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ACADEMIE

DES

INSCRIPTIONS & BELLES-LETTRES

ANNÉE 1906

MAÇON, PROTAT FKEHES. IMIMUMETHS.

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ACADEMIE

DES

INSCRIPTIONS & BELLES-LETTRES

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COMPTES RENDUS

DES

SEANCES DE L'ANNÉE

1906

PARIS LIBRAIRIE ALPHONSE PICARD ET FILS,

I.mUAIHE KF.S ARCHIVES NATIONALES ET DE LA SOCIÉTÉ DE l'ÉCOLE DES CHAnTES 8 '2, RLE BONAPARTE, 82

M D CCCC VI

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COMPTES RENDUS DES SÉANCES

DE

L'ACADEMIE DES INSCRIPTIONS

ET BELLES -LETTRES

PENDANT L'ANNÉE IDOC.

PRÉSIDENCE DE Al. l\. GAGNAT

SÉANCE DU o JANVIER

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PRESIDENCE DE M. R. GAGNAT.

M. CoLLiGNON, président sorhml, proïKnice 1 allnculioti sui- vante :

« Messieurs,

« Un moraliste affirme qu'on arrive novice à tous les à|^es de la vie. 11 y a tout au moins, dans la vie académique, un moment Ton peut contrôler la justesse de cet aphorisme. Jeu faisais l'expérience l'an dernier à pareille date, lorsque je vous remer- ciais de l'honneur que vous m'aviez fait en m'appelant à prési- der vos séances. Je ne mesurais pas sans quelque émoi le poids des devoirs que m'imposait celte magistrature. Si la tâche m'a paru légère, je le dois, mes chers confrères, à la bienveillante sympathie que vous m'avez constamment témoignée. En me per- mettant de ressentir, avec quelque sécurité, le plaisir d'être

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COMPTES RENDUS DES SÉANCES

DE

L'ACADEMIE DES INSCRIPTIONS

ET BELLES-LETTRES

PENDANT L'ANNEE lyoo

PRESIDENCE DE M. IL CAGXAÏ

SÉANCE DU 5 JANVIER

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PRESIDENCE DE M. R. GAGNAT.

M. GoLLiGNON, président sorlanl, [)roniiiicc ralloculioii sui- vante :

« Messieurs,

« Un moraliste affirme qu'on arrive novice à tous les âj^es de la vie. Il y a tout au moins, dans la vie académique, un moment Ton peut contrôler la justesse de cet aphorisme. J'en faisais l'expérience l'an dernier à pareille date, lorsque je vous remer- ciais de l'honneur que vous m'aviez fait en m'appelant à prési- der vos séances. Je ne mesurais pas sans quelque émoi le poids des devoirs que m'imposait cette magistrature. Si la tâche m'a paru légère, je le dois, mes chers confrères, à la bienveillante sympathie que vous m'avez constamment témoignée. En me per- mettant de ressentir, avec quelque sécurité , le plaisir d'être

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2 SÉANCE Dl ') .lANVIKl! \\)0(\

associé plus étroitement à vos travaux, elle a doublé le prix de la marque de confiance que vous aviez bien voulu me donner, et je ne saurais lOiihlior, en \oiis ronon\T-lnn( IV'\|)rcssioii do ma f^pîililude.

'■ .lai eu la boiiiif rorluiic <1 occuper la jin-sidence 1 année même (lii notre cher secrétaire perpétuel inauj^urait ses fonctions plus durables, et de recueillir ainsi, le premier, le bénélice du dévoue- ment si actif el si eiïlcace (|iril \ ;i iipporté. C'est à son heureuse iiiiliiili\e que nous devons \i\\ rèj^lement revisé, rajeuni, adapté à nos besoins actuels, témoij^Miage du prudent esprit de pro},'rès qui concilie le respect de nos traditions avec les chan^emeiits rendus nécessaires par le développement croissant de la vie scionliiique. Je le transmets au confrère qui va exercer à son tour le pôu\oir a\ec laulorilé ipic lui confèrent les services rendus à notre Gompaf^nie. En lappelanl à me succéder au poste (I lioiiiK'ur que je quille pour rentrer dans le ranj,^, je souhaite que Tannée de sa présidence compte parmi les j)lus heureuses pour vous, et les plus fécondes pour les études dont l'Académie a le jiatronag'e.

'■ .l'invite MM. Cag.n.vt et Salomon IIkinacu à piendre place au bureau. «

M. Ca(;nat, en jjrcnanl le fauteuil de la présidence, prononce l'allocution suivante :

« Mj;s chkrs conkhkhes,

(f II n'est pas besoin de lonj,'ues phrases pour vous exprimer mes sentiments au momrnl je prends possession du fauteuil de la présidence; c'est, avant tout, une grande reconnaissance pour l'honneur que vous avez bien voulu me conférer et, j'ajoute, me conférer assez prémalinemenl. In coiiconis de circonstances fait que, dix ans seulement après être entré parmi vous, je suis appelé à dirif,'er vos travaux ; j'en concevrais quelque appréhen- sion, si l'appréhension n'était, ce me semble, une chose stérile. Je vous connais trop, d'ailleurs, jimir ne pas être assuré d'avance de votre bienveillant concouis : la consécration que quelques années de plus m'auraient apportée, votre l)onne grâce me l'octroiera; car nous formons une de ces républiques, comme il

SÉANCE DU .^^ JANVIKH lOUG 3

eu faudrait beaucoup en ce niouLle. l'on se vient muluel- lemeut en aide, notre politique étant laite tout entière d'estime, de cordialité et de déférence réciproque.

