 1866) et à Bruxelles (12 juin 1870); la déclaration de guerre l’'empècha d’être installé dans ce dernier poste. Le 24 mars 1873, M. Berthemy fut nommé envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire au Japon, position qu’il occupa jusqu’au 29 mars 1875.

M. Berthemy a attaché son nom à la Convention du 20 février 1865 qui règle les conditions d’achat par les missionnaires catholiques de terrains et de maisons dans l'intérieur de la Chine. H°"C:

BULLETIN CRITIQUE.

Société d’Anthropologie de Lyon, Tome XXI, 1902. Les Coréens Esquisse Anthropologique par E. CuHanrre [et] E. Bourparer, In- génieur de la Maison Impériale de Corée. Lyon, A. Rey, 1902, br. in-8, pp. 19.

M. Bourdaret, ingénieur fran- çais, a consacré les loisirs que lui laisse la construction des chemins de fer coréens à faire des études anthropologiques sur les habitants du pays de la<Fraîcheur matinale». . Ces recherches ont été faites non sans faire courir à leur auteur quelques graves dangers person- nels. De concert avec son beau- frère, le savant bien connu, M. Ernest Chantre, sous-directeur du Muséum de Lyon, M. Bourdaret uous donne dans cette brochure le résultat de ses observations.

Il résulterait d’après les obser-

vations faites par les voyageurs qui l'avaient précédé «que deux types distincts se remarquent en Corée. Le plus commun offre tous les caractères de la race mongole; l’autre, au contraire, rappelle le type européen par la forme du nez et des yeux, la coupe du visage, la nuance de la peau et l'abondance de la barbe. D’après Siebold, ce dernier type semblerait être le cachet de l'aristocratie coréenne. On a prétendu que cette dualité du type, un type tout à fait caucasique à côté du type mongol, est un fait commun à toute la ceinture d’iles qui couvrent les côtes orientales de l'Asie, depuis les Kouriles jusqu’à Formose, et même jusqu’à la zône orientale de l’Indo-Chine».

Les observations ont été faites

sur 42 Coréens de Seoul, 18 de

BULLETIN

Chang Tari, 53 de Ma-hpo, en tout 113. Il en résulterait que contraire- meut à l'opinion émise ci-dessus, que MM. Bourdaret et Chantre ne croient pas pouvoir diviser les Coréens en deux types distincts; l'étude de ces trois groupes de Coréens «montre que ce peuple est plus brachycéphale qu'on le croyait. Ils le sont beaucoup plus que les Chinois et les Japonais. Ils sont mésorhiniens et ont une face courte. Les yeux sont écartés, presque tous bridés et légèrement obliques. En- fin, leur tallle, au-dessous de la moyenne, est presque toujours égale à la grande envergure».

Je dois dire toutefois que la théorie de deux types coréens distincts est basée sur un fait historique qui me parait aujour- d’hui hors de doute, à savoir que l'immense majorité des Coréens est d’origine septentrionale, à laquelle s’est ajoutée une certaine quantité de sang malais par l’émigration venue du Sud.

Henri CoRpter.

Etude sur les relations économi-

ques des principaux pays de l’Europe

CRITIQUE. 75

continentale avec l’Extréme-Orient par Edouard Cravery Consul de France. Paris, Léautey, 1903, in-8, pp. 64.

Cette brochure se compose de statistiques extraites de publica- tions officielles tirées elles-mêmes des Returns of Trade des Douanes impériales chinoises pour 1901. Le petit résumé historique, pp. 58 et suiv., est criblé d’inexactitudes. Puisque M. Clavery me fait l’hon- neur de citer mon Âistoire des Relations de la Chine, il aurait pu y lire, t. I, p. 16, que le consulat de France à Canton a été créé le 3 février 1776 et non en 1783 (p. 59). On ne peut dire que Thomas Pires (et non Pereira) a signé un traité de commerce avec la Chine.

H. C.

Histoire des Relations de la Chine

avec les Puissances Occidentales. I. (1860 —1875),I1.(1875 —1887). Par Henri Corpier. (Paris: Alcan. 1901, 1902.)

A work

undoubtedly wanted. There are

such as this was

76 BULLETIN numerous books dealing with European relations with China

written in the form of histories,

biographies, and contemporary memoirs of residents at the ports; but there was no history dealing specifically with the diplomatic relations of Europa and China, and hitherto it has been necessary to search for the essential documents in a mass of blue books, yellow books, Peking gazettes, and other official publications. M. Cordier does not profess to write a history of European intercourse in general with China; himself

strictly to diplomatic intercourse,

he limits

and notices events in China only so far as they led to diplomatie His

and satisfactory. He arranges his

action. method ïis simple materials in groups, according to the subjects diplomatically dealt with, and he prints all the essential documents in full, with as little comment as possible. Here and there he is betrayed into an opinion, especially when giving what is called a ‘character sketch’ of a diplomatist; but as a rule the

narrative is impersonal and im-

CRITIQUE.

partial. This is not to say that it is wholly devoid of French patriotic sentiment. We were under the im- pression doubtless an insular prejudice that England had taken the lead in all diplomatie action in China down to the time of the Chifu

when there has been a marked

Convention, since

weakening of her influence; but M. Cordier corrects this delusion by setting France in the first place throughout. He even opens his history with Baron Gros’s audience of Prince Kung on 25 Oct. 1860, and prints the French convention, although Lord Elgin had had his audience and concluded the English convention the day before. He is also à little too fond of printing French diplomatists’ criticisms of their English colleagues, whilst he does not cite the corresponding strictures of English envoys upon the French. Reading his work one would imagine that la glorieuse campagne de 1860 was mainly the work of Montauban and Gros, and that the burning of the Summer Palace, about which some exagger-

ated words of General Gordon are

BULLETIN

irrelevantly quoted, was wholly the work of English Vandals and the result of la convoitise del’ Angleterre. But it is admittedly difficult to preserve an absolutely impartial attitude when describing the acts of allied armies and joint missions. With few reservations the treat- ment both of foreign diplomacy and of the diplomatists themselves is just and unbiassed. The views expressed of such Englishmen as Sir Rutherford Alcock, Sir Thomas Wade, Sir Harry Parkes, and Sir Robert Hart are remarkably sound and penetrating. Parkes and Hart are evidently those whom M. Cor- dier most admires, but Alcock and Wade receive much eulogy person- ally in compensation for a general condemnation of their diplomacy. The brief but sufficient biographies of most of the persons mentioned is a useful feature. Full references are, of course, given to sources of documents and extracts from con- temporary writers, but we cannot approve of the frequent citations of unknown authorities introduced in the form éerit un diplomate. Another

point may be considered whether

CRITIQUE. 77

it is necessary to print English documents in a French translation, as is M. Cordier’s habit. Chinese diplomatie documents are usually provided with a corresponding European version, which has the full international force and value of the original; but when a docu- ment is translated, not officially, but by the author, there is a possi- bility of misconstruction ; the docu- ment loses authority and demands literal verification.

M. Cordier, who knows China personally during the past thirty years, is technically justified in beginning his history with the conventions of Peking in 1860, for it was not till then that European powers had accredited represent- atives at the court of Peking. But it is only a technical justification. The relations of the powers with China really began with Sir Henry Pottinger's treaty of Nanking in 1842, followed by the French treaty of Whampoa in 1844, and all sub- sequent diplomatie action had its origin in these instruments. It is true the English plenipotentiary of Hong Kong could only treat with

78 BULLETIN

the viceroy of Canton, and there was then no Tsung-li Yamên; but the relations were not the less diplomatie, and the history of the eventful and arduous years between 1842 and 1858 is a necessary in- troduction to the proceedings of the legations at Peking from 1860 onwards, [t was by constant though varying effort at the consular ports that the principles of international relations were slowly and painfully built up and defined, and upon these struggles and the resulting arguments rests most of the sub- sequent diplomatic action. M. Cor- dier does indeed give a brief sketch of the earlier period of European intercourse, but it is inadequate and in some respects misleading. For instance, it conveys the im- pression that the confiscation of the opium stores was the cause of the China war of 1841 —2, whereas it was really brought about by the summary expulsion and persecution of all Europeans in China. Again, writing of the ‘Arrow’ controversy, M. Cordier merely records the fact that the vessel’s register had ex-

pired, which he evidently thinks

CRITIQUE.

disposes of the English ‘pretext’; he does not observe that when the Chinese seized the lorcha they were not aware that her register had not been renewed. M. Cordier would do well to review the period 1842—60, and make it the subject of another volume.

