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JOURNAL
CONCHYLIOLOGIE
PUBLIÉ SOUS LA DIRECTION DE H. CROSSE ET P. FISCHER.
3e série. — Tome XXe.
VOLUME XXVEELI.
A PARIS, CHEZ .H. CROSSE, RUE TRONCHET, 95.
1880
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3: Série. — l'oume XK. — N0 1.
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L'ÉTUDE DES MOLLUSQUES VIVANTS ET FOSSILES, Publié sous la direction de H. CROSSE et P. FISCHER. der Pi QC mn) ECA T He \ ss Us
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A PARIS,
CHEZ H. CROSSE, RUE TRONCHET, 25.
Dépôt à Paris, chez M. F: Savy, 77, boulevard Saint-Germain. — à Londres, chez MM. WiLLiams et NORGATE, 4, Heurietta-Street, Covent-Garden. — à Edimbourg, chez MM. WiLLiams et NORGATE, 20, South-Frederick-Street.
1880
VIENT DE PARAITRE
INDEX GÉ: AL ET NINTÉNATIQUE
\ * MATIÈRES
Contenues dai. vingt premiers volumes JOURNAL £ CONCHYLIOLOGIE 1850-1872
Un volume in-8 de 208 pages d'impression, comprenant la table
- des articles contenus dans les volumes I à XX et ja tabie, par
ordre alphabétique, des Familles, Genres, Sous-genres et Espèces de Mollusques décrits ou cités dans ces volumes.
EN VENTE ACTUELLEMENT AU BUREAU DU JOURNAL, RUE TRONCHET, 25.
Prix : 8 francs.
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OUVRAGES NOUVEAUX Beitrag zur Kenniniss der Fauna Mexicanischer Land- und Süsswasser-Conchylien. Unter Berücksichtigung der Fauna angrenzender Gebiele. Von HERMANN STREBEL. — Partie IV. — Hambourg, 1880, chez G. I. Hergsr. — Fascicule in-4 de 112 pages d'impression, accompagné de xv planches noires, dont vi sont photographiées.
Manual of Conchology structural and systemalic. With il- Justrations of the species. By GeorGe W. Trxon Jr. — NOIRE partie 1. Philadelphie, 1880, chez l’auteur, Academy of Natu- ral Sciences, Cor. 191h and Race Streets. Fascicule in-8° de 64 pages d'impression, accompagné de xx planches, dont xm sont coloriées.
Nomenclator Heliceorum viventium in quo continenlur nomina omnium hujus Familiæ generum et specierum hodiè cognitarum disposila ex affinitate nalurali. Opus posthumum Lupovia Prerrer, D'*., ed.S. CLessix. — Parties 1 à 6. — Cassel, 1878-1879, chez Th. Fiscer, éditeur. 4 Fascicules in-8°, comprenant 6 parties el romposés de 384 pages d'impression.
JOURNAL
DE
CONCHYLIOLOGIE.
4° Janvier 1880.
La Faune malacologique du Maroe en 1880, PAR À. MORELET.
Dans le préambule d’un livre fort estimable sur la Faune malacologique des îles Canaries, l’auteur, M. Mous- son, dit que, en Histoire naturelle, il convient de s’ar- rêter de temps en temps sur la route, pour s'orienter et pour se rendre compte du point où l'on est arrivé. Ce sentiment, que je partage, m'a déterminé à étudier, avec un soin nouveau, les différents travaux qui ont été publiés sur le Maroc, afin de les réunir en un seul qui fixera le point où nos connaissances s'arrêtent aujourd’hui.
L'Histoire naturelle s’appuie sur la Géographie qui lui ouyre les voies et lui facilite les accès. La reconnaissance du sol et des moyens de communication précède effecti- vement toujours les entreprises du naturaliste. Quelque- fois, cependant, les deux sciences marchent du même pas ; mais on peut être sûr que, partout où les lumières de la première n’ont pas pénétré, la seconde est également dans l'ombre. Voilà ce qui explique comment un pays aussi
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rapproché de nous que le Maroc n’a payé, jusqu'ici, qu’une contribution presque insignifiante aux sciences naturelles. À l'exception d’un petit nombre de documents, sans cohésion et sans ensemble, sur la Flore et la Malacologie du pays, et de quelques observations géologiques, limitées au littoral dela Méditerranée, on ne sait rien sur cette contrée plus vaste que la péninsule hispanique. C’est que la géographie du Maroc est encore dans l’enfance ; nous n'avons guère que des données sur les points les plus essentiels ; nous ignorons jusqu'aux noms des cours d’eau, jusqu'aux noms des montagnes ; la côte mème qui nous regarde, entre Melilla et Tétouan, sur un développement de 350 kilomètres, nous est à peu près inconnue, en sorte que les cartes, construites avec des matériaux insuffisants - ou surannés, tantôt puisés dans les écrivains arabes, tantôt dans les rapports des indigènes, sont dépourvues de toute autorité.
L'obscurité qui règne sur cette contrée est tellement profonde, qu’un savant, qu’on ne saurait taxer de légèreté, a pu croire à l'existence d’un lac traversé par l’'Oued Draha, trois fois grand comme le Léman et animé par le mouve- ment d’une navigation florissante (1).
La grande chaîne de l’Atlas, avec ses ramifications, forme le trait principal de la configuration du pays, au Maroc comme en Algérie. Mais, ici, les montagnes attei- gnent une élévation beaucoup plus considérable, car elles dépassent 5,400 mètres, tandis que, en Algérie, les plus grandes altitudes sont d'environ 2,500. C’est à peu près la hauteur des Pyrénées, et la limite des neiges perpé- tuelles, à cette latitude (2).
(1) Renou, Descript. géogr. de l'Empire du Maroc, p. 366. (2) La Sierra Nevada, près de Grenade, mesure 3,553 mètres, et le Mitsin, dans l'Atlas du Maroc, dont l’altitude a été détermi-
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Mais une autre particularité géographique encore plus considérable, qui distingue le Maroc de l’Algérie, c’est que le premier des deux pays, outre les deux versants mé- diterranéen et saharien, possède, sur une longueur de 200 lieues, un versant atlantique. Il est incontestable que cet élément nouveau doit exercer une certaine influence sur les productions de la contrée, en y introduisant plus de diversité. |
Linné ne paraît pas avoir connu de coquilles terrestres ou fluviatiles du Maroc. Les premiers types de cette Faune, et, peut-être, les plus remarquables, furent publiés, pour la première fois, dans le vaste recueil de Martini et Chem- nitz. [ls provenaient des environs de Mogador qui était alors la place maritime la plus commerçante de l’empire. Soixante ans s’écoulèrent sans amener de nouvelles dé- couvertes : le Maroc était fermé, comme l'Algérie avant notre conquête. Et, en effet, avant la publication de Mi- chaud, qui parut en 1853, on ne connaissait à peu près rien de ce dernier pays, quoiqu'il fût plus accessible, sous la domination des Turcs, que le Maroc ne l’est, de nos jours. Les voyages de Shaw, de Desfontaine, Peyssonel, Poiret, etc., en offrent le témoignage. Ce fut par l’effet du hasard qu’un nouveau représentant de la Faune maro- caine parvint, au bout d’un aussi long intervalle, en Europe. L’Helix Dehnei, trouvée dans un sac de gomme arabique, laissa, pendant longtemps, les conchyliologistes indécis sur sa véritable patrie. La question a été tranchée par le voyage de MM. Fritsch et Rein dont Mousson a publié les résultats. Mais, quoique ce mollusque vive en grande abondance au Maroc, il est probable que le premier individu
née, en 1830, par M. Washington, 3,475. La limite des neiges perpétuelles, sous le 34e parallèle, peut varier entre 3,600 et 3,700 mètres, altitude du Pic de Ténérifre.
RE que l’on a connu n’en venait pas : les circonstances de la - découverte permettent de supposer que l’espèce s’est pro- pagée bien au-delà dans le Sud. On peut citer encore l'Helix subdentata que l’on a cru, sur la foi de Férussac, originaire de Perse, et qui habite, en réalité, la partie méridionale du Maroc, jusqu’à la hauteur du cap Noun, et, peut-être, même au-delà.
Le premier voyage dont la Conchyliologie ait tiré quel- que fruit, dans ce pays d’un difficile accès, est celui de M. Coquand, qui visita, en 1846, la côte septentrionale du Maroc, pour en étudier la constitution géologique, et pour examiner les gîtes métallifères des provinces de Tanger et de Tétuan. Ce fut pendant son séjour dans le Rif que ce savant recueillit quelques coquilles, qui furent publiées, en 1854, dans la Revue zoologique de la Société Cuviérienne. La plus curieuse de ces coquilles, égarée pendant trente: ans dans un Musée de province, figure, dans cette Notice, sous le nom d’Helix Maroccana.
Quelques années plus tard, un autre voyageur, M. Tar- nier, également animé de l’amour des sciences naturelles, se rendit à Tanger dans le but d’explorer la province. Malheureusement, presque au début, un accident sérieux, qui mit sa vie en danger, le contraignit à regagner la France. On lui doit la découverte de l’Hélice qui porte son nom.
Le court séjour que M. Lowe fit accidentellement à Mo- gador, dans un de ses nombreux voyages aux îles Madère, dont le dernier eut une issue si fatale, mérite de nous arrêter plus longtemps : 18 espèces terrestres et d’eau douce furent le fruit de ses investigations, qui portèrent de 9 à 27 le chiffre des espèces connues d’une manière authentique ; 5, seulement, étaient nouvelles. M. Lowe à publié, sur ces coquilles, un Mémoire très-soigné et fort
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intéressant qui parut, en 4860, dans les Proceedings de la Société Linnéenne de Londres. Il distingue, chez l’H. pla- nata, deux formes, qu’il nomme, l’une acutangula, l'autre obtusangula (H. erythrostoma, Philippi). toutes deux avec ou sans fascies. Il croit reconnaître, en outre, V'H: caperata dans une coquille retrouvée, plus tard, en Algérie, et nommée H. Colomiesiana par M. Bourgui- gnat. Peut-être n’avait-il pas tort, car la différence ne consiste guère que dans l’accentuation plus prononcée des stries, et l’on rencontre, au sud du Portugal, de véri- tables caperata (H. codia, Bourguignat), qui se rappro- chent beaucoup de la forme marocaine par leur costulation, ainsi que par leur développement.
Le Bulimus Paivæ, que Lowe a considéré comme une espèce nouvelle, n’est, bien évidemment, qu’un exemplaire de grande dimension du decoliatus de Linné. L'auteur s’est condamné lui-même en citant, en synonymie, la variété major, signalée par Pfeiffer, dans le second volume de sa Monographie. Cette forme, dont M. Crosse a donné une description et une figure, se rencontre, en Algérie comme au Maroc, associée à une autre, plus petite et plus grèle, qui ne diffère nullement des spécimens de l’Archipel et de la Syrie. Enfin, je ne pense pas que l’auteur ait été bien inspiré lorsqu'il s’est efforcé, par une analyse minutieuse, de ramener à un type unique les différentes Mélanopsides qu’il avait observées au Maroc. On sait très-bien que ces coquilles sont assez variables pour que l’on puisse, à la rigueur, les rattacher les unes aux autres, au moyen de formes transitoires, peut-être dues à l’hybridation ; mais, s’il existe des individus douteux, dont la classification présente quelque incertitude, on ne peut méconnaitre le caractère distinctif des masses dont les éléments sont as- sociés par un ensemble de traits communs. La Notice de
as Love est traitée avec beaucoup de conscience et de soin; elle mérite d’être lue par tous ceux qui s'occupent de la Faune barbaresque.
L’exploration la plus importante, au point de vue ma- lacologique, qui ait été faite dans l’empire du Maroc, est celle de MM. Fritsch et Rein, en 1872. Munis d’un firman de l’empereur, ces savants pénétrèrent dans l’intérieur du pays, et suivirent la route qu’avaient frayée, en 1867, notre compatriote Balansa, et, en 1870, le D' Hooker, tous les deux botanistes. Les matériaux recueillis pendant le cours de ce voyage, de Maroc à Mogador, et de Dar-el- Beida à Rabat, ont fourni à M. Mousson l’occasion de publier une excellente Notice où l'on trouve, pour la première fois, quelques vues d'ensemble sur la Faune Marocaine, envisagée dans ses rapports avec celle des con- trées voisines.
M. Mousson conclut, des éléments soumis à son appré- ciation et des faits précédemment acquis, que cette Faune ne saurait être considérée comme une création ori- ginale, mais qu’elle doit être envisagée comme .le déve- loppement géographique de celle du bassin méditerranéen, et, plus particulièrement, des Faunes de l'Algérie et du midi de l'Espagne. Aucune espèce ne se rattache aux types des îles Madère et Canaries; aucune modification transi- toire, même dans le Sud, ne sert de passage aux formes de l'Afrique tropicale qui sont totalement différentes. Ces conclusions sont confirmées par les observations que j'ai pu faire moi-même sur des matériaux plus complets; elles concordent, d'ailleurs, avec celles des bo- tanistes.
En 1874, le D' Bleicher, chirurgien dans l’armée d’A- frique, fut attaché à la mission diplomatique qui, sous la direction de M. Tissot, se rendit de Tanger à Mékinez.
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Les études géologiques, qui constituaient le principal ob- jet poursuivi par M. Bleicher, ne l’empêchèrent point de recueillir quelques coquilles, dont la liste a été publiée par M. Paladilhe, dans la Revue zoologique de l’année 1875.
Cette Notice est bien pâle, à côté des travaux précé- demment cités, mais, enfin, elle fournit un nouveau contingent à la Faune du Maroc, si difficile et si lente à établir. La plupart des coquilles qui y sont mentionnées ou décrites ont été ramassées dans les alluvions de la Souani , sorte d’estuaire alimenté par un faible ruisseau, aux portes de Tanger, en sorte qu’elles étaient plus ou moins frustes et décolorées. Leur nombre s’élève à 36, dont 14 peuvent être considérées comme des acquisitions nouvelles ponr la Malacologie du pays. La plus remarqua- ble est celle qui porte le nom du voyageur, et qui appar- tient au groupe de l’Helix lactea. Quant aux considéra- tions que l’auteur fait découler de son sujet, je ne crois pas nécessaire de m’y arrêter bien longtemps. Le rappro- chement qu’il s'efforce d'établir entre la Faune malacolo- gique du Maroc et celle de la Syrie n’est qu’un jeu d'imagination. Il est prouvé, par l'étude de la Flore, qui est beaucoup plus avancée que celle dont nous nous occu- pons, que les affinités, au Maroc, se produisent suivant la longitude, et nullement en raison de la latitude; d’où cette conclusion , admise depuis longtemps parmi les géologues, que la Méditerranée n’a occupé toute l’étendue de son bassin actuel que postérieurement à la distribution des êtres, telle qu’elle existe à notre époque.
Je ne quitterai pas M. Paladilhe sans relever le système adopté, dans son œuvre, en matière de synonymie, système qui consiste à changer le nom d'auteur, chaque fois qu'une espèce change de genre. Cette méthode, con-
TA 12 er damnée par tous les bons esprits, est un véritable anachro- nisme. Les botanistes l’auraient abandonnée depuis long- temps s'ils n'avaient reculé devant l’œuvre immense d’une réforme; les entomologistes, plus courageux, l'ont entreprise depuis quelques années el la mèneront bientôt à terme.
Le voyage du D’ Bleicher est le dernier ; mais d’autres efforts ont été tentés pour accroître la somme de nos connaissances, et l’on doit mettre au premier rang ceux de M. Beaumier qui rendit aux sciences naturelles et géographiques des services inappréciables, lorsqu'il était consul à Mogador. Enlevé par une mort prématurée aux fonctions qu’il remplissait si dignement, il a mérité que les regrets des savants se mêlassent à ceux de ses amis, car les uns et les autres ont fait en lui une perte irrépa- rable.
Il serait injuste d'oublier M. Bourguignat, dont le grand ouvrage sur la Malacologie de l'Algérie se recom- mande surtout par la beauté de l’iconographie. L'auteur énumère 60 espèces, quelques-unes contestables, qui vivent sur le sol du Maroc. Ce chiffre est porté à 115 par M. Letourneux, dans la Revue des sciences naturelles (Montpellier, 4876). A la vérité, on voit figurer sur cette liste, absolument dépourvue de critique, les genres Trun- catella et Littorina, ainsi qu’un certain nombre d'espèces condamnées par les meilleures aulorités ou qui n’ont jamais été publiées. 11 y aurait donc à retrancher el à ajouter sur ce Catalogue qui dénote, chez l’auteur, une connaissance fort incomplète de la matière.
Je n’ai pas tenu compte, davantage, de l’Index de Beck, où sont mentionnées plusieurs coquilles du Maroc, sans aucune phrase caractéristique qui permette de les recon- naître. Il m'a paru sans intérêt de chercher la solution
Les din d'un problème qui, d’après les règles établies, ne saurait affecter la nomenclature.
Je termine cet avant-propos par l'énumération som- maire des points de l'empire de Maroc qui ont été explo- rés, au profit de la Malacologie, afin que l’on puisse ap- précier.ce qui est fait et ce qui reste à faire.
La frontière orientale n’a fourni qu’un petit nombre de Mollusques qui ont été recueillis dans la vallée de l’Isli, aux environs d'Oudjda et au Chott de Tigri. Les plus re- marquables sont les Helix Maresi et Mograbina.
La zone méditerranéenne, plus accessible et plus fré- quentée, a produit un contingent beaucoup plus considé- rable, car il équivaut presque à la moitié de la Faune. A la vérité, la majeure partie se compose d'espèces euro- péennes ou algériennes. Les points qui ont été visités, sont Melilla, Tétuan et Tanger jusqu’au cap Spartel. C’est peu sur une étendue de cent lieues.
La zone atlantique a été visitée sur un plus grand nombre de points. Nous possédons des données suffisantes sur Rabat, Dar-el-Beïda, Saffy, Chyst et Mogador ; enfin, nos connaissances, dans le Sud, se sont étendues jusqu’au Sous indépendant et même à l’Ouad Noun, grâce aux efforts persévérants de M. Beaumier, qui, par l’intermé- diaire des indigènes, obtint, non sans difficulté, des co- quilles d'Agadir, de Hir et du Tézaroualt, pays dont l'accès est interdit aux Européens. Nos renseignements s’éten- dent donc aujourd'hui jusqu’au 29° degré, latitude un peu plus basse que celle du Caire. Mais, pas plus qu’en Egypte, on ne rencontre ici, parmi les Mollusques Ter- restres, le plus léger vestige de la Faune tropicale qui ne se montre guère, des deux côtés de l’Afrique, qu’à la hauteur du 20° parallèle, au Sénégal et au Sennàr. Toutes
les espèces recueillies dans l’Ouad Noun se retrouvent aux environs de Mogador.
On peut se demander comment s’opère, à travers le désert, le passage entre les deux Faunes : probablement par transition, comme on le voit au Sennär où quelques espèces du Nord, s'étant avancées dans le Sud, se trouvent aujourd’hui mêlées à des formes méridionales. Le Sahara n’est point une [barrière infranchissable ; il est revêtu, par places, d’une végétation herbacée, quelquefois même ligneuse, qui peut suffire à des animaux capables de sup- porter un long jeûne. L’Helix Dehnei, trouvée dans un sac de gomme arabique, semble offrir uu exemple de pro- pagation dans le Sud; d’autres espèces du Nord ont pé- nétré jusqu’en Abyssinie, d'après les observations consi- gnées par M. Blanford, dans son Mémoire sur la géologie de la contrée.
L'intérieur du Maroc ne nous est connu, au point de vue de la Malacologie, que par le voyage de MM. Fritsch et Rein, de la ville de Maroc à Mogador, et par celui du D'Bleicher, de Tanger à Mékinez; les résultats se bornent à une douzaine d'espèces, dont neuf n’ont point été rencontrées sur les côtes.
Cet aperçu montre clairement que la Malacologie, jus- qu'ici, n’a recueilli que des lumières éparses, sur quelques points isolés du Maroc, et que l’ensemble de la contrée lui échappe. On ne sait rien des lacs, et peu de chose des rivières ; l'Atlas est à peine effleuré, et de vastes provinces comme le Gharb, le Tafilet, le Guezoula, pays monta- gneux où l’eau et les forêts abondent, demeurent couvertes d’un voile impénétrable. Les voyageurs, en outre, peu familiarisés avec la recherche des Mollusques, ont négligé les petites espèces qui sont généralement les
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plus nombreuses, et certains genres, représentés en Algérie, n’ont pas encore été retrouvés au Maroc, où, probablement, ils existent. Je crois donc que l’on demeu- rerait bien au-dessous de la réalité en supposant, avec M. Mousson, qu'un tiers de la Faune nous est déjà connu. La Botanique, favorisée par des investigations plus direc- tes, peut nous fournir une base d’évaluation approxima- tive, ou, au moins, un indice. Ainsi, la Flore compte déjà 1500 plantes, et l’on estime qu’elle dépassera celle de l'Algérie qui en comprend un peu plus de trois mille. Cette richesse, qui est le résultat de la diversité des expo- sitions et des altitudes, doit s’étendre à la Malacologie. Il serait téméraire d'en conclure, tout en repoussant comme trop faible, l'évaluation de Mousson, que la Faune suivra la même progression que la Flore; mais on peut être fixé, dès à présent, sur son caractère, et décider qu’elle ne s'écarte pas, dans son développement régulier, des Faunes de l'Algérie et de la péninsule hispanique.
LIMACIDÆ. 4. G. ARION. 4. Arion (species).
Je me borne à mentionner cette Limace, sans hasarder un nom spécifique qui consacrerait peut-être une erreur. Il suffit de constater que le genre Arion, dont on n’a si- gnalé qu’une seule espèce en Algérie, est également re- présentée, au Maroc, sous une forme différente. Un seul individu, conservé dans l'alcool, a été rapporté par
M. Grasset, du cap Spartel. Il ressemble beaucoup à notre Arion hortensis.
II. G. Micax.
2. Milax gagates. Limax gagates, Draparnaud, p. 195, t. 1x, f. 1, 2.
Montagnes de Tétuan, Bourg., Malac. Alg., IL, p. 318. Cap Spartel (Grasset).
IIT. G. GEOMALACUS.
3. Geomalacus Numidicus.
Letourneuxia Numidica, Bourguignat, Moll. nouv., p.301, D'xx sv. 57:
Il ne paraît nullement prouvé que ce Limacien soit dépourvu de la glande des Geomalacus, auxquels il se rattache par tous les caractères de son organisation, d’au- tant plus qu'entre le pied et le bord postérieur du man- teau on remarque une excavation où ces glandules mucipares peuvent se loger. La question demeure donc douteuse, car il est difficile de statuer avec certitude d’a- près des sujets conservés dans l'alcool et, par conséquent contractés, comme ceux qui ont servi bien évidemment à la création du genre Letourneuxia. {Voir la figure.) Il est donc prudent, avant d’adopter cette coupe nouvelle, d'attendre qu'une observation faite sur le vivant vienne confirmer les appréciations de l’auteur. L'espèce a été rapportée, par M. Grasset, du cap Spartel.
IV. G. PARMACELLA.
4. Parmacella Deshayesi.
Parmacella Deshaysu, Moquin-Tandon, in Act. Soc. Lin., Bord., 1848, p. 261, t. x, f. 5.
Vallée de l'Isli, Bourg., Malac. Alg., IE, p. 318.
— 17 = Atlas Marocain, Mouss., in Jahrb. Malak. Ges., I, 1874,
”
P- 5. Cap Spartel (Grasset).
5. Parmacella dorsalhs.
Parmacella dorsalis, Mousson, in Malak. Blätt., 1874, p. 149.
_ _ _— in Jahrb. Malak. Ges.,
10748. a, te, F1
Cette espèce, créée sur des individus plus ou moins dé- formés, d’après l’aspect de leur limacelle, peut être con- sidérée comme douteuse, ce rudiment testacé étant trop variable pour fournir une base de détermination solide. Il serait donc utile que l'appréciation de M. Mousson fût confirmée par un examen plus complet, avant que ce Limacien prenne un rang définitif dans la faune du Maroc.
Habite avec la précédente.
V. G. TESTACELLA.
6. T'estacella bisulcata.
Testacellus bisulcatus, Risso, Hist. nat.,iV, p. 58. Cap Spartel (Grasset). VE. G. SUCCINEA.
7. Succinea debilis.
Succinea debilis, Morelet, in Pfeiffer, Mon., IV, p. 841. Tanger. Bourg., Malac. Alg., Il, p. 518.
Et HELICIDÆ.
VII. G. Heuix.
Sect. 1. — Pomatia. 8. Helix aperta. Helix aperta, Born. Mus., p. 507, t. xv, f. 19-20.
Melilla. Bourg., Malac. Alg., IT, p. 519. Tétuan. Coquand in Bull. Soc. géol., 2° sér., IV, 1846, p. 1246.
9. Helix aspersa. Helix aspersa, Müller, Verm., IT, p. 59.
Tanger. Bourg., Malac. Alg., Il, p. 519. Rabat, Mouss. in Jahrb. Malak. Ges.,], 1874, p. 87.
10. Helix vermiculosa (PI. IF, f. 5).
Helix vermiculosa, Morelet, in Journ. Conchyl., 1874, W'ÉTN
Je compléterai par quelques développements la descrip- tion sommaire que j'ai donnée de cette Hélice dans le tome XXII du Journal de Conchyliologie.On peut la com- parer, jusqu’à un certain point, à l’Helix Mazzullii, bien qu'elle soit plus petite et plus globuleuse. Le premier tour de spire est presque lisse, d’un blanc livide, et tou- jours marqué d’une petite tâche violâtre, au sommet. J'ai observé cette particularité sur plus de cent individus. Les tours suivants sont sillonnés de petites côtes fines et pres- sées qui, sur le dernier, deviennent flexueuses, s’anasto- mosent et donnent à la surface une apparence réticulaire. Le fond de la coquille est un fauve terne et sale, ou un blanc jaunâtre ocracé, avec de larges fascies, plus ou moins foncées, souvent confluentes, quelquefois effacées
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en partie ou en totalité. Il arrive aussi que ces zones se dédoublent ou se changent en zigzags, sur le dernier tour. Le caractère particulier de cette ornementation c’est sa grossièreté toute barbaresque. L'ouverture, au contraire, d’un blanc de porcelaine brillant et immaculé, contraste avec la rusticité du dehors. Cette cavité est arrondie, avec un péristome très-net, réfléchi sur le bord columellaire, où sa dilatation produit une légère fente ombilicale. Les individus jeunes ne montrent aucune trace de perforation.