« Je dois aussi remercier, tle notre part à tous, notre prési- dent sortant, ^"ous savez avec quelle ponctualité il a accompli sa fonction; sauf pendant les quelques semaines il vous représentait au Congrès dWthènes et celles il se reposait je dirais des fatijrues de la présidence s'il ne devait traiter lui- même cette assertion d'exagérée il n'a pas manqué une de vos séances, léguant ainsi à son successeur un exemple auquel je saurai me conformer. \ ous savez aussi quelle fermeté, tempérée de tolérance, il a apportée à la direction de nos réunions: niéna- irer des battements de la sonnelle. iuiluli^ent pour les con\ersa- fions particulières institution reconnue nécessaire, n'est-ce pas? et leur faisant la part de liberté qu'on leur peut accor- der sans nuire sérieusement à nos travaux. Mais ce que quelques- uns de vous seulement savent, c'est l'activité et la décision dont il a fait preuve dans vos Commissions : avec son appui, sur ses incitations même, notre secrétaire perpétuel a pu, au début de la nouvelle administration, rompre avec de mauvaises pratiques trop longtemps admises et faire revivre des traditions de régu- larité dont vous sentirez, cette année même, les heureux eftets. A tous ces titres on peut dire que le consulat qui vient de prendre fin mérite notre gratitude.

u Je voudrais, mes chers confrères, terminer par un vœu. \oiis souhaiter une année exemple de toute contrariété et de toute peine, serait une vaine parole: car nous sommes hommes et nous devons toujours payer jiar quelque misère la rançon do notre humanité. Du moins puisse cette rançon être pour vous aussi légère que possible! Que les mois que je dois passer assis à cette place soient bons à vous et aux vôtres comme ils le seront, par vous, aux sciences que vous représentez ici! »

Le Secrétaire perpétuel communique à l'Académio une lettre dans laquelle le R. P. Delatlre, correspondant de rinslitut. sollicite une subvention pour la continuation de ses fouilles à Carthage et offre à l'Académie, pour le Musée du Louvre, un grand sarcophage récemment découvert.

Renvoi à la Commission Piot.

4 SÉANCE DU O JA.NVIEH 1906

M. Delisle communique les fac-similés des miniatures du {^raïul volume du Josèphe copié pour le duc de Berry et com- plété au temps de Louis \I par le célèbre |)eintre de Tours Jean Fouquet. (]es peintures, dont la communication est due à M. Warner, du Musée Britannique, sont tout à l'ail à ranger sur la même lig-ne que les plus célèbres pages de Fouquet. La publication doit en être faite par sir Richard Holmes, bibliothé- caire du roi.

Les miniatures dont il s'agit sont conservées au château de W indsor.

M. l'>lie Berc.kh, au nom de la Commission du prix Goberl, donne lecture de la liste des ouvrages adressés au concours.

Le SiîCRÉTAHii: l'Kiu'ÉTUKi. dounc com 111 II iiicat ion de la situation suivante des concours de l'Académie :

Pnix nnDiNAïKE fétude d'une période de l'histoire ancienne tlu Japouj : I mémoire.

AM'igi iTi':s DE L.\ France : '2',\ concurriMits.

Pui\ DiciiALMs numismatique du moyen âge) : 1 concurrent.

Piiix (niHi:i{T : "2 concnri'ents.

l*iii.\ Boudin Duvrages relatifs an moyen âge ou à la Henais- sance) : i concurrents.

Piux l''oi;i,i) iliisloirc des arls du dessin, : 1 concni'renl.

Piu\ 1)1(1 MT bibliographie! : U coiieini-cnls.

Prix Stamsi. \s ,Ii i.ikn ((uivrages relatifs à la Chine i : "2 concur- rents.

Piuv 1 )i I, \i vNm-CirKHiNi-: u' ! anti(|ui(('' classique : "2 concurrents.

Pi(i\ m; La (îr\N(;e : aucun concuri'enl.

l-'mx Saimix a , ouvrages relatifs a 1 Orienly : (') concurrents.

Piu\ An;. PiiosT ouvrages sur Met/ : 7 eoinnirents.

SÉANCE DU 5 JANVIER 1906 5

A la suite de cette communication , rAcadémie procède à la nomination des Commissions de prix.

Sont élus :

Commission du prix ordinaire : MM. Barbier de Meynard , Senart, Barth, Chavannes.

Commission du prix Duchalais : MM. de Vogiié, Schlumberger, Lonpnon, Babelon.

Commission du prix Bordin : MM. Delisle, P. Meyer, Schluni- berger, J, Lair.

Commission du prix Fould : MM. Saglio, Collignon, Babelon, Pottier.

Commission DU prix Brunet : MM. Delisle, de Lasteyrie, É. Picot, Omont.

Commission du prix Stanislas Julien : MM. Barbier de Meynard, Senart, Barth, Chavannes.

Commission du prix Delai.ande-Guérineau : MM. G. Boissier, Alfred Croiset, Bouché-Leclercq, Châtelain.

Commission du prix de La Grange : MM. Delisle, P. Meyer, Longnon, É. Picot.

Commission du prix Saintour : MM. Barbier de Meynard, Senart, Barth, Chavannes.

Commission du prix Prost : MM. d'Arbois de Jubainville, Lon- gnon, de La Trémoïlle, Lair.

^L Salomon Reinacii fait une communication intitulée : Pour- (fiioi Verciugétorix renvoya sa cavalerie (rAIési'a.

Vercingétorix, réfugié à Alésia avec 80.000 hommes, sachant qu'il n'avait plus de vivres que pour un mois, renvoya, au début du siège, toute sa cavalerie, qui comprenait encore plusieurs milliers de chevaux. Pourquoi ne garda-t-il pas ces chevaux pour en nourrir ses troupes? C'est que les Gaulois, comme la plupart

6 LIVRES OFFEHTS

des peuples de l'aiiliquité, n'étaient pas hippophages, même dans le cas d'extrême besoin. M. S. Reinach part de ce fait pour retracer l'histoire de l'hippophagie dans les temps anciens et modernes. Le cheval était quelcpielois mangé par les païens, mais seulement à la suite d'un sacrifice et à litre d'animal sacré. C'est pourquoi les papes prescriviienl à saint l>oniface, lorsqu'il évan- gélisail l'Allemagne au \ in'' siècle, d'interdire sévèrement l'hippo- phagie. Ce n'était pas une pi-nhihilinn d'ordre hygiénique, mais d'ordre religieux, comme celle de la viande de porc chez les Sémites; il s'agissait d'abolir des repas sacrificiels qui entrete- naient, autant que le culte des idoles, les superstitions les |)Ius tenaces du paganisme.