No doubt the bulk of the materials may well have deterred the historian from carrying his survey further back than 1860. As it is, the first volume includes such considerable subjects as the Taiï- ping rebellion and the missionary question, culminating in the mas- sacre of Tien-tsin, besides minor but by no means unimportant matters, such as the Lay-Osborn flotilla, the audience of 1873 (of which an instructive Chinese ac- count is translated), the beginning of Japanese and Korean diplomatie questions,and the singular Burling- ame mission, of which it is obser- ved

“Cette bruyante etencombrante ‘mission n’a laissé qu’un souvenir ‘semblable à celui qui reste de cer- “‘taines ambassades burlesques en-

‘‘yoyées aux siècles passés par

BULLETIN

“quelques potentats d'Extrême Asie ‘faux souverains d'Occident”.

It had, nevertheless, a very bad effectin Pekingin strengthening the natural arrogance of the Tsung-li Yamên:

‘Même le pacifique Russe Vlan- “galy se fâchait, le Prussien von ‘“Rehfues fulminait, Alcock, mélan- ‘‘colique, constatait qu’il avait pré- ‘‘paré sa propre ruine”.

The diplomatie course of all these matters is fully established by documents, and the treatment is adequate, though never illuminat- ing. The work is a collection of pièces justificatives, not a generali- sation. The second volume includes Sir T. Wade’s manipulation of the Margary correspondance, as well as the Kuldja difficulty, but the greater part of it is naturally occupied by the Torgking war and the events leading to and springing from it. So far as documents goitis a fairly full account of the quarrel, but M. Cordier knows well enough that it is too soon to expect govern- ments to disclose all their papers for the benefit of the historian, and

there are a good many delicate

CRITIQUE. 79

matters of the time of the Tong- king war which are not, and could not be expected to be, published. Others that have been published are here ignored; nor can one blame à French historian of recent events if he cannot see through absolutely transparent and colour- less glasses. S. Lane-Poorx (in English Historical Review, 1902, pp. 805 —808).

Caina, Her History, Diplomacy and Commerce from the earliest Times to the Present Day by E. H. PARKER... With Maps. London, John Murray, 1901, in-8, pp. xx —332.

M. Parer possède une grande expérience des choses de Chine acquise pendant une longue car- rière dans l’Extrême-Orient dans laquelle il à débuté comme élève interprète en 1869; il l’a termi- uée en prenant sa retraite en 1895. Nous devons donc attendre de lui des travaux qui ajouterons d’une façon sérieuse à nos connaissances |

sur l’Empire du Milieu.

BULLETIN

80

Cet ouvrage est moins une Description générale de la Chine qu'un recueil de mémoires, in- téressants en général, renfermant beaucoup de renseignements per- sonnels. Il traite particulièrement de l'Histoire et du Gouvernement; je note les pages relatives au Revenu, à la Gabelle, au Li-kin. Contrairement à beaucoup de livres consacrés à la Chine qu'il serait utile de réduire d’un bon nombre de pages, le travail de M. Parker gagnerait à être développé. Chose curieuse, le chapitre le plus faible est celui qui est consacré aux relations étrangères de l’Empire du

rédigé avec une hâte regrettable

Milieu; 1l semble avoir été

et je relève quelques erreurs ou omissions qui pourraient être faci- lement réparées dans une nouvelle édition :

P. 4. Kiang Su, «River (and) Su». Il est plus exact de marquer que le nom est formé des premières syllabes de Kiang-Ning ÿT He (Nan-king) et de Sou-tcheou ras Hi.

P. 87. Ce n’est pas en 1624,

mais à la suite de l’arrangement

CRITIQUE.

pris le 19 février 1625, par le gouverneur Martin Sonk, que le transfert de l'établissement hol- landais fut opéré des Pescadores à Taï-wan. P. 88. Titsingh et Van Braam quittèrent Canton le 22 nov. 1794 et arrivèrent à Pe- king le 17 janvier 1795, et non pas en 1793. P. 100. M. Par- ker ignore tout de l'histoire de la Compagnie des Indes Orientales à Canton et la fondation dans cette ville en 1776 d’un consulat français.

P. 100. Le traité français de Whampoa est de 1844 et non de 1847; la date exacte est d’ailleurs donnée dans le tableau de la p. 113. P. 101. Le chef des Pa- villons noirs ne s'appelait pas Lao Vinh-phuc, mais en annamite Luu, et en chinois Lieou (anglais Liu). P. 100. Lire l’abbé Chapdelaine et non Chappedelaine; ce dernier nom est celui d’un ancien consul de France.

P. 110. La signature du traité italien en 1866 à Pe-king fut certainement accompagné d’une «official appearance»; le voyage de la corvette Magenta a fait assez

de bruit.

BULLETIN

P. 109. M. P. se trompe en 1880,

Espagnols semblent n'avoir pas

disant que jusqu'en les eu de ministre en Chine; outre Don Sinibaldo de Mas qui a signé le traité Chine le 10 octobre 1864 et a laissé des

avec la

ouvrages intéressants, il y eut

MM. Garcia de Quevedo, Patxot, |

T. Faraldo, etc. P. 229. Le général mongol

s'appelait Seng-ko-lin-sin A9 et

non Seng-ko-lin-ts‘in.

CRITIQUE. 81

P. 306. Le P. Verbiest n’était pas un Hollandais (Dutchman), mais bien un Flamand des environs de Courtrai.

Il est donc nécessaire de con- trôler les faits et les dates de: M. Parker qui ne connait pas assez les travaux de ses devanciers ou de ses contemporains, mais son ouvrage n’en reste pas moins une addition importante à la littérature

européenne sur la Chine.

Henri CoRDIER.

BIBLIOGRAPHTE

LIVRES NOUVEAUX.

L'Observatoire de Zi-ka-wei vient de publier un Calendrier- Annuaire pour 1903, in-16. Nous y notons que l’année 1903 est la 409 année du 76° cycle chinois (28° et 299 années Kouang-siu) qui à pour signes cycliques: 3 } kouei-mao; elle comprend 383 jours; le mois est intercalaire; l’année correspond au lièvre, 5 tou; l'élément est le métal, & kin. La fête des Lanternes, E ER chang-youen tsié, aura lieu le 12 février (15° jour, 1°'° lune); la fête du bateau du Dragon, rh ft T'ien-tchoung tsié, aura lieu

le 31 mai (5° jour, lune).

Il vient de paraître un spécimen d’un Dictionnaire Cam- Français comprenant les dialectes de l’Annam et du Cambodge par M. Etienne Avmoxier, Directeur de l'École coloniale, et M. Antoine CABAToON, an- cien membre de l'École française d'Extrême-Orient. Le dictionnaire est imprimé avec les nouveaux caractères chams gravés à l’Imprimerie nationale sous la direction de M. Cabaton; ils représentent l'écriture des Chams de l’Annam, qui diffère d’ailleurs fort peu de celle des Chams du Cambodge; la transcription est celle proposée par M. Cabaton dans ses Vouvelles recherches sur les Chams que nous avons déjà signalées, avec deux ou trois modifications de détail suggérées

par M. Fiuot, directeur de l'École française d’'Extrême-Orient;

BIBLIOGRAPHIE. 83

l’ordre alphabétique est celui de l’alphabet sanscrit. Ce Dictiornaire formera le Vol. II de la Bibliothèque de l'École française d'Extréme-

Orient.

Nous parlerons dans la prochaine livraison de la nouvelle Pu- blication de l'École française d’'Extrême-Orient: /nventaire des Monuments du Cambodge par E. Luner de Layonquière, Paris, Ernest Leroux, 1902, in-8.