L’Helix vermiculosa a été recueillie sur les collines du Tézaroualt, aux environs de Hir, dans le Sous indépen- dant (Beaumier).
Sect. 2. — Macularia.
11. Helix vermiculata. Helix vermiculata, Müller, Verm., p. 20. Tanger et tout le littoral méditerranéen du Maroc. Bourg., Malac. Alg., IL, p. 519.
42. Helix lactea.
Helix lactea, Müller, Verm., IL, p. 19.
La coloration du péristome varie d'intensité chez cette Hélice suivant les lieux qu’elle habite. On sait combien cette coloration est intense dans le midi de l'Espagne, au Maroc et aux Canaries, tandis qu’elle s’affaiblit à mesure que l’on s’éloigne de l'Atlantique. Y a-t-il là une relation ou une simple coincidence ? Dans ces conditions, les cas d’albinisme sont d'autant plus remarquables et l’on en trouve des exemples au Maroc. Ainsi, dans la province d'Ahmar, où la couleur dominante de l’H. lactea est un blanc sale, généralement sans fascies, avec une ouverture d'un brun marron foncé, on rencontre des sujets d’un blanc immaculé. Je ne connais qu’une localité, située au
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sud-ouest d'Oran et nommée Aïn-bou-Hhadjar, où l’albi- nisme ait pris un caractère de race. Tous les individus sont d’un blanc pur et répondent ainsi, par exception, au nom que Müller a donné à l’espèce. Cette coquille est commune sur le littoral des deux mers.
135. Helix Lucasi.
Helix Lucasii, Deshayes, in Fér., Hist., [, p.129, t. xcvi, f. 8-12.
Pfeiffer ne reconnait pas de différence spécifique entre l’Helix Lucasi et l’'H. lactea (Mon. INT, p. 199). Il est cer- tain que les deux espèces ont, entre elles, une ressem- blance frappante. Chez la première, toutefois, la spire est toujours moins convexe, le péristome moins épaissi et le bord columellaire moins arqué. Ce test offre aussi, dans sa contexture, nne notable différence ; il est finement gravé, sans la moindre rugosité, en sorte qu’il brille d’un éciat qui n’appartient pas à sa congénère. La disposition des fascies, souvent interrompues d’une manière régulière, n’est pas non plus la même ; enfin, l'H. Lucasi n'offre. à ma connaissance, aucun cas d’albinisme. Il faut ajouter que l’H. lactea est répandue depuis le Maroc jusqu'aux extrémités de l'Algérie, tandis que l’autre espèce, beau- coup plus limitée dans son expansion, se rencontre uni- quement dans les parages de l’ouest. On la trouve en abondance autour de Mazagran et à l'embouchure de la Macta ; au Maroc, elle habite les environs de Tanger (Grasset), et la route qui conduit de cette ville à Mékinez. (Palad. in Rev. zool. 1875, p. 81).
14. Helix punctata. Helix punctata, Müller, Verm., II, p. 24. Sidi Merzoug. Bourg., Malac. Alg., Il, p. 319.
LL, que
Route de Tanger à Mékinez. Palad., in Rev. zool., 1875, p. 79.
15. Helix Rerayana.
Helix Rerayana, Mousson, in Malak. Blätt., 14874, 152. —_ — Mousson, in Jahrb. Malak. Ges., I, 1874, p. 87, t. iv, f. 4. _ Kobelt, in Rossm., IV, p. 4, t. xcviur, f. 978. — — Pfeiffer, Mon., VII p. 341 et 385.
B minor, castanea, 5-fusciata, punctis albescentibus prœcipue subtus conspersa. — Diam. maj. 37; min. 28; altit. 22 mill.
L'animal est épais, comme l’annonce l’ampleur de sa coquille, d'un gris de fer foncé et uniforme. Le derme, très rugueux, est couvert de granulations ovales, assez saillantes, et d’une nuance plus claire. Le sillon dorsal est à peine distinet ; enfin, les palpes labiales sont larges et très-développées.
La variété diffère du type par sa taille et par sa couleur. Elle est brunâtre en dessus, avec cinq fascies plus foncées, et d’une nuance fauve en dessous, avec une ponctuation très-dense, d’un blanc jaunâtre.
Cette Hélice a été trouvée sur les collines plantées d'oliviers, dans la vallée de Reraya, à des hauteurs de 900 à 1200 mètres (Mousson), et dans la province de Demnate, à deux ou trois journées de la ville de Maroc (Bgaumier).
16. Helix Bleicheri.
Helix Bleicheri, Paladilhe, in Rev. zool., 1875, p. 80, LAND EL
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Cette coquille, comme la précédente et ainsi que la
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suivante, se rattache d’une manière intime à l’'H. lactea ; néanmoins, elle en est distincte et peut être considérée comme une bonne espèce.
Route de Tanger à Mékinez (Palad.) ; collines de Ja pro- vince d’Abda (Beaumier).
17. Helix Tingitana. Helix Tingitana, Paladilhe, in Rev. zool., 1875, p. 78, t. vi, f. 4-6.
Il existe déjà une H. Tingitana de Beck (Ind. p. 14) ; mais l’auteur n’a fourni aucune explication qui permette de reconnaître son espèce, en sorte que le nom est légi- timement acquis à celle de M. Paladilhe.
Nous n’avons d'autre indication locale que la route de Tanger à Mékinez.
18. Helix Dupotetiana. Helix Dupotetisana (Var. Zaffarina), Terver, Cat., p.12, t. 1, f. 4-6. — Lapharina, Bourguignat, Malac., Alg., I, p. 119, pl. x; fig. 8. Melilla (Bourg.) 19. Helix xanthodon.
Helix xanthodon, Anton, in Rossmässler, IX, Icon., p. 6, f. 565, 1839.
Oudjdah, sur la frontière du Maroc et de l'Algérie. Bourg., Malac. Alg., Il, p. 319. $ 20. Helix odopachya.
Helix odopachya, Bourguignat, Malac. Alg., I, p. 442, pl. xiv, fig. 17, 1864.
Cette Hélice, qui m'est inconnue, et qui paraît être
és pr bien voisine de la précédente, provient du chott de Tigri.
21. Hehix Maresi, Crosse.
Helix Tigri, Gervais, in Journ. Conchyl., VE, p. 189,
t. V1, f. 5, 1857.
— Maresi, Crosse, Journ. Conchyl., X, p. 154, avril 1862.
— Tigriana, Bourguignat, Paléont. Alg., p. 55, t. 1, f. 4-5, 1862.
— Tigriana, Bourguignat, Moll. nouv. et lit., p. 6, t.1,f. 4-8.
Le nom de Tigri, donné à cette curieuse coquille, ne saurait être maintenu, de l'avis de tous les conchyliolo- gistes. Rien de plus choquant, en pareille matière, que l'emploi d’une dénomination géographique, sous la forme d’un substantif. M. Crosse l’a très-bien fait sentir dans une note du Journal de, Conchyliologie (1862, p. 154), et il s’est cru autorisé à remplacer le nom de Tigri par celui de Maresi, en l'honneur du savant à qui l’on doit la découverte de l'espèce. La modification proposée par M. Bourguignat valait peut-être mieux, parce qu’elle avait le caractère d’une simple correction et qu’elle rap- pelait le nom primitif; mais elle est d’une date posté- rieure, et les règles de la nomenclature ne permettent pas de l’adopter. On doit à ce dernier conchyliologiste d’ad- mirables figures de l’Helix Maresi, ainsi que des H. Das- tuguei et Burini, qui ne sont, bien évidemment, que des variétés de la première.
Le chott de Tigri, où l’espèce a été rencontrée, appar- tient au territoire du Maroc. La localité paraît être fruc- tueuse pour les conchyliologistes ; mais elle est peu sûre, l'autorité des Etats limitrophes se faisant à peine sentir, à cette extrème limite.
OR
99, Helix Beaumieri.
Helix Beaumieri, Mousson, in Malak. Blätt., 1874, p.155.
— — Mousson, in Jahrb. Malak. Ges., I, 1874, p. 89, L. 1v, fig. 5.
— — Kobelt, in Rossmässler, fig. 1124.
_— — Pfeiffer, Mon. Helic., VII, p. 541 et 583.
Le nom de cette coquillé rappelle le souvenir d’un homme de bien qui, sans être naturaliste, animé du seul désir d’être utile, a rendu, pendant son séjour au Maroc, des services inappréciables à l'Histoire naturelle. Indé- pendamment de la Conchyliologie, qui lui doit de pré- cieux matériaux, recueillis sur des points inaccessibles aux Européens, la Botanique lui est encore redevable d’une grande partie des éléments qui ont permis d'établir, dans ces dernières années, une flore approximative du Maroc.
Le type de l’Helix Beaumieri mesure, d’après M. Mous- son, 24 millimètres de diamètre, sur 15 de hauteur; mais on rencontre des individus beaucoup plus petits, dont le grand diamètre se réduit à 18 millimètres, et d’autres, beaucoup plus grands, dans le Sud : leur dimension est de 50 millimètres, sur 26, et de 17 millimètres de hau- teur. Le type provient de la vallée d’Ourika, sur la route de Mogador à la ville de Maroc; la variété major, du Téza- roualt, dans la partie montagneuse du Sous.
23. Helix Atlasica.
Helix Atlasica, Mousson, in Malak. Blätt., 1874, p. 155. — — Mousson, in Jahrb. Malak. Ges., I, 1874, p. 94, t. 1v, fig. 7. = — Kobelt, in Rossm., fig. 1120-25.
IR — Helix Atlasica, Pfeiffer, Mon. Helic., VIE, p. 542 et 585.
L'auteur compare cette coquille à l'H. marmorata, en avouant qu’il a été tenté de les réunir. Les caractères difté- rentiels qui les séparent sont, en effet, bien faibles : même taille, même aspect, même coloration et même ornemen-- tation, si ce n’est que le péristome n'offre pas cette légère teinte rosée qu’on remarque chez l'Helix marmorata, L’unique différence réside dans les premiers tours de la coquille qui, chez l'H. Atlasica, ne se détachent pas d’une manière aussi nette, la suture étant moins profonde, en sorte que la spire paraît plus homogène. Le test est, en même temps, plus mince, plus poli et plus brillant.
Habite la vallée de Reraya, à 1,200-1,500 mètres d’al- ütude.
24. Helix prædisposita.
Helix prædisposita, Mousson, in Malak. Blätt, 1874, p. 154. _— _— Mousson, in Jahrb. Malak. Ges., I, : 4874, p. 92, €. 1v, fig. 6. — — Kobelt, in Rossmässler, p. 180. — — Pfeiffer, Mon. Helic., VIF, p. 552 et 84.
Cette coquille est considérée, par M. Mousson, comme intermédiaire entre les Helix Massylæa et Rerayana. Elle a été recueillie, à l’état subfossile, dans les travertins de la vallée de Reraya. Comme ces formations ne sont pas très-anciennes et qu'elle se continuent de nos jours, il est permis de supposer que l'espèce vit encore dans la contrée.
Seet. 3. — Tachea. 25. Helix Coquandi (PI. I, fig. 4).
Helix sylvatica, Morelet, in Journ. Conchyl., 1855, p. 138.
LEONE
Helix Coquandi, Morelet, in Rev: Zool., 1854, p. 618. — — Mousson, in Jahrb. Malak. Ges., 1, 1874, p. 87. — — Paladilhe, in Rev. Zool., 1875, p. 82.
a unicolor, alba vel pallide straminea.
B albidu, fasciis pellucentibus 3-5 cingulata, vel strigis obliquis penicillata.
y lutescens, fascia unica peripheriali.
d' rufescens, fasciis 5 integris vel interruplis notata.
e albida, fasciis castaneis, confluentibus late cingulata.
n carnea, albo marmorata, etc.
À peu près à l’époque où M. Coquand, professeur de géologie à la Faculté de Besançon, découvrait cette Hélice, au Maroc, je la rencontrais moi-même dans le midi de l'Espagne, aux environs de Malaga et de Tarifa. Elle habite donc les deux côtés du détroit. Rien n'autorise à croire qu’elle soit originaire de la péninsule Hispanique, d’où elle aurait gagné le Maroc, comme M. Paladilhe l’affirme gra- tuitement (Rev. Zool., 4875, p. 97). La colonie, alors, aurait bien prospéré, car l'espèce est plus abondante, plus variée et plus développée au Maroc qu’en Andalousie. Cette considération devrait conduire à des conclusions tout à fait opposées, s’il était sage d'émettre une opinion sur une question aussi obscure. |
L'Helix Coquandi n’est pas rare aux environs de Tanger : on Ja trouve souvent, morte, sur les bords de l'estuaire formé par l'embouchure de la petite rivière Souani (Blei- cher, Grasset). Mais, c’est aux alentours de la ville de Maroc qu’elle acquiert tout son développement et qu'elle offre le plus grand nombre de variétés (Coquand, Mousson).
Sect. 4. — Euparypha.
26. Hehx Pisana (PI. 1, fig. 2, 2 a). Helix Pisana, Müller, Verm., IE, p. 60.
L’Helix Pisana nous montre, sur la côte atlantique, à ‘la hauteur de Mogador, des races qui s’écartent sensible- ment du type et qui paraissent constantes. Le fait est d’au- tant plus remarquable que la forme banale existe aussi dans les mêmes parages, mais sur des points différents, par exemple, dans la vallée d’Ourika. A partir de Mo- gador, l'espèce devient plus solide, plus globuleuse, plus brillante en couleurs, comme l’a remarqué M. Mousson, qui avait été frappé de cette particularité. L'ouverture est plus arrondie, le péristome plus épais, et l'ornementation offre des dispositions nouvelles que l’on retrouve chez l’Helix Dehnei. Quelques individus monochromes sont d’un rose carnéolé, avec une teinte très-vive de carmin, à l’intérieur. Mais la variété la plus remarquable par sa colo- ration, c’est celle des bords de l’Oued Tydsi, 24 kilomètres au sud de Mogador. Elle est blanchâtre ou d’un fauve pâle, avec des fascies brunes ou presque noires, confluentes et recouvrant entièrement la spire, sauf un mince filet blanc contre la suture, en sorte que la coquille, par le fait, est bicolore (Fig. 2).
Une autre variété également curieuse, ou plutôt une race, car elle est constante, a été recueillie dans le Téza- roualt, dépendance de la province de Sous. Celle-ci, tout aussi globuleuse, est beaucoup plus petite, car elle mesure rarement plus de 13 millimètres et se réduit souvent à 7 ou 8. Sur le fond, dont la nuance est blanchâtre, se des- sinent, avec plus ou moins de régularité, des zones inter- rompues ou des traits obliques, quelquefois articulés, assez
SPRL
semblables à des caractères d'écriture (Fig. 2 a). Cette va- riété rappelle celle des îles Alboran.
La particularité qu'offre l’Helix Pisana de revêtir des formes qui s’écartent sensiblement du type, quand celui-ci persiste dans les mêmes lieux (mais non sur les mêmes points), infirme les raisons sur lesquelles s’est appuyé M. Mousson, dans sa Révision des Mollusques des Canaries, pour créer un Helix geminata, dans des conditions analo- gues. Il existe des races parmi les Mollusques, comme chez les animaux d’un ordre plus élevé, c’est-à-dire qu’il y à des variétés constantes, qui se reproduisent avec les mêmes caractères, par la génération. C’est un fait avéré, dont il faut tenir compte, si l’on veut procéder avec quelque sécurité, dans l'étude des êtres organisés et éviter, autant qu'il est possible, l'arbitraire. J’ajouterai, pour justifier ce qui précède, que mes observations reposent sur l’exa- men de plusieurs centaines d'individus, provenant de localités différentes.
27. Helix Dehner (PI. IX, fig. 1). Helix Dehnei, Rossmässler, in Zeitsch. f. Malak., 1846,
p. 173.
— — Chemnitz, ed. nov., p. 250, t. xxxvi, fig. 22-94.
— — Reeve, Conch. Ic., t. cLxxv, fig. 1186.
— — Mousson, in Jahrb. Malak. Ges., F, 1874, p. 10.
L'origine historique de cette coquille est assez curieuse, car on sait qu'elle fut introduite en Europe dans un sac de gomme arabique, et qu'on ignora longtemps quelle était sa patrie. La conséquence que l’on peut tirer de ce fait n’est pas sans intérêt, relativement à l'extension de certaines formes méditerranéennes dans l'intérieur de
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l'Afrique. En effet, ce n’est guère que sous une latitude tropicale, c’est-à-dire entre 15 et 22 degrés au nord de l'équateur (du Cap Blanc au Sénégal), que croissent les deux sortes d’Acacia qui fournissent la gomme arabique. Il faut donc que l’Helix Dehnei existe dans les mêmes parages; la présomption est très-forte, à défaut d’obser- vation directe. C’est ainsi que l’Helix vestalis, la Corbicula cor, et même des valves d’Unio Ægyptiacus et d'U. Nilo- ticus se trouvent fréquemment dans les sacs de fèves qui nous.arrivent d'Egypte.
Du reste, cet exemple de propagation ne serait pas isolé, car on voit, sur la côte opposée, plusieurs petites coquilles qui appartiennent aux régions tempérées, et pénètrent jusqu’au sein des montagnes de l’Abyssinie. Pfeiffer cite l'Ambrette qui porte son nom (Mon., HE, p. 8), et Blanford, la Succinea amphibia, le Pupa umbi- licata, et une Hélice, trouvée à Antalo, sous le 10° degré, qui se rapproche tellement des Helix variabilis et mari- tima, que ce savant, par un sentiment de prudence, s’est abstenu de lui donner un nom (Observ. on Geology and Loology, p. 476).
L'Helix Dehnei est voisine de Ja Pisana, et elle conduit naturellement de celle-ci à la planala. En effet, parmi les variétés de cette coquille, on remarque des sujets que l’on serait tenté de rapporter à la seconde espèce, tandis que d’autres, fortement carénés, se rapprochent de la der- nière. Plus déprimée que la Pisana, dont elle diffère sur- tout par la forme de l'ouverture, elle n’est pas moins variée dans son ornementation qui consiste en fascies plus ou moins nombreuses, souvent multipliées sur la face in- férieure, toujours nettes et rarement interrompues. Les individus monochromes sont plus rares; cependant il y en a de blancs, de roux et de jaunâtres ; mais ils gardent
—— 30 —
presque toujours quelques traces des zones de la base.
Cette coquille est extrêmement commune dans le voisi- nage des montagnes, sur la route de Mogador à la ville de Maroc (Beaumier), et notamment au pied da Djebel Hadid (Mousson).
28. Helix planata (PI. IT, fig. 7).
Helix planata, Chemnitz, XI, p. 281, t. corx, f. 2067-69. = — Lowe, in Proc. Linn. Soc., 1861, p. 196. ct — Pfeiffer, Mon. Hel., VIE, p. 565.
g obtusangula.
Helix erythrostoma, Philippi,in Zeitsch. f. Malak., 1850, p. 84. de _ Philippi,Chemnitz,ed. nov.,t.cxxxII, f. 23-24. Re et Mousson, in Jahrb. Malak, Ges., I, 1874, p. 10.
Pfeiffer, dans le septième volume de sa Monographie, établit définitivement la synonymie de cette espèce, qui, malgré sa physionomie caractéristique, a été décrite, plu- sieurs fois, sous des noms différents. Il est vrai qu’elle n’est pas constante dans sa forme qui, parfois, s'écarte beaucoup du type. Lowe, qui avait eu l’occasion de l'étu- dier sur le terrain, reconnaît deux variétés principales, l'une qu’il nomme acutangula, conforme à la description de Chemnitz; l’autre, obtusangula, correspondant à l'Helix erythrostoma de Philippi. Mais il faut ajouter que ces deux formes s’enchaînent l’une à l'autre, par une transition insensible, et que la dernière dépasse même la limite que l’auteur lui avait assignée, en perdant totale- ment sa carène et en devenant presque globuleuse(Fig. 7). Cette modification extrême n’est pas commune, à la vérité,
— 351 — car jene l’ai guère constatée que sur une douzaine d’exem- plaires, choisis parmi près de 300 individus. Le fond de la coquille est ordinairement d’un blanc jaunâtre, du côté de la spire, et d’un jaune roux, plus ou moins foncé par- dessous. Quelques sujets, en très-petit nombre, ont une teinte uniforme ; d’autres sont ornés de fascies linéaires, très-multipliées sur la face inférieure.
L’Helix planata commence à se montrer aux environs de Mogador, et devient extrêmement abondante, à 4 ou » lieues dans le sud, où elle s’attache aux genèêts blancs, qui croissent parmi les dunes du littoral. Je ne lui con- nais pas de station plus méridionale.
29. Helix subdentata (PI. I, fig. 5).
Helix subdentata, Férussac, Prodr., 294 ; Hist. I, p. 245, t. XX VII, f. 4-2. — — "Wood, Suppl., t. var, f. 5. — — Pfeiffer, Mon. Hel., [, p. 154. — — Chemnitz, ed. nov., p. 83, t. x, f. 15-14.
Ce n’est pas sur le continent asiatique qu’il faut cher- cher cette coquille, dont la parenté avec celles qui précè- dent est évidente ; elle n’habite point la Perse, comme on l'a cru, depuis Férussac, mais les provinces méridionales du Maroc, où elle est commune. Quelques-uns des exem- plaires que je dois aux recherches de M. Beaumier ont été recueillis à une vingtaine de lieues de Mogador, sur la roule qui conduit à la ville de Maroc; d’autres provien- nent du Sous et de l’Ouad Noun. Dans ces dernières con-
_trées, l'espèce est plus petite et plus habituellement fasciée. En général, elle est blanche, quelquefois jaunâtre, unico- lore ou ornée, comme la planata, de fascies linéaires, brunes, violacées ou d’un roux orangé, dont le nombre
m'en varie de 3 à 8. L'ouverture est fauve ou rose à l’intérieur, Les limites de variation, en ce qui concerne la taille, sont comprises entre 14 et21 millimètres,mesurés sur le grand diamètre. La dent, chez les plus petits sujets, est toujours très-saillante. La connaissance désormais acquise des lieux d’où provient cette Hélice fortifie la conjecture de Pfeiffer sur la figure 1105 de Chemnitz, qui représente vraisemblablement un individu de l'espèce. (Mon. I, p. 154). Sect. 5. — Leucochroa.
30. Helix candidissima. Helix candidissima, Draparnaud, Hist. nat., p. 89, t. V,
10:
Le littoral du Maroc. Bourg., Malac. Alg., II, p. 518 51. Helix Bœuca.
Helix Bætica, Rossmässler, Icon., LITE, 15 ; p. 16, t. Lxv, f. 812-815.
Habite les environs de Tanger. Bourg., loc. cit. L’es- pèce s’est propagée jusques dans la province de Sous (Beaumier), et les individus de cette dernière provenance ne diffèrent en rien de ceux du midi de l'Espagne.
52. Helix cariosula. Helix cariosula, Michaud, Alg., p. 5, t. 1, f. 11-12.
Tanger. Bourg., loc. cit.
33. Helix Turcica. Helix Turcica, Chemnitz, XI, p. 250, t. coix,f. 2065-66. B testa convexior, umbilico et carina minus dilatatis.
Helix Mogadorensis, Bourguignat, Moll. nouv., p. 57. t. 1x, f. 1-5.
— 959 — Helix Mogadorensis, Mousson, in Jahrb. Malak. Ges., I, Pr OCT RS — — Kobelt, in Rossm., 1017-18.
Certains caractères accessoires peuvent devenir prédo- minants chez une coquille, au point d'en modifier sensi- blement l'aspect et de la rendre presque méconnaissable, lorsqu'on n’est pas guidé par les formes intermédiaires. Les espèces anguleuses montrent surtout cette variabilité, par un effet de l’accroissement ou de l’affaiblissement de leur carène, et l’Helix Turcica en offre un exemple frap- pant. Il ya loin du type de Chemnitz, dont le sommet est aplati, l'ombilic cratériforme et la carène largement étalée, à l'Helix Mogadorensis de M. Bourguignat, dont la spire est arrondie en dôme, l’ombilic beaucoup plus étroit, et la carène réduite à un simple filet ; et, cependant, ces modifications rentrent toutes, par une série graduée, dans la constitution du type originaire : l’Helix Mogadorensis n’est donc qu’une variété de la Turcica.
Cette opinion, partagée par les conchyliologistes alle- mands, est fondée sur l'examen d’une centaine de sujets, recueillis aux environs de Mogodor.
M. Kobelt a classé parmi les variétés de la Turcica une autre forme, très-déprimée, mais provenant de l'Algérie, où elle n’a jamais été trouvée, à ma connaissance, qu'à l’état demi-fossile, et que j'ai décrite autrefois sous le nom de tetragona (Kobelt, in Rossm. 1016). Je conserve des doutes sur cette identification, non pas à cause de la dé- pression très-particulière de l'espèce, car on voit combien le caractère est inconstant, mais parce que le test est dé- pourvu de la granulation caractéristique de la Turcica. Cette disposition est ici remplacée par des stries profondes et régulières qui indiquent un mode de formation diffé-
6)
ER A rent. J’ajouterai que l’Helix tetragona provient des envi- rons de Bône, à 200 lieues du Maroc et que la Turcica et ses dérivés n’ont pas été rencontrés dans l'intervalle. Ce serait donc, à ce dernier point de vue, un fait de disjonc- tion très-remarquable.