M. Ci.i:itMi)XT-(j.\.NM;Ai ajoute (pielques observations.

L1\HKS OFFKRTS

M. IIi'iioN m: \ ii.i.KFOSsi; présente à l'Académie. ;ui nom de M. CamilU' .Iidliaii, professeiuaii Collège di' Franco, le n" XXVIIl de ses Notoft (jallo-roinninea ie\\.v. de la Boruo tles ('-liidi's miciennca, llKliii.

L'auteur cheiclie à prouver (pie les Celtes, nienlionnés par Héro- dote, hahitaieiil non au Sud, mais au Nord des Pyrénées, et très loin vei's le Nnid.siii- l()c('Mn ( icriiiaiii(|n(>, dniis la (•('■;^i»m des Ilvpcilio- réens d'Lurope, celle de l'ambre et celle de l'Eridan. Ce mémoire est suivi d'une (!lironi(/ne r/.illo-roinnine sont paS)Sées en i'<'vue, ra|)i- dcinonl mais avec une pari'aile connaissance (k' chaque (pieslion, les publications les plus récentes sur nos antiquités nationales. De Met/ ;"i Miiisciljc cl ilr liic de ( iordoiian ii \,i rlioimc, ricii n'a échap|)é à la vifrjlaiilc iitifiition du savant correspondiiiil de l'Académie.

M. IIîjioN m: \'ii,i.i:i-ossE dépose ciisuili' sur le bureau, ;hi nom de M. Ku^'^riif l.ciVx i('-PontaIis . direcleur de la Société française dar- clié()l()j;ic, un volinne intiluh' : Coiii/n'-x .irchi'nlnr/if/iie de France^ I.XXl' session Icniir ;ni l'in/ en I i)() i il'aris, in-S", .">99 p.tj^'es et l'i(> planches ou ligures .

Ce volume, admirablinii-iil illustré cl icinpli de icnseignements

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LIVRES OFFERTS 7

intéressants, est certainement un des plus considérables qui aient été publiés depuis la fondation des Congrès archéologiques de France. Le moyen âge y occupe naturellement la première place. Il sera désor- mais dilTicilo de parler de la cathédrale du Puy, du château de Poli- gnac, de la Chaise-Dieu ou des églises de Chamalières-sur-Loire, de Chanteuges, de Saint-Julien de Brioude, pour ne citer que les plus importantes, sans tenir compte des observations faites par les spécia- listes qui assistaient au Congrès du Puy et sans consulter leurs Ira- vaux. La difficulté des communications dans la région accidentée qui correspond à l'ancien Velay avait jusqu'ici rendu les investigations assez laborieuses et découragé peut-être quelques bonnes volontés. La réunion du Puy a ranimé l'esprit de recherches; elle a fait naître de bons mémoires sur les œuvres d'art existant encore dans cette partie de l'Auvergne, sur les souvenirs religieux et artistiques conservés dans les vieilles églises de la Haute-Loire; elle a fait sortir des archives plusieurs documents rappelant de précieux objets disparus ; aucune branche de l'archéologie n'a été laissée de côté. Les peintres et les orfèvres du Puy ont trouvé leurs historiens; les célèbres tapisseries de la Chaise-Dieu, les peintures murales du Velay, les cloches, les sculptures, les reliquaires de la province ont été étudiés avec soin et signalés d'une manière particulière à l'attention des érudits et des artistes. La période romaine est repré- sentée dans ce volume par un mémoire de M. J. Déchelette sur les bas-reliefs gallo-romains du musée de la cathédrale du Puy. Malgré leur exécution fort médiocre, ces sculptures méritaient d'être mises en lumière : elles appartiennent à la série des « poursuites d'animaux ». Les décorateurs romains avaient une prédilection pour les représen- tations de cette nature : le même sujet se retrouve, avec des variantes plus ou moins développées suivant l'espace à remplir, sur les frises monumentales des grands édifices, sur les pavages en mosa'ique aussi bien que sur des objets mobiliers, vases en bronze ou pièces d'argen- terie. Ces animaux lancés au galop, se poursuivant ou se combattant, étaient employés comme ornements décoratifs, ou bien, réunis à des figurines humaines, apparaissaient dans des scènes de chasse. Cer- tainement les bas-reliefs du Puy ne sont pas antérieurs au m" siècle de notre ère ; ils ont la même provenance que les inscriptions romaines de cette ville ; ils ont été apportés au Puy et sortent des ruines de l'ancienne capitale des Vellavi, l'antique Ruessio , aujour- d'hui Saint-Paulien.

L'activité scientifique de M. Lefèvre-Pontalis a introduit dans les Congrès de la Société française d'archéologie un esprit nouveau. Son dévouement en a fait un centre de recherches méthodiques; il y a

8 SÉANCE Di: 12 JANVIER 1906

créé une sorte d'école (inut il est le véritable chef, où, sans se lasser, il apporte la bonne parole, il se multiplie pour répandre et faire Irioniphcr la véritable doctrine archéologique.

SÉANCE DU 12 JANMER

PRESIDENCE DE M. K. (:A(;NAT.

M. Senaht, au nom de la Commission Benoît Garnier, donne lecture du rapport suivant :

« La Commission Benoît Garnier propose à l'Académie d'accorder une subvention de 3. (KM) IVants à la mission saha- rienne de M. Motylinsky, la moitié devant être versée immédia- tement sur les reliquats disponibles du fonds (iarnier, et l'autre moitié payable lors de l'échéance (hi trimestre d'avril.