La seconde partie, Reports and Slatistics for each Port, des Returns of Trade and Trade Reports des Douanes chinoïses pour 1901 viennent de paraître. Nous notons les renseignements sur Teng-yueh, daus le Yun-Nan: «It was originally intended to open a Custom House at Teng-yueh during the year 1900, but, owing to the disturbed state of Northern China, it was decided to postpone matters until the outlook was more settled. In the autum of 1901, Mr. G. Lirron was appointed to the post of British Consul at Teng-yueh, and a Customs staff was despatched from Shang-hai to continue the work commenced by Mr. Commissioner Hogson in the previous year. The Consular and Customs parties joined forces at Bhamo, and travelled together to Teng-yueh, which place was reached on the 13th November. As the busy season, which lasts from October to March, was then in full force, it was decided to wait until the spring of 1902 before actually starting Customs work, and consequently no trustworthy statistics of the trade for 1901 are procurable locally». Il y a une carte de Teng-yueh et une carte des routes entre cette ville et la frontière. Notons aussi Wap of Lappa, Canton and Kowloon District, Course of the Peiho River below Tientsin City.

Nous avons noté dans le No. 4 du 7“oung Pao, p. 260, la

84 BIBLIOGRAPHIE.

traduction en français de la version en turc-oriental de l'inscription chinoïse par l’empereur K’ien-loung qui se trouve dans la mosquée terminée en 1764 à Pé-king; cette inscription chinoise avait été traduite en mandchou, turc et mongol. La version mandchoue vient ‘être traduite par M. Willy Banc dans le Xeleti Ssemle, de Buda- pest, 1902, pp. 94—103.

Nous avons recu un ouvrage important sur la grammaire de la langue khalkha: Über die Konjugation des Khalkha-Mongolischen par Mr. G. J. Ramsrenr, de Helsingfors, thèse soutenue le 15 nov. 1902 devant la Faculté de Philosophie de l'Université Impériale Alexandre, de Finlande, formant un tirage à part des Mémoires de

la Société Finno-Ougrienne XIX.

Nous avons recu des éditeurs et nous en rendrons compte dans notre prochain numéro des volumes suivants: China and the Chinese by Herbert Allen Grizes, New York, The Columbia University Press, 1902, pet. in-8; Through Hidden Shensi by Francis H. Nrcnots,

George Newnes, London, in-8.

M. Ch. Lemire, Résident honoraire de France, a fait un tirage à part d'un article qu'il a donné à la Revue de l’Anjou sur La France et le Siam Nos Relations de 1662 à 1903, Le Traité du 7 octobre 1902.

Nous avons reçu de l’auteur, M. L. de Rernacu, Ancien Com- missaire du Gouvernement au Laos, les importants ouvrages sui- vants sur lesquels nous reviendrons: Le Laos, avec six cartes et 125 gravures d’après des photographies, Paris, Charles, 2 vol. in-4. Recueil des Traités conclus par la France en Extréme-Orient

(1684—1902), Paris, Ernest Leroux, 1902, in-8.

_<.3i

BIBLIOGRAPHIE. 85

M. le Comte Gouhier de CHarencey, à fait un tirage à part d'une communication qu'il a faite à l'Association Française pour l’Avancement des Sciences sur Deux Dialectes Est-Altaiens-Races et

langues du Japon (Congrès d’Ajaceio 1901).

Un nouveau volume de la Mission Pavie, Indo-Chine 1879— 1895 vient de paraître; 1l renferme Géographie et Voyages IV Voyages au centre de l’Annam et du Laos par le Capitaine de MarGra1ve et par le Capitaine Rivière. Ajoutons que la Société de Géographie de Paris a justement décerné cette année sa grande Médaille d'Or à M. Pavie

pour l’ensemble de ses voyages et de ses publications.

PUBLICATIONS PÉRIODIQUES.

The Korea Review. No. 10, Vol. II, October 1902. The Korean Language [<The Korean language belongs to that widely disseminated family to which the term Turanian has some- times been applied»..... «From a linguistic standpoint the Koreans are probably far more homogeneous than any portion of the Chinese people lying between equal extremes of latitude. There are in Korea no such things as dialects. There are different «brogues» in the Peninsula, and the Seoul Man can generally tell the province from which à countryman comes, from his speech. But it would be wide of the truth to assert that Koreans from different parts of the country cannot easily understand each other».]. The Origin of the Korean People [Lettre signée E. Baez, Tokyo, Oct. 6th 1902. «The fact is, that on the southern edge of Korea, where the Kuroshiwo touches, there is a small admixture of Malay (or what is the same thing, of southern Mongol) blood, but that the immense

majority of the Koreans is of unmistakeably northern origin». ....

86 BIBLIOGRAPHIE.

«One thousand years ago, that is in strictly historical times, when a list of the noble families of Japan was made, not less than 170 out of 1100 traced their descent to Korea and nearly as many from China!»] The Prince of Detectives. [Siu Hôn]. Odds and Ends. Editorial Comment. [Answer to Dr. Baelz. «There never has been a doubt in my mind that by far the greater portion of the Korean people are of northern origin. The people of Ma-han, Pyôn-han and Chin-han I believe to have been of southern origin excepting for a comparatively few Chinese who came over and settled in Chin-han. And yet all the people of these three congeries of settlements could not have exceeded a few hundred thousand in numbers. That the Korean people are a mixture of the northern tribes and of the southern cannot be doubted and there were unquestionably more of the northern than of the southern people»]. Book Review. News Calendar. In Memory of the late Count Ugo Francisseti di Malgra [Lieut. in the Italian Navy and Italian Consul in Seoul, + 12 oct. 1902]. By D. Pecorint. Table of Meteorological Ob- servations, Seoul, Korea, September 1902, by V. Pokrovsky, M.D., Observer. Korean History [suite].

————— No. 11, Vol. II, November 1902. Taxation in Korea. [<The revenue of the Korean Government is derived from a dozen or more different sources. Among the most important are (1) land tax: (2) house tax: (3) salt tax; (4) customs; (5) ginseng monopoly; (6) gold mines; (7) fish tax; (8) fur tax; (9) tobacco tax; (10) gate tax; (11) forests; (12) guilds; (13) licenses; (14) minting; (15) poll tax; (16) boat tax; (17) cowhide tax; (18) paper tax; (19) pawn tax. These inelude forms of taxation that are now obsolete as well as these actually in force. .. The magistrate of each of the 360 districts in Korea is supposed to have in his office a map and a detailed account of every piece of arable land in the district, excepting

kitchen gardens. This forms the basis of the land tax, which yields

BIBLIOGRAPHIE. 87

probably two thirds of the national revenue... This arable land is considered under two heads-rice-field (ie) non, or ordinary fields (HH) pat... The next most important asset of the government is the house tax. All the houses of Seoul are exempt from this tax and the houses of the suburbs as well, excepting outside the East Gate... With the exception of Seoul and her southeru and western suburbs, every house in Korea is subject to a tax of fifteen hundred Seoul cash or three hundred of the yup, which means 60 cents in the new currency. The tax is imposed uniformly, irrespective of the size or quality of the house. The annual amount actually collected from this source is about 500.000 Korean dollars.| À Leaf from Korean Astrology. Reviews. Obituary Notice. [Miss Christine May Collbran, née 18 fév. 1881, à Blackheath, Angleterre; + de la fièvre typhoïde, 15 nov. 1902.] Æditorial Comment. News Calendar. Table of Met. Observations, Oct. 1902. Korean History. | Suite].

The Chinese Recorder and Missionary Journal. January 1902. Governor Ts‘en’s Proclamation with translation. Frontispiece, Memorial Service at Tai-yuan-fu. Vegetarian Sects by Rev. Geo. Miles. Memo regarding Presbyterian Organisation of Native Church in South China by Rey! JC! Gibson. À Plea for the Romanising of Local Dialects. By W. A. P. Martin. etc.

Annales des Sciences Politiques. I. 15 janvier 1908. 7%. Les puissances maritimes en Extrême-Orient, avec deux cartes. [ «La flotte nouvelle (chinoise) représente (pour 12 bâtiments) un total de 22,062 tonnes, ce qui fait avec la flotte ancienne 34,512 tonneaux, pour 27 navires. .... Nous trouvons qu'en janvier 1903, les Japonais auront (y compris ce qui existait avant le dernier

programme) une flotte de 67 unités, pour la plupart très récentes,

88 BIBLIOGRAPHIE.

représentant un total de 250.000 tonnes. Les derniers bâtiments construits sont supérieurs, individuellement, aux plus forts cuirassés

de la flotte anglaise» |.