L'animal est d’un blanc grisâtre, légèrement lavé de fauve ou de brunätre, très-finement grenu, sans sillon apparent entre les tentacules. La coquille varie peu dans ses dimensions. Cependant, on trouve des sujets qui attei- gnent 22 millimètres de diamètre. La variété 8 est com- mune aux environs de Mogador, sur les pentes rocheuses de l’Oued Kessib ; elle a été rencontrée aussi entre cette ville et celle de Maroc, sur une colline aride, nommée Hank-el-Djemel (Beaumier), et, enfin, sur la côte nord- ouest, à Ain Umest (Mousson).
54. Helix Mograbina.
Helix Mograbina, Morelet, in Journ. Conchyl., 1852, _p. 62, t.1,f. 11-15. — —— Pfeiffer, Mon. Helic., V, p. 258. — —— Mousson, in Jahrb. Malek. Ges., 1874, PASS Lu EMA LS: — — Kobelt in Rossm., 1019. — Turcica, Martens, in Jahrb., 1875, p. 97.
B umbilico angulato et latiore, carina peripheriali ma-
gis extensa.
Helix degenerans, Mousson, loc. cit., p. 7,t. 1, f. 4. —_ — Kobelt, in Rossm., 1020-21 (partim).
Cette coquille pourrait être considérée comme le terme extrème des variations de l’Helix Turcica. Cependant, les deux formes ne sont point unies par des anneaux inter- médiaires. La différence essentielle qui les sépare, c’est
ee ne
que le dernier tour n'est pas anguleux, mais arrondi, chez la Mograbina, et que l'ouverture n’est point modifiée, dans sa courbe régulière, par lacarène. Celle-ci, d'autre part, n’est pas le résultat, comme chez la précédente, d’une compression de la coquille; c’est un mince cordonnet, à peine saillant, quelquefois même réduit à de rares aspérités, qui se détache sur la convexité du dernier tour. L’ombilic est étroit et rarement anguleux à son pourtour. Je ne reconnais pas cette espèce dans les figures que Kobelt en a données, sous les n° 1020 et 1021, qui la représentent, du côté de l’'ombilic. Il faut y voir de véritables Turcica.
L'Helix Mograbina peut affecter, comme sa congénère, deux formes différentes : elle peut être globuleuse ou dé- primée ; mais, dans les deux cas, la spire s’accroit toujours avec plus de lenteur, la suture est bien plus fortement accusée, et ses bords ne sont jamais relevés en carène.
L'espèce a été recueillie aux bords de lIsli, sur la fron- tière du Maroc et de l'Algérie (Cotty) ; la variété provient de Mogador (Mousson).
Sect. 6. — Kherus.
55. Helix sultana (PI. IL, fig. 4).
T. obtecte perforata, tenuiuscula, late conoidea, depres- sa, strigis granulatis, obliquis, sculpia et juxta carinam compressam liris nonnullis exilibus transversim notatu, squalide albida, non nitens ; spira obtusa, vertice cornea ; anfract. k 1[2 exserti, sursum planulati, ultimo basi tur- gido, breviter et subito deflexo. Apertur& perobliquu, sub- trapesialis, acute angulata; perist. tenue, marginibus approæimatis, supero recto, allero dilatato, refleæo, per- forationem plus minusve tegente.— Diam. maj. 28 ; min. 24 ; altit. A3 millim.
SOUS Helix scabriuscula, Morelet, in Journ. Conchyl., 1853, p. 40.
— subscabriuscula, Bourguignat, Malac. Alg., II, p. 320.
J'ai confondu, autrefois, cette coquille, dont je ne pos- sédais qu’un spécimen de petite taille (24 millimètres) avec l’Helix scabriuscula, qui en est très-voisine. Aujour- d’hui que je puis l’étudier sur des matériaux plus com- plets, je reconnais que les deux formes sont distinctes. L'H. sultana l'emporte par la taille, mais elle est moins solide ; sa carène est plus développée ; son bord columei- laire s’infléchit un peu plus vers le milieu, enfin sa colo- ration est plus pâle et plus uniforme. Je ne puis, après une comparaison attentive, constater d’autre différence entre les deux coquilles ; mais elles suffisent, je crois, pour justifier leur séparation. L’Helix sultana est gravée de stries obliques et granuleuses, un peu grossières, à peine saillantes. La granulation est produite par des stries transversales d’une extrême finesse, très-visibles, néan- moins, sur le plan de la carène.
Elle provient des montagnes de Tétuan, d'où elle a été rapportée par M. Coquand.
Sect. 7. — Turricula.
36. Helix pyramidata.
Helix pyramidata, Draparnaud, Hist. nat., p. 80, t. v, fig. 6.
Le Maroc. Bourg., Malac. Alg., II, p. 520. 57. Helix Numidica.
Helix Numidica, Moquin-Tandon, in Pfeiff., Mon. Hel., I, p. 444.
-Helix Numidica, Mousson, in Jahrb. Malak. Ges., I, 1874, p. 16.
Cette coquille ne diffère guère de la précédente que par un ombilic plus ouvert; cependant, soit au Maroc, soit en Algérie, on ne la rencontre que dans les parties montagneuses, tandis que l'espèce voisine est fixée plus particulièrement sur le littoral.
Ourika, Tamarut, Reraya, à 1,500 mètres (Mousson).
38. Helix conoidea.
Helix conoidea, Draparnaud, Hist. nat., p. 78, t. v, fig. 7-8 (non Pfr.). —- — Mousson, in Jahrb. Malak. Ges., I, 1874, p. 84. as — Paladilhe, in Rev. Zool., 1875, p. 88. Bulimus solitarius, Lowe (nec Poiret), in Proc. Lin. Soc., 1860, p. 201.
Tout le littoral, depuis Ceuta jusqu’à Mogador.
59. Helix conopsis (pl. IN, fig. 1).
Helix conopsis, Morelet, in Journ. Conchyl., 1876, p. 575.
Cette coquille se rapproche de l'Helix ultima, originaire de Fuertaventura, et décrite par Mousson, dans sa Révi- sion des Mollusques des îles Canaries. Elle est formée de six tours de spire anguleux, à peine convyexes, réunis par une suture très-nelte. Le dernier, renflé à la base, est bordé d’nue carène légèrement saillante, et percé d’un ombilic étroit et infondibuliforme, dont le pourtour est également caréné. Le test est d’un blanc crétacé, sans éclat, rugueux et granuleux, surtout à la face inférieure, mais dépourvu de stries apparentes. L'ouverture est an-
mi ES ee guleuse, rhomboiïdale, à bords simples, droits, un peu convergents, d’un fauve pâle à l'intérieur.
L'espèce a été recueillie, par M. Beaumier, aux environs du Cap Cantin.
40. Hehx pumulio.
Helix pumilio, Chemnitz, XI, p. 164, t. cxcvi, fig. 1588-1889.
_— — Mousson, in Jahrb. Malak. Ges., [, 1874, p. 81.
Cette espèce, dont les plus grands individus ne dépas- sent par 9 millimètres de hauteur, n’a pas été rencontrée jusqu'ici, dans les environs immédiats de Mogador, mais sur des collines arides, situées à quelque distance dans le nord-est. Elle vit également dans le sud, et, notamment, dans la province de Sous (Beaumier).
41. Helix Hesperidum (PI. IL, fig. 2).
T. angustissime perforata, conico-turrila, carina denti- culata, moniliformi, instructa, grisea, rugis pallidioribus variegata, nilidiuscula ; anfr. 6 convexiusculi, ultimo basi unifasciato ; apertura depresse lunaris, intus fuscidu- la; perist. simplex, tenue, rectum, margine columellari sursum breviter reflexiusculo. — Diam. maj. 8 1/2 ; min. 8 ; altit. 9 millim.
Plus petite et moins large en proportion que l’Helix crenulata (1), qui vit en Egypte, cette coquille rentre évi- demment dans le même type. Les tours de spire qui la coustituent ne forment point, comme chez la précédente, une saillie au-dessus de la suture, et les pelits tubercules
(1) J'ai conservé à cette coquille le nom donné par Olivier, parce qu’on ne sait pas, et qu’on ne saura jamais, à quelle espèce correspond l’Helix crenulata de Müller.
qui ornent la carène ne sont pas liés confusément entre eux, mais se détachent avec une netteté et une régularité parfaites. La surface du test est couverte de stries ru- gueuses, fines, irrégulières, qui se détachent en clair sur le fond grisâtre de la coquille.
L'Helix Hesperidum provient du Tézaroualt, dans la province de Sous, à une trentaine de lieues au sud de Mogador.
Sect. 8. — Xerophila.
42. Helix cespitum.
Helix cespitum, Draparnaud, Hist. nat., p. 109, t. vi, f. 14-15.
Côtes du Maroc. Bourg., Malac. Alg., II, 320.
45. Helix stiparum.
Helix stiparum, Rossmässler, IE, p. 20, €. zxvr, f. 820- 822.
Cette coquifle, comme l’a remarqué Pfeiffer, est bien voisine de l’Helix Terveri ; cependant, elle est carénée, surtout dans le jeune âge, en sorte que ses tours de spire ont moins de convexité : c’est à peu près la seule diffé- rence qui sépare les deux espèces.
Melilla. Bourg., loc. cit.
44. Helix finitima (PI. IX, fig. 2). Helix finitima, Morelet, in Journ. Conchyl., 1876, p. 574.
La coquille dont il s’agit ici ne manque pas de rapports avec les précédentes ; mais, ce qui la distingue immédia- tement, c’est qu’elle porte une carène saillante. Cette ca- rène s'efface peu à peu, en approchant del’ouverture, qui demeure intacte. A la vérité, on rencontre des sujets sim- plement anguleux à la circonférence; la carène est ab-
sente, mais l’angle périphérial est nettement prononcé. On pourrait, jusqu’à un certain point, les rapprocher de l'Helix stiparum ; mais on les distinguera toujours par leur ombilic plus profond, qui pénètre directement jusqu'au sommet, sans être rétréci par l’avant-dernier tour de la spire. La surface de cette coquille est gravée de stries pressées, plus ou moins accusées ; la coloration est blan- châtre avec le sommet d’un rouge sombre ; quelques in- dividus sont d’un fauve pâle, quelquefois ornés d’une fascie périphériale ou mème de plusieurs fascies peu appa- rentes sur la face inférieure.
Cette coquille provient du Cap Cantin, entre le Cap Blanc et le Cap Noun (Beaumier).
45. Helix lauta. Helix lauta, Lowe, Faune Mad., p. 55, t. vi, f. 9. Côtes du Maroc. Bourg., loc. cit. Mogador (Beaumier). &G. Helix Cottyi (PI. IN, fig. 4).
Helix Cottyi, Morelet, in Journ. Conchyl., 1864, p. 155. _— — Pfeiffer, Mon. Helic., V, p. 150. — — Bourguignat, Malac. Alg., IL, p. 320. ue — Mousson, in Jahrb. Malak. Ges., I, 1874, p. 14.
Coquille globuleuse, blanche, peu brillante, percée d'un ombilic étroit, profond mais non perspectif, et for- mée de 6 tours de spire arrondis qui croissent régulière- ment. Les premiers sont marbrés de pelites taches cornées, peu apparentes, parfois accompagnées d’un com- mencement de fascie peu marqué. Les derniers se distin- guent par une costulation irrégnlière qui se prononce de plus en plus avec le développement de la spire, et s’accentue fortement, à la périphérie, en se continuant
AT — sur la face inférieure. Ce caractère, dont la valeur est purement relative, est le plus saillant que présente l’'H. Cottyi.
Bords de l'Isli (Cotty) ; Casa Blanca (Mousson).
47. Helix camerata.
Helix camerata, Mousson, in Malak. Blätt., 1874, | p. 150. — — Mousson, in Jahrb. Malak. Ges., I, 4874, p. 12, t. 1v, f. 1. — — Pfeiffer, Mon. Helic., VIT, p. 257.
L'auteur a comparé cette coquille, qui rentre dans les formes banales de l'H. variabilis, à de petits individus de V'H. Cretica. Il existe, en effet, des rapports généraux en- tre les deux espèces; mais celle du Maroc se distingue de l’autre par la dilatation de son dernier tour, par la con- vexité de sa base, par un ombilic plus étroit et plus cou- vert, enfin par la forte callosité de son péristome.
Environs de Mogador (Mousson).
48. Helix Colomiesiana.
Helix Colomiesiana, Bourguignat, Malac. Alg., [, p. 245, t. xx VIII, Î. 11-15. — — Mousson, in Jabrb. Malak. Ges., I, 1874, p. 15.
Je pense, avec M. E. von Martens (Jahrb. Malak. Ges. I, 1874), que cette coquille, commune aux environs de Mogador, correspond à l'Helix caperata var. Mogadoren- sis de Lowe. Il faut remarquer, cependant, que l’auteur anglais insiste sur la carène, et que l’H. Colomiesiana n’est nullement carénée, mais seulement anguleuse, et encore faiblement. Il est possible que Lowe ait donné trop
A
d'importance à ce caractère, ou qu’il ait eu, sous les
ES
yeux, une coquille encore jeune, car on ne voit aucune Hélice, dans le parage de Mogador, qui réponde mieux à sa description. « Cette espèce, dit Mousson, pourrait « être classée, malgré ses stries, dans le chaos des ne- « glecta. »
49. Helix meridionalis.
Helix meridionalis, Parreyss, in Mousson, Coq. Bellardi, p. 6; et Coq. Schläf., 1, p. 8. —— — Pfeiffer, Mon. Helic., V, p. 210.
L’ombilic est, peut-être, un peu plus ouvert, et la cos- tulation un peu plus accusée, chez les individus du Maroc. Sur tous les autres points l’identité est complète.
Bords de la Souani, près de Tanger (Grasset).
50. Helix Jayler. +
Helix Jaylei, Paladilhe, in Rev. Zool., 1875, p. 85, t. vi, f. 10-12.
B conveæior, wmbilico paulo minus dilatato.
Helix rusticula, Paladilhe, in Rev. Zool., 1875, p. 84, f. 7-9.
Ces deux Hélices, dont l’auteur n’a eu qu'un seul échantillon entre les mains, et qu’il a décrites comme distinctes, en manifestant, à la vérité, quelque doute, appartiennent évidemment à la même espèce. Je les ai réunies sous le nom de Jaylei, celui de rusticula ayant été appliqué déjà à une Hélice de la Nouvelle-Calédonie. L'un des deux spécimens a été trouvé près de Tanger, dans les alluvions de la Souani, l’autre sur la route de Mékinez.
51. Helhx lineala.
Helix lineata, Olivi, Zool. Adriat., p. 477.
SE Helix maritima, Draparnaud, Hist. nat., p. 85, t. v, f. 9-10.
Côtes occidentales du Maroc. Bourg., Malac. Alg., LE, p. 520.
Helix submeridionalis.
Helix submeridionalis, Bourguignat, Malac. Alg., I, p. 214.,t. xxiu, fig. 26-29, 1864. — _ Paladilhe, in Rev. Zool., 1875, p. 87.
Parmi les Hélices de la section des Xérophiles qui pul- lulent sur le littoral méditerranéen , on renconire des su- jets dont la détermination est extrèmement douteuse et échappe même difficilement à l'arbitraire. Plusieurs de ces coquilles, connues sous les noms de striata, caperata, modica, ont été réunies, par M. Bourguignat, sous le nom collectif de submeridionalis. On peut louer l'intention de l’auteur; il a voulu, sans doute, offrir aux classificateurs bhésitants un moyen de sortir d'embarras. Mais il ne fallait pas ajouter que cette création nouvelle était inter- médiaire entre les Helix striata, intersecta, profuga et li- neata, car il devient bien délicat de créer un intermédiaire entre des objets qui, déjà, se distinguent difficilement entre eux. Il n’est pas possible d'accepter l’H. submeri- dionalis dans les conditions où l’établit l’auteur, d'autant moins que les H. striata et caperata, qu’il associe, sont DRE faitement distinctes.
Il y a, toutefois, dans cette tentative, le germe d’une idée que l’on ne saurait trop approuver, et qui produirait d'excellents fruits, si son application se généralisait, Celui qui parviendra à classer méthodiquement ces formes simi-
LEE laires en les réduisant, par une sage critique, à leur juste valeur, aura mieux mérité de la science que tous les créa- teurs d’espèces nouvelles. Mais cette besogne est trop modeste pour notre temps.
52. Hehx Geryvillensis.
Helix Geryvillensis, Bourguignat, Malac. Alg., L, p. 202, pl. xxi, fig. 1-6, 1864. rs — Paladilhe, in Rev. Zool., 1875, p. 87. Je n'ai point d'opinion sur cette espèce, qui m’est ab- solument inconnue, et que M. Paladilhe a cru reconnaître dans quelques coquilles roulées, provenant des alluvions de la Souani.
53. Helix Reboudiana.
Helix Reboudiana, Bourguignat, Malac. Alg., I, p. 212. t. xx1, fig. 29-50, 186%.
a — Bourguignat, Moll. Duveyr., p. 6, t. xxvI, f, 7-10.
— — Paladilhe, ia Rev. Zool., 4874, p. 15.
— — Mousson, in Jahrb. Malak. Ges., ! 1874, p. 14.
Cette coquille ressemble, en diminutif, à l’Helix Colo- miesiana, avec un ombilic plus étroit et une spire un peu plus élevée. M. Mousson remarque qu’elle paraît jouer, dans l’Afrique septentrionale, le rôle de la candidula en Europe.
Mogador (Mousson). Alluvions de la Souani (Paladilhe), Chyst, localité située entre Mogador et Aïn-el-Hadjer (Beaumier).
4. Helix illibata. Helix illibata, Parreyss, in Rossm., IX, p. 7, f. 567.
se US on Les côtes du Maroc. Bourg,, Malac. Alg., If, p. 320.
55. Helix depressula. Helix depressula, Parreyss, in Rossm., IX, p. 6, f. 562.
Frontières littorales du Maroc. Bourg., loc. cit. 56. Helix explanata.
Helix explanata, Müller, Verm., IL, p. 26. — albella, Draparnaud, Hist. nat., p. 115, t. vi, f. 25- 27.
Littoral du Maroc. Bourg., loc. cit.
57. Helix terrestris.
Trochus terrestris, Chemnitz, vol. IX, p. 47, t. cxxii, f. 1045. Helix elegans, Draparnaud, Hist.nat., p. 79, t. v, f. 1, 2.
Tanger et Ceuta. Bourg., loc. cit., p. 321.
58. Helix Lancerottensis.
Helix Lancerottensis, Webb et Berthelot. Syn., p. 12.
-- — Webb et Berthelot, Hist. Canar., t. I, G 94 25.
_— — Lowe, in Proc. Linn. Soc., 1861, p.299.
Lowe cite cette coquille, des environs de Mogador, comme l'unique exemple d’une forme des Canaries ren- contrée sur le rivage opposé de l'Afrique. Ce n’est point le seul, cependant, car l'H. argonautula y a été trouvée depuis. L'auteur anglais ajoute qu’on reconnait, à la des- cription de d’Orbigny, que le sujet unique qui lui a servi n’était point l’epèce de Webb et Berthelot, mais un exem- plaire mort et décoloré de l'H. monilifera. Ce qui est in- contestable, c’est la difficulté que présente l'étude de ce
PE De” groupe qui renferme un grand nombre de petites espèces, dont la plupart sont très-voisines les unes des autres, sans qu’on puisse; néanmoins, se défendre de les séparer.
99. Helix duplicata.
Helix duplicata, Mousson, in Malak. Blätt., 1875, p. 151. — — Mousson, in Jahrb. Malak. Ges., I, 1874, p#83; t'av, 1.3:
L'auteur n’a eu entre les mains qu'un spécimen de cette petite Hélice, recueillie près de Mogador. Aussi ne l'a-t-il publiée qu'avec une certaine hésitation, dans la pen- sée qu’elle présentait, peut-être, un cas de développement anormal. Cependant, la parfaite régularité de la coquille, dans toutes ses proportions, et l’absence d’une forme voi- sine à laquelle on puisse la rattacher, à titre de monstruo- sité, semblent justifier la décision qu'il a prise. Cet unique exemplaire a été malheureusement brisé, mais il en reste une fort bonne description et une figure passable.
60. Helix apicina. Helix apicina, Lamarck, An. s. vert., éd. Desh., XIII,
p. 74. — — Mousson, in Jahrb. Malak. Ges., I, 1874, p. 15.
Rabat et Casa Blanca, sur l'Océan ; Tanger (Grasset). & minor, Mmagis convexæa, umbilico strictiore. Helix subapicina, Mousson, loc. cit., p. 45, t. 1v, f. 2.
Je ne vois d’autre différence entre l’Helix apicina de Lamarck et l'espèce de Mousson qu’une taille générale- ment plus petite, une forme un peu plus globuieuse, et un ombilic un peu plus étroit; et, comme le facies est exactement le même, je ne saurais l’envisager comme
LS
une espèce distincte. Ce qui me confirme dans cette opi- nion, c’est que, parmi les spécimens que j'ai reçus de Mogador, et qui proviennent tous du même point, il s’en trouve qui égalent l'Helix apicina par la taille (7 millim.), et dont l’ombilic est plus ouvert, en sorte que, tout en demeurant un peu plus globuleux, ils se rapprochent as- sez de cette dernière espèce pour qu’il soit impossible de les en séparer.
61. Helix conspurcata.
Helix conspurcata, Draparnaud, Hist. nat., p. 405, t. var, f. 25-95.
Environs de Tanger (Grasset).
62. Helix dumivaga.
T. anguste umbilicata, conoideo-depressa, tenuis, mi- nute costulata, albido-fulvescens, unicolor, vel sæpius fus- co maculata et interruptim fasciolata; spira parum ele- vata, summo cornea ; anfract. k 1/2 conveæiusculi, ultimo peripheria angulato, busi conveæo ; apertura obliqua, ro- tundato-lunaris; perist. simplex, rectum, margine colu- mellari superne vix dilatato.— Diam. maj. 5; min. 41/2 ; altit. 3-k millim.
Je n’ai pu parvenir, après un examen très attentif, à identifier cette petite coquille avec aucune espèce connue, quoique elle n’offre point de particularités remarquables. L’'Helix armillata, de Madère, est celle qui s’en rapproche le plus; mais, sans parler de la différence de taille, qui n’a qu’une bien faible valeur, elle s’en distingue par une spire plus élevée et par conséquent plus conique, et par un ombilic beaucoup plus étroit. Ce dernier caractère ne permet pas davantage de la rapprocher de l'H. Eumæus de Lowe, dont elle a, cependant, la costulation et les cou-
mt | me
leurs. Cette coloration consiste en taches d’un fauve corné, plus ou moins intense, qui accompagnent la suture et la périphérie, en dessinant des zones interrompues, et qui se détachent sur un fond blanchâtre, plus ou moins lavé de roussâtre. La face inférieure, à son tour, est fré- quemment ornée d’une ou deux fascies linéaires.
Cette petite espèce a été recueillie à Chyst par M. Beau- mier.
65. Helhix Eumaœus. Helix Eumæus, Lowe, in Proc. Linn. Soc., 1861, p. 198.
Le caractère le plus saillant de cette coquille est tiré de son ombilic. Elle n’a pas été retrouvée depuis Lowe, qui assure, cependant, qu'elle n’est pas rare, aux alentours de Mogador.
64. Helix Irus. Helix Irus, Lowe, in Proc. Linn. Soc., 1861, p. 198.
Cette Hélice, commela précédente, n’a pas été retrouvée, depuis Lowe, dans la localité qu’il indique, c’est-à-dire au Jardin du Sultan, près de Mogador. Les caractères qui lui sont attribués ne permettent pas de la confondre avec l'H. Eumæus, quoique l’auteur anglais déclare qu’elles sont alliées de très-près. La spire, d’après la description qu’il en donne, est aplatie en forme de disque, et l’avant-der- nier tour s'élève abruptement au-dessus du dernier. La surface est couverte, en outre, de stries granuleuses qui rappellent certaines espèces des îles Madère, et, notam- ment, l'H. lentiginosa. Ces caractères paraissent suffisants pour constituer une forme spécifique, quoique l’auteur, qui n'avait à sa disposition que deux individus morts, n'ait pas jugé ces matériaux suffisants pour lui permettre de formuler une diagnose plus complète.
AO Sect. 9. — Disculus,
65. Helix argonautula.
Helix argonautula, Webb et Berthelot, Synops.,p. 325. — — Orbigny, Canar., p. 64, t. 1x, f. 13-18. — — Mousson, in Jahrb. Malak. Ges., I,
1874, p. 81.
Cette coquille, recueillie à Casa Blanca (Dar-el-Abiad), est la seule, avec l’H. Lancerottensis, qui soit propre, à la fois, au Maroc et aux Canaries. On peut se demander quelle est sa véritable patrie. La physionomie de l'espèce ne nous fournit aucune lumière, car elle est sans analogie avec les formes connues des deux pays. Le site restreint qu’elle occupe, au Maroc, sur le bord de la mer, en face des Canaries, induirait à penser qu’elle est sortie de cet archipel, comme on voit, aux Açores, l’'H. paupercula can- tonnée sur un point du littoral de San Miguel, sous le vent des Madère, dont elle est certainement originaire. Mais il serait superflu de s'appesantir sur une question dont les éléments principaux nous manquent, car les cir- constances qui accompagnent l'existence de l'H. argo- naulula, soit aux Canaries, soit au Maroc, nous sont ab- solument inconnues.
Sect. 10. — Gonostoma.
66. Helix lenticularis. Helix lenticularis, Morelet, in Journ. Conchyl., 1855, p. 140, t. v, f. 13, 14. — —— Paladilhe, in Rev. Zool., 1875, p. 82.
Commune aux environs de Tanger (Grasset, Tarnier, Paladilhe). Recueillie par M. Coquand dans une plaine à
RENÉE marécageuse, couverte de Graminées, près de Fez. Vit
également à Tarifa, sur les côtes de l'Andalousie (Mo- relet.)