(( Elle propose, dautre part, pour mettre à exécution les intentions manifestées précédemment par l'Académie, de verser immédiatement sur les disponibilités une somme de 5.000 francs pour la mission Pelliot , au Turkeslan. cl de réserver pour le môme objet une somme de 7. ()»»() francs sur les échéances les plus prochaines des arréra};i^es. »

Les propositions de la Commission sont adoptées.

>L IIkhon de Villefosse communique un rapjiort du B. P. Delattre sur les fouilles de Carthage '. Il s'a},nt de la découverte faite dans les premiers jours de novembre 1905, d'un énorme sarcophage en marbre blanc, rehaussé de dorures et de peintures, mesurant "J"' 75 de longueur. Le couvercle est orné sur chacun de ses grands côtés de onze acrotères recouverts de couleur bleue. Sur les deux IVoiilims appar;iil an milieu des i1n(s bleus el entre deux dauphins, une représentation peinte de Scylla, ailée, brandissant une sorte do nia<sue : de- chiens hurlant s'élancent

1 . Vnii' fi-après.

SÉANCE DU 12 JANVIER 1906 9

de ses flancs. Le corps du défunt reposait dans un cercueil en bois décoré aussi de peintures et de dorures qui était placé au fond' de la cuve en marbre blanc. Ce beau sarcophage a été déposé au musée de Saint-Louis en attendant son transport au musée du Louvre auquel le R. P. Delattre s'est empressé de FollVir par l'intermédiaire de TAcadémie.

yi. Babelon communique et commente une monnaie grecque nouvelle qui porte le nom d'Hippias, le tyran d'Athènes expulsé en l'an 511 avant notre ère.

M. Thomas attire Tattention sur une liste de noms d'animaux due à Polemius Silvius, auteur latin dont on ne connaît qu'un seul ouvrage composé en Gaule en 449 et dédié à l'évêque de Lyon Eucherius (saint Eucher). Cette liste, que Mommsen a publiée deux fois (en 1857 et en 1892), mais en laissant aux lexicographes le soin de la commenter, comprend 480 mots dont un cinquième environ est encore inexpliqué. M. Thomas signale l'emploi par Polemius Silvius d'une vingtaine de termes qui fournissent l'étymologie de mots français, provençaux ou ita- liens actuellement vivants, notamment CHinox (le chamois), dar- pus (la taupe, dite dans le Sud-Est de la France darhoii), gains (le geai), lacrimiisa (le lézard gris, dit en provençal moderne lagremuso, larmuso, etc.), marisopa (le marsouin, dit marsoiipe sur les côtes du Poitou), mus monlanus (la marmotte), plumhio (le plongeon), sofia (l'ablette, appelée à Lyon soife, en Provence so/î), taxo (le blaireau ou taisson). Bien que l'ouvrage de Pole- mius Silvius ne nous soit parvenu que dans un manuscrit du xii*' siècle, il n y a pas lieu de considérer ces mots, si intéressants au point de vue étymologique, comme provenant d'interpola- tions postérieures au v'' siècle.

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COMMUNICATION

r.E PLUS GRAND SARCOPIIAfiE

TROUVÉ DANS LES NÉCROPOLES PUNIQUES DE CARTHAGE,

CAIl [,E R. P. DELATTRE. CORRESPONDANT DE l'aCADÉMIE.

Dans les premiers jours de novembre, lexploralion de la colline voisine de Sainte-Monique nous conduisait à Tang-le sud du plateau inférieur. En suivant le rocher, nous arri- vâmes, dans une partie du terrain très en pente vers la mer et d'un accès difficile, à l'orifice d'un puits de plus grande dimension que de coutume. L'ouverture rectangulaire, paral- lèle au rivag-e, tout voisin, mesurait 3 mètres sur I '" 30 de largeur. Comme toujours, le puits est rempli de terre et de sable. En le déblavant, on rencontre d'abord dans une des grandes parois, h 3 mètres de profondeur, une niche rectangulaire remplie de terre , puis on arrive' au sommet d'une chambre de forme irrégulière. Le plafond en partie et peut-être toute la chambre elle-même avec son contenu , semblent s'être ell'ondrés dans une chambre inférieure. On continue le déblaiement et on reconnaît la présence d'un mur construit avec de gros moellons et de la terre, presque entièrement renversé dans la chambre. C'est un bouleverse- ment complet. Tout s'y rencontre un peu pêle-mêle.

Le 10 novembre, au fur cl à mesure que le déblaiement se poursuit, on aperçoit une grande chambre toute remplie de pierres, de sable et de morceaux de rocher, l^^lle est située à \) '" 30 de profondeur dans le puits; elle mesure intérieurement 2'" 8(j de lon'''ueur sur 2'" 40 de lar-ieur.

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Un plan et des coupes en ont été exécutés par M. Elie Blonde) . architecte.

On trouve d'abord une amphore cylindrique de forme

LE PLUS GRAND SARCOPHAGE TROUVÉ A CARTHAGE 11

particulière, à larg-e orifice ', des urnes à queue, des am- phores en forme de sac, à anses tordues, comme toujours remplies de cendres et de menus morceaux de charbon, plu- sieurs ossuaires en pierre calcaire de forme ordinaire. Un de ces ossuaires renfermait, au-dessus des os calcinés et brisés, un miroir de bronze qui n'avait pas entièrement perdu son poli.

Au terme de la journée de travail , on met à découvert une acrotère de marbre de g^rande dimension qui révèle la présence d'un énorme sarcophage. Je fais aussitôt dégager le fronton du couvercle. Celui-ci n'a pas moins d'un mètre de largeur. Lacrotère supérieur a sa face colorée en bleu. Il en est de même des rampants du tympan qui renferme un sujet. Au premier moment, je ne distingue que le torse d'un personnage ailé. Sur le couvercle, je remarque un A isolé, haut de 0'" 05, tracé en rouge. Mais la nuit arrive et il faut remettre au lendemain l'exploration complète de la chambre et le dégagement du sarcophage.