The Journal of the Royal Asiatic Society. January 1903. The Kushän, or Indo-Scythians, Period of Indian History, B.C. 165 to A.D. 320. By Vincent A. Suirx. [Voir en particulier IL The Chinese Historians. Quelques fautes d'impression dans le chinois, p. e., p. 30, note, <T'oung-fien-tan mou» pour <T'oung- kien-kang mou»; p. 56, note, <«t'ien-tzen» pour <t'ien-tzeu».] The Lineal Measures of Fa-hian and Yuan Chwang. By Major W. Vosr. [ «The two principal terms of lineal measure adopted by Fa- hian, Yuan Chwang, and other Chinese pilgrims, in their narratives of the different countries in India and on its frontiers, are the yojana and the Ui».] Preliminary Notice of the Tibetan Manuscripts in the Stein Collection. By L. D. Barnerr. [Cf. Dr. Stein’s Prel. Report, pp. 55—6. The fragments belong to the Salistamba- Sütra. | Further Notes on a Malayan Comparative Vocabulary. By C. Otto BcaGDen. Motes on Chinese Buddhist Books. By J. Takakusu.

La Géographie. VI, No. 6. Année 1902. 15 Déc. La genèse du continent asiatique, d’après M. Ed. Suess. Par À. de Lapparenr. [<Le premier problème à résoudre en matière d’évolu- tion continentale est la détermination du noyau primitif qui, émergé avant tout le reste, a servir d'appui aux plus ancients sédiments, destinés à s'y adjoindre plus tard. A en juger par l’orographie, c'est dans le Pamir, le Karakorum et le haut relief du Tibet qu'on serait porté à soupçonner la présence de ce noyau. IÎl n’en est rien, et l'étude géologique nous apprend que le faîte primitif de l'Asie doit être cherché dans la Sibérie centrale, ses restes, composés

de terrains cristallins fortement plissés, dessinent autour d’Irkoutsk,

BIBLIOGRAPHIE. 89

depuis le confluent du Iénisséi avec la Tongouska jusqu'au coude de la Léna en aval du Vitim, un véritable amphithéâtre. Le Saïan oriental, le Mounkou Sardyk, les montagnes situées au sud du lac Baïkal, la Transbaïkalie jusqu'au grand Khingan, le plateau du Vitim, font partie de ce faîte, auquel se rattachent aussi l’Altaïi Mongol,

le Gobi oriental, les Monts Aldan et le petit Khirgan» |.

Revue de l'Histoire des Religions. Sept.-Oct. 1902. Du Chamanisme d’après les croyances des Yakoutes, par Wenceslas Sreroszewsky. [<Il y a très peu de temps que les Yakoutes se sont convertis à la religion chrétienne du rite oriental. .... Cependant, l'ancienne religion des chamanes règne toujours puissante dans l'esprit des indigènes et, en secret, ils n’ont pas cessé de se livrer aux cérémonies prohibées du rite chamanique. . ... le culte du feu et Le culte de la vie sont les fondements des croyances des Yakoutes. . ... la mort naturelle n’effraye point les Yakoutes. . .. Les Yakoutes ont horreur des cadavres, même de ceux de leurs plus proches parents. .... Il faut tuer une bête (haïliga) pour que l’âme atteigne plus aisément le royaume de l'éternel repos, pour qu’elle franchisse cette «plaine infinie» autrement qu'à pied. .. les Yakoutes vénèrent tous les oiseaux de proie... Quant aux puissants carnassiers comme le loup, l'ours, il faut se garder d’en parler. «Ces bêtes entendent tout ce qui se dit et se vengent des offenses»… L'homme a trois âmes: quand il en perd une, il est indisposé; quand il

en perd une deuxième, il est malade: s’il perd la troisième, il meurt...].

Etudes... par les Pères de la Compagnie de Jésus. - 5, 20 janvier; 5 février 1908. Le Père Amiot et la Mission française de Pékin à la fin du XVIII siècle, par C. de Rocaemonrerx. [Ces trois articles ont été rédigés en grande partie avec la correspondance conservée à la Biblio- thèque de l’Institut.] 5 janvier 1903. Correspondance de Chine. Une

nouvelle insurrection au Tche-li S.E. en mai 1902, par Emile Becker.

CHRONIQUE.

ASIE CENTRALE.

Un représentant de l’agence Reuter a eu une interview avec le docteur Sven Hedin, qu’il a rencontré à Queensborough, à son arrivée en Angleterre. Il res- sort des renseignements fournis au journaliste anglais par M. Sven Hedin que le voyage du célèbre explorateur suédois dans l’Asie centrale a duré trois ans et trois jours, et que M. Sven Hedin a été entièrement privé de communications avec le reste du monde pendant deux ans et demi. Durant cette période, l’ex- plorateur a parcouru au moins six mille milles anglais de pays inconnus.

Le voyage a été des plus difficiles et des plus fatigants. Malgré cela, le doc- teur Sven Hedin jouit d’une parfaite santé. Pendant cette expédition, l’explo- rateur suédois a tenté deux fois d'atteindre Lhassa, en se déguisant en pèlerin mongol, mais il n’est parvenu qu’à un point situé à une journée de marche de ce lieu mystérieux, et il a été alors obligé de retourner sur ses pas.

Les résultats de l'expédition ont une très grande valeur scientifique. M. Sven Hedin a, en effet, recueilli une immense quantité de renseignements, y compris une carte géographique de 1000 pieds de long et près de 3000 photographies. Ces renseignements formeront un ouvrage de cinq volumes publié d’abord en Anglais et un atlas de deux volumes.

Mes constatations, a dit le docteur Sven Hedin au journaliste anglais, chan- gent complètement les cartes qui existaient jusqu'à présent concernant l'Asie centrale. La question relative à l’ancien lac Lob est maintenant résolue. J’ai découvert sur les bords de ce lac des villes et des temples en ruine, et des manuscrits qui répandront une vive lumière sur la situation politique et phy- sique de cette région au troisième siècle. J'ai déterminé la position astronomi-

que de 113 points géographiques.

CHRONIQUE. 91

La partie la plus pénible de mon expédition a été le Thibet. Pendant mon second voyage de Kharklik à Lhassa, qui a duré huit mois, j'ai perdu presque toute ma caravane à cause des énormes altitudes nous nous trouvions. Nous étions plus haut que le mont Blanc, même quand nous traversions des vallées, et plusieurs de mes compagnons sont morts parce qu'ils ne pouvaient plus respirer. Sur 45 chevaux, j'en ai perdu 44 et il est mort 30 chameaux sur 39.

Le voyage le plus difficile que nous ayons fait dans le désert à été celui de Yankiboul au Tchertchen Daria. La distance n’était que de 180 milles, mais nous traversions une vaste mer de sable avec des dunes de 3 à 400 pieds de hauteur, et le trajet a duré trois semaines.

Pendant ce voyage, le mercure a gelé, et le thermomètre a marqué 33° au- dessous de zéro. Je n'avais que quatre compagnons mahométans, sept chameaux et un cheval, et je n’ai perdu qu’un chameau. Nous n’avons naturellement rencontré personne, car c'était la première fois que ce désert était traversé par des êtres vivants. Il n’y avait pas d’eau dans la région, mais nous avions emporté de la glace.

A moitié chemin, mes compagnons commencèrent à perdre courage, et j'éprouvais secrètement le même sentiment qu'eux, parce que notre glace et nos vivres étaient presque épuisés. Heureusement, il se produisit une tempête de neige: elle nous exposa à de nouveaux dangers, mais elle nous procura de l’eau et nous mit en état de traverser cette partie du désert de Gobi, aucun homme n’avait passé auparavant.

Quand j’essayai la première fois d'atteindre Lhassa, cette ville qui consiste surtout en temples était pleine de pèlerins, et c'était risquer la mort que d’y aller, Nous nous déguisämes en Mongols, mes deux compagnons et moi, et nous nous dirigeàmes tranquillement vers Lhassa sans deviner que les bergers que nous rencontrions sur notre route envoyaient dans cette ville des messagers à cheval pour annoncer que trois étrangers s’y rendaient après s'être séparés d’une grande caravane.

Nous n’étions plus qu’à une journée de marche de Lhassa, lorsque nous fûmes tout à coup entourés pendant la nuit par une troupe de Thibétains armés jus- qu'aux dents, qui nous menacèrent de nous tuer si nous faisions un pas. Nous étions prisonniers, et nous fûmes étroitement gardés par 37 Thibétains, qui montèrent la garde autour de notre tente.