67. Helhix lenticula. Helix lenticula, Férussac, Hist., p. 361, t. Lxvi, f. 1.
Tanger (Paladilhe); Chyst(Beaumier); Casa Bianca et Mo- gador (Mousson).
68. Helix Anna.
Helix Annai, Paladilhe, in Rev. Zool., 1875, p. 82, t. vi, [.5-18. - Cette coquille, voisine de la précédente, en diffère, d’après l’auteur, par sa forme moins déprimée et son der- nier tour, circonscrit par un angle obtus et non par une carène tranchante. De plus, elle n’est pas costulée, mais simplement striée. Alluvions de la Souani, près de Tanger.
69. Hehix Tarnieri.
Helix Tarnieri, Morelet, in Rev. Zool., 1854, p. 625. _ — Paladilhe, ibid., 1875, p. 82.
L'espèce est: assez commune aux environs de Tanger d’où elle a été rapportée pour la première fois par M.Tar- nier. On la trouve également en Andalousie, aux envi- rons de Tarifa (Morelet).
70. Helix Maroccana (PI. IL, fig. 5). Helix Maroccana, Morelet, in Journ. Conchyl. 1876,
p. 675.
Cette coquille est assurément une des plus remarqua- bles que le Maroc ait fourni jusqu'ici. Un peu plus grande que l’Helix lenticularis, elle en diffère à peine, du côté de
PER We
la face inférieure ; l’ombilic, l'ouverture, la sinuosité du péristome et la convexité de la base sont à peu près iden- tiques. Mais, du côté de la spire, elle se distingue immé- diatement par ses tours aplatis et plus nombreux, ainsi que par sa carène tranchante qui, sur les trois derniers tours, se relève en saillie linéaire. Cette disposition n’est pas sans analogie avec celle de l'H. turriplana, coquille de l’Algarve, dont la carène est également proéminente ; mais il n’y a pas d'autre rapport entre ces coquilles, si ce n’est qu’elles sont cornées l’une et l’autre. L’Helix Ma- roccana est mince, transparente, fragile, d'une nuance claire, gravée de stries nettes et pressées, sans aucun vestige de granulation. Elle a été rapportée, en 18514, des montagnes du Rif, par M. Coquand.
71. Helix Calpeana (PI. IE, fig. 5).
Helix Calpeana, Morelet, in Rev. Zool. 1854, p. 621. — — Bourguignat, Malac. Alg., IL, p. 519.
M. Bourguignat, dans sa Malacologie Algérienne, men- tionne cette espèce comme vivant à Ceuta, d'après ma propre indication, et M. Letourneux reproduit cette asser- tion, dans un Catalogue de Mollusques terrestres et fluvia- tiles du Maroc. Je n’ai jamais rencontré l’H. Calpeana qu’à Gibraltar, au pied des fortifications, sur le point culmi- nant du promontoire ; mais son existence à Ceuta n’est nullement improbable, et les naturalistes futurs qui visi- teront le Maroc feront très-bien de l’y chercher.
Sect. 11. — Fruticicola.
72. Helix lanuginosa.
Helix lanuginosa, Boissy, in Rev. Zool., 1855, cl. V,t.69.
LR
La forme du Maroc est identique à celles de l’Espagne et de l'Algérie.
73. Helix longipila.
Helix longipila, Mousson, in Malak. Blätt., 1874,p. 152. — — Mousson, in Jahrb. Malak, Ges., I, 1874, p. 85.
M. Mousson n’a point donné de figure de cette petite coquille, remarquable par sa villosité et la marbrure de sa surface. Je la classe, un peu au hasard, dans le groupe des Helix sericea, Armitageana, etc. L'espèce, du reste, n’est pas encore bien connue, l’auteur n'ayant eu à sa disposition qu’un exemplaire unique, trouvé au pied du Djebel Hadid.
Sect. 12. — Mesomphix. 74. Helix incerta. Helix incerta, Draparnaud, Hist.. nat., p. 109, t. x, f. 89. — — Pfeiffer, Mon. Hel., IV, p. 72. — olivetorum, Morelet, in Journ. Conchyl., 1853, p. 140.
La présence de cette coquille, au Maroc, est un fait de disjonction assez remarquable, car elle n’existe pas dans le midi de l'Espagne. Elle a été trouvée par M. Coquand, sur le Djebel Rbousa, dans la province de Tétuan. Les spécimens rapportés par ce savant ne différent en rien de ceux qui vivent au pied des Pyrénées.
Sect. 13, — Vallonia.
75. Helix pulchella. Helix pulchella, Müller, Verm., Il, p. 30.
RME E Helix pulchella, Bourguignat, Malac. Alg., IE, p. 5319.
Alluvions de l'Isli, sur la frontière du Maroc et de l'Algérie.
Sect. 14.— Hyalinia. 76. Helix psatura.
Lonites psaturus, Bourguignat, Malac. Alg.,E, p. 74, t.1v, f. 50-52. — — Mousson, in Jahrb. Malak. Ges., [, 74, p. ÿ.
M. Mousson n’est pas absolument certain de l'identité de cette coquille, recueillie à Casa Blanca, sur l’Atlantique. On peut néanmoins constater qu'il existe, au Maroc, une forme extrêmement voisine de l’H. psatura, si ce n’est exactement la même.
77. Helix lucida.
Helix lucida, Draparnaud, Hist. nat., p. 105, t. vin, f. 11-12.
Dium. maj. 15 ; min. 19 1/2; altit. 6 mall. Tétuan (M. Coquand).
VIIL. G. Buzimus.
78. Bulimus pupa. Helix pupa, Linné, Syst. nat., X, p. 775. Source de la Moulouiïa. Letourn., in Revue des sc, nal., Montpellier, V. 79. Bulimus decollatus. Helix decollata, Linné, Syst. nat., X, p. 775. 8 major ; longit. 39-44 millim. Bulimus decollatus, Pfeiffer, Mon. Helix, IE, p. 155.
sis ME BulimusPaivæ, Lowe, in Proceed. Lin. Soc., 1860, p. 261. Rumina decollata, var. Maura, Crosse, in Journ. Conchyl., 1875, p. 137; et 1874, p. 75, t. n, fig. 6.
Rien de plus variable que la taille de ce Bulimus, dans le nord de l’Afrique, où il est communément répandu. Lowe, observateur consciencieux, mais qui, sans doute, n'avait pas eu l’occasion de remarquer cette variabilité, a décrit minutieusement, sous le nom de B. Paivæ, une forme de l'espèce, d’une teinte plus rembrunie, mesu- rant de 59 à 44 millimètres. Cette forme n’était pas nou- velle, car Pfeiffer l'avait déjà signalée dans le second volume de sa Monographie (p. 153). M. Crosse, plus tard, en a donné une descriplion complète, accompagnée d’une figure, d’après un sujet qui provenait du Maroc.
Le B. decollatus s’avance, dans le sud, jusqu’à l'Ouad Noun. Les exemplaires que j'ai reçus de cette province sont gros et courts ; {ous ceux qui ont été recueillis morts sont percés, sur le dernier ou l’avant-dernier tour, d'un ou deux petits trous indiquant qu’ils ont été la proie de quelque autre animal.
80. Bulimus ventrosus.
Helix (Cochlicella) ventrosa, Férussac, Prod., 377. Balimus ventrosus, Pfeiffer, Mon. Helic., IT, p. 215.
M. Bourguignat, signalant la présence de cette coquille à Melilla, l’identifie à l'Helix barbara de Linné. Déjà Pfeiffer avait cru reconnaître l'espèce Linnéenne dans le B. Jeannoti de l’Algérie (Mon. IL, LIT, IV); mais, revenant sur cette appréciation, et se fondant sur les recherches critiques de Hanley, il le rapporta, plus tard, au Bul. acutus. Enfin, dans son sixième volume, le consciencieux auteur de la Monographie des Hélicéens, jugeant qu'il .
= 5hts
n'était pas possible d’être fixé nettement sur l'Helix bar- bara, retranche définitivement ce nom de la synonymie. Ce parti était le plus sage, puisque, après tant d’efforts, la question était restée douteuse. Toutefois, comme on le verra plus loin, la variété de l’acutus que l’on rencontre dans le sud est propre à fortifier, par l’ensemble de ses caractères, le jugement d'Hanley. C'était aussi le senti- ment de Lowe qui, dans sa Notice sur les coquilles de Mo- gador, donne au B. acutus l’Helix barbara pour syno- nyme.
Le B. ventrosus a été signalé à Melilla (Bourguignat), à Tanger (Paladilhe), à Casa Blanca (Mousson) et à Mo- gador (Lowe).
81. Bulimus acutus. Helix acuta, Maller, Verm., IL. p. 100. B longior et obsolete costulato-striatus.
Helix Terveriana, Mousson, in Jabhrb. Malak. Ges., I, 1874, p. 84.
Ainsi que l’Helix Pisana, dans certaines parties du Maroc, ce Bulime se montre plus fort, plus élégant, plus coloré que son similaire des bords de la Méditerranée. En outre, il est orné d’une costulation obsolète qui rappelle la qualification de rudis dont Linné s’est servi dans la dia- gnose de son Helix barbara. Cette costulation ne res- semble nullement à l’ornementation saillante, régulière, analogue à celle des Scalaires, qui distingue le B. Terve- rianus. Cependant, elle a ébranlé M. Mousson qui, trompé, sans doute, par la figure médiocre qu’a donnée d’Orbigny du B. Terverianus, a cru le reconnaître dans cette forme méridionale de l’acutus. À la vérité, il en conclut que l'espèce a peu de valeur.
. Le
Küster, dans la nouvelle édition de Chemnitz, a figuré aussi le B. Terverianus d’une manière peu reconnaissable ; mais on le trouve très-bien représenté, sous le nom de scalarioides , dans l’Iconographie de Reeve. Je dois à l’obligeance de M. Joly, qui cullive avec succès la Con- chyliologie dans le nord de l'Afrique, la communication d’un spécimen de cette coquille qu’il tenait de Terver lui- même, ce qui me permet d'affirmer qu’elle diffère essen- tiellement de toutes les espèces du Maroc.
Pour en revenir au B. acutus, et, particulièrement, à la forme de Mogador, sa coloration consiste, le plus souvent, en un jaune ocracé qui se dégrade, vers le sommet, et se rembrunit à la base. Cette teinte est rarement uniforme. Ordinairement, elle est variée par des linéoles longitu- dinales, d’un blanc corné, qui se détachent du fond, et qui produisent, en s’épaississant, la costulation dont on a parlé. Quelques individus, ornés d’une fascie noirâtre, in- terrompue par les stries longitudinales, rappellent assez bien le Turbo Maroccana de Chemnitz.
Ce Mollusque conserve, au Maroc, l'habitude de vivre en société, et il n’est pas rare d'en voir une quantité, de tout âge et de toute grandeur, fixés sur la végétation du littoral.
Le B. acutus ne paraît pas exister aux îles Canaries. Du moins, il n’en est fait mention nulle part, ce dont il est permis de s'étonner, car il est abondamment répandu sur la côte occidentale du Maroc, et il s’est propagé jusques dans la province de Sous, sur les limites du territoire. Les plus beaux spécimens proviennent du Tézaroualt, à deux journées de marche du Cap Noun (Beaumier).
mat IX. G. FERUSSAGIA.
82. Ferussacia amauronia.
Ferussacia amauronia, Bourguignat, Malac. Alg., IT, p. 57, t. an, fig. 45-15.
— Paladilhe, in Rev. Zool., 1875, p. 89.
Alluvions de la Souani, près de Tanger.
83. Ferussacia amblya.
Ferussacia amblya, Bourguignat, Malac. Alg., If, p. 4O, t. ur, fig. 15-15.
Maroc. Tanger (Grasset).
84. Ferussacia folliculus.
Helix folliculus, Gronovius, Zooph., IIL, p. 296. t. xix, fig. 15, 16.
Achatina folliculus, Lowe, in Proc. Lin. Soc., 1860. p. 202.
En signalant cette coquille au Maroc, Lowe distingue deux variétés : l’une, abbreviata, longue de 9 mill., re- cueillie dans le jardin de l'Empereur, non loin de Mo- gador ; l’autre, produc{a, comptant un millimètre de plus et provenant de Rabat. La première correspondrait au type de la péninsule Hispanique; la seconde à celui des îles Canaries. Peut-être l’auteur anglais a-t-il confondu deux espèces ?
85. Ferussacia Vescoi.
Ferussacia Vescoi, Bourguignat, Amén. Malac.; I, p. 205. — — Bourguignat, Malac. Alg., Il, p. 521. — — Paladilhe, in Rev. Zool., 1875, p. 89.
Entre cette forme et la précédente, je ne vois pas de
— 58 —
différence véritablement spécifique. Si l’on veut tenir compte, en Histoire naturelle, des modifications les plus insignifiantes et les élever au rang de caractères distinc- tifs, les races et les variétés disparaissent, il n’y a plus que des espèces.
86. Ferussacia ennychia.
Ferussacia ennychia, Bourguignat, Amén. Malac., I, p. 2092, t. xx, fig. 10-12. — — Bourguignat, Malac. Alg., If, p. 58, t. 1v, fig. 17-19. Cionella ennychia, Mousson, in Jahrb. Malak. Ges., 1, 1874, p. 95.
Casa Blanca, Mogador et Rabat.
87. Ferussacia debilis.
Glandina debilis, Morelet, in Journ. Conchyl., 1852, p. 416, t. xu, fig. 6. Ferussacia debilis, Paladilhe, in Rev. Zool, 1875. p. 91.
Alluvions de la Souani, près de Tanger.
88. Ferussacia Forbest (pl. IT, fig. 9).
Achatina nitidissima, Forbes, in Jard. Ann., [l, p. 250, t. xt, fig. 2. Ferussacia Forbesi, Bourguignat, in Rev. Zoo!., 1856, _ p. 554. —- — Bourguignat, Amén. Malac., 1, p. 204.
Je rapporte à cette espèce une coquille qui en a tous les caractères et que je ne puis classer autrement. Elle est cylin- dracée lisse,très-brillante, d’une nuancefauve ou roussâtre, avec une spire un peu obtuse. Cinq à six tours et demi, lé- sèrement convexes, l’avant-dernier un peu gibbeux. L’en-
— 59 roulement est régulier, sans déviation marquée de la ligne suturale, qui est accompagnée d’un liseré obscur, comme dans la plupart des espèces du genre. La columelle, droite, courte et mince, se confond avec le bord basal qui ne manifeste aucune apparence de troncature.
Longueur, 8; diamètre, 3 1/2 millimètres.
Mogador et Casa Blanca (Beaumier).
89. Ferussacia cylindrica. Ferussacia cylindrica, Bourguignat, Malac. Alz., Il, p. 321.
Alluvions de l'Isli, sur la frontière orientale du Maroc.
90. Ferussacia Mabilliana. Ferussacia Mabilliana, Paladilhe, in Rev. Zool., 1875, p. 89, t. vi, fig. 19-22.
Alluvions de la Souani.
91. Ferussacia ruricola. Achatina ruricola, Lowe, in Proc. Lin. Soc., 4860, p. 203.
Lowe n’a trouvé qu’un seul individu de cette espèce, au jardin de l'Empereur, à quatre milles de Mogador. Elle se rattache au groupe de la FE. folliculus, dont elle diffère par sa forme étroitement cylindrique et turriculée, son ou- verture brièvement ovale, qui rappelle la F. Maderensis, et par l’enroulement parfaitement régulier de sa spire, sans turgescence à l’avant-dernier tour. Du reste, elle est dépourvue delamelle aperturale, comme toutes les espèces jusqu'ici connues du Maroc,
X. G. AZECA.
92. Azeca Maroccana. Azeca Maroccana, Mousson, in Malak. Blätt., 1874, p. 154.
LOT Azeca Maroccana, Mousson, in fahrb. Malak. Ges., I, 1874, p. 94.
Un exemplaire unique, semi-fossile, a été recueilli dans les travertins de la vallée de Reraya. On peut regretter que l’auteur ne l’ait pas fait figurer sur l’une des planches qui accompagnent sa Notice.
XI. G. Pupa.
95. Pupa umbrilicata.
Pupa umbilicata, Draparnaud, Hist. nat., p. 62, t. 1m, fig. 39, 40. — — Mousson, loc. cit., p. 95. Mogador et El Arrasch, Tanger (Grasset).
94. Pupa Lusitanica.
Pupa Lusitanica, Rossmässler, LL, p. 105, t. Lxxxv, fig. 935. — — Bourguignat, Malac. Alg., II, p. 322.
Environs de Tanger.
95. Pupa granum.
Pupa granum, Draparnaud, Hist. nat., p. 63, t. 11, fig. 4b, 46. —— — Bourguignat, Malac. Alg., If, p. 522. Commun sur le littoral méditerranéen du Maroc. 76. Pupa muscorum.
Turbo muscorum, Linné, Syst. nat., X, p. 767. Pupa muscorum, Bourguignat, Malac. Alg., Il, p. 322.
Chott de Tigri.
= 64"2- 97. Pupà minutissima.
Pupa minutissima, Hartmann, in Neue Alp., I, p. 220, LAS : AN
Tanger (Grasset).
XII. G. CLAUSILIA.
98. Clausilia plicata.
Clausilia plicata, Draparnaud, Hist. nat., p. 72, t. 1v, LE 15 Fe À CE
Cette Clausilia, trouvée par M. Cotty dans les alluvions de lIsli, se rapporte évidemment à une des nombreuses variétés de la plicata. Elle est longue de 16 mill. sur 4 de largeur, d’un brun corné, roussâtre, et finement costulée. Elle compte douze tours de spire médiocrement convexes, le dernier terminé par une crête plus fortement sillonnée. L'ouverture, fauve à l’intérieur, est canaliculée à la base, et garnie, sur le pourtour, de trois ou quatre petits plis ou denticules peu apparents, qüi n’atteignent pas le bord. . Enfin, la lunule est étroite et visible. Il est probable que cette coquille vit dans l’Atlas, d’où elle aura été entraînée par les eaux. c
AURICULACEA XIII. G. ALEXIA. .
99. Alexia Algerica. Alexia Algerica, Bourguignat, Malac. Alg., If, p. 1#1, tvnt, À 27, 28: _— — Paladilhe, in Rev. Zool., 1875, p. 91. _ — Mousson, in Jahrb. Malak. Ges., I, 1874, p- 95. |
Rabat (Mousson), Tanger (Paladilhe;.
— 1020 100. Alexia ciliala.
Auricula ciliata, Morelet, Moll. Port., p. 77, t. vi, f. 4. Alexia — Paladilhe, loc. cit., p.91.
Bords de la Souani.
XIV. G. MELAMPUS.
101. Melampus mitralis. Melampus mitralis, H. et A. Adams, in Proc. Zool. Soc., 1854, p. 15. = — Pfeiffer, Novit., Conch.,l, p. 49, NET. 970.
M ogador.
102. Melampus æqualis. Melampus æqualis, Lowe, in Zool. Journ., V, p. 288, t. xin, f. 4-5. — — Lowe, in Proc. Lin.Soc., 1861, p. 175. Mogador.
LIMNÆACEA. XV. G. PLANORBIS.
105. Planorbis Metidjensis.
Planorbis Metidjensis, Forbes, in Ann. a. Mag. Nat. Hist., p. 254, t. xux, É. 5. — aclopus, Paladilhe, in Rev. Zool., 1875, p. 92.
Le Planorbis aclopus a été fondé par M. Bourguignat, aux dépens du Metidjensis, de Forbes (Amén. Malac., p. 155, t. xvix, f. 4-6). J’ai exposé ailleurs (Journ. de Conchyl., 1877, p. 249) les motifs qui me portaient à considérer cette forme comme une simple variété de l’es- pèce, et je n’y reviendrai pas.
PEUT à: Rivière Souani, près de Tanger.
10%. Planorbis subangulatus.
Planorbis subangulatus, Philippi, Moll. Sic., II, p. 419, te xxx 126) — — Mousson, in Jahrb. Malak. Ges., I, 1874, p. 97. Casa Blanca (Dar-el-Abiad), sur la côte atlantique du Maroc.
XVI. G. LIMNÆA.
4105. Limnæa truncatula. Helix truncatula, Gmelin, Syst. nat., p. 5659. L'Oued Isli (Bourguignat, Malac. Alg.); environs de
Maroc (Mousson, in Jahrb. etc.) ; la rivière Souani (Pala- dilhe, in Rev. Zool.). - ,
106. Limnæa peregra. Buccinum peregrum, Muller, Verm., If, p. 450. Limnæa peregra, Mousson, in Jahrb. Malak. Ges., I, 1874, p. 96. M. Mousson, en citant cette espèce, recueillie autour de la ville de Maroc, fait observer qu’elle n’a pas encore été rencontrée à l’état vivant, en Algérie. Environs de Mogador (Beaumier).
107. Limnæa vulgaris.
Limnæus vulgaris, C. Pfeiffer, Syst. I, p. 89, t.iv, f. 22. Limn&a — Mousson, in Jahrb. Malak. Ges., IL, 1874, p.97.
Vallées de Reraya et de Tamarut, à 1500 m. d'altitude.
ET XVII. G. Paysa.
108. Physa acuta.
Physa acuta, Draparnaud, Hist. nat., p. 55, t. in, f. 10-11.
Dans les ruisseaux, autour de la ville de Maroc (Mous- son, loco cit.) ; dans la Souani, près de Tanger (Paladilhe, loco cit.).
109. Physa subopaca.
Physa subopaca, Lamarck, An. s. vert., VIIL. p. 401. _ Chenu, in Delessert, Icon., t. xxx, f. 3. Alluvions de la Souani (Paladilhe, loc. cit.).
410. Physa Souanica. Physa Sduanica, Paladilhe, in Rev. Zool., 1875, p. 92, t. vi, Î. 23-24.
Cette espèce intéressante a été recueillie par le docteur Bleicher, dans la Souani, qui coule près de Tanger. La Souani, n’est, en réalité, qu'un ruisseau qui forme un estuaire, à son embouchure. Les alluvions de ses rives ont fourni la majeure partie des matériaux dont se compose la Notice de M. Paladilhe.
111. Physa contorta.
Physa contorta, Michaud, in Act. Soc. Linn. Bord., II, p. 268, n° 10 (cum icone).
Environs de Mogador (Beaumier). XVIIL. G. ANcyzus.
412. Ancylus fluviatilrs. Ancylus fluviatilis, Müller, Verm., 11, p. 201.
se 0% Ancylus simplex, Paladilhe, in Rev. Zool., 1875, p. 94. La Souani, près de Tanger.
113. Ancylus striatus.
Ancylus striatus, Quoy et Gaymard, Astrol., ILE, p. 207, t. Lvin, f. 33-35. — — Mousson, in Jahrb. Malak. Ges., I, 1874, p. 98.
.Tamarut, dans la vallée de Reraya, à 1500 mètres d'’al- titude, CYCLOSTOMACEA
XIX. G. Cyccostoma.
114. Cyclostoma ferrugineum.
Cyclostoma ferrugineum, Lamarck, An. s. vert., 2° éd., VITL p.498.
Tudora ferruginea, Pfeiffer, Mon. Pneum., I, p. 245.
Littoral méditerranéen du Maroc (Bourg., Malac. Alg.).
115. Cyclostoma mamillare.
Cyclostoma mamillare, Lamarck, loc. cit., p. 359.
Leonia mamillaris, Pfeiffer, Mon. Pneum., I, p. 259.
Melilla et Tétuan (Bourg., Malac. Alg.).
116. Cyclostoma scrobiculatum (PI. IL, fig. 3).
Cyclostoma (Leonia) serobiculata, Mousson, in Malak.
Blätt.,1874,p.155.
— RE dela Mousson, in Jahrb.
Malak.Ges.,1,1874,
; p- 98,4, vs EUR
Cette coquille se rapproche beaucoup de la précédente.
C'est un fait assez curieux que la coexistence de ces deux $
— 06 —
formes, dérivant d’un même type, très-voisines l’une de l’autre et néanmoins distinctes, dont l’une habite le nord et l’autre le sud du Maroc. La description très-soignée que M. Mousson a donné du scrobiculatum n’est pas suffi- samment complète, car, si le test est blanc quelquefois, il est, pius fréquemment, d’un gris bleuâtre ou d’un fauve orangé, avec des stries blanchâtres irrégulières. Le sommet de la coquille, lorsqu'elle a gardé sa fraicheur, est presque toujours coloré par la fascie rousse ou brunâtre qui ac- compagne la suture ; l'ouverture est généralement rousse à l’intérieur ; enfin, la hauteur des sujets varie de 16 à 18 millimètres, et leur diamètre de 8 à 10.
Mogador et le Djebel Hadid (Mousson). Mogador et le Tézaroualt (Beaumier).
PALUDINACEA XX. G. HypRroBIA.
417. Hydrobia Dupotetiana.
Paludina Dupotetiana, Forbes, in Ann. a. Mag. nat. Hist., XII, p. 254, f. 5.
Amnicola Dupotetiana, Mousson, in Jahrb. Malak. Ges., I, 1874, p. 100.
Dans les fontaines, autour de la ville de Maroc. 118. Hydrobia similis.
Cyclostoma simile, Draparnaud, Hist. nat., p. 54, t.1, f. 15.
Dans la fontaine appelée Aïn Maaz, près de Casa Blanca (Beaumier). 119. Hydrobia gracilis (PI. IT, fig. 10).
T. minutu, elongata, gracilis, apice obtusiuscula, lœvis,
afp
corneo-pellucida, pallide fulva. Anfr. 5 parum convexi, sutura impressa juncti, sensim crescentes. Apertura ova- to-angulata, marginibus subincrassatis, continuis, colu- mellari paululum reflexo. — Longit. 3 ; diam. 1 millim.
Petite coquille d’une nuance fauve, lorsqu'elle est vide, sans aucune apparence de stries et plus déliée qu'aucune de nos espèces d'Europe. Elle n'offre, du reste, aucune autre particularité saillante, et rentre dans la catégorie des Hydrobia Ferussina, Cebennensis et bulimoidea (Palu- dinella). Elle provient d’une source d’eau vive, près de Casa Blanca (Beaumier).