La matinée du il fut employée à déblayer la chambre. On constate d'abord la présence de plusieurs cercueils et encore celle d'ossuaires. Au fond de l'hypogée, dans la paroi à gauche, une niche à peu près rectangulaire, longue de 0'" 9o, haute de 0"^ 75 et profonde de 0'" 30, ne renfermait que des ossements calcinés. Egalement au fond, suivant l'axe même de la chambre, à 0"' 85 au-dessus du sarcophage, on voit, comme encastré dans une niche, un ossuaire en calcaire, de forme soignée et rare; la cuve est ornée d'une double moulure et le couvercle est garni d'acrotères à ses angles, imitant en somme les grands sarcophages.

On constate encore la présence de corps déposés dans des cercueils à droite et à gauche de l'énorme cuve de marbre. Ces diverses sépultures étaient accompagnées de

1. Haute de 0™ S8, cette amphore était à demi remplie de cendres mêlées à de minuscules débris d'os calcinés et de vases de dilTérentes formes avec une monnaie et un petit morceau de bronze.

12 LE PLUS GRAND S XPXOPHAr.F: TROIVÉ A CARTHAGE

leurs mobiliers funéraires, formant un ensemble considé- rable. J'en donnerai l'inventaire à la lin de mon rapport.

Enlin le couvercle apparaît dans toute sa longuenr cpii est de 2 '" 7.'». Sa larjj^eur est de plus dun mètre. Aux deux extrémités de l'arête faîtière, l'acrotère dépasse de beau- coup en importance , ceux de tous les autres sarcophages découverts précédemment. Le lonj^^ de chaque o^rand côté, on compte onze acrotères. Ceux des quatre anj^les sont de o^randeur moyenne, les autres sont un peu plus petits. Tous ces acrotères ont pour support une bande en léguer relief, larj^e de 0 '" 10, encadrant complètement le couvercle. C'est contre la saillie de cette bande que se lit la lettre A, à droite de l'acrotère antérieur central. Coinnu' celui-ci. tous les autres conservent des traces de couleur bleue. Ils devaient être décorés chacun dune palmette.

Ce magnilique couvercle est fendu en deux parle milieu '. Il recouvre une cuve colossale , de forme rectan<?ulaire en beau marbre blanc sans veines, tellement bien poli (pi il a conservé son velouté. Cette cuve mesure extérieurement 2'" 68 de lonfj^ueur, l mètre de lar«(eur et II'" '.Mi de hauteur: la moulure (pii l'entoure en haut et en bas était peinte et dorée. Cette décoration, comme pour les autres sarco- phag-es, se compose d'oves et de rais de cceur.

La cassure du couvercle, quoique très rei,n'ettable, nous facilita l'ouverture de cette riche sépulture. La partie anté- rieure est levée avec précaution , puis amenée en avant à l'aide de rouleaux et enfin complètement enlevée.

La cuve mesure intérieurement 2'" X\ de lont^ueur, ()'" 71 de larf^eur et 0'" (SS de profondeur. Ainsi que le couvercle, elle porte comme point de re{)ère la lettre A tracée en roug^e. Ce vaste récii)ient funérain- paraît jiresque vide. 11 renferme cependant les restes d'un squelette, à peine recon-

1. C.cilc cassur»' a se produire au uioiiieul do la mise eu place. r:ir les (Jeux parties ue peuvent se rejoindre exactement.

LE PLUS GRAND SARCOPHAGE TROUVÉ A CARTHAGE 13

naissables au milieu des lambeaux d'un cercueil de bois réduit en poussière et dont on aperçoit, tombées à leur place respective, les quatre poig-nées de bronze. L'ensemble de ces restes olFre un aspect tout à fait singulier. Leur couleur, au lieu d'être noire ou brunâtre , comme il arrive d'ordinaire quand on ouvre un tombeau, est d'un bleu clair très accen- tué, avec des points de couleur roug-e-pourpre et beaucoup de parties dorées. A la hauteur des épaules du mort appa- raissent de larges disques en or. Il semble évident que le cercueil était richement décoré de peintures et de dorures. Peut-être même était-il sculpté et ofîrait-il l'image de la personne défunte, comme les couvercles anthropoïdes de marbre et de bois déjà rencontrés dans la même nécropole. Du côté des pieds, la paroi verticale du cercueil avait tou- ché le marbre du sarcophage, et son décor, composé de tons rouges et bleus, s'y était en partie décalqué.

Les minces débris de bois et les rares ossements couvrant le fond de la cuve formaient à peine une épaisseur de 3 à 4 centimètres. Cette couche tranchait avec les parois du marbre très habilement bouchardé et conservant toute sa blancheur ' .

Le cadavre avait été déposé sur le dos, mais le squelette était presque entièrement réduit en poussière. Il ne restait plus du crâne que l'os frontal. Il semble avoir appartenu à une femme. Seuls, quelques os des jambes avaient con- servé leur forme. J'ai pu recueillir un tibia et deux péronés. Un des péronés porte une soudure défectueuse révélant que cette Carthaginoise s'était cassée la jambe et ne faisant pas honneur au médecin qui dut sans doute soigner la fracture.

Lorsque je voulus enlever les deux disques d'or signalés plus haut, je constatai de simples couches d'or appliquées sur un enduit ayant vraisemblablement recouvert les orne-

1. A la hnuleur de l'épaule gauche, une partie de la paroi du sarcophage était couvei'te dune ctïlorescence nitreuse d'un blanc de neige.

14 LK PI,US GRAND SARCOPHAGE TROUVÉ A CARïHAGE

ments sculptés du cercueil. Ce sont en ell'et des niascarons offrant les traits d'un visag-e à ample chevelure '. Le reste de l'or, ({ui apparaissait. à travers la poussière d'ossements et les lambeaux de bois, avait à peine la consistance des feuilles d'or (ju'emploient nos décorateurs modernes.