Nous restûmes dans cette situation pendant cinq jours. On refusa de nous donner le moindre renseisnement concernant Lhassa et touchant la cause de notre arrestation. On se borna à nous répéter que, si nous faisions un pas, nous serions tués. Je trouvai les Thibétains absolument ignorants de tout ce qui se passe hors de leur pays, et j’acquis la conviction qu’ils isolaient Lhassa du reste du monde pour des raisons politiques plutôt que pour des raisons religieuses.

92 CHRONIQUE.

Au bout de cinq jours, le gouverneur du Thibet arriva avec 67 hauts digni- taires à cheval et richement vêtus. Ces personnages me soutinrent que j'étais Anglais et ajoutèrent que le dalaï lama avait donné l’ordre de me bien traiter, mais que je serais tué si je persistais à m’avancer dans la direction de Lhassa. On nous relâcha ensuite, et nous fûmes accompagnés jusqu’à la frontière du Naktchou par cinq officiers et vingt hommes.

Malgré cet échec, je fis bientôt une nouvelle tentative, cette fois avec toute ma caravane. Je partis d’un autre point: mais à trois journées de marche de Lhassa, je fus arrêté par une troupe de cinquante cavaliers armés de fusils, de sabres, de piques et de lances. Je crus, cette fois qu’on ne me ferait pas grâce; mais la facon dant on me traita ne laissa rien à désirer.

Nous rebroussimes chemin, accompagnés, pendant dix jours, par tous les ca- valiers. Je suis absolument sûr qu’il est impossible à un Européen de pénétrer jusqu'à Lhassa, même avec un déguisement.

Le docteur Sven Hedin a terminé son récit en donnant au représentant de l’agence Reuter quelques renseignements concernant la région du lac Lob. Il a constaté, en particulier, que, d’après certains indices, il devait y avoir eu dans cette contrée, il y a environ 1,600 ans, une grande route postale allant de Peking à Kachgar, route probablement la plus longue du monde.

ASIE RUSSE.

Saint-Pétersbourg, 16 janvier (par dépêche à l'Agence Paris-Nouvelles). Une flottille composée de 25 bateaux, vient d’être organisée sur le fleuve Amour. Voici les points principaux du décret impérial qui ordonne l’organisation de cette flottille :

4°. La flottille doit protéger la navigation sur les fleuves Amour, l’Oussouri et leurs affluents contre les pirates chinois; elle doit protéger les habitants de la rive gauche de l’Amour et de la rive droite de l’Oussouri contre les in- cursions des bandes de «hounhouz»; elle doit assurer les communications régulières entre les stations de cosaques le long de l’Oussouri, du Soungatchi et autour du lac Hanka; elle est chargée de surveiller le rivage mandchourien;

elle doit faciliter en temps de guerre une rapide concentration des troupes,

Le Zakaspiskoié Obozrénie, revue transcaspienne, annonçait il y a quelque temps que des négociants en gros de Moscou avaient acheté à Samarkand 10,000 vedros (123,000 litres) de vin du Turkestan et que, si ce premier envoi supportait bien la longueur du trajet, il serait bientôt suivi d’un autre envoi de 40,000 vedros.

Cette nouvelle inspire à un journal de Moscou les réflexions suivantes :

«Jusqu'à présent, le vin du Turkestan n'entrait pas en ligne de compte sur

le marché de la Russie d'Europe. Les consommateurs n'y perdaient rien, car

CHRONIQUE. 93

ce produit n’est rien moins qu’agréable au goût et profitable à l’estomac. C’est à peine s’il y a, dans toute l'Asie Centrale, deux exploitations vinicoles obtenant un vin pouvant convenir à des Européens. La plupart des vins de ces régions contiennent trop d'alcool, presque tous ont un goût terreux. Les étiquettes des bouteilles sont ornées, il est vrai, de nombreuses médailles ob- tenues par leurs producteurs aux expositions de Paris et d’ailleurs; mais on est en droit de se demander, en goûtant le contenu de ces bouteilles, si c'est bien à lui qu’ont été attribuées les récompenses complaisamment étalées. Mème au prix relativement élevé de 50 à 80 kopeks la bouteille, il est impossible d'acheter, au Turkestan même, des vins de table d’un goût acceptable. Il est fort étonnant qu’un pays qui produit du raisin aussi doux et à aussi bon compte 60 à 80 kopeks le poud de 16 kilog. 38) donne un vin aussi aigre, aussi alcoolisé et aussi détestable. C’est assurément à l’ignorance du vigneron et à la défectuosité du traitement qu’il faut en attribuer principalement la cause, On trouve bien parfois au Turkestan des vins de bonne qualité et même d'excellentes ‘eaux-de-vie, mais ce sont des articles de réclame trop rares et trop coûteux pour être mis dans le commerce. On les réserve généralement pour certains dégustateurs privilégiés et pour les expositions. Le consommateur ordinaire auquel on ne livre que les produits courants, leur préfère généralement les vins du Caucase qui ne sont pas plus chers dans le Turkestan même et qui à prix égaux, sont incomparablement supérieurs. Le seul avantage que semblent offrir les vins du Turkestan, c’est de constituer par leurs propriétés colorantes, une excellente matière première pour la fabrication vinicole. Seulement, nous sommes curieux de savoir si ce vin. après avoir été traité selon la mode mos- covite, sera mis dans le commerce sous le nom de «vin du Turkestan».

Cette allusion explique pourquoi les viticulteurs russes dans leur dernier con- grès ont demandé le contrôle des provenances de vins et l'interdiction de leur mise en vente sous des dénominations pouvant induire le consommateur en erreur.

(Le Gérant du Consulat général de France.)

Destruction d’Andidjan.

Nouveau-Marghelan, 21 décembre. La ville d’Andidjan et ses environs ont considérablement souffert des effets du récent tremblement de terre. On estime approximativement que seize mille maisons ont été détruites et que deux mille cinq cents personnes ont été tuées. Malgré les secours donnés par le gouverne- ment, la population souffre de la faim et du froid. Les grondements souterrains

et les tremblements de terre continuent. (Reuter.)

Saint-Pétersbourg, 22 décembre. D'après des nouvelles reçues ici, des secousses de tremblement de terre continuent à se faire sentir dans le district d’Andidjan et spécialement dan; le village d’Assake. Jusqu'à présent, cent quatre-vingt-dix-sept

cadavres ont été retirés des ruines. Les recherches continuent. (Reuter.)

94 CHRONIQUE.

Askhabad, 23 décembre (par dépêche). Le correspondant spécial du journal Zakaspiskoié Obozrénié télégraphie que le tremblement de terre devient plus fort de jour en jour, et que la région il se produit a une étendue de 200 verstes carrées. La population russe a été transférée à la station du chemin de fer, l’on dispose de 500 wagons. Le général Ivanov, gouverneur général du Turkestan, et l'ingénieur Osipov, directeur-adjoint du chemin de fer, ont fait construire des baraquements et des tentes et réunir des wagons dans lesquels ont été transportés tous les fonctionnaires du gouvernement.

Les soldats du génie travaillent activement au déblaiement. Le tremblement de terre a causé la mort de près de 4,000 personnes. On a retrouvé jusqu’à présent 800 cadavres dans le quartier habité par les indigènes. On a organisé des cuisines l’on distribue gratuitement des vivres. Un grand nombre d’ou- vriers ont été envoyés à Andidjan pour faire les travaux du déblaiement. Le local de l’administration des finances, il y a 5 millions de roubles, est en ruines; on procède au déblaiement du bâtiment sous la surveillance des autorités. L'eau potable manque. On craint un affaissement du sol.

Saint-Pétersbourg, 23 décembre (par dépêche). Le journal le Turkestan russe annonce que l’empereur a donné 50,000 roubles comme premier secours

destiné à venir en aide aux victimes du tremblement de terre d’Andidjan.

Saint-Pétersbourg, 26 décembre. Aussitôt après avoir reçu la nouvelle du tremblement de terre d’Andidjan, la Société russe de la Croix-Rouge a envoyé dans cette ville 10,000 roubles. En outre, un délégué extraordinaire de cette Association part pour Andidjan, avec 25,000 roubles, des vêtements et du linge,

pour organiser les secours sur les lieux.