XXI. G. ASssIMINIA. 1490. Assiminia recta.
Assiminia recta, Mousson, in Malak. Blatt., 1874, p.156. —— —— — in Jabrb. Malak. Ges., I, 1874, p. 100, t. v, f. 4.
On peut douter que cette coquille, malgré l’aplatisse- ment de ses tours de spire, appartienne à un genre qui paraît propre aux pays chauds, et qui, d'ailleurs, se con- fond facilement avec les Hydrobies, dont il n’est séparé que par les caractères de l'animal. Ce doute est exprimé par M. E. von Martens, un des juges les plus compétents en celte matière, dans le Jahrb. Deutsch. Malak. Ges. 1875, p. 101. Il est même partagé par l’auteur, qui laisse la question indécise.
L’espèce provient des eaux saumâtres de Rabat.
MELANIANA XXII. G. MELANIA.
121. Melania tuberculata. Nerita tuberculata, Müller, Verm., IL, p. 191,
en Vus
Cette espèce est, peut-être, parmi les coquilles d’eau douce, celle dont la diffusion est la plus étendue sur le globe. Elle existe, en effet, dans presque tous les cours d’eau de l'Afrique continentale et insulaire, et on la re- trouve en Asie, depuis la Syrie jusqu’en Chine. Les spéci- mens que j'ai reçus du Maroc ont été recueillis dans le Sous indépendant (Beaumier).
XXII. G. MELanopsis.
'
La classification des Melanopsides du Maroc est restée fort confuse, ce qui s’explique par la grande variabilité des espèces et par l'insuffisance des matériaux dont on a pu disposer jusqu'ici. Chemnitz qui, le premier, s’est oc- cupé de ces coquilles, a contribué à cette confusion, en réunissant, sous une même dénomination, trois espèces que l’on considère aujourd’hui comme distinctes. On doit donc savoir gré à M. Brot d’avoir fait disparaître du genre Melanopsis, dans la nouvelle édition de l’ouvrage alle- mand, le nom de Maroccana, qui n’exprimait rien de précis, et qui n’était propre qu’à perpétuer les difficultés du sujet.
Férussac , dans un Mémoire assez médiocre sur les co- quilles vivantes et fossiles du genre qui nous occupe, a cru reconnaître deux espèces dans la planche 210 de l'ouvrage de Chemnitz, qui représente des Melanopsides du Maroc ; et, par cette raison , il a rejeté le nom de Maroccana qui leur était commun, Mais il commis lui-même une erreur en réunissant les fig. 2078-81 qu'il rapporte à la M. Du- fouri, lorsqu'il est évident que le premier groupe, celui qui porte les numéros 2078-79, représente la M. prærosa de Linné. Quant à la troisième forme, correspondant aux numéros 2082-85, il ne l’a point considérée comme une
QU
variété de la précédente, mais comme une espèce dis- tincte, et il lui a donné le nom de costellata.
Les conchyliologistes qui, depuis lors, se sont occupés _ accessoirement du même sujet, ont jugé, d’un commun accord, que les fig. 2078-79 de Chemnitz ne pouvaient s'appliquer qu'à la M. prærosa de Linné, et que les groupes suivants (2080-81, 2082-83) ne constituaient qu’une seule espèce, à laquelle ils ont restitué le nom de Maroccana. Je crois, cependant, qu’il n’est pas difficile d'établir qu'il existe, entre ces deux groupes, des diffé- rences véritablement spécifiques , comme l'avait jugé Fé- russac, el comme j’essaierai de le démontrer plus loin. Mon opinion est, d’ailleurs, fortifiée par la compétence du continuateur de Chemnitz qui reconnaît trois espèces de Melanopsides, sur la planche dont il s'agit, prærosa, Ham- manensis et costata. Quant à la M. Dufouri, telle qu’elle est actuellement définie, on ne l’a pas encore trouvée au Maroc. |
À la vérité, dans une Notice publiée par la Revue Z00- logique, en 1875, M. Paladilhe cite une M. Maroccana (Dufouri, auct.), provenant des alluvions de l’Oued Sbou, dont il a cru retrouver l’image dans l'Iconographie de Rossmässler (fig, 844), parmi les variétés nombreuses que produit la Péninsule Hispanique. Il ajoute que cette va- riété n’est pas autre chose que la M. Hammanensis, ce qui peut être vrai, pour le sujet qu’il avait sous les yeux, mais nullement pour la figure. Non seulement, en effet, le dessin de l’Iconographie représente une forme excen- trique, mais cette forme s’éloigne sensiblement de la M. Hammanensis, qui n’a point de bourrelet sutural saillant, et dont les tours de spire sont régulièrement étagés. La méprise de M. Paladilhe à échappé au savant continua-
— 10 — teur de Chemnitz qui, sur la foi de ce conchyliologiste, a introduit la M. Dufouri dans la Faune du Maroc.
La même Nolice mentionne une variété de M. Maroc- cana, provenant de Mekinez, « à côtes assez prononcées, « verdâtre, avec une ou deux bandes brunes ordinaire- « ment très-nettes sur le dernier tour. » Malgré l’affir- malion de l’auteur qui, dans sa citation, prend \uülier pour Chemnitz, il est diflicile de reconnaître, dans cette des- cription, la M. Dufouri ou même l'Hammanensis, qui ne sont côtelées ni fasciées, ni l’une ni l’autre. Ne serait-ce pas plutôt la M. costata, représentée par Chemnitz (Hig. 2082-85), qui vit effectivement au Maroc, comme on le verra plus loin ?
Je ne dirai qu'un mot du Mémoire de Lowe (Journ. of the Procced. Linn. Soc., V, p. 204 et suiv.), qui, dans une classification minutieuse des Mélanopsides de Mo- gador, est arrivé à une conclusion singulière qui ne con- tribue guère à l’éclaircissement du sujet. Il établit, parmi les coquilles, des variétés el des sous-variélés, mais il ne reconnait qu'une espèce. Les Melanopsis prærosa, cariosa et Tingitana ne sont, pour lui, que les manifestations diverses d’un même type.
En résumé, on ne peut pas se dissimuler que les maté- riaux d'étude ne sont pas encore assez complets pour fournir toutes les lumières nécessaires à la classification des Mélanopsides du Maroc. La difficulté réside plutôt dans leur insuffisance que dans la variabilité des espèces. Cette déviation fréquente des caractères typiques, que l’on re- marque chez ces coquilles, ne tient pas uniquement, à mon avis, aux conditions physiques de leur existence. Ii me semble qu’il faut tenir compte d'un autre élément. Ainsi, les eaux du Maroc, notamment aux environs de
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Mogador, peuvent offrir une série de M. prærosa, dont le premier terme laisse entrevoir un commencement de cos- tulation très-obscur, qui s’accentue de plus en plus jus- qu'au dernier; et en outre, parfois, des linéoles rou- geâtres, qui n'appartiennent nullement au type. La con- clusion qui s'offre naturellement à l'esprit, c'est que l’on a un cas d'hybridité sous les yeux, surtout lorsque l’on considère que la M. Tingitana, pourvue de ces caractères, vit dans les mêmes eaux. Je crois qu’il ne resterait aucun doute si l’on pouvait s'assurer que ces déviations, assez prononcées quelquefois pour embarrasser le classificateur, ne se produisent pas chez la M. prærosa, quand cette es- pèce vit isolée.
122. Melanopsis prerosa (PI. I, fig. 6).
Buccinum prærosum, Linné, Syst. Nat., XIL, p. 1205. Buccina Maroccana (pars), Chemnitz, t. ccx, f. 2078-79. Melanopsis prærosa et buccinoidea, auct.
Cette espèce, la pins largement répandue du genre, varie sensiblement de nuance, de taille et même de pro- portions, selon les pays; aussi a-t-elle été décrite, maintes fois, sous des noms différents. Le Maroc produit une va- riété d’une nuance fauve o1 blanchâtre, ornée, sur le dernier tour, de trois zones d’un brun foncé. Cette variété, que j'ai reçue d'Agadir , correspond exactement aux fi- gures 2078-79 de la planche cex de Chemnitz.
On trouve aussi, dans les mêmes parages, des individus qui s’écartent beaucoup du type par leur forme ventrue et la briéveté de leur spire (fig. 6*), dont le dernier tour, quelquefois scalariforme, manifeste une tendance à la cos- tulation. Ce sont des cas exceptionnels, à en juger par le petit nombre de sujets revêtus de ces caractères.
Malgré la compétence de M. Brot en pareille matière, :
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je ne saurais admettre que la M. prærosa de Linné et la buccinoidea d'Olivier soient deux espèces distinctes. Les caractères différentiels, que ce savant leur assigne, me pa- raissent tout à fait secondaires, et ils se confondent abso- lument dans les nombreuses variétés que présentent l’une et l’autre forme.
Melanopsis Dufouri, Férussac.
Il ne serait pas étonnant que cette coquille, admirable- ment représentée, avec ses variétés, dans l'Iconographie de Rossmässler, se trouvât au Maroc, puisqu'elle habite l'Espagne et l'Algérie. Néanmoins, elle n’y a pas été signa- lée, jusqu'ici, d’une manière authentique, car la mention de M. Paladilhe se réfère, comme on l’a vu plus haut, à ia M. Hammanensis. Celle de Mousson (Jahrb. Malak. Ges., 1874, p. 105), ne laisse pas plus de doute, puisqu'il cite les figures 2080-81 de Chemnitz, qui représentent, incontestablement, cette mème coquille. J’ajouterai que, parmi les nombreux échantillons que j'ai reçus de Tanger, Dar-el-Beida, Mogador, Ourika, Agadir, Fez et l’Ouad Noun, il ne s’est pas trouvé un seul représentant de l'es- pèce.
125 Melanopsis Hammanensis.
Buccina Maroccana (pars), Chemnitz, t. cex, f. 2080 81. Melanopsis Dufourii, Férussac, in Mém. Soc. Hist. nat, I,
18253. — Maroccana, Morelet, in Journ.Conchyl., 1855, | p. 297. e _— Bourguignat, Malac. Alg., Il, p. 257.
= _— Mousson, in Jahrb. Malak. Ges., I, 1874, p. 105.
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Melanopsis Hammanensis, Gassies, in Act. Soc. Lin. Bord., 5° série, I, p. 112, f. 5, 6. — — Brot, in Chemnitz, ed. nova, Mel., p. 437, t. xLvir, f. 15, 14.
Je regarde, aujourd'hui, cette coquille, que j'ai con- fondue, autrefois, d'après l'autorité de Férussac, parmi les variétés de la M. Dufouri, comme une espèce distincte, et celte opinion est partagée par M. Brot. La M. Dufouri est une coquille de forme allongée, dont la spire est très- développée; celle-ci, au contraire, est ventrue, avec une spire très-courte. Le mode d'enroulement par étages, quand cette particularité se manifeste, chez la première, n’est pas semblable au mode de la seconde, dont les tours sont fortement carénés et aplatis contre la suture. Cette disposition, d'ailleurs, n’est point ici accidentelle, mais normale. Enfin, on ne remarque pas, chez la M. Hamma- nensis, cetle contraction du dernier tour qui est un des traits caractéristiques de l’autre espèce. La figure que Chemnitz en a donnée, quoique grossière, est très-recon- naissable, car, outre la forme générale qui est exacte, elle fait sentir la gradation des tours de spire.
Casa Blanca (Mousson). M. Paladilhe fait mention d’une variété de Mékinez, qui, bien évidemment, n'appartient pas à cette espèce.
124. Melanopsis cariosa.
Murex cariosus, Linné, Syst. Nat., XIT, p. 1220. Melanopsis costellata, Férussac (pars), in Mém. Soc., Hist. nat., I, 1825. Coquille très-répandue dans les parties moyenne et mé- ridionale du Maroc. Les sujets les plus développés pro-
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viennent des ruisseaux qui arrosent les alentours de la capitale ; ils sont d’un brun clair, parfaitement uniforme. Ceux qui vivent dans l’Ouad Noun, aux confins du terri- toire, sont plus petits, mais également réguliers dans leur forme ; aucun d’eux ne montre cet allongement de la spire que l’on remarque chez certains spécimens de la Péninsule Hispanique, et qui constituent la variété tur-
rita figurée par Rossmässler dans son [conographie (Gg. 846).
125. Melanopsis costata.
Buccina Maroccana, Chemnitz (pars), t. ccx, fig. 2082-85. Melania costata, Olivier, Voy. Levant, t. xxxi, fig. 3. Melanopsis costellata, Férussac (pars), in Mém. Soc. Hist. nat., [, 1825. — çostata, Brot, in Chemnitz, ed. nova, Mel., p. 426, t. XLvI, fig. 4-7.
J'avais considéré, autrefois, cette coquille, représentée d’une manière très-reconnaissable dans l’ancienne édition de Chemnitz, comme une variété allongée de la précé- dente ; mais, après une étude comparative des modifica- tions dont cette dernière est susceptible, je n’hésite pas à revenir sur mon premier jugement en la rattachant à la M. costata. Le savant continuateur de Chemnitz a partagé, sans doute, cette indécision, car, après avoir cité, dans l'article qu’il consacre à la M. costata, les fig. 2082-83 de l'ouvrage allemand, il reproduit la même citation en s'appuyant sur la synonymie de Férussac, dans celui qui concerne la M. cariosa. Il y a évidemment, ici, une con- fusion qui prend sa source dans le nom de costellata que Férussac applique, mal à propos, au Murex cariosus de Linné, en rattachant, comme variété, à sa nouvelle es- pèce, le sujet représenté sur la pl. cex, fig, 1082-85, de
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Chemnitz. Ce qu'il faut retenir, au milieu de cette con- fusion, c’est l’aveu de l’auteur, qui convient que sa va- riété Marocaine se rapproche moins du Lype que la M. cos- tata, par sa forme et sa costulalion grossière.
Trois caractères principaux éloignent l’espèce dont il s’agit de la M. cariosa et la rapprochent de la costata : En premier lieu, elle compte un tour de plus à la spire. Ce caractère, sur lequel il est inutile d’insister, frappe, au premier aspect, parce qu’il entraîne, nécessairement, une modification de la forme. En second lieu, la costulation, particulièrement grossière et saillante, consiste en 10 à 44 côtes sur le dernier tour, quand la cariosa n’en compte pas moins de 16 à 17. Enfin, l'espèce est fasciée, parti- cularité qui appartient à la costata et qui n’a jamais été observée chez la cariosa. J'ajouterai, comme dernière considération, que tous les exemplaires que‘j'ai eus sous les yeux, au nombre de 40 environ, présentaient les mêmes caractères, sans aucune particularité transitoire.
La M. costata a été trouvée dans l'Isli, où elle est abon- dante. C’est probablement la même coquille qui figure dans la Notice de M. Paladilhe, sous le nom de Maroc- cana, et qui vit aux environs de Mékinez, car l’auteur nous apprend qu’elle est nettement fasciée, et il la com- pare à la M. Judaica de Roth, qui n’est autre chose que la costata. Seulement, en citant mal à propos Mousson, il la confond avec la M. Hammanensis, qui est tout à fait dif- férente.
126. Melanopsis Tingitana (pl. LL, fig. 8). Melanopsis Tingitana, Morelet, in Journ. Conchyl., 1864, p. 155.
— — Bourguignat, Malac. Alg., If, p. 922.
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Melanopsis Tingitana, Mousson, in Jahrb. Malak. Ges., I, 1874, p. 102. = — Brot, in Chemnitz ed. nov. Mél., p. 442, t. xLvin, fig. 1-5. _— — Paladilhe, in Rev. Zool., [, 1875, | p. 94.
Cette coquille, comme toutes les Mélanopsides du nord de l'Afrique, est variable, beaucoup moins, cependant, dans sa forme que dans son ornementation. Les premiers spécimens que j'ai reçus des environs de Tanger diffèrent sensiblement, sous ce rapport, de ceux qui vivent à Mo- gador et, plus au sud, dans les eaux d'Agadir. Ceux-ci me paraissent constituer le véritable type de l'espèce. Je reproduirai donc la diagnose qu’en a donnée M. Brot, sur des matériaux plus complets, en y introduisant quelques légères modifications de détail.
T. ovalo-turrita, solidula, corneo-virens vel cinerascens, rarius nigra, spadiceo plerumque strigata, nitida. Spira elata, subintegra, apice tantum deficiente ; anfr. 6-8, su- tura appressa, fimbriata juncti, infra suturam constricti, longitudinaliter costati, interstitriis striolati, costis palli- dioribus, crassiusculis, sinuosis, subirregularibus, ad su- turam nodulosis; anfract. ultimus ovatus, costis usque ad basim decurrentiibus ; apertura ovata, superne in canalem augustum prolongata, busi paulo dilatata, rotundata, in- tus alba, rufescens aut nigra ; columella arcuata, callosa, callo nodiformi, mediocri, margine dextro superne im- presso, basi arcuato. — Longit. 18-27 ; lat. 7-13 millim.
La forme que je considère comme typique, c’est-à-dire comme étant la plus répandue, est ovale allongée, avec une spire aiguë, presque intacte. Elle est d’un gris ver- dâtre ou bleuâtre, plus rarement noire, souvent striée de
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brun-rougeâtre, dans l'intervalle des côtes. Celles-ci sont généralement saillantes, sinueuses, peu régulières, épais- sies au-dessous de la suture, et d’une nuance un peu plus claire que le fond.
A deux journées de Mogador, sur la route de Maroc, on trouve, dans un ruisseau, une forme remarquable par la contraction prononcée du dernier tour, au-dessous de la suture. Les sujets sont de grande taille, avec une costu- lation grossière et très-saillante.
Une autre forme, que je crois pouvoir rapporter à la mème espèce, a été recueillie dans une fontaine, aux en- virons d’Ourika (Prov. de Demnate). Elle est courte, solide,
brunâtre ou gris-cendré, sans éclat, avec une callosité blanche et épaisse. L'ouverture est d’un brun-rougeûtre, à l’intérieur. La costulation est plus fine, plus irrégulière et beaucoup plus espacée que chez les précédentes.
Enfin, dans toutes les eaux où se rencontre cette Méla-
nopside, on peut remarquer des individus chez lesquels la contraction du dernier tour et la costulation tendent à _s’effacer. En général, celle-ci se maintient, à des degrés divers, au moins sur les premiers tours de la spire; le test conserve aussi, presque toujours, quelques vestiges des stries rougeâtres qui l’ornent d'habitude; mais il faut bien reconnaitre que ces caractères peuvent s’obscurcir à tel point que l'espèce devient presque méconnaissable.
La Mel. Tingitana vit dans la petite rivière Souani, près de Tanger, aux environs de Mogador, et dans la province de Sous, près d'Agadir (Beaumier). M. Brot assure qu'elle habite aussi l'Andalousie.
127. Melanopsis Maresi.
Melanopsis Maresi, Bourguignat, Paléont. Alg., p. 106, t. vi, fig. 1-4.
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Melanopsis Maresi, Bourguignat, Moll. du Sahara, p.22, t. XX VII, fig. 18-21. — — Bourguignat, Malac. Alg., II, p. 265, t. xvi, fig. 21-24. — — Paladilhe, in Rev. Zool., 1875, p. 94.
M. Paladilhe, dans le Catalogue des coquilles rapportées du Maroc par le D' Bleicher, déclare que cette Mélanop- side qu’il a connue, puisqu'elle existait dans sa collection, est distincte de la Tingitana ; d’un autre côté, M. Brot, qui a traité le genre Melanopsis avec beaucoup de compé- tence, dans la nouvelle édition de Chemnitz, manifeste quelque indécision. Quant à moi, d’après la description de M. Bourguignat et les figures excellentes qui l’accom- pagnent, je crois que les deux espèces doivent être réunies. La Mel. Tingitana n'a été connue de M. Pala- dilhe que par un exemplaire provenant de la rivière Souani, semblable à ceux que j'avais reçus, moi-même, dans l’origine, et qui s’écartent de la forme méridionale, plus généralement répandue, par une taille moindre et une costulation plus fine, plus régulière et plus serrée. Ce conchyliologiste aura été frappé, comme je l’ai été moi-même, de l'ensemble de ces caractères, dont on peut difficilement apprécier la valeur relative, quand les élé- ments de comparaison ne sont pas plus complets.
La M. Maresi, qui m'est seulement connue par la des- cription de l’auteur, vit, au Maroc, dans les eaux douces de Mékinez (Paladilhe), et à Oudjdah, sur la frontière de l'Algérie (Bourguignat). La forme typique, c'est-à-dire celle qui est conforme aux premiers individus rencontrés à l’état subfossile, a été retrouvée dans le ruisseau de Keriz, au sud de la Tunisie (Marès).
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NERITACEA. XXIV. G. NERITINA.
128. Neritina Maroccana.
Neritina Maroccana, Paladilhe, in Rev. Zool., 1875, p. 95, t. vi, fig. 26-28.
Coquille bien caractérisée, qui vit aux environs de Mékinez.
429. Neritina Numidica.
Neritina Numidica, Récluz, in Rev. Zool., 1841, p. 346, fig. 179. |
Cette petite espèce, qui habite aussi l'Algérie, a été recueillie, par M. Cotty, dans l’Isli, sur la frontière des deux pays.
ACEPHALA. XXV. G. Unio.
150. Unio littorals.
Unio littoralis, Cuvier, Tabl. élém., 1798, p. 495. — Ksibianus, Mousson, in Malak. Blätt., 1874, p. 156. — nee Mousson, in Jahrb. Malak. Ges., I, 1874, p.104,t. v, fig. G (puvems). — _ Kobelt, in Rossm., 1155. — litioralis, Martens, in Malak. Blätt., 1874, p. 188.
Bien que cette coquille ait été enregistrée, par Kobelt, sous le nom de Ksibianus, l’auteur allemand ne la consi- dère pas moins comme une forme locale du littoralis. Cette forme, moins robuste que le type, ce qui tient sans doute à la faiblesse des cours d’eau, se rencontre également dans . les petites rivières de l’Algarve, notamment dans celles
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des Silvès. J’ajouterai, relativement au nom que doit porter l'espèce, qu’il me paraît peu judicieux d'adopter celui de rhomboideus, attendu qu’il n’est nullement prouvé que cette dernière coquille corresponde au liltoralis de Cuvier et de Draparnaud. La figure que Schrôter en donne ne ressemble guère au littoralis qui, d’ailleurs, ne vit pas dans les eaux de la Thuringe. S’il est juste de reconnaître les travaux de nos devanciers et de leur rendre ce qui leur appartient, c'est à la condition que cette restitution ne laissera point subsister d'incertitude. Le changement d’un nom usité depuis longtemps et connu de tout le monde ne peut se justifier qu’à ce prix.
151. Unio Letourneuxi.
Unio Letourneuxi, Bourguignat, Malac. Alg., IL, p. 289, t. XVIL, fig. 47-50. _ — Mousson, in Jahrb. Malak. Ges., I, 1874, p. 103. — Hispanus, Lowe, in Proc. Lin. Soc.,V,1860, p.176: — — Martens, in Jahrb. Maläk. Ges., 1875, p. 102.
On peut s'étonner, à bon droit, que les faibles cours d’eau du nord de l'Afrique aient fourni aux Conchyliolo- gistes une mine aussi féconde à exploiter. A la vérité, le caractère de la plupart de ces coquilles, et particulière- ment des Unio est de n’en avoir pas, en sorte qu'il est très-difficile de les distinguer entre eux. D'un autre côté, on ne saurait les identifier tout à fait avec les espèces de l'Europe (je parle, bien entendu, de celles qui sont pro- pres à la contrée). L’intervalle qui les sépare est bien faible, et cependant il convient d’en tenir compte. L’es- pèce dont il s’agit ici se trouve précisément dans ce cas.
Lowe, qui la recueillit le premier, crut reconnaître
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l'Unio Hispanus, opinion partagée plus tard par M. E. von Martens, tandis que Mousson l’assimile au Letour neuxi de l’Algérie. La difficulté qui naît de ces apprécia- tions divergentes est tranchée par Kobelt qui déclare que les deux espèces n’en font qu'une (Malak. Blätt. 1874, p. 188). Tel est l’état de la question.
Pour la résoudre avec quelque certitude, les descriptions et les figures ne sont peut-être pas suffisamment con- cluantes ; il faut avoir les sujets sous les yeux. Dans ces conditions, si l’on compare l'U. Hispanus au Letour- neuxi, on s’apercevra bien vite que les deux formes sont différentes. La première appartient franchement au groupe de l’U. pictorum. Elle est plus épaisse, plus lisse que sa congénère ; le sommet est plus central; les cro- chets, plus développés et plus saillants, se recourbent d’une manière sensible, en sorte que, vue de profil, la coquille est absolument cordiforme. Il en résulte que le corselet, au lieu d’être saillant, est enfoncé, et que le ligament est dominé par les sommets. Il est donc impossible de confon- dre les deux coquilles.
Ce point étant établi, c’est évidemment à l’espèce algé- rienne, comme l’a fort bien senti M. Mousson, que se rapporte la forme du Maroc. On ne peut pas dire, toute- fois, que l’identité soit parfaite ; les crochets sont un peu plus développés et la surface des valves est un peu plus lisse ; mais les légères différences qui dépendent, sans doute, des circonstances locales, ne paraissent pas suffi- santes pour justifier une séparation.
L'Unio Letourreuxi appartient à un groupe spécial qui n’a pas été nettement défini jusqu'ici, et dont les repré- sentants habitent le nord de l'Afrique et la Péninsule Hispanique. Les échantillons de cette espèce que j'ai eus
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2. IR
sous les yeux provenaient de l'Oued Kessib (Rivière des roseaux), à peu de distance de Mogador.