En rassemblant pour le tamisag-e le contenu si peu con- sidérable de cette sépulture, au lieu de trouver de la pous- sière sèche ou sim|)lemL'nt humide, c'est une pâte g-rais- seuse et gluante qu'il faut enlever. Aussi les mailles du tamis ne laissent rien passer. Il faut avoir recours au lavage pour trouver les menus ()l)jets dont le cadavre avait été accompagné.

Cette opération terminée, nous constatons que le mobi- lier funéraire intérieur se composait en tout d'un jietil

grenat suspendu à un lil d'or-, d'un objet en j)l(»mb ayant la forme d'une patte de poule, dune b;tgue en ambre et enfin d'un anneau sigillairc en or fouri'é. Le nu'-tal siivant d'àme à l'enveloppe d'oi- piii-aif avoii- éU'- di' 1 aigi-nl. En tout cas. il s'est oxydé et, imi augmentant de volume, il a complè- tement déchiré son enveloppe. Celle-ci est déchifjuetée et tordue comme si elle avait éclaté sous l'action violente d'un explosif. Dans une partie de lanneau, 1 argent oxyde et

1. Le taniisiijic roiirnil ciioorc des drlu'is de deux aiilros inas((ucs dorés. Le couvercle du cercueil devait donc en porter quatre.

2. Dis(jue i\ d(Hil)lc face con\exe de " millimètres de diamètre.

LE l^LLS GRAND SARCOPHAGE TROUVÉ A CARTHAGE

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boursouflé forme groupe autour de lor. Le chaton, cerné dans sa monture d'or, est une cornaline, de forme elliptique, à face plane et à revers convexe. Sur le plat, la gravure représente une Neplitis, les ailes étendues en avant, lune levée, l'autre abaissée. Elle lève une main et de l'autre cachée par l'aile, elle tient une fleur de lotus. Nous avons déjà rencontré cette déesse gravée de la même façon sur une bague toute en or. Ici elle est accompagnée de carac- tères puniques de forme très archaïque. M. Philippe Berger la croit beaucoup plus ancienne que le sarcophage et que la personne dont elle ornait le doigt. Pour ce savant, l'inscrip-

tion a été gravée en hébreu primitif et il la traduit : .4 Joab. Après avoir vidé complètement le sarcophage, je fis tirer en avant la seconde partie du couvercle. Je pus ainsi exa- miner à loisir la peinture du fronton postérieur qui ofTre le même sujet que le» tympan antérieur. C'est la nymphe Scylla, aux ailes étendues le corps transformé en dragon à partir des reins d'oîi semblent sortir et sélancer deux chiens noirs. Entre les chiens, on aperçoit les jambes d'un per- sonnage. La nymphe, émergeant d'une ligne de flots bleus ',

1. Cette ligne ondulée de flots bleus était très apparente sur le fronton antérieur au moment de la découverte. On n'en voyait rien sur le IVonton postérieur dessiné par le marquis d'Anselme.

()

].E l'I.LS (;UAM) SARCOPHAGE TROUVÉ A CARTHAGE

lève et étend la main gauche . tandis que de la droite elle tient une sorte de sceptre ou branche de couleur rouge. Dans le champ, à droite et à gauche, deux dauphins naj^ent vers Scylla.

Cette belle peinture rehaussée d'or a été copiée sur place par le marquis d'Anselme , avant qu'elle ne disparaisse plus ou moins sous l'influence de l'air et par lellet des tré- j)idations inévitables de l'enlèvement, de la montée el du transport.

(^artlia^f. Fronton poslcrieiir du sani>|)liaj,a'. (La nj^niplic Scylla.)

Xous avons déjà rencontré plusieurs fois Sevlla sur les fidiiliins (le nos couvercles de sarcophages d épocpie carlha- o'iiioise. l.un (l'cux TollVc iiiriiii' en sciil|)(ure. Trois ehiens sortent de ses l'eins, mais elle n'a j)as d ailes et 1 o])ji'l qn elle jjorte dans la in;iin a la forme d une boule.

L énni'mc couverclf du sai'copliage (pic nous xcnons de li-()UV(M\ oll're sa |)arlic iiilnnc é\i(l(''c suivant des plans

LE PLUS GRAND SARCOPHAGE TROLVÉ A CARTHAGE

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1906.

18 Li: l'LLS i.l'.AMJ SAHCOPIIAGE TUOLVÉ A CARTIIAGE

coupés très réj^uliers. Les lignes de rencontre sont admi- rables de netteté et de précision. Toute cette partie du cou- vercle , comme les parois intérieures de la cuve, ont été bouchardées avec beaucoup de soin. C'est un travail de marbrier fort remarquable.

Le lundi 13 novembre, je fis enlever le bel ossuaire placé dans la paroi du fond, au-dessus du sarcophag'e. L'opéra- tion eut lieu en présence du 1)'' Dézanneau , d'Angers. Ce médecin assista à l'ouverture et constata avec moi la pré- sence d'ossements calcinés et brisés, sans la moindre inlil- tration de sable, mais aussi sans l'ombre d'un objet funé- raire, ni miroir, ni fiole, ni grains de collier, ni amulettes, ni monnaies.

Pour extraire l'énorme pièce de la chambre et du puits, ainsi que pour la transporter à Saint-Louis, il fallut laire venir de Tunis tout un matériel spécial. La .sortie de la cuve eut lieu le Hi. Plusieurs photographies exécutées par mon confrère, le P. Vellard, donneront une idée de l'opé- ration. Une des vues permet de lire la lettre A dans l'inté- rieur du sarcophage.