Saint-Pétersbourg, 26 décembre. La ville d’Andidjan qui a été détruite par le tremblement de terre du 16 décembre, est le principal marché de coton de la région transcaspienne. Elle avait des rapports commerciaux très impor- tants avec Moscou. C’est surtout la partie de la ville habitée par les indigènes qui a été éprouvée lors du dernier tremblement; le quartier russe, les mai- sons sont plus solidement bâties, l'a été bien moins. Sur huit grandes fabriques de coton que la ville d’Andidjan comptait, il n’y en a qu’une seule qui soit

restée debout.

Askhabad, 28 décembre (par dépêche). Outre les 25,000 roubles mis à la disposition du gouverneur du Ferghana, on a autorisé un emprunt de 15,000 roubles sur les fonds appartenant à la ville de Marghélan. On a alloué 3,000 roubles pour organiser un hôpital provisoire et des locaux pour la police, les autorités militaires, les troupes et les fonctionnaires civils.

On a distribué 100 roubles à chacun des officiers et fonctionnaires. On a

CHRONIQUE. 95

établi un chemin de fer dont les trains, partant d’Andidjan, seront gratuits jusqu’au 2 janvier.

Les soldats de la garnison reçoivent comme supplément de vivres une livre de viande et une double ration de thé. On a organisé des secours pour les in- digents qui seront pourvus de vivres, de combustible et de vêtements.

On a constitué dans la région un grand nombre de comités pour recueillir les dons. À Andidjan, des spécialistes font d’actives recherches pour découvrir les causes locales du tremblement de terre. On a élaboré des plans d’édifices plus solides. La construction des baraquements avance rapidement. Le temps est favorable.

Les sommes qui se trouvaient à l'administration des finances, dont le bâti- ment s’est écroulé, sont intactes.

On cite un acte de fidélité héroïque accompli par un soldat de la com- pagnie du 11° régiment des fusiliers du Turkestan, nommé Zachouk.

Le jour de la catastrophe, Zachouk était de garde près du drapeau et d’un coffre contenant de l'argent. Il est resté à son poste, parce que l'officier qui devait le relever n’était pas là. Les décombres lui ont enlevé, en tombant, le fusil des mains. Le fusil a été brisé, ainsi que la hampe du drapeau.

Zachouk s’est trouvé emmuré par les décombres; mais, malgré ses blessures, il est resté à son poste jusqu’au moment un sous-officier est venu le chercher.

Le lieutenant Ghetsouline, caissier du bataillon et correspondant des Tourke- stanskiya Viedomosti, a eu une fin tragique. Au moment de la catastrophe, il a commandé aux soldats qui étaient dans l'arsenal de se sauver dans la rue.

Il est resté à la porte jusqu’à la sortie du dernier soldat, et est ensuite ren- tré dans l'arsenal pour demander si tout le monde était parti. Des décombres sont alors tombés sur lui et l’ont tué.

On a ressenti le 27 décembre au soir une nouvelle secousse, qui a duré long- temps et a été très forte.

On craint que le tremblement de terre ne dure aussi longtemps qu’à Kachgar.

Le service normal des voyageurs sur le chemin de fer a été rétabli le 26.

On délivre gratuitement des billets à toutes les personnes qui veulent quitter Andidjan.

Le service des marchandises sera réorganisé très prochainement.

Saint-Pétersbourg, 5 janvier (par dépêche). À en juger par les dernières nouvelles reçues d’Askhabad, la ville d’Andidjan n'existe pour ainsi dire plus. C’est à peine s’il y subsiste encore, mais rendues inhabitables par leurs énormes crevasses, deux ou trois chambres du Club militaire, deux ou trois bâtiments près de la station du chemin de fer, ainsi que cette station elle-même et une partie d’une brasserie. Tout le reste n’est qu'un amas de décombres recouvert

par des débris informes de toitures de poutres, de cheminées, etc. Il n’y a pas

96 CHRONIQUE.

un mètre carré d'habitation abritée par un toit ni dans la ville russe ni dans la ville sarte.

Les trois secousses de tremblement de terre qui ont détruit Andidjan se sont succédé avec une telle rapidité de quart d'heure en quart d'heure qu'il a été impossible de rien sauver, d'autant plus que la première secousse a été si violente qu’elle a déja commencé à ébranler les maisons et que quiconque s'était enfui de chez soi n’osait se risquer à y rentrer de nouveau dans un but de sauvetage. De sorte que les décombres des murs et des toits ont tout enseveli, nivelant ainsi le sort des riches avec celui des pauvres, et il n’est pas rare maintenant de rencontrer à Andidjan des gens du monde vêtus d’une capote de simple soldat par-dessus leur chemise. Beaucoup de gens n’ont même rien du tout pour se garantir du froid dans leurs lieux de campement improvisés.

L'œuvre des secours est organisée, assure-t-on, sur une vaste échelle et dans d'excellentes conditions, aussi bien de la part de l’administration publique que de généreux donateurs et même de gens appartenant à la classe inférieure des populations voisines, et heureusement qu’il en est ainsi, car l’étendue de la terrible catastrophe est immense et une assistance tant soit peu efficace réclame

de puissants efforts et de très grands sacrifices.

On écrit de Saint-Pétersbourg :

Uu rapport du colonel Beynard-Reynarovitch, commandant du 11° bataillon de tirailleurs du Turkestan, met en relief les actes d’héroïsme suivants de plu- sieurs officiers et simples soldats de ce bataillon, pendant la catastrophe du tremblement de terre d’Andijan:

Le capitaine Toutchkov et le lieutenant Ghertsouline ont voulu demeurer dans leur caserne ébranlée, jusqu’à ce que le dernier de leurs soldats en fut sorti, et tandis que Ghertsouline se faisait ainsi écraser sous les décombres, Toutchkov était dangereusement blessé. Le soldat Saschouk, qui montait la garde auprès de l’étendard et du coffre-fort du bataillon, reçut aussi des bles- sures pour n'avoir pas voulu quitter son poste avant d’en avoir été relevé par son chef. Le sous-officier Khaline opéra, au risque de sa propre vie, le sauvetage de plusieurs soldats et de tous les détenus qui se trouvaient, au moment du sinistre, dans l'édifice du corps de garde et qui purent s’en échapper au moyen d’un tabouret qu'il leur avait fait passer par une brêche qui s'était formée dans l’amoncellement de décombres de cet édifice écroulé. Le soldat Dmitri Mikhaïlov, placé en sentinelle à la porte d’une maison de détention, préféra aussi risquer sa vie que d'abandonner son poste sans en avoir été relevé. Le sous-porte-enseigne Yélantsev réussit à assurer l’armement et le fonctionnement des patrouilles militaires en exposant ses jours dans un bâtiment menacé d’écroulement pour y réunir environ soixante fusils, qu'il jeta dans la rue par une fenêtre, chose qui permit à la force armée de maintenir un peu d’ordre dans la ville au mi- lieu de la panique générale des habitants. Le lieutenant Devloriani et les offi-

CHRONIQUE. 97

ciers Tarassov et Siline sauvèrent l’étendard du bataillon en se hasardant pour cela dans l'édifice déjà croulant il était déposé. L'empereur à fait exprimer à tous ces braves les plus chaleureux remerciements.

Le correspondant parisien du Russky Turkestan de Tachkent, M.S$. Jacobson, nous communique sur la catastrophe d’Andidjan les renseignements suivants qui, publiés dans son journal, nous ont paru susceptibles d’intéresser nos lecteurs.

La ville d’Andidjan, qui vient d’être détruite, cette Saint-Pierre russe, avait quarante-six mille habitants. Elle est située dans l'Asie centrale, non loin de la principauté de Bokhara, entre les deux grands fleuves Syr-Daria et Amou- Daria, qui arrosent le Turkestan russe.

Annexée définitivement à la Russie par le célèbre général Skobelev, en 1881, Andidjan est devenue un centre de culture important pour le coton.

La richesse du sol turkestanien, son climat sec et enfin sa population fon- cièrement agricole de Sartes, tout a contribué au rapide développement écono- mique du pays.

Il existe actuellement au Turkestan cent soixante usines pour le traitement du coton. Des capitaux énormes, pour la plupart français et belges, ont été engagés dans cette nouvelle industrie d’un pays appelé à jouer un grand rôle dans le commerce universel.