Il résulte de ce qui précède que le Maroc compte, au- jourd’hui, 105 espèces de Mollusques terrestres et 26 d’eau douce, en tout 151 espèces bien déterminées. On ne saurait, quant à présent, établir de comparaison entre cette Faune et celle de l’Algérie, d’abord, parce que nos connaissances sont trop inégalement réparties entre les deux pays, et, en second lieu, parce que la Faune algérienne comprend des éléments dont la valeur spécifique n’est pas encore bien solidement assise. Tout ce que l’on peut dire, c’est que le Maroc ne paraît pas moins riche que la contrée voisine, ni moins original dans ses productions, puisque, sur 151 espèces de Mollusques, on en compte 39, c’est-à- dire près du quart, qui lui appartiennent en propre, etque tous les grands genres del’ Europe y sont représentés, sauf les genres Vitrina, Valvata, Anodon, Cyclas et Pisidium, qui n’y ont pas encore été recueillis, mais qui vraisembla- blement y existent. | À. M.
Nomina specierum excludenda.
Buccina Maroccana, Chemnitz. Spec. confusa. Bulimus Paivæ, Lowe — decollatus. — .solitarius, Lowe — H. conoïdea.
Helix Barbara, Linné. Spec. incerta.
— Burini, Bourguignat — llaresi.
— caperata, Lowe — Colomiesiana.
— degenerans, Mousson — Mograbina. — depressa, Beck. Spec. ignota.
— _erythronixia, Bourguignat — Dehnei. — Tigriana, Bourguignat — Maresi.
— Mogadorensis, Bourguignat — Turcica.
| — 85 — Helix rusticula, Paladilhe — Jaylei. — Scabriuscula, Morelet — Sultana. — Seigneti, Bourguignat. Descriptio caret. — Subapicina, Mousson — apicina. — submeridionalis, Bourguignat. Spec. confusa. — subscabriuscula, Bourguignat — Sultana. — Sylvatica, Morelet — Coquandi. — Terveriana, Mousson — acuta. — Tingitana, Beck. Spec. ignota. — ZLaffarina, Bourguignat — Dupotetiana. Melanopsis costellata, Férussac. Spec. confusa. — Dufouri, Férussac (pars) — Hammanensis. — Letourneuxi, Bourguignat — Descriplio care . Planorbis aclopus, Bourguignat == Metidjensis. Pupa Tingitana, Beck. Spec. ignota. Turbo turricula Maroccana, Chemnitz — Bulimus acutus. Unio Hispanus, Lowe — Letourneuxi. — Ksibianus, Mousson — littoralis.
Sur les conditions d'existence de l’Ostrea angulnta, Lamarck,
Par P. Fiscxer.
L'Huitre de Portugal (Ostrea angulata), introduite dans les parcs du sud-ouest de la France depuis 1866, s’est ac- climatée, à l'embouchure de la Gironde, dans des circon- stances fort curieuses.
Un navire chargé d’Huîtres du Tage et se rendant à Bordeaux, versa dans la Gironde une partie de sa cargai- son qu’il supposait avariée ; les Huîtres tombèrent sur le banc de Richard, près du Verdon, et à 9 milles environ de l'embouchure de la Gironde.
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Quelques années après, non-seulement ces Huîtres avaient constitué ur banc très-riche, mais le naissain, transporté par la marée et les courants, couvrait tout le littoral de l'estuaire de la Gironde. Aujourd’hui l’Huître du Portugal y paraît définitivement acclimatée; elle re- trouve en ce point des conditions identiques à celles qui la font prospérer, à l'embouchure du Tage.
J'ai pu, en août 1879, constater l'abondance de l’Ostrea angulata sur les deux rives de la Gironde : à Saint-Geor- ges, Royan, Pontaillac, Saint-Palais, etc., sur la rive droite; au Verdon et à la Pointe-de-Grave, sur la rive gauche. D’après M. Bouchon-Brandely, le naissain a même été transporté depuis la Gironde jusqu'à La Ro- chelle (4).
En étudiant les conditions dans lesquelles vit l’Ostrea angulata, se déposant, à son gré, j'ai constaté, à ma grande surprise, que cette espèce appartenait essentiellement à la zone littorale, c’est-à dire qu’elle était découverte, à chaque marée, tandis que l'Ostrea edulis a son habitat ordinaire dans la zone des Laminaires.
Cette différence de station nous explique pourquoi l'Huître du Portugal supporte mieux que nos Huitres indi- gènes les changements de température, dans les parcs; et comment (pour me servir de l’expression des parqueurs) elle est plus rustique. Une autre circonstance ajoute à la vitalité de l'Huître portugaise : sa valve inférieure est très-creuse et conserve beaucoup d’eau ; propriété indis- pensable pour bien supporter la saison chaude.
Voici, pour ainsi dire, la coupe d’une falaise de Pon-
taillac (Charente-Inférieure), subdivisée en régions, d’a-
(1) Rapport au Ministre de la Marine relatif à l’Ostréiculture sur le littoral de la Manche et de l'Océan, p. 106, 1877.
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près les stations des animaux marins et des plantes qui y vivent superposés :
Partie supérieure. : Littorina neritoides. Partie inférieure. : Litlorina rudis. Lygia oceanica. Balanus balanoïdes. Palella vulgata. 3° Région des Patelles. . .........,. PNR PUIS Ostrea angulala. Actinia equina. Fucus vesiculosus. & Région des Hermelles. . . ... ... neue Balanus perforatus. Hermella alveolata. 5° Région des Pholades.. . . . ....... : Pholas candida et dac- lylus.
1° Région subterrestre.
2° Région des Balanes.
1%... 01 e,oekje''s 7e ;e
Les Ostrea angulata sont partout cantonnées dans la mème zone des Patelles. Leur hauteur maximum au- dessus du niveau de la mer est de À * 60. Leur taille est faible, mais elles sont adultes, et celles que j'ai ouvertes étaient remplies de frai. Leur coloration consiste en flam- mules noirâtres sur un fond blanc; la réunion de ces Mollusques dans une petite zone étroite produit une ligne noirâtre sur les rochers et elle se distingue d’assez loin. La valve inférieure porte toujours quelques très-gros plis longitudinaux qui caractérisent cette espèce et empè- cheront toujours de la confondre avec l’Huître américaine (O0. Virginica, Canadensis, etc.) qui porte comme elle une tache violette, à l’intérieur des valves. L’Ostrea an- gulata ne ressemble qu’à une espèce fossile : Ostrea undata, Lamarck, qui est vraisemblablement sa forme ancestrale. Les individus âgés de quelques années sont allongés comme l’Ostrea crassissima ou l’Ostrea Virginica
Les côtés océaniques de l’ouest de la France possèdent
7 NS donc aujourd'hui trois espèces d’Ostrea, ayant chacune une station bathymétrique distincte. Ce sont :
4° Ostrea angulata, Lamarck. — Zone littorale.
2 Ostrea edulis, Linné. — Zone des Laminaires (0—28 mètres), et zone des Nullipores (28—72 mètres).
30 Ostrea cochlear, Poli. — Zone des Nullipores et des Corallines, et zone des Brachiopodes et des Coraux (45—184 mètres).
On peut en conclure que la présence d’un banc d’Ostrea fossiles n'indique pas toujours une faible profondeur, comme on le suppose généralement. J'ajouterai même que, dans une localité déterminée, les Huîtres les plus grandes, les plus épaisses et les plus âgées en apparence proviennent généralement des parties les plus profondes. Ainsi, les grands individus d’Ostrea edulis, appelés sur le littoral de la Manche « pied-de-cheval ou Huïîtres de dragues » vivent aussi profondément que les « Huîtres des chenaux ou Huîtres mères » d'Arcachon. M si
Les Hruchinedes Siluriens de la Bohême, d’après les travaux de M. Barrande,
paAR D. OEHLERT.
En 1852, paraissait le premier volume de l’œuvre que M. Barrande entreprenait pour faire connaître la Faune du bassin Silurien de la Bohème. Depuis, seize volumes ont été successivement publiés, et ont apporté tour à tour de nombreux matériaux pour la connaissance des Trilo- bites, des Céphalopodes, des Ptéropodes, etc. Restaient d’autres groupes, tels que les Brachiopodes, les Lamelli-
branches et les Gastropodes, dont la publication était im- patiemment attendue. M. Barrande vient de donner, pour les Brachiopodes, deux volumes in-4° contenant 1553 plan- ches et 226 pages de texte (1), et il promet pour bientôt les volumes concernant les Lamellibranches.
Déjà, en 1847-48 (2), il avait publié une Etude sur les Brachiopodes Siluriens de la Bohème, où il avait signalé 475 espèces; mais, depuis, les recherches de l’auteur ont considérablement augmenté cette liste, et lui permettent de faire connaitre 640 formes distinctes, dont îes figures sont accompagnées d’explicalions détaillées. Le temps n'ayant pas permis à l’auteur de donner, comme dans ses travaux précédents, des descriptions minutieuses, il a seu- lement fait connaître les résultats obtenus par l'étude des Brachiopodes Siluriens.
Bien que limitées à un unique terrain et comprenant seulement Ja Faune d’un Bassin de faible étendue, les pu- ‘ blications de M. Barrande ont toujours eu un grand re- tentissement, car l'auteur, par ses généralisations, par ses vues synthétiques et comparatives, a su captiver latten- tion des Géologues et des Paléontologues, alors même que leurs études-étaient dirigées vers d’autres buts. Dans tous ses ouvrages, M. Barrande cherche, comme résultat de ses éludes, à découvrir les lois qui président à l’apparition de la vie, à expliquer la disparition, parfois brusque, des espèces ; il se demande quelles sont les influences pou- vant produire ces variations, qui, selon le point de vue où l’on se place, constituent des espèces distinctes ou de
(1) Un résumé de cet ouvrage a été publié par M. Barrande sous ce titre : Brachiopodes. Etudes locales. Extraits du Système Silurien du centre de la Bohême. Prague, 1879. Un vol, in-8, 356 pages et 7 pl.
(2) Naturwissenschaftliche Abhandlungen, t. I. et U.
se Ste simples variétés, mais dont l'étude offre toujours le plus vif intérêt.
Chaque étude faite par M. Barrande lui a fourni des con- clusions dont il s’est toujours servi pour combattre vail- lamment et avec une conviction profonde les théories transformistes. Dans le résumé de son ouvrage sur les Cé- phalopodes, il avait argué de l’absence de ces formes dans la Faune primordiale de toutes les régions explorées ; il avait montré 12 types génériques, comprenant 16: for- mes spécifiques, surgissant tout à coup dans la Faune se- conde et apparaissant avec l’ensemble de tous leurs carac- tères ; il avait prouvé; par des faits embryogéniques, que les Goniatites, qui sont considérées par les évolutionistes comme formant une transition entre les Nautiles et les Ammonites, ne provenaient pas des premiers. Enfin, il se demandait si les espèces, chez les Céphalopodes, pouvaient dériver les unes des autres, et il était arrivé à une solution négative, comme pour les Trilobites.
Ayant récolté, dans le groupe des Brachiopodes, un nombre considérable d'individus, M. Barrande a pu éten- dre son travail et étudier les formes diverses qui viennent se grouper autour d'un type spécifique, et, alors, il a de nouveau cherché s’il est possible d’arriver à établir, pour ces variétés, des arbres généalogiques ramenx, montrant la filiation des formes.
Avant d'aborder ce sujet, l’auteur explique que, outre l'espèce, il distingue les variétés et les variantes. Sous le premier nom, il groupe les formes qui possèdent les prin- cipaux caractères de l'espèce admise, mais qui en diffèrent par une ou plusieurs modifications importantes, se mani- festant dans un nombre notable d'individus. Si les modi- fications sont secondaires ou qu’elles ne méritent pas une dénomination scientifique, elles constituent des varia-
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tions : tels sont les rapports entre la longueur et la lar- geur, le nombre et la nature des plis, la forme du bour- relet, des stries, etc.
Au milieu de ce polymorphisme, comment distinguer le type spécifique? M. Barrande choisit celui qui est ap- paru le plus anciennement. Ce choix, dans quelques cas, ainsi que le reconnaît l’auteur, exige un peu d’arbitraire, car souvent le type primitif est accompagné, dès son ap- parilion, de variétés bien distinctes et constantes qui dis- paraissent avec lui.
Après avoir signalé les différents modes de variations et de variétés qui peuvent se présenter dans une coquille, et après avoir cité de nombreux exemples à l'appui, M. Barrande indique certaines formes qui sont immua- bles, et dont les variations ont été cherchées en vain, tan- dis que d’autres étonnent par le grand nombre des variétés et des variantes. Bien que l’auteur ne pense pas découvrir les causes efficientes de ces variations, et que ces faits lui semblent « un vrai mystère en connexion avec la créa- tion », il examine quelles sont les circonstances qui sem- blent avoir le plus de rapports avec l'apparition de ces variétés.
Il examine l'influence que peut avoir le grand nombre d'individus appartenant à un mème horizon, et il constate que, s’il existe des espèces, abondamment répandues dans une même bande, qui sont accompagnées d'un cortége de variétés, il en est d’autres qui sont invariables, bien qu'ayant une mème diffusion.
Au contraire, on voit des espèces qui présentent de fréquentes variations, soit dans la forme, soit dans l'orne- mentation, bien que n'étant représentées que par un petit nombre d'individus.
Quant aux variations qui devraient se produire chez les
= OS
espèces qui ont une grande extension verticale, il semble- rait que la Bohème devrait en offrir de nombreux exem- ples; car le bassin y est limité, il n’a été que rarement tourmenté par des éruptions et les couches y sont très- épaisses et très-régulières, surtout dans le Silurien supé- rieur. Le type Brachiopode devait donc trouver là l’occa- sion de montrer sa faculté d'adaptation aux circonstances. De plus, les recherches de ce genre sont facilitées, en Bo- hême, par le grand nombre d'individus, la netteté des ho- rizons, ce qui ne peut avoir lieu lorsque de semblables études se font dans des pays éloignés. Or, comme, sur 640 formes, 550 n’ont pas eu une existence plus longue que la durée d’une bande, on voit que la grande majorité des espèces a échappé à l'influence du temps. Si, au contraire, on examine les espèces qui traversent plusieurs étages, on voit que leur extension horizontale n’est jamais bien grande et que les variations, soit contemporaines au type, soit postérieures à celui-ci, ne sont jamais nombreuses, et, lorsqu'elles existent, on remarque qu’elles ne sont ja- mais graduées chronologiquement dans une même direc- tion.
L'étude des variétés, chez les êtres, a donné lieu à des études qui, souvent, sont venues favoriser les doctrines transformisies.
M. Vaagen, entre autres, a distingué les variations qui sont contemporaines du type et celles qui, apparaissant après Jui, en sont comme les modifications et que, pour cela, il appelle Mutations. M. Barrande examine toutes les façons dont les variations peuvent se comporter, par rapport au type spécifique, soit qu’elles laccom- pagnent pendant un temps plus ou moins long, soit qu’elles n'apparaissent qu'après l'extinction du type spé- cifique.
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Pour lui, c’est par des lignes parallèles et non par des li- gnes divergentes qu’il représentera ces rapports, « n’ayant Jamais, ditil, rencontré, en Bohême, aucun exemple ni de bifurcation ni de ramification qui puisse être comparé aux arbres généalogiques rameux, par lesquels on repré- sente la filiation idéale de certaines espèces d’Ammonites.»
Les variétés qui apparaissent en même temps que le type spécifique, ce qui est la majorité des cas, que l’on rencontre dans la même bande, souvent dans le même bloc de calcaire, mélangées avec ce type, et dont les carac- tères sont bien accusés dès le début, ne peuvent dériver du type spécifique, puisque l'influence lente et successive des âges géologiques n’a pas eu lieu. L'hypothèse d'une région inconnue où se seraient produites et développées peu à peu ces variélés, qui apparaissent, en Bohême, de toutes pièces et concurremment avec le type spécifique, ne ferait que reculer la difficulté et ne servirait à rien pour expliquer l'apparition des variétés qui surgissent soudai- nement, durant l’existence du type spécifique, avec tous leurs caractères marqués dès le jeune âge.
« La variété n’a donc besoin, pour se développer, ni de l'influence des circonstances locales, ni de celles des âges géologiques. »
Quant à la variété postérieure au type, qui semble dé- river de lui, M. Barrande cite un cas de filiation apparente. Il s’agit de 5 Pentamères, dont le premier apparaît dans la bande e*, le second dans la bande f?, et le troisième se trouve dans le Dévonien moyen. L'auteur, après avoir scrupuleusement examiné les raisons qui appuient cette dérivation du type primordial, hésite à la considérer comme définitivement démontrée. Dans tous les cas, le fait exceptionnel présenté par ces trois Pentamères, « ne pourrait exercer aucune influence sensible sur des
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conclusions formulées d’après des faits généraux. »
M. Barrande ne nie pas, du reste, l'existence de for- mes dévoniennes, par exemple, pouvant se rattacher idéa- lement à des types plus anciens, mais il déclare ces cas fort rares et il les explique par une création spéciale qui lui paraît aussi admissible pour des variétés postérieures au type que pour celles qui l’accompagnent.
Chez les Céphalopodes, M. Barrande, comparant dans un genre les espèces horizontales et les espèces verticales, était arrivé au même résultat : « Personne, avait-il dit (Etudes sur les Céphalopodes, VIT, p. 77), n’a songé à con- sidérer les espèces contemporaines comme dérivées les unes des autres par filiation ou transformation, puisque les différences qui les distinguent ne peuvent pas être at- tribuées à l’influence des âges géologiques... En pré- sence de ce fait, nous nous demandons si la même cause n'aurait pas produit des différences semblables entre les espèces successives, sans avoir recours aux moyens imagi- nés par les théories. »
Le grand nombre d'individus, la multitude de varia- tions qui se rencontrent chez les Brachiopodes ont permis à l’auteur du Silurien de la Bohême de répéter ses expé- riences sur ce nouveau groupe, mais cette fois en interro- geant l’espèce el la variété.
En comparant les résultats donnés par les Trilobites et les Brachiopodes, M. Barrande conclut que, dans le Bas- sin de la Bohème, la durée des espèces, leur diffusion ho- rizontale, la fréquence des individus et le nombre des va- riétés ont lieu d’une manière très-diverse et manifestent des forces très-inégales de vitalité ; il constate l'apparition brusque, dans plusieurs séries successives, d'espèces nom- breuses et possédant, des le début, la plénitude de leurs caractères distinctifs. Chez les Brachiopodes, comme chez
es les Trilobites, les variations postérieures (mutations) ne sont que de rares exceptions. Enfin, il établit que les va- riations sont beaucoup plus nombreuses, chez les Brachio-e podes, que chez les Trilobites, el que, par suite, les es- pèces appartenant à ce dernier groupe ont une plus grande valeur chronologique et qu’elles serviront plus sûrement à classer un étage que celles qui appartiennent au premier.
Les Brachiopodes de la Bohème ont été distribués par M. Barrande en 26 genres, dont 5 ont été créés pour des formes nouvelles qui semblent être propres à la Bohème, ce sont les genres : Mimulus, Clorinda et Paterula. Les Brachiopodes sont également distribués dans les trois Faunes du Silurien. Dans la Faune primordiale, il existe seulement 2 espèces, appartenant aux genres Orthis et Obolus ; on doit y remarquer l’absence des genres Linqu- la, Lingulella, Lingulepis, qui caractérisent la Faune correspondante, dans la zone septentrionale.
Dans la Faune seconde, 7 genres apparaissent brus- quement ; dans la Faune troisième, on en compte 25 dont 15 sont nouveaux et ne proviennent pas des Faunes anté-
rieures.
Si l’on examineles tableaux (pages 162-165) où l’auteur indique le nombre des espèces propres à chaque bande, on voit que le maximun de développement a lieu dans les bandes e* et f? pour diminuer ensuite rapidement jusqu’à la bande À: où l’on ne trouve plus que 6 espèces.
Cette distribution n’a pas lieu régulièrement et l’ac- croissement d’une bande à l’autre donne parfois lieu à des augmentations considérables : telle est la bande e', qui contient 52 espèces, tandis que la bande e?, qui lui suc- cède immédiatement, en possède 295. Entre la bande f* et la bande f?, on constate la même irrégularité ; le nom-
= Ve bre des formes passe subitement de 23 à 222. Ces appari- tions brusques de genres nouveaux ou d’es sé ces inconnues dans les couches précédentes, a suggéré l’hypothèse de centres de diffusion qui auraient peuplé tous les Bassins connus, car la Bohème n’est pas le seul pays qui présente ce phénomène.
« Ces centres supposés, dit l’auteur, font l'effet d’un mythe que l'imagination place partout et que la réalité ne montre nulle part. »
Bien que la présence du calcaire semble avoir une grande influence sur le développement des Brachiopodes, cette influence n’est pas la seule, puisque, dans le Silu- riens supérieur, les bandes de calcaire présentent une richesse bien inégale en espèces.
Sur les 640 formes de Brachiopodes trouvés en Bohème, 550 n'ont pas eu une durée d'existence supérieure à celle d’une bande, en moyenne, et souvent elles sont localisées dans une seule couche peu épaisse. Les autres sont com- munes à deux ou parfois à un plus grand nombre de bandes. Les Brachiopodes Siluriens n’ayant donc joui, en général, que d’une existence peu prolongée, il a fallu « une puis- sante rénovation pour combler les vides causés par l’ex- tinction graduelle de ces êtres. »
L'auteur, pour expliquer cette rénovation, fait interve- nir plusieurs facteurs : 1° le passage des espèces d’une bande à l’autre; 2° l'introduction, par immigration, d’es- pèces étrangères ; 5° enfin, la filiation, si elle existe.
En tenant compte de la valeur deces différents facteurs, il conclut que, pour la moitié des formes, la rénovation peut s'expliquer par une des causes ci-dessus indiquées, mais que, pour l’autre moitié, il faut attribuer cette ré- novation à une cause créatrice.
Quant aux disparitions brusques des espèces, que l’on
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— 95 — constate dans le Bassin, en général peu tourmenté, de la Bohème, M. Barrande les explique en supposant que cha- que espèce « ne possède qu’une quantité de force vitale, et que, indépendamment de toutes circonstances, chaque race doit s’éteindre après un certain laps de temps. »
Cette nouvelle étude, dent nous avons essayé de donner une rapide analyse, présente des faits d’un intérêt multi- ple. Elle fournit de nombreux et utiles matériaux, pour la connaissance des Brachiopodes, dont l’importance est si grande dans lesterrains paléozoïques ; elle apporte aussi des faits et des vues d’ensemble qui intéresseront les Pa- léontologues et les Zoologistes qui, cherchant à pénétrer le secret des premières manifestations de la vie, interrogent les animaux inférieurs ou ceux qui ont apparu les pre- miers sur notre globe.
Les résultats auxquels arrive l’auteur, sont toujours pour lui, comme nous l'avons dit en commençant, des armes servant à combattre les théories transformistes ; mais, s’il cherche à expliquer les faits, il se trouve en face « d’un mystère auquel aboutissent toutes ses re- cherches, mais dont il n'attend Ja révélation, ni par les efforts rationnels de la science, ni encore moins par les élans poétiques de l’imaginalion. »
Des études semblables à celles qui ont paru sur les Tri- lobites, les Céphalopodes et les Brachiopodes restent en- core à publier, et les matériaux à faire connäitre sont assurément fort nombreux. Cependant nous espérons que l'infatigable M. Barrande fera bientôt paraître ses autres travaux, qui viendront ainsi compléter l’uv des plus beaux ouvrages qui aient été publiés sur la Paléontologie.
D. CE.
OT
Conchyliorum fluviatilium fossilium, in stratis tertiariis superioribus Rumamisæ Collectorum, novæ species,
AucT. R. TourRNOUËR (1).
Les présentes diagnoses ont été établies à l’aide de nou- veaux matériaux, recueillis en Roumanie et communiqués par M. Porumbaru, de Bukarest. L'auteur en prend occa- sion pour rectifier ou compléter quelques indications de noms de lieux ou d’espèces contenues dans le précédent travail. Les espèces portant la simple mention Nisipulu ou Doljui proviennent toutes, comme les espèces nouvelles actuellement décrites, des sables tertiaires des environs de Craiova, district de Doljiu, partie occidentale de la Roumanie. La Paludina n° 3 inscrite avec un ? sous le nom de P. Rumana, Neumayr, est la Vivipara Fotterlei inédite du mème auteur; et le n° 4, P. Rumana ? var., est la véritable V. Rumana, Neumayr, typus.
4. PALUDINA CRAIOVENSIS.
Testa ovato-inflata, lævigata, imperforata ; spira bre- vis, apice obtuso, anfractibus 5 1/2 parum convexis, su- tura parum profunda disjunctis, ultimo amplo cœæteros longitudine superante; apertura mediocris, columella valde incrassala, umbilicum obtegente. — Altit. max. 25 mill.; diam. ult. anfr. 18 mill.
In loco Bukovatzu dicto, prope urbem Rumaniæ Craio- va, in arenis ochraceis simul atque Vivipara Pilari, Bru- sina, et Unio procumbens, Fuchs, commune jacet.
(1) V. ante, Journal de Conchyl., vol. XXVII, n° 3, page 261, 1879.
en Nes
A ffinis ? Pal. Sadleri, Partsch, a quu specie testa gra- vidiore,obesiore, anfractibus ad suturam rarissime tumi- dis, valde differt.
9, EmMMERICIA RUMANA.
T. ovato-conoidea, acutiuscula, imperforata, subtilis- sime transverse-striata; anfractibus 5 1/2 subplanis, re- gulariter crescentibus; ultimo spiram æquante; apertura odata, subeffusa, superne angulata; peristomate continuo; labro columellari recto, adnato; externo, crassiusculo, resoluto, basi subangulato.— Altit. max. T mill.; diam. 5 mil.
Ibidem, cum præcedente jacet.,
Affinis E. canaliculatæ, Brusina, a qua forma majore, anfractibusque minus convexis, etc. differt.
5. MELANOPSIS -RUMANA.
T. ovato-fusiformis, lævigatu, obsolete plicatula; — spiru attenuata, apice acuto, anfractibus subplanis, ulti- mo turgidulo, cœteros bis æquante; — columella valde incurvata, contorta; postlice callosa, antice ad basin repanda, subcanaliculata. — Long. 25-27 mall.; lat 12 mill. |
Loc. Cum præcedentibus.