On fit ensuite glisser la Inurde cuve sur la pente de la colline jus({u'au chemin bordant la mer. .le ne di'crirai pas les ditlicultés du transport, .le dirai seulement (ju'après plusieurs essais infructueux de traction à l'aide de chevaux et de mulets, nous réussîmes, avec cinq paires de bœufs, à mettre en mouvement le chariot chargé du sarcophage et à l'amener d'abord [)ar un étroit sentier. [)uis à travers un champ fraîchement labouré et ensemencé , et enfin par le chemin encaissé et tout raviné contre la batterie de Bordj- Djedid, jus(pi":i la route carrossable. Ensuite, les bœufs le trainèren( tiaii((iiilleinent jus(prà la colline de B\'rsa il fut placé au milieu du terre-plein nui précède la chapelle Saint-L(»uis. Lii , le colos.sal sarcophage fait grand effet et peut être facilenuMit examiné par les visiteurs. .\ côté de cette belle jjièce (|ui étonne par ses dimensions, les

LK PLUS GRAND SARCOPHAGE TROUVÉ A CARTIIAGE 19

grands sarcophages trouvés précédemment paraissent bien petits.

J'ai dit au début de cette note (pie plusieurs morts avaient été ensevelis au-dessus du grand sarcophage. A côté des coffrets qui contenaient les os calcinés, à côté des amphores renfermant les cendres, et près des cercueils dans lesquels on avait déposé des cadavres, on rencontra un mobilier funéraire très varié. En voici l'inventaire rapide :

Céramique. Dix-huit urnes à queue, deux amphores à base conique portant chacune une longue inscription pu- nique en partie effacée; un vase cylindrique, forme d'obus.

Onze lampes bicornes et leurs patères, six lampes de forme grecque, dix unguentaria, sept vases plats avec anses horizontales, cinq fioles à anse, quatre petits récipients en forme de marmite, un vase-biberon, une belle coupe noire à anses avec dessin en blanc sur le fond intérieur, une autre

coupe et une coupelle de même fabrication, un brûle-parfum, un fragment de statuette, trois balles de fronde, un morceau d'amphore portant une ancre longue de ()"' 10 tracée à la pointe sèche et une anse d'amphore estampillée d'une marque

circulaire renfermant trois caractère s puniques : A^U à

moins qu'il ne faille lire : A^^.

Or. Trois anneaux à spires, un pendant d'oreilles, un globule avec anneau de suspension, une bague sigillaire, avec chaton sur monture mobile. Le chaton est une amé- thyste portant comme gravure Isis et Ilorus sous la figure d une vache allaitant son veau. En avant de la vache, on voit un bouquet de papyrus composé de trois tiges. Sur le

20 LE PLUS GRAND SARCOPHAGE TROUVÉ A CARTIIAGE

dos de la hèle, se dressent sept tiges, trois plus grandes, alternées au milieu des quatre autres.

A côté du sarcophage colossal . on trouva encore deux pendants d'oreille en or et deux hagues d'enfant, dont une avec chaton hlou en pâte de verre.

Arfjent. Un étui à amulettes et un grain de collier.

Bronze. Trois miroirs, deux hagues dorées dont une non oxydée porte gravé un coq fièrement dressé sur ses pattes; trois anneaux à houcle, huit goupilles, deux petites anses, deux applicjues , (juatre clous, deux rivets et enfin cent quarante monnaies. Jai fait décaper quelques-unes de ces pièces. Elles offrent les variétés suivantes :

Les plus grandes de 0 "• 02 de diamètre portent sur la face la tête de Perséphone et au revers le huste de cheval. Dix de ces monnaies pèsent ensemhle oO gr. .">.

Les plus petites, de 0'" 016 de diamètre, offrent d'un côté la même tête de Perséphone et de 1 iiulrc \v cheval dehout, tourné à droite, le flanc devant un palmier. (Jualre de ces monnaies pèsent ensemhle 12 gr. ri.

Une toute petite monnaie de 0'" 01.") de diamètre, jior- tanl au revers le cheval galopant à droite, pèse 5 gr. 4.

Plotnh. Un petit [)lat et deux hoîtes à lartl avec leur couvercle.

Fer. Une lame de coutelas, une paire de ciseaux, deux

slrigiles el Ir^is clous.

Ivoire el o.s. (>inq osselets, trois disques, deux

LIVKES OFFERTS 21

cylindres, un chevalet d'instrument à cordes, un manche d'outil et une amulette.

Divers. Dix-huit amulettes (uraeus, épervier, cynocé- phale, Oudja, Bès, Horus, etc.), deux pastilles de verre, une douzaine de grains de collier, presque tous en pâte de verre , sauf deux en cornaline ' et un en pierre rose , un g-rain en forme de cœur ou de petite amphore avec lien de suspension en or ; un pecfen avec charnière en argent, un cauri, un morceau de soufre, un autre de matière noire et brillante, treize cailloux arrondis, dont deux assez gros, un moyen et dix petits.

Tels sont les objets recueillis à côté des divers défunts qui ont rejoint dans la tombe la Carthaginoise, sans doute une prêtresse puisque sa dépouille mortelle reposait dans un double cercueil de bois polychrome et de marbre éga- lement décoré de peintures. Un tel luxe de sépulture indique assurément une personne que l'on tenait à honorer jusque dans la mort.

LIVRES OFFERTS

M. ForcART offre à rAcadémio lo volume des Môlaiiga^ Nicole, de la part de M. Ed. Xaville, président du Comité, correspondant de llnstitut.

M. Brkal offre à l'Académie, au nom de l'auteur M. Paul Sébillol , Le folk-lore de France (Paris, 190.'), in-8") :

« La mer et les eaux douces. » Tel est le titre de ce second volume qui égale, et peut-être dépasse encore en richesse, le premier. Le sujet était bien familier à l'auteur, qui avait déjà publié les Contes

1. Disques de 0" 016 de diamètre, à double face con\ exe, percée d'un trou au centre.

22 SÉANCE DU 19 JANVIER 1906

populaires de ht Haiile-Bretayne , les Contes des landes et des grèves. les Légendes, croyances et superstitions de la mer, et plusieurs autres livres d'un contenu analogue.