La ligne du transcaspien, d’une longueur de 2,500 kilomètres, réunit Andid- jan et Tachkent à la Russie d'Europe et, par là, aux grands centres manufac- turiers de Moscou et de Lodj.

Ajoutons que la maison de Pojnansky, de Lodj, achète à elle seule seize millions de kilogrammes de coton par an, et presque toutes les grandes usines russes avaient des succursales à Andidjan.

Rien ne pouvait faire prévoir la catastrophe. Un vent violent soufflait depuis quelques jours, et un brouillard dense, presque un nuage, enveloppait la ville.

C’est le 16 décembre, à neuf heures du matin, que furent ressenties les premières secousses.

Le sol, subitement, tremble, présentant des mouvements oscillatoires d’une durée de deux à trois secondes. Une demi-heure après, le même phénomène se reproduit, mais, cette fois, la secousse est si forte que les soubassements des édifices en sont ébranlés.

Bientôt, les maisons commencent à se disloquer. Les murs s’inclinent, s’effron- drent, tombent en ruines et ensevelissent sous leurs décombres les malheureux habitants qui n’ont pas eu le temps de fuir. La panique, on le conçoit, est grande parmi les survivants, qui courent, affolés, par les rues de la ville, sous une pluie persistante de pierres et d’ardoises.

Le très joli bâtiment de la Banque russo-chinoise n’est plus qu'un amas de décombres. La gare, les casernes sont également détruites et les rails sont

7

98 CHRONIQUE.

tordus comme de simples fils de fer. La commotion souterraine se fait sentir verticalement de bas en haut, et les wagons, projetés dans l'air, retombent brisés sur la voie. Pendant quinze minutes les secousses se répètent toujours, détruisant les dernières constructions qui avaient été épargnées. Pendant toute la durée de la catastrophe, un grondement souterrain accompagne les convul- sions du sol, une pluie torrentielle s’abat sur cette scène de désolation et un vent furieux balaie tout sur son passage.

Le gouverneur du Turkestan russe apporta la plus grande diligence à l’or- ganisation des secours et les troupes sous sa direction procédèrent immédiate- ment au déblaiement des ruines. Ce n’est qu’à ce moment qu’on put se rendre compte de l’étendue du désastre. 9,000 maisons détruites, 4,000 morts, tel est le lugubre bilan de cette catastrophe.

Les blessés furent dirigés sur l’hôpital militaire de Margelhan et tous les wagons disponibles du transcaspien furent mis à la disposition des habitants pour les abriter contre la pluie et le froid. L'empereur a envoyé 50,000 roubles, le gouvernement local a voté des sommes importantes pour secourir toutes ces familles, hier encore riches, aujourd'hui réduites à la misère.

Les dix mille francs envoyés par le président de la République, il est à peine

besoin de le dire, ont été accueillis avec une profonde gratitude.

BELGIQUE.

Concession belge en Chine.

Bruxelles, 5 novembre (par service spécial). Le XX° Siècle, à propos de l'information du Daily Telegraph relative aux négociations entre le roi Léopold et le gouvernement chinois au sujet d'importantes concessions territoriales dans le voisinage de Han-k’eou qui seraient près d'aboutir, dit qu'il ÿy a à Han-k’eou même et non dans le voisinage, un vaste territoire sur la rive droite du Yang- Tseu. Ce terrain, qui s’étend sur une longueur de 1,700 mètres environ a été acheté, il y a au moins quatre années, par le roi Léopold. Depuis cette époque, le souverain négocie avec le gouvernement chinois pour obtenir que les droits inhérents à toute concession étrangère en Chine soient attribués à sa propriété.

Ces négociations viendraient enfin d’aboutir.

Le Bien public de Gand explique pour quels motifs le roi, changeant brus- quement d’avis, a décidé que la réception traditionnelle du nouvel an aurait lieu le 4* janvier, malgré le deuil de la cour.

Le roi aurait, en guise d’étrennes, une excellente nouvelle à annoncer au pays:

«Le roi, suivant son habitude, dit ce journal, a suivi de très près les négo- ciations engagées avec la Chine à propos de la liquidation de l’incemnité due à nos nationaux et aux établissements belges du Céleste-Empire à la suite des

dévastations commises par les Boxeurs. Or, il paraît que, poursuivant une idée

CHRONIQUE. 99

qui depuis longtemps lui est chère, notre souverain aurait obtenu, à cette oc- casion, du gouvernement chinois, à titre de solde définitif et de règlement de compte, une assez importante concession territoriale, faite à la Belgique dans des conditions analogues à celles qui régissent les seftlements anglais, français et allemands, établis dans la même région.

«Ce sera naturellement à M. le ministre des affaires étrangères de donner, lors de la discussion de son budget, toutes les explications désirables sur l’heu- reuse issue des négociations; mais il n’est pas improbable que le roi ait voulu se réserver la légitime satisfaction d'annoncer lui-même officiellement la nouvelle à l’occasion de la réception du 1% janvier».

Le correspondant bruxellois, qui transmet cette information à la feuille gan- toise, rattache à la récente arrivée d’un ministre chinois à Bruxelles la conclu- sion de l’arrangement.

Bruxelles, 8 février. La Métropole d'Anvers annonce que la Belgique a obtenu une concession dans le Nord de Tien-Tsin, sur la rive droite du Peï-Ho. Le chemin de fer allemand du Chan-Toung traverse la concession. Le terrain nécessaire aux Allemands pour la construction du chemin de fer leur a été offert par la Belgique en récompense de l'appui prêté par l'Allemagne. L’assé- chage des marais a commencé. Un projet de rues à tracer est élaboré. Le journal le Soir annonce que la Chambre sera saisie prochainement d’un projet de loi mettant éventuellement les Belges en règle au point de vue du droit international et des lois chinoises, concernant la concession belge de Tien-Tsin.

CHINE.

On annonce que Wei Kouang-tao zh 7 FE. Gouverneur général du Yun- Nan, est nommé Gouverneur général des deux Kiang à la place de Lieou K’ouen-yi; Tchang Tchi-toung qui faisait l’interim à Nan-king, retourne à Wou-tch’ang. Wei a été juge au Kan-sou (fév. 1881) puis trésorier dans la même province (avril 1883); gouverneur p.i. du Turkestan, il se retira en juin 1891 ; de nouveau trésorier au Kiang-si (juin 1895), il a été promu gouverneur du Yun- Nan (août 1895) puis du Chen-si (octobre 1895). Il est originaire du Hou-Nan, comme son prédécesseur.

Hong-Kong, 7 décembre, Sir Ernest Mason Satow, le ministre de Grande- Bretagne en Chine, est parti aujourd’hui pour l'Angleterre à bord du Parramatta. Pendant son séjour ici, il s’est entretenu avec le président de la chambre de commerce et avec le président de la China Association sur les taxes irrégulières perçues par la Chine, sur la piraterie dans le sud, et sur l'ouverture plus éten- due des fleuves du sud aux commerces étrangers.

Les autorités locales ont demandé à sir Ernest Satow d'exercer son influence

auprès du gouvernement chinois pour lui faire adopter des mesures rigoureuses

100 CHRONIQUE.

pour la répression de la piraterie dans le sud de la Chine. Des nouvelles reçues ici annonçent que les Chinois ont abrogé la taxe irrégulière sur l’opium qui

était perçue à Canton et à Swatow. (Times.)

Un syndicat franco-anglais, dont le siège est à Londres et représenté en Chine par le consul général, M. Emile Rocher, très compétent dans tout ce qui con- cerne la province, a acquis une concession minière importante dans le Yun-Nan. Le contrat, qui a été sanctionné par un décret impérial, le 15 juin, a été offi- ciellement reconnu et signé par les ministres français et anglais.

La concession est valable pour soixante ans, avec le droit d’extension, et comprend quatre-vingt cinq mines produisant du charbon, du cuivre, du nickel, du mercure, du pétrole, de l’étain et d’autres minéraux et métaux précieux. Ces mines s'étendent sur un tiers de la province, les mines les plus importantes étant groupées près du parcours projeté pour le chemin de fer du Tonkin à la ville de Yun-Nan.

Les mines exploitées par le gouvernement chinois en sont exclues. Un droit royal de 5°/, doit être payé au gouvernement chinois et 25°/, des profits nets sont réservés au gouvernement provincial et 10°/, aux actionnaires. Les profits nets sont établis après déduction des dépenses préliminaires et des dépenses d'exploitation, plus 8 © d'intérêt sur le capital, 10 ©/, pour le fonds d’amor- tissement et 10 °% pour le fonds de réserve.