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À M. præmorsa differt spira attenuata, breviore, ulti- mo anfractu lurgidiore, columella magis contorta.
4. Uxio CRAIOVENSIS.
T. trigona, tumida, cuneiformis, valde inœquilateralis ; antice brevis, anflata, cordiformis; in regione postmediana depressa; postice attenuata angulata, cuneata ; margine dorsali abrupte declivi; ventrali sinuoso; — concentrice sulcata, sulcis undulatis, antice lævigata, postice rugoso-
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tuberculata; — wmbonibus prominentibus, recurvis; lu- nula notabili, profunde excavata; ligamento crasso; — area cardinalis debilis, dente cardinali (in valvula dex- tra) transverso, mediocri, laterali lamelliformi, subcre- nulato; — impressione musculari antica mediocri. — Diam. ant.-post. 60 maill.; — umb.-ventr. 50 mil. k crass, 45.
In loco Cretzesti dicto, prope urbem Craiova jacet.
Unioni Kukuljevici, Brusina (1878), eæ descriptione auctoris, icone deficiente, maxima affinis est, sed major, altior, crassior, postice nodosa, et testa triangulari, cor- diformi, nec oblique ovata, differre videtur.
5. Uxio Sracet, Neumayr, var. crassiplicala.
Typo major, margine dorsali subarcuato, plicis concen- tricis crassioribus usque ad marginem ornata.
In loco Leamna dicto, prope urbem Cruiova, simul cum Paludina bifarcinata, Bieltz, frequenter occurrit.
6. Unio ICONOMIANUS.
_T. transverse peroblonga, perobliqua, admodum inæ- - quilateralis, lateraliter compressa; antice oblique rolun- data, in medio depressa, postice paulalim attenuata, an- gulato-producta; margine dorsal perlongo, applanato, lente declivi; ventrali in medio sinuoso ; — superficies in regione wmbonali irrequlariter tuberculato-plicata, plicis ad dorsum divaricatis, ad marginem ventralem posterio- remque evanescentibus ; — umbonibus excentricis, termi- nalibus ; dente cardinali (valvulæ dextræ) obliquo, magno, truncato, mullifido; lamellu lierali longu, sat elevata; — Diam. ani.-post. max. 90 mall. ; umb.-ventr. 42 mill.;:
crass.: 25.
24 MU Loc. Cum præœcedente jacet. Affinis U. sculpto, Brusina; à qua specie testa obli- quiore, magis compressa, in medio sinuata, ad dorsum subanqulata, ornamentisque validioribus distinguitur.
7. Unio PoruMBaARI.
Testa triangularis, obliqua, compressa, valde inæquila- teralis ; antice truncata, postice attenuata, clivo dorsali recto, applanato; — superficies tota profunde et laxe plicata; plicis wmbonalibus tuberculatis, irregulariter concentricis ; inferioribus strenuis diversis, margine pos- leriore inde fleæuoso, sinuoso ;—natibus conspicuis ; dgnte cardinali (valvulæ dextræ) magno, triangulari, bifido ; laterali lamellari, recto. — Diam. ant.-post. 50 maill, ; umb.-ventr. 35 mill.; crass. 22 mull.
Loc. Cum precedente jacet.
Ab U. Strossmayeriano, Brusina, cui affinis est, clivo dorsali recto, haud incurvato, margine ventrali postice producto atque fleæuoso, plicisque pecüliaribus differt.
8. Unio JiULENSIS.
T. lata, rhomboidea, valde compressa, valde inæquila- tera, subalula, umbonibus immersis; untice brevissima, obovato-rotundata; postice dilatata; margine dorsali lon- 90, subangulalo; ventrali rotundato; — superficies undu- lato-sulcata ; — area cardinalis angusta, dente cardinali (valvulæ dextræ) mediocri, fossula deficiente ? denie lute- rali?.— Diam. ant.-post. 120 mill.; umb.-ventr. 80 mill.; crass. 15 mill.
Loc. Cum prϾcedentibus, ad ripas fluminis Jiul dicti.
Ab U. Stefanescoi, Tournouër, testa admodum com- pressa, latiore, umbonibus immersis, atque area eardi- nali dentibusque longe differt ; quum in U. Stefunescoi sit
— 100 — area lalissima, dentesque cardinales sint magni et late bipartiti. Ex descriptione auctoris, icone deficiente dentibusque ignotis, Unioni pterophoro, Brusina (1878), valde affinis,
sed minus alta et umbonibus immersis differre videtur. AT
BABLIOGGIRAPHEX.
Iconographie der Land- und Süsswasser-Nol- lusken mit vorzüglicher Berücksichtigung der Europäischen noch nicht abgebildeten Arten von E. A. Rossmässler, fortgesetzi von ([co- nographie des Mollusques Terrestres el fluvia- tiles, avec étude spéciale des espèces Euro- péennes non encore figurées, par E. A. Ross- mässler, continuée par le) Br ww. Kehelt {1). — Livraisons 1 à 3 du volume VIT.
Le nouveau Fascicule, qui forme la première moitié du volume VII de l’Iconographie des Mollusques terrestres et fluviatiles, comprend des espèces appartenant aux genres Helix, Melanopsis, Physa et Planorbis. Plusieurs formes très-remarquables d’espèces européennes se trouvent figurées, pour la première fois, notamment les Helix Thies- seana et H. Godetiana, Kobelt ; Zonites pergranulatus,
(4) Wiesbaden, 1879, C. W. Kreidel’s Verlag. Fascicule petit in-4, composé de 3 livraisons, comprenant 24 pages d'impression et accompagné de 15 planches, dont 14 sont coloriées. Prix de chaque livraison (éhez l'éditeur) : 5 fr. 76 c. avec figures noires et 10 francs avec figures coloriées.
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Godet ; Helix vermiculosa, Morelet ; Pyrgula Thiesseana, Godet. Deux espèces sont décrites comme nouvelles par l’auteur (Helix Mariannæ et H. Ascheræ).
M. le docteur Kobelt, qui a eu à sa disposition une très-belle suite de l'espèce caractéristique de la partie sud de la presqu'île des Balkans, l’Helix Codringtoni, Gray, démontre, avec preuves à l'appui, que les Helix eucineta, eupœæcilia et euchromia, Bourguignat, non-seulement ne sont pas de bonnes espèces, mais encore ne peuvent même pas être considérées comme des varictés basées sur des caractères suffisamment stables et suffisamment con- stants. En conséquence, sa conclusion est que ces trois espèces doivent tomber purement et simplement dans la synonymie de l’H. Codringtoni.
Nous signalons avec éloge l'excellente exécution des planches dessinées par l’auteur lui-même et coloriées sous sa direction, ainsi que l’érudition qu’il déploie dans la discussion critique des espèces et de la valeur plus ou moins grande qu'il convient d’attacher à chacune d'elles. Cette tâche, généralement difficile, le devient encore da- vantage lorsqu'il s’agit d'espèces européennes, car on sait que, dans l'étude de ces formes,quelques auteurs sem- blent s'être voués à la tâche ingrate de perfectionner la nature, en créant un certain nombre d'espèces auxquelles assurément, elle n’a jamais dû songer. H. CRosse.
Moluseos del Viaje al Pacifico, verificado de 1862 à 1865 por una Comision de Naturalistas enviada por el Gobierno Español. — Parte ter- cera. Univalves Marinos por (Mollusques du Voyage au Pacifique, accompli, de 1862 à 1865
= 109 par une Commission de Naturalistes envoyée par le Gouvernement Espagnol. — Troisième Partie. Univalves Marins, par) 3. G. Hidalgo. — Pre- mière livraison (1).
Notre honorable collaborateur et ami, le D' G. Hidalgo, de Madrid, à qui l’on doit déjà la publication des Parties let IT des Mollusques du Voyage au Pacifique, accompli avec tant de courage et de dévouement à la science, par les naturalistes espagnols de l’Expédition, vient de faire paraître la première livraison de la Partie IT du même ouvrage. Îl s'occupe, cette fois, de l'étude des Mollusques Univalves Marius et passe successivement en revue les es- pèces appartenant aux familles des Muricidæ, des Pleuro- tomidæ, des Tritonidæ, des Buccinidæ, des Olividæ, des Fasciolariidæ, des Turbinellidæ, des Volutidæ, des Mitri- dæ, des Doliidæ, des Ficulidæ, des Naticidæ, des Cassi- didæ, des Terebridæ, des Conidæ, des Strombidæ, des Cy- præidæ et des Cerithiidæ. Chacune des espèces mention- nées par l’auteur est décrite avec soin et les descriptions sont suivies d'observations critiques intéressantes.
H. CRoSSE.
Manual Of Concholegy structural and systemalic. With illustrations of the species. By (Manuel de Conchyliologie structurale et systématique, accompagnée des figures des espèces. Par) George WW. Eryon, Sr, — Partie IV (2).
(t) Madrid, 1879. Un Fascicule grand in-4, comprenant
144 pages d'impression.
(2) Philadelphie, 1879, chez l’auteur (Academy of nat. Sciences, Cor. 19th and Race Streets} ; à Paris, chez F. Savy, li-
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Ce nouveau fascicule comprend la fin des Céphalopodes ct termine le premier volume de l'important ouvrage en- trépris par M. Tryon. L'auteur, après avoir terminé par l'étude du genre Hemisepius, le Catalogue des espèces de la famille des Sepiidæ, passe en revue, successivement, celles qui appartiennent aux familles des Belosepiidæ, Be- lemnitidæ et Spirulidæ, puis, dans l’ordre des Tetrabran- chiata, aux familles des Nautilidæ et des Ammonitidæ.
Le volume se termine par un Index alphabétique des espèces citées, ainsi que de leurs synonymes, et par une explication détaillée des planches.
Le meilleur éloge que nous puissions faire du volume de M. Tryon, c'est de dire que nous ne connaissons pas d'ouvrage plus complet ni mieux au courant des progrès de la science, en ce qui concerne l’histoire naturelle des Céphalopodes. Les planches, très-nombreuses et d’une bonne exécution, ajoutent encore un nouvel intérêt à l'ouvrage. Tout ce que nous pouvons donc souhaiter, c’est que le deuxième volume, dont la première partie est sur le point de paraître, se maintienne à la hauteur decelui-ci.
H. Crosse.
Table générale et amalytique des volumes XXI à XXIX de la deuxièmé série (1864 à 1872) du Bulletin de la Société géologique de Framnee, par FARE. E. Damzlure el A. Eioene (1).
Par cette utile publication, les auteurs ont rendu un
braire, 77, boulevard Saint-Germain. Fascicule in-8 comprenant 124 pages d'impression et 42 planches noires ou coloriées.
(4) Paris, 1879, au siège de la Société, 7, rue des Grands-Au- gustins, et chez F. Savy, libraire, 77, boulevard Saint-Germain. Un volume in-8 de 154 pages d'impression.
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grand service à tous ceux qui s'occupent de Géologie et de Paléontologie, car elle facilitera leurs recherches et leur évitera des pertes de temps.
Les Tables sont au nombre de trois et disposées dans l'ordre suivant : 4° Table des auteurs ; 2° Table des noms géographiques ; 5° Table des genres et des espèces.
Nous engageons vivement les auteurs à entreprendre le même travail, pour les autres séries du Bulletin de la So- ciété géologique de France. Ils rendraient ainsi plus ac- cessible et plus facile à consulter la collection, déjà consi- dérable, de cet important Recueil scientifique.
H. CRossE.
Synopsis NOVOrum generum, Specierum et varie- tatum Molluscoruin viventium testaceoruen anno 1878 promulgatorum. Collegit mr ww. Ko- belt (l).
Dans cette utile compilation, qui est appelée à rendre de grands services aux Malacologistes, en facilitant leurs recherches et en leur évitant les pertes de temps, l’auteur reproduit textuellement les diagnoses des genres, espèces et variétés de Mollusques testacés vivants, qui ont été dé- crits, dans le courant de l’année 1878, en Europe et en Amérique. Les naturalistes qui ne possèdent que peu de livres ou qui se trouvent dans l'impossibilité de recourir aux bibliothèques publiques, trouveront, dans cette pu- blication, le moyen de se tenir, à peu de frais, au courant des nouveautés conchyliologiques, éparses dans une foule de recueils qu'il n’est pas toujours facile de se procurer.
(4) Francfort-sur-le-Mein, 1879, chez Diesterweg. Brochure in-8 de 134 pages d'impression.
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. C’est donc un véritable service que rend le D' Kobelt à la science et aux savants et nous l’engageons vivement à poursuivre son œuvre et à nous donner, chaque année, un nouveau Synopsis. H. Cross.
MÉCROLOGEIE.
Nous consacrerons, cette année comme les années pré- cédentes, quelques pages à la mémoire de ceux de nos savants confrères dont la science malacologique a eu à regretter la perte, en 1879.
M. le professeur Paul Gervais {de l’Institut), né à Paris, le 26 septembre 1816, est mort, dans la même ville, le 10 février 1879, à la suite d’une longue et douloureuse maladie.
Jeune encore, il prit part aux travaux des Suites à Buffon, éditées par la librairie Roret, et, en 1855, il fut attaché, comme préparateur, à la chaire d'anatomie com- parée, alors occupée par D. de Blainville, dont il devint l'élève et qui lui inspira le goût de l’Ostéologie des Verté- brés vivants et fossiles.
En 1845, il fut chargé du cours de zoologie, à la Fa- culté des sciences de Montpellier, où il séjourna 20 ans. Il était doyen de cette Faculté et correspondant de l'Ins- titut, lorsque, en 1865, il fut appelé à remplir les fonc- tions de professeur de zoologie, à la Faculté des sciences de Paris. En 1868, nommé professeur d'anatomie com- parée, au Muséum de Paris, il abandonna la Sorbonne pour occuper une chaire moins lucrative, mais qui avait
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été celle de Cuvier et dans laquelle il pouvait mieux satis- faire ses goûts scientifiques. Et pourtant il n’était pas riche, ce qui rendait encore plus méritoire le sacrifice qu’il faisait à la science ! Quand il est mort, il était, de- puis plusieurs années déjà, membre de l’Académie des sciences,
On lui doit de nombreux et importants travaux scien- tifiques, et notamment la Zoologie et la Paléontologie française qu'il publia de 1848 à 1852, et dont une se- conde édition a paru en 1859. Il créa et dirigea, de 1872 à 1878, le Journal de Zoologie, qui contient des docu- ments bibliographiquesimportants sur l’histoire naturelle des Mollusques. Au point de vue malacologique, M. P. Gervais a publié une monographie du genre Sepiola (en collaboration avec Van Beneden), une note sur le grand Calmar de la Méditerranée, une intéressante étude criti- que sur les notions relatives aux Céphalopodes, consignées dans Aristote. I collabora au Journal de Conchyliologie et nous lui devons une courte note sur deux Parmacelles du Midi de la France.
Le professeur P. Gervais était un excellent zoologiste, dévoué à lascience, rempli d’ardeur et d'activité, et sachant toujours maintenir son indépendance scientifique. Sa mort a été un deuil pour tous ceux qui le connaissaient et qui ont été à même d'apprécier ses grandes qualités et la droiture de son caractère.
M. le D'J. C. Chenu s’est fait connaître par de nom- breuses publications sur la Conchyliologie. Médecin mili- taire, il fut nommé chirurgien de la garde municipale de Paris. Ses fonctions le mirent en rapport avec M. Benjamin Delessert, alors préfet de police, et possesseur d'un re-
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marquable Musée conchyliologique, dans lequel se sont fondues successivement les collections Lamarck, Masséna de Rivoli, Récluz, etc. M. Delessert donna au D' Chenu la place de conservateur de ces collections et il garda ces fonctions jusqu'au moment où, pour des raisons sur les- quelles il est préférable de garder le silence, ces précieu- ses collections échappèrent à la France, à laquelle on les offrait gratuitement, pour aller enrichir le Musée de Genève. |
Notre regretté confrère publia successivement : le Re- cueil des coquilles décrites par Lamarck et non figurees, splendide ouvrage, remarquable par la beauté hors ligne des planches ; les Illustrations conchyliologiques, grande Iconographie, dont le plan était, peut-être, trop vaste, et qui est restée inachevée ; les Leçons élémentaires de Con- chyliologie, tentative de vulgarisation scientifique, qui, en dépit des erreurs assez nombreuses de l'ouvrage, a rendu de grands services aux études malacologiques,en les rendant accessibles à tout le monde ; la Bibliothèque Con- chyliologique, compilation aujourd’hui très-rare et très- recherchée ; enfin, le Manuel de Conchyliologie, publié de 1859 à 1862 et qui constitue son œuvre scientifique la plus importante.
Le D' Chenu était un infatigable travailleur et tous les amis des sciences naturelles ont toujours trouvé chez lui, lorsqu'il était conservateur du Musée Delessert, l'accueil le plus aimable et le plus empressé.
Dans les derniers temps de sa vie, devenu infirme et privé de la vue, il a voulu, en vieux soldat, terminer sa carrière à l'Hôtel des Invalides, où il est mort, dans le courant du mois de novembre 1879.
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Nous apprenons la mort de M. Rousse, qui possédait une des principales collections conchyliologiques de Bor- deaux. H. Crosse et P. FiscHer.
NOUVELLES.
Nous apprenons que M. Caroti est de retour de son voyage scientifique en Sardaigne. Il a exploré, au point de vue malacologique, la partie S. O. de l’ile, et it a fait ensuite une excursion jusqu'au Gennargentu et dans l'O- gliastra. Il a recueilli de nombreux et intéressants maté- riaux, et nous avons tout lieu de croire que le résultat de ses recherches dans cette grande île méditerranéenne, si mal connue jusqu'ici, sera prochainement publié.
M. le D' N. Tiberi désire céder une collection très- complète de coquilles méditerranéennes, composée de 400 à 500 espèces et comprenant les principales raretés de la Méditerranée (Xenophora, Latiaxis, Triton, Fusus, Cras- pedotus, Pedicularia, Gyriscus, etc.), particulièrement celles qui proviennent des zones profondes. Le prix de Ja collection entière est de 1,000 francs : on céderait, à part, moyennant 200 francs, la plus rare des espèces ma- rines de la Méditerranée, le Gyriscus Jeffreysianus,Tiberi, qui a été décrit et figuré dans le Journal de Conchyliolo- gie (1) et dont on ne connaît, jusqu’à présent, que lrois exemplaires. S’adresser à M. le D°N. Tiberi, à Portici, près Naples (Italie). H. CROSSE.
(1) Journ. Conchyl., vol. XV, p. 303 (1867), et vol. XVI, p. 59, pl. v, fig. 1 (1868).
Paris. — Imprimerie de Mme Ve Bouchard-Huzard, rue de l’Eperon, 5 ; J. TREMBLAY, gendre et successeur.
OUVRAGES NOUVEAUX.
Mission scientifique au Mexique et dans l'Amérique centrale, ouvrage publié par les soins du Ministre de l’instruc- tion publique. — Recherches zoologiques publiées sousla direction deM.Mizwe-Enwarps, membrede lInstitut.—7®partie. _Étudesurles Mollusquesterrestres et fluviatiles, par MM. P. Fiscuer et H. Crosse. Paris, Imprimerie Nationale, MDCCCLXXVIIL. La septième livraison est actuellement en vente. Elle comprend la fin des Stenogyridæ, les Succi- neidæ, les Vaginulidæ, les Oncidiidæ, et termine le premier volume (pages 625 à 702 et planches xxx à xxx1. La huilième livraison esl sous presse et paraîtra prochainement.
Naturæ Novitates. Bibliographie neuer Erscheinungen aller Länder auf dem Gebiete der Naturgeschichte und der exacten Wissenschafien, Parties 40 à 18. — Berlin, 4879, chez R. Friep- LäaNDER, éditeur, Carlstrasse, 41. — 9 brochures in-8, de 4 pages d'impression Chacune.
Quarterly Journal of Conchology.Conducted by W. NEL- son and Joux W. Tavcor. — Vol. L. — Londres, 1874-1878, chez Harowicxe Er Bocue, libraires, 192, Piccadilly. Un vo- Jume in-8° comprenaut 416 pages d'impression.
Jahrbücher der Deutschen Malakologischen Gesell- schaft nebst Nachrichtsblatt. Redigirt von Dr W. KoBELT. — Volumes Ill à VI. — Francfort-sur-le-Mein, 1876-79, chez Alt et Naumann, libraires, Zeil, 68. Trois volumes in-8°, compre- nant, chacun, 4 livraisons et accompagnés de planches noires et coloriées.
Malakozoclogische Blâtter, als Foriselzung der Zeil- schrift für Malakozcologie. Herausgegeben von S. CLESSIN — Nouvelle série. — Vol. I. — Cassel, 1879, chez TH. FISCHER, éditeur. Volume in-8° composé de 214 pages d'impression el accompagné de xv planches noires.
Table des Matières
CONTENUES DANS CETTE LIVRAISON.
Pages. La Faune malacologique du Maroc en 4880,. .. . . A MORELET. .,... ,: 5 Sur, les conditions : d'existence de l’Ostrea angulata, LU AAC ASSURE OP ME ON A A RTE ge P. FISCHER ...,- , 2e 83 Les Brachiopodes Siluriens de la Bohême, d'après les travaux de M. Barrande . . . : «4... 2 D. ŒHLERT ... : ., 86 Conchyliorum fluviatilium fossilium, in stralis tertiariis supérioribus Rumaniæ, collectorum novæ species. . . R: TOURNOUgR. - : à 96 Biblinésape tre EL TC ment EL 4290 Cros! 311) LT On LIUREVE, (Et ARR ETUI SE OR EE ARE Pa H. Crosse et P. Fischer 405 Nouvelles. . . + . .. AAA OR ER RAC IN me ETUIS H. ChossE + . . . . » . 108
Le journal paraît par trimestre et forme 1 volume par an,
PRIX DE L’ABONNEMENT (PAYABLE D'AVANCE) :
Pour Paris et pour les départements (reçu franco). . . 16fr. Pour l'étranger (Union postale) id. : ER AE Pour les pays hors d'Europe id. An pu
S’adresser, pour l'abonnement, payable d'avance, et pour les com- muuications scientifiques, à M. H.Crosse, directeur du Journal, rue Tronehet, 25, à Paris, chez qui on trouvera aussi les volumes précé- demmenut publiés du Journal de Conchyliologie, (Écrire franco.)
Il estrendu compte des ouvrages de Conchyliologie et de Paléonto- iogie dont deux exemplaires sont adressés au bureau du Journal.
PARIS. — IMP. DE M"° V' BOUCHARD-HUZARD, RUE DE L'ÉPERON, 9. — 1879. LU
J: TREMBLAY, GENDRE KT SUCCESSEUR.
3° Série. — Tome XX, — No 2.
È 3 MARS | Ê 1:26
CONCHYLIOLOGIE
L'ÉTUDE DES MOLLUSQUES
VIVANTS ET FOSSILES,
Publié sous la direction de
us «M, CROSSE et P, FISCHER.
A PARIS, L53AQ T4 . CHEZ H. CROSSE, RUE TRONCHET,,
Dépôtà Paris, chez M. F. SAvY, 17, boulevard Saint-Germain. A _— à Londres, chez MM. WiLLtams et NORGATE, 4, Hénriétta-Sureet: ae ce spin chèz MM. WiLtiams ét NonGAre, 20, South-Fréderick-Street.
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INDEX GÉNÉRAL ET SYSTÉMATIQUE DES’ MATIÈRES
DU
uit NE NGHELIOLOGIE ; À | PARIS 850-1872:
Un te in- ge de 208 pages d'impression, comprenant la table des articles contenus dans les volumes là XX et la tabie, par ordre alphabétique, des Familles, Genres, Sous- -genres el Espèces de Mollusques décrits ou cités dans ces volumes.
EN VENTE ACTUELLEMENT AU BUREAU DU JOURNAL, RUE TRONCHET, 25.
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OUVRAGES NOUVEAUX
Escursione scientifiéa nella Calabria 1877-1878. — Fauna Malacologica. Specie terrestrie fluviatili enumerale : e descritte da M. PauLuccI«—Paris, 4880, chez F. Savy, libraire, 77, boulevard Saint-Germain. Un volume petit in-4°, imprimé avec luxe, comprenant 223 pages d'impression et accompagné de 9 planches lithographiées sur papier de Chine. Prix : 20 fr.
Études stratigraphiques et paléontologiques pour servir à l’his- toire de la période tertiaire dans le bassin du Rhône, par F. Fonrannes. — IV. Les terrains néogènes du pla- teau de Cucuron. Gadenet. Cabrières, d'Aigues.— , Paris, 1878, chez F. Savy, libraire, 77, boulevard Saint-Ger- main. Un volume petit in-4°, imprimé avec luxe, comprenant 97 pages d'impression et accompagné de 2 planches lithogra- phiées sur papier de Chine et d’une coupe géologique.
Faune conchyliologique terrestre el fluvio-lacustre de la Nouvelle-Calédonie, publiée sous les auspices du Minis- tère de l’Instruction publique avec quatre planches ;coloriées, par J. B. Gassies.—Troisième partie.—Paris, 1880, chez BaIL- LIèRE, libraire, 49, rue Hautefeuille. Un volume grand in-8° de 108 p. d'impression, accompagné de 4 planches coloriées.
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JOURNAL
DE
CONCHYLIOLOGIE.
1°" Avril 1880.
La position systématique des Braehiopodes, d'après les travaux de M. Morse,
PAR D. OEBLERT.