« Grâce à M. Paul Sébillot,qui réunit et résume toutes les publica- tions du même genre, et qui y ajoute beaucoup de son propre fonds, la France aura bientôt le livre de folk-lore le plus abondant, le mieux ordonné et le plus afjréable à lire. Il fournira de précieuses indica- tions et suggérera des idées non seulement à Thistorien et au mytho- logue, mais au romancier et au poète. »

M. Léger présente le huitième volume de Yllistoire de la Société des sciences de Varsovie, par M. Alexandre Kraushaar (Cracovie. 1906, in-8°). Ce volume termine cet important ouvrage dont M. Léger a déjà signalé l'intérêt dans les Comptes rendus et auquel il a consacré un article dans le Journal des Savants (année 1903).

SÉANCE DU 19 JANVIER

PRESIDENCE DE M. R. GAGNAT.

M, Gagnât lit des passages d'une lettre adressée au Président de rAcadéniie par un jeune élève de première du petit sémi- naire de Grasse. Gehii-ci a copié à Tourrettes-Levens, commune des Alpes-Maritimes, une inscription romaine. » Tout récemment, écrit-il, sur une colline qui porte le nom de colline de Tevel ou de l'Abadie, un propriétaire, en train de planter une vigne, a retiré d'une profondeur de '2 mètres environ une pierre bien taillée, de forme carrée et plate, dont les côtés mesurent 80 centimètres, portant sur une de ses faces, en caractères bien tracés et faciles à lire », les mots suivants :

CAIO CLEME^^IS•F CLEMR^^I•ERACONIS•F PVRLiOCLEME>l ISF

SÉANCE DU 19 JANVIER 1906 23

VECTiNIA EN IMANVI F COIVGI ET FILEIS-ET POSILA-aVARTA-aVI^A PATRI-ET-FRATRIBVS B M

Cette inscription nous fait connaître toute une famille du pays : un homme Glemens , fils d'Eraco, avait épousé une femme nommée \'^ectinia, fille d'Enimanuus. De ce mariag^e étaient nés cinq enfants, deux fils ("aius et Publius, trois filles Posila, Quarta, Quinta.

De l'inscription elle-même il n"y a rien à dire, sinon à noter le mot fileis qui doit peut-être être corrig-é en filieis. Les noms sont romains à l'exception de ceux des g-rands-pèi'es paternel et maternel. Au sujet de ceux-ci, notre confrère, M. d'Arbois de Jubainville, a bien voulu m'écrira :

« Je ne sache pas avoir jamais rencontré ces noms d'homme. Mais le g-énitif Eraconis semble aussi possible que les génitifs Eracohi\ Eraqiiei ^ . Quant à Enimanui, eni- est premier terme de plusieurs noms composés'^; le second terme manui peut être rapproché de Manaw, nom gallois de l'île de Man ^, du nom propre féminin Manu [ = Manô), AaÛî Manuni (= Manôni) '% et du nom d'homme Manus''. Mais que signifient tous ces mots? Je l'ignore.

« M. Whitley Stokes suppose un celtique primitif manuos , «unique», identique au grec aôvo;, ionien aoîvo? = "aôvpo;^. »

L'Académie ne peut que remercier son jeune correspondant de s'être souvenu qu'il existait à Paris un corps savant dont les inscriptions sont le domaine otliciel. C'est un bon exemple qu'il donne à de plus âg'és que lui.

1. A. Holder, Altceltischer Sprachschatz. t. I, col. 1457.

2. Ibidem, col. 1438, 1439.

3. Ibidem, l. II, col. 621.

4. Ibidem, t. II, col. 412.

5. Ibidem, col. 413.

6. Urkeltischer Sprachschatz, p. 208. Cf. Prelhvitz. Etymologisches Woerterbuch . 1" édition, p. 203: [xàvo;, p. 190. serait pour uâv^o;. Mavo; veut dire mince).

24- si-;\.\(.K 1)1 !*.> .iANvii:r. IIIOH

M. FoucAKT lit une note de M. VA. Na ville, correspondant de l'Académie, sur le dieu de l'oasis d'Ammon '.

M. Hei/ev fait observer, à propos du monument étudié par M. Naville, que les cous des deux animaux fij^urés sur les palettes sont plusieurs fois plus hauts que ces animaux eux-mêmes et que de plus ils se recourbent pour se croiser plusieurs fois, comme les ser[)ents dans le caducée de Mercure. Dans ces condi- tions il ne peut y voir que des animaux fantastiques, des pan- thères à cou de serpent. 11 semble aussi à M. Ileuzey que le godet sculpté au milieu des palettes est trop peu profond pour avoir servi à renchâssemenl d'un symbole central.

Il est procédé à la nomination d une Commission de six membres pour examiner dilTérentes propositions relatives à l'in- terprétation du rèfîlement.

Sont élus : MM. Delisle, Ileuzey. H;ii-I)ii'i- de Meynard, Senart, Héron de Villefosse, Lair.

M. I)1<i';ai. a la parole pour une communication : « M. l>iéal avant observé que dans diverses langues le même mot signilie 1" corde, '2" /in. nipiirochc le latin /iiiis de [unis, en les rattachant tous les deux au grec r/fJi\i'j^. C'est pro- bablement le corfleau de l'arpenteur cpii a donné naissance à ce doublet. »

MM. S. KiiNAcii. il'AHiiMis ui- JruMwii.i.r: et L. IIavit pré- sentent à ce sujet quelques observations.

M. Babei.iin annonce que la Commission du |in\ Duchalais (numismaliipie du moyen âge est d'avis i|u'il n y a |)as lieu de décerner le prix celte année.

M. S. Hkinacu coniniuuique à l.Académie des photographies de scul|)tures anti(|ues du .Musée de Boston, rapportées par M. Mugène d'Kichlal, membre de l'.Académie des sciences morales et politicpies. (Juelques-unes de ces sculptures méritent le nom de chef-d'o-uvre.

1 , \'<iii- ci-iiprès.

LE i)ir:r dk l'oasis dk .irpriER ammon 25

L'Académie se forme