Pour le cuivre, il y a des conditions spéciales; la Chine s'engage à en acheter chaque année une quantité déterminée au prix fixe de 336 taëls par tonne. Le droit de construire des embranchements de chemin de fer, de routes et des

canaux pour desservir les mines a été également concédé.

Peking, 29 décembre. L’impératrice douairière a reçu, hier, à déjeuner, la femme du général MiLEs et un certain nombre d’autres dames, à qui elle a fait un accueil des plus cordiaux. Sa Majesté a vanté la façon dont M. Conger dirige les relations politiques entre la Chine et les Etats-Unis, et a aussi exprimé son admiration pour le général Chaffee, qui avait protégé les richesses appartenant à la cour dans la ville interdite. Le général Miles a été très occupé aujourd’hui. Il a assisté successivement à une grande revue, à une réception donnée en son honneur par les mandarins, et à un diner diplomatique. (La/ffan.)

Peking, 18 janvier (par service spécial). L’arc érigé par le gouvernement chinois comme monument expiatoire de l'assassinat du baron de Ketteler a été officiellement inauguré aujourd’hui par le prince K’ing en présence du chargé d'Allemagne en Chine et d’une nombreuse assistance chinoise et étrangère.

Après la cérémonie la garde de la légation allemande a défilé sous l’arc.

Peking, 18 janvier (par service spécial). Pendant la cérémonie d’inaugu-

ration du monument expiatoire, les troupes allemandes faisaient la haie d’un

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côté de la rue et les troupes chinoises de l’autre. Une foule énorme de Chinois se pressait dans les rues adjacentes. Les toits étaient noirs de monde. Devant l'arche un autel supportant les vases de sacrifice impériaux étaient dressés.

Le Prince K’ing fut conduit à l'autel, à son arrivée, par le chargé d’affaires allemand, un général allemand. Se tournant vers les diplomates présents, il les salua et répandit une libation en lhonneur du défunt suivant la coutume chi- noise. Puis il prononça le discours d’inauguration, dans lequel on relève cette phrase: «Ce monument constituera un avertissement au peuple, un signe des relations amicales entre nos deux pays et un symbole de paix». Dans ses ré- ponses, le chargé d’affaires allemand a dit: «Ce monument a été consacré à sa Majesté impériale l’empereur d'Allemagne par l’empereur de Chine, comme une preuve permanente du concours de l’empereur de Chine. En érigeant ce monu- ment, la Chine s’acquitte d’une obligation qu’elle a contractée après les évène- ments de 1900. Ce sera une leçon pour la postérité et un symbole durable du désir du gouvernement chinois d’inaugurer et de perpétuer des relations ami- cales avec les gouvernements étrangers». Ces deux discours ont été lus en alle- mand et en chinois.

Le Times (Weekly edition, Jan. 23, 1903) contient la nouvelle suivante dont on remarquera l'importance: «The censors’ office has memoralized the Dowager- Empress to resign in favour of the Emperor as the first step in reform policy. The Dowager-Empress is annoyed at the expression of the best native opinion, the first uttered since 1900. The censors have not been afraid to make direct criticisms. They point out that all the Throne’s reforms have failed, while many extravagances have been approved, such as the reconstruction of the Chien Gate, the useless railway to the Imperial tombs, the restoration of the palaces, and the extensive arrangement for the celebration of the Dowager-Empresss birth- day this year».

La nouvelle année chinoise tombe le 29 janvier de cette année.

Londres, 4 février. On mande de Los Angeles au Standard, le 3 février: «Le docteur Coltman, qui fut médecin de la cour chinoise pendant dix-sept ans, et médecin de Li Houng-tchang pendant six ans, et qui est actuellement ici, prédit un nouveau soulèvement chinois pire que le premier. D’après lui, les étrangers à Péking sont virtuellement sans protection ; la légation américaine serait le premier point attaqué. Les atrocités qui seront commises dépasseront,

dit le docteur Coltman, celles qui ont étonné le monde, il y a deux ans».

Péking, 6 février (par dépêche). L’attitude de l’impératrice douairière au cours de l’audience du nouvel an est très commentée par les membres du corps diplomatique. A cette audience qui a eu lieu aujourd’hui, après un discours de

M. Conger, ministre des Etats-Unis et doyen du corps diplomatique, et la ré-

102 CHRONIQUE.

ponse de l’impératrice douairière, celle-ci a appelé séparément à son trône Îles ministres de Russie, de France et de Corée et s’est adressée à chacun avec une extrème cordialité. C’est la première fois que pareil fait se produit.

Nous avons déjà dit, à plusieurs reprises, les appréhensions que cause aux gouvernements intéressés l’état de trouble et d’anarchie qui règne dans le Se- Tch’ouen et le Kan-Sou. Cette renaissance du mouvement boxeur dans la région a été attribuée à l'influence du prince Tuan réfugié dans le Kan-Sou et tra- vaillant le Se-Tch’ouen par ses émissaires; puis niée par le gouvernement de Péking, et, enfin, exposée par les correspondants anglais et américains de Chang-Haï comme une conséquence de l’anarchie chronique qui règne dans ces régions.

Le journal la Croix publie une longue lettre de M. de Guébriant, des Mis- sions étrangères, pro-vicaire du Se-Tch’ouen méridional, que vient de recevoir M. de Mun. Cette lettre est datée du 14 octobre 1902. M. de Guébriant y fait l'historique des troubles survenus dans le Se-Tch’ouen depuis le commencement de l’année 1902. Partout les chrétiens indigènes, catholiques et protestants, ont été molestés, attaqués, massacrés. Plus de deux mille ont perdu la vie depuis un an. Le consul français, M. Bons d’Anty, est venu résider pendant quelques semaines avec l’évêque à Tch’eng-Tou, pour défendre la ville d’une attaque. Sa présence l’a protégée, en effet. Le commandant Hourst y était venu en même temps, ayant laissé sa canonnière à Kia-Ting et remonté en chaloupe à vapeur jusqu’au Peu-Chan. Le nouveau vice-roi Tsen, arrivé en septembre, ne semblait pas enclin à agir contre les Boxeurs. M. de Guébriant dénonça le tao- tai de K'ieng-Tch'ang, comme un des principaux fonctiornaires responsables. Aucun missionnaire et agent français ne paraît avoir été molesté. Seuls, les

chrétiens indigènes ont été poursuivis et persécutés par leurs compatriotes.

Le gouvernement a décidé de nouveau d’avoir la haute main sur les télé- graphes chinois. Son but serait d'empêcher les étrangers de connaître les secrets officiels. Le tao-taï a officiellement demandé au corps consulaire d’informer les étrangers qu'on ne leur permettra plus d'acheter des actions des entreprises chinoises de télégraphie qui jusqu'ici appartenaient à des corporations commer- ciales.

On mande de Chang-Haï. au Times que le gouvernement vient de publier un nouvel édit sur l’administration des télégraphes. Cheng est définitivement remplacé par Youen Che-k'ai. Un autre édit, daté du 42 décembre, mais qui n’avait pas encore été publié, prescrit à Cheng d'obtenir dorénavant l’assenti- ment des hautes autorités provinciales intéressées, avant de conclure aucun ac- cord relatif aux chemins de fer.

Cologne, 19 février. On mande de Saint-Pétersbourg à la Gazette de Cologne :

CHRONIQUE. 103

La circulation des trains express réguliers entre les stations de la Mandchourie et de Dalny sera ouverte le 23 du courant. Les travaux préliminaires pour la construction d’un nouvel embranchement du chemin de fer de Mandchourie de Knantschenzski à Khirin sont commencés depuis le mois de décembre dernier. 108 kilomètres de voie ferrée seront posés au commencement du printemps. Le nouveau chemin de fer reliera la province de Khirin, le grenier à blé de la Mandchourie, à Port-Arthur et à Dalny.

Chang-Haï, 14 février. Les travaux préliminaires du terminus nord du chemin de fer de Canton à Han-k’eou seront commencés sous peu. La «Ame- rican China development Company» a envoyé hier vingt ingénieurs chargés de tracer définitivement la ligne. Dix commenceront les travaux à Yo-tcheou en se dirigeant