Pendant longtemps les Brachiopodes ont été considérés comme très-voisins des Lamellibranches. De récentes études sur l’organisation et le développement des ani- maux de ce groupe ont rendu presque nécessaire leur sé- paration d'avec les Mollusques, et, actuellement, un cer- tain nombre de zoologistes, se basant sur des données anatomiques et embryogéniques, sont disposés à les rap- procher des Annelés. Dès 1847, Steenstrup signalait, pour la première fois, les affinités des Brachiopodes avec les Vers et, poussant plus loin la recherche de leur parenté, il leur assignait une place près des Annélides tubicoles. Mais, les vues du professeur de Copenhague furent long- temps ignorées, sans doute à cause de la langue, peu ré- pandue, dans laquelle elles étaient exposées, et Lacaze- Duthiers, Gegenbaur, Owen, C. Vogt, Huxley, Hancock,
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et tant d’autres naturalistes, qui ont contribué à la con- naissance des Brachiopodes, n’en font aucune mention dans leurs travaux. |
En 1875, un naturaliste américain, M. Morse, ayant étudié les connexions des Brachiopodes avec les autres groupes, arriva aux mêmes conclusions que le savant Danois ; mais, n’ayant aucune connaissance des vues de celui-ci, il s’attribua d’abord, ainsi qu'il le dit lui-même, tout l’honneur d’une découverte faite vingt-cinq ans plus tôt par Steenstrap.
C’est à cette époque que M. Morse publia son intéres- sante brochure : « On the systematic position of the Bra- chiopoda. » Ce Mémoire, qui n’a pas été traduit en fran- çais et qui est moins connu qu’il le devrait, a beaucoup contribué à expulser les Brachiopodes de la place qu'ils occupaient à tort dans la classification : aussi, aujourd'hui que tout le monde semble à peu près d'accord pour ex- pulser les Brachiopodes des Mollnsques acéphalés, et qu’un grand nombre de naturalistes leur reconnaissent cer- taines affinités avec les Annelés, peut-être est-il encore de quelque utilité, malgré le temps écoulé depuis la publi- cation de ce Mémoire, de donner un rapide exposé des faits qui y sont produits par l’auteur, en faveur d’une opi- nion dont il est un des partisans les plus convaincus.
L’embranchement des Mollusques a subi, depuis quel- ques années, de nombreux démembrements, dont Milne- Edwards donna le premier l’exemple, en séparant les Molluscoïdes des Mollusques proprement dits. D’après M. Morse, les limites de cet embranchement n’ont paru si embarassantes à définir que parce qu’on y avait placé, d’après certaines analogies de formes, des groupes qui, en réalité, sont complétement séparés.
Autrefois la seule présence d’une coquille calcaire quel-
D ee RU ee
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conque suffisait pour faire d’un animal un Mollusque; et la même cause qui réunissait à ce groupe les Spirorbes, les Serpules, les Cirrhipèdes et les Foraminifères, fai- sait entrer les Brachiopodes dans la même catégorie. En- core avait-on moins de raisons d’y classer ces derniers que tous les autres, car il n’y a que bien peu de rapports entre les plaques ventrale et dorsale d'un Brachiopode et les co- quilles latérales d’un Lamellibranche ; tandis qu’entre le tube d'une Annélide tubicole et la coquille du Vermet, entre les plaques calcaires d’un Cirrhipède et les coquilles d’an Mollusque acéphale, et entre la coquille cloisonnée de certains Foraminifères et celle du Nautile, il y a beau- coup plus de ressemblance. Telle est la force des préjugés, ainsi que le fait observer M. Morse, que l’on a yu des hommes de la valeur de Lamarck et de Cuvier égarés eux-mêmes par les tendances de l'époque : le premier pla- çait ensemble Anomia et Discina; le second, abandon- nant ses principes: basés sur la structure interne, réunis- sait les Cirrhipèdes aux Mollusques.
En revanche, les Conchyliologistes qui méritaient, à bon droit, ce nom, suivant la remarque de l’auteur, éloi- gnaient systématiquement de leur groupe de Mollusques tout animal dépourvu de coquille.
De pareilles méprises, accréditées par des hommes ayant une haute autorité dans la science, devaient entraîner bien des erreurs.
Cuvier, Vogt, Owen, Hancock, Huxley, Davidson, Lacaze-Duthiers, Carpenter, qui ont publié de si beaux travaux sur les Brachiopodes, n'émirent jamais de doutes, relativement à la place qu’ils occupaient parmi les Mollus- ques (4). Aussi M. Morse avoue-que, lorsqu'il commença
(4) Gratiolet, au contraire, était persuadé que les Brachiopodes devaient être placés parmi les Articulés. Ses Mémoires sur la
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leur étude, il les croyait des Animaux Mollusques à autant de titres que les Oiseaux des Animaux Vertébrés.
Tous les travaux anatomiques et embryogéniques de l’auteur, qui se sont plus spécialement portés sur Discina, Lingula, Rhynchonella et Terebratulina, ont toujours eu pour objet de rechercher les affinités des Brachiopodes. Les résultats de ces études ont été publiés dans plusieurs Mémoires et particulièrement dans celui « On the syste- motic position of Brachiopoda. »
Considérations préliminaires. Ce Mémoire ayant pour but de séparer les Brachiopodes des Mollusques pour les réunir aux Vers, il devenait nécessaire de comparer d’a- bord ces deux derniers groupes entre eux. Pour cette étude comparative, on doit choisir des Mollusques ty- piques : soit un Lamellibranche ou un Gastropode ; c’est- à-dire des formes qui n’ont pas changé, depuis les époques reculées où elles ont apparu jusqu’à nos jours. En effet, les coquilles de Modiolopsis, Avicula, Murchisonia, Pleu- rotomaria, de même que les tubes et les setæ des Anné- lides sont tout aussi typiques, tout aussi caractéristiques de leur classe, dans les temps géologiques, qu’à notre époque.
Si l’on examine les principaux caractères de ces deux groupes, on constate entre eux de notables différences. En prenant, d’abord, la forme générale du corps, on voit que les Vers ont une symétrie parfaitement bilatérale, qu'ils sont étirés en longueur, aplatis ou circulaires, que leur corps est déprimé sur les côtés, et que les régions ventrale et dorsale sont parfois si rapprochées, qu’on ne les reconnaît que difficilement.
Térébratule et la Lingule indiquent, presque à chaque page, les
dissemblances qu’il trouvait entre ces animaux et les Mollusques. € PSE
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Les Mollusques, au contraire, ont une forme concen- trée, une disposition bilatérale souvent asymétrique, et des régions ventrale et dorsale très-distinctes l’une de l’autre.
La disposition des muscles locomoteurs présente de pa- reilles dissemblances. Dans les Vers, les muscles sont in- timement unis avec le tégument, dans toute la longueur du corps, particulièrement avec les parois latérales et dor- sale; dans les Mollusques, ils sont en relation, à la partie ventrale, avec ce disque rampant qu’on appelle pied.
Les viscères fournissent également des caractères de dif- férenciation, étant, en général, placés chez les Mol- lusques dans une chambre spéciale, située au-dessus du pied. Dans les Vers, l'enveloppe tégumentaire ne revêt pas une forme de sac ou de manteau recouvrant les branchies, comme dans le Mollusque; de plus elle porte, sur les bords, des soies raides, appelées selæ, qui constituent un des ca- ractères distinctifs des Vers, et elle se recouvre parfois d’écailles chitineuses, qui sont perforées, ainsi que le té- gument, par des tubules dont on ne trouve aucune trace chez les Mollusques.
Dans les Vers, le tube digestif est presque toujours droit et librement suspendu dans la cavité périviscérale, ce qui n'existe pas dans le Mollusque, où il est enroulé en spirale et étroitement uni avec d’autres organes. A part quelques Céphalopodes, les Mollusques ne possèdent pas cet appareil excréteur des Vers, connu sous le nom d’or- ganes segmentaires ; et, lorsque la cavité périviscérale com- munique avec l'extérieur, c'est seulement au moyen de simples orifices, percés dans les parois de cette cavité. Le collier nerveux des Mollusques ne présente jamais, comme celui des Vers, une double chaîne ganglionnaire. Dans les Annelés, à l’exception des Discophores, les produits géni-
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taux tombent librement dans la cavité périsvicérale où ils sont nourris quelque temps par le fluide qui y est con- tenu, et de là ils sont versés au dehors, par deux oviductes bilatéralement symétriques.
À l'exception d’un petit nombre de Céphalopodes, on ne voit rien de semblable dans les Mollusques, dont loviducte est impair. L’embryon des Vers est presque toujours annelé, et n’a pas de coquille, tandis que l’em- bryon des Mollusques possède de bonne heure une co- quille, composée d’une ou de deux pièces.
Beaucoup d’autres différences, de moindre importance il est vrai, pourraient encore être signalées entre le type Vers et le type Mollusque; mais l’auteur pense que celles qui viennent d’être énumérées sont suffisantes pour éta- blir la divergence des deux groupes, et passer de suite à l'étude comparative des Brachiopodes et des Vers.
Proportions générales du corps. — Certains Vers infé- rieurs, les Rotifères, par exemple, on! le corps divisé en deux parties, l’une thoracique et l’autre abdominale ou : caudale, par laquelle l’animal se fixe, chez quelques formes. Aucun de ces caractères ne se retrouve chez les Mollusques dont le corps, constitué par une région viscé- rale et un disque rampant ou pied, ne s'attache jamais directement, mais seulement par lintermédiaire d'un byssus ou par l’adhérence de sa coquille. Les Brachio- podes, au contraire, possèdent une partie thoracique et une partie caudale ou pédoncule, cette dernière variant beaucoup, suivant les différents groupes, Dans Terebratu- lina et Rhynchonella, ce pédoncule parait ferme, élas- tique et capable de supporter le corps, qui, à l’aide de certains muscles, peut se tourner autour. Dans Discina, ce pédoncule est muni d’un système spécial de muscles fixés à la partie externe de la plaque ventrale, et sa cavité
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communique directement avec la chambre périviscérale, au moyen d’une ouverture. = Une des observations les plus curieuses de M. Morse concerne une Lingule vivante (Lingula pyramidata). Cette espèce, qui laisse dans le sable des tubes sinueux, absolument semblables à ceux des Terebelles, a un pédoncule neuf fois aussi long que le thorax; ce pé- doncule s’enveloppe d’un tube de sable, a des contrac- tions vermiformes variées et rapides, et le fluide viscé- ral y circule avec vitesse; il possède des pores muqueux et est partiellement annelé, mais ne montre aucune trace de selæ, ce qui est une analogie de plus avec les Vers, dont la partie caudale est toujours dépourvue de ces appendices.
L'absence d'annulation, dans le corps des Brachiopodes, n’est pas, du reste, un fait important, puisque beaucoup de Vers, tels que les Chætognathes, les Nématoïdes et les Acanthocéphales, ne possèdent pas de segments ; que, chez les Géphyriens, ce caractère n’est pas plus accusé que dans le pédoncule des Lingules, et que, dans les Rotifères, cette annulation n’est qu’extérieure. On pourrait, d’ail- leurs, considérer comme un indice de segmentation l’exis- tence de deux paires d'organes segmentaires ou oviductes, dans Rhynchonella, ainsi que dans Lingula, cette cloison membraneuse, qui coincide avec une profonde constric- tion externe et qui tend à séparer la cavité périviscérale, de mème que la disposition des muscles, distribués par séries distinctes.
Dans les Vers, la symétrie bilatérale est parfois si par- faite qu'il est difficile de distinguer la partie ventrale de la partie dorsale ; ce fait existe aussi dans les Brachio- podes, et particulièrement dans Lingula, car, lorsque les valves sont isolées, il est difficile de déterminer si l'on a une valve ventrale ou une valve dorsale ; chez les Lamelli-
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branches et les Gastropodes, ces régions ne peuvent ja- mais être confondues.
Les Brachiopodes, il est vrai, ont une forme concentrée absolument différente de celle des Vers, mais ceux-ci pré- sentent quelques exceptions. C’est ainsi que Lankaster a décrit un Ver très-curieux (Chætogaster vermicularis) qui n'a que quatre ou cinq segments. Beaucoup de Rotifères sont également concentrés et céphalisés. Du reste, il serait étonnant que les Vers ne présentassent pas cette concen- tration de structure que l’on rencontre, dans tous les autres groupes, concurremment avec le développement longitudinal. Dans les Crustacés, on trouve les Brachyures au corps ramassé et les Macroures dont la forme est allongée; les Coronules, aplatieset concentrées, et les Ana- tifes qui possèdent de longs pédoncules. Chez les Echino- dermes, la Scutelle est comprimée, et l’Holothurie ver- miforme; enfin, l'Isocarde, parmi les Lamellibranches, est concentrée, et le Teredo, au contraire, n’est qu’un diminulif de la forme des Vers.
On pourait encore citer beaucoup d’autres exemples dans les Polypes, les Cténophores, les Gastropodes, les In- sectes, les Poissons et les Reptiles. D'ailleurs, la plus ou moins grande grande concentration de structure ne mo- difie en rien les affinités des groupes ; seulement elle peut rendre compte de cerlaines particularités, de même que le parasitisme explique l'absence de certains organes ca- ractéristiques de formes alliées.
Organes tégumentaires. — Le manteau du Mollusque sécrète généralement une coquille calcaire non adhérente et qui se détache facilement, ce qui donne lieu à la for- mation des perles par l'introduction de substances irri- tantes entre le manteau et la coquille; cette coquille n’est jamais perforée par des tubes traversant perpendiculaire ment le test et aucune ramification du manteau ou autre
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partie molle n’y pénètre. — La membrane palliale ou col- lier céphalique des Brachiopodes ne ressemble en rien à ce manteau des Mollusques ; elle est adhérente à la coquille et on ne l’obtient qu’en faisant dissoudre le test dans de l'acide ; elle a, au contraire, beaucoup de ressemblance avec le tégument des Annélides : comme chez celles-ci, la partie qui entoure la tête est fréquemment fendue sur les côtés et entaillée sur la ligne médiane ; seulement, dans les Vers, ce collier membraneux ne protége que la base des bras, tandis que, dans les Brachiopodes, il recouvre complétement ceux-ci, qui, malgré cela, peuvent s’éten- dre, soit partiellement comme dans Terebratulina, Lin- gula, soit entièrement comme dans Rhynchonella psittacea, ainsi que M. Morse a pu l’observer lui-mème.
Il existe, il est vrai, des différences entre les écailles que l’on rencontre dans un petit nombre de Vers, et les valves de Brachiopodes, mais la composition de celles-ci et leur structure, le fait que dans Lingula, Discina et autres formes voisines, les bords des valves sont entièrement libres, que dans celles qui sont articulées au bord posté- rieur (Terebratula, Rhynchonella), il n’existe jamais de li- gament comme dans les Lamellibranches, tous ces carac- tères réunis écartent toule possibilité de comparaison entre les coquilles des Brachiopodes et celles des Molius- ques. Il est donc plus naturel de considérer cette coquille comme un- tégument durci, comparable à celui des Ar- thropodes, dont il se rapproche par la proportion des élé- ments, puisque le test du Lingula contient 50 pour 100 de phosphate de chaux.
De même, la présence de tubules qui traversent l’épais- seur de la coquille et qui ne paraissent pas s’ouvrir à l’ex- térieur, a été observée par M. Morse, dès les premières phases du développement des Terebratulina. Elle établit
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des rapports avec les Annélides, qui, d’après Claparède, possèdent deux systèmes de canaux différents; les uns, servant à l'expulsion de certaines sécrétions, paraissent exister dans toutes les espèces ; les autres, beaucoup plus petits et plus rapprochés, n’ont de communication avec aucune glande et ne se trouvent que chez les espèces qui ont une épaisse cuticule.
Ces tubes peuvent avoir un peu modifié leurs fonctions chez les Brachiopades, mais, néanmoins, étant un carac- tère distinctif des Vers, ils servent à établir la parenté entre ces deux groupes.
Les Annélides ayant des pores muqueux, on devait s'attendre à les rencontrer chez les Brachiopodes. En effet, M. Morse, en étudiant des Lingules vivantes, les a distinctement vus au microscope, le long du pédoncule qui est glaireux de mucus; ces pores sont très-petits et très-rapprochés ; seulement, l'auteur ne put consta- ter si le mucus qui recouvrait la coquille exsudait du test.
Setæ. — Un caractère particulier des Vers consiste dans la production de soies ou setæ qui servent à la loco- motion ; celles-ci se forment dans un follicule interne, puis sortent à la surface, tantôt par une ouverture unique, tantôt par un pore spécial pour chaque soie, ce pore étant percé par la soie elle-même. Les selæ, mues à l’aide de muscles, servent à faire avancer l'animal et peuvent se balancer librement, en avant et en arrière. Rien n’est comparable dans les Mollusques, puisque la locomotion s'effectue à l’aide du pied et que l’on ne rencontre jamais aucune production de ce genre, sauf dans l'embryon de quelques Lamellibranches où il existe deux ou trois pe- tites épines, le long de la ligne médiane ventrale ; et dans quelques espèces de Chitons où se trouvent des soies raides
— 119 — traversant les écailles; dans tous les cas, ces épines ne peuvent être les homologues des seæ des Vers, puis- qu'elles ne sont pas en connexion avec la couche muscu- laire inférieure, et que, par suite, elles ne sont pas douées de mouvement. .
Chez les Brachiopodes, au contraire, l'existence de setæ est un fait général et caractéristique de ce groupe ; elles frangent le bord des membranes, lorsque celles-ci sont étendues, et offrent les mêmes dispositions que celles des Vers; comme dans ces derniers, elles sont sécrétées par des follicules internes et sortent, une ou plusieurs, par un même orifice. Dans les Brachiôpodes fixés, elles n’ont qu’une puissance motrice limitée et sont très-courtes, chez l'adulte, tandis que, chez les jeunes, elles peuvent dépasser de trois où quatre fois la longueur de l’animal, ainsi que l’auteur l’a observé pour Terebratulina, Rhyn- chonella et Discina.
Dans les Brachiopodes libres, Lingula pyramidata par exemple, la locomotion s'effectue principalement au moyen des setæ, qui se balancent d’avant en arrière, tandis que la plaque dorsale de la coquille oscille d’un côté à l’autre. — Discina, également, nage à l’aide de ces setæ, dont une paire, plus large que les autres et placée en arrière, lui sert pour se pousser en avant. — Ces soies, comme dans les Vers, peuvent aussi servir à protéger les bran- chies; lorsque Lingula pyramidata est enfoncée dans le sable, et qu'elle ouvre largement ses vaives, les setæ, comme celles des Annélides arénicoles, prennent une disposition telle que leurs extrémités se rejoignent et empêchent le sable de pénétrer en même temps que l’eau. — La diversité des soies des Vers s’observe également dans les Brachiopodes ; Discina possède, comme eux, plu- sieurs formes de setæ sur le même individu, et son em-
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. bryon est revêtu de longues soies, barbelées et caduques, absolument comme l'embryon des Vers. — À ce propos, il est intéressant de rappeler qu’Agassiz a arrêté l’at- tention sur ce fait curieux que les Vers des terrains Pa- léozoïques, de même que les embryons de nos Vers ac- tuels, étaient pourvus de soies barbelées.
Construchon du tube. — La construction du tube de sable n’est pas une particularité habituelle des Mollusques, et les quelques exemples que l’on trouve, ne rappellent les tubes des Vers que d’une manière lointaine (Lima, Gas- trochæna) ; tandis que Lingula pyramidata, que l’auteur a observée tout à loisir, se bâtit un tube de sable et se comporte absolument comme Terebella. Ayant conservé, quelque temps, un certain nombre de ces Lingules dans un vase à demi rempli de sable, M. Morse a vu qu’elles n'étaient pas fixées par leur pédoncule, comme il l'avait supposé, et que ce pédoncule, ainsi que, souvent, une partie de la coquille elle-même, était renfermé dans un tube de sable que l'animal réparait promptement, lors- qu’il était brisé, à l’aide de grains de sable et de frag- ments d'herbes marines. Les animaux sortaient souvent à la surface, puis rentraient instantanément, quand on les inquiétait. Ce pédoncule, comme nous l'avons dit plus haut, est extrèmement mobile et a des mouvement vermi- formes.
Système musculaire. — Les Brachiopodes ressemblent beaucoup aux Vers, sous le rapport des muscles du tégu- ment; chez les Vers, ces muscles sont disposés en deux séries, l’une transverse, l’autre longitudinale, produisant un aspect réticulé. Ce caractère se retrouve parfaitement visible dans les parois viscérales de Discina, surtout dans le jeune âge, et dans le pédoncule de Lingula. L'existence d’un système musculaire particulier et très-développé, chez
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les Brachiopodes, s'explique aisément, étant destiné à mou- voir les pesantes plaques calcaires et le corps de l’animal autour du pédoncule.
Ce caractère de muscles massifs se retrouve aussi chez les Lamellibranches; mais, chez ces derniers, ces muscles ont une disposition transverse et servent exclusivement à fermer les valves, le ligament élastique ayant pour fonction de les ouvrir. Cette disposition ne se présente jamais dans les Brachiopodes.
Cavité périviscérale et système circulatoire. — Beau- coup de points sont encore obscurs, à cet égard, mais ce que l’on en connait, indique des affinités avec les Vers. Dans les Brachiopodes, la cavité périviscérale est doublée par une délicate membrane qui, ainsi que l’a observé l’auteur dans des Térébratulines et des Rhynchonelles vi- vantes, est fortement ciliée. Cette disposition ne se trouve, d’après Claparède, que dans quelques Vers qui ont un sys- tème vasculairerudimentaire (Aproditiens, Glycériens, etc.) et sert à activer la circulation du fluide périviscéral qui contient des corpuscules. — Dans Lingula, cette mem- brane s'étend dans les sinus palliaux et par le mouvement des cils produit la circulation du fluide périviscéral, ce qui est très-visible à travers la coquille transparente du Lingula pyramidata.
L'auteur déclare qu'il n’a pu étudier, d’une manière satisfaisante, le système vasculaire décrit par Hancock, et qu’il partage les doutes de Carl Semper, du D' Lan- kaster, etc., par rapport à l’organe considéré comme un cœur par ce savant.
D’après les observations faites sur Terebratulina et Rhynchonella, à l’état vivant, M. Morse a vu que diverses .membranes qui soutiennent l'intestin et sont appelées, par Hancock et Huxley, bandes gastro-pariétales et
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latérales pariétales, sont vasculaires; que ces mem- branes revêtent intimement les oviductes et que la cir- culation qui y a lieu peut être considérée comme représen- tant le système pseudo-hæmal des Vers, c’est-à-dire celui qui contient un fluide coloré sans corpuscules. Certains corpuscules du fluide périviscéral des Lingules sont colorés : en rouge; d’autres sont fusiformes, allongés ; d’autres, ronds ; ceux-ci ont des mouvements amæboiïdes. Les cor- puscules colorés sont semblables à ceux du fluide périvis- céral des Siponcles, des Glycera et d'autres Vers cités par Claparède. Du reste, Lacaze-Duthiers, en constatant, dans les Bonellia et les Siponcles, deux systèmes de circulation, se demandait si les Brachiopodes ne possédaient pas la même disposition.
Système digestif. — Dans les Vers, le canal digestif est généralement droit, s’onuvrant antérieurement et posté- rieurement ; cependant, il existe d'importantes exceptions, qui viennent fournir des points de comparaison entre les Brachiopodes et les Vers.
L'intestin des Siponcles, par exemple, est contourné en spirale, et l'anus est antérieur; ce dernier caractère se présente dans le curieux Hæmenteria, décrit par Phillips, et dans Phoronis et Crepina. Certains Acanthocéphales et les femelles de quelques groupes de Rolifères ont un intestin terminé en cul-de-sac.
Les Turbellariés n’ont pas d’anus, et Jes processus cæcaux de l'estomac d’un Vers Trématode, le Temno- céphale, ressemblent beaucoup à ceux d’un jeune Bra- chiopode.
Nous allons retrouver toutes ces particularités des Vers dans les Brachiopodes. Les Térébratulidés n’ont pas d’anus, pas plus que Thecidium, Waldheimia, Rhynchonella et beaucoup d’autres genres.
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Dans Lingula, l'intestin décrit plusieurs tours, puis se termine antérieurement par un orifice anal situé du côté droit. Enfin, dans Discina, il se comporte de même, mais ne décrit qu’un seul tour.
Le foie des Brachiopodes fournit aussi des points de Comparaison ; il est composé de masses de ramifications cæcales et rappelle le foie de certains Vers. L'examen de Lingula pyramidata a montré que, comme dans les Vers inférieurs, la nourriture contenue dans l'estomac pénètre dans ces cæcums et qu’une action péristaltique s’y produit, ainsi qu'on l’a observé dans un jeune Rhynchonella.
Outre ces caractères nombreux de ressemblance entre les Vers inférieurs et les Brachiopodes, on peut ajouter encore que ceux-ci ont, comme les Vers supérieurs, l'intestin librement suspendu dans la cavité périviscérale, à l’aide de délicates membranes,
Kégion céphalique. — Dans un certain nombre de Vers, la partie céphalique est pourvue de bras portant des cir- rhes ciliés, plus ou moins colorés, parfois rayés de bandes brunes. Ces bras, qui sortent d’une base cartilagineuse, tantôt s’étalent en éventail, tantôt décrivent une spirale à tours très-serrés; dans ce dernier cas, la partie externe des bras, à la base des cirrhes, est bordée par une membrane mince, absolument plissée comme le repli brachial des Brachiopodes. Du reste, ce que nous venons de dire des bras des Vers est, en tout, applicable à ceux des Brachiopodes, qui sortent également d’un base cartilagineuse et portent des cirrhes ciliés. Dans Lingula, Discina et Rhynchonella, leur enroulement spiral est très-serré, comme dans Am- phitrita. Dans Rhynchonella, ils peuvent, en outre, se dérouler et sortir au dehors, ainsi que l’auteur l’a vu sur une Rhynchonelle vivante qu'il a pu conserver dans cet état, en la jetant dans de l'alcool.
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Dans Lingula, ces bras se déroulent partiellement, et, fait remarquable, les cirrhes sont rayés de brun, comme ceux de beaucoup de Vers. Les cirrhes des Brachiopodes ont les mêmes fonctions que ceux des Annélides, c’est-à- dire de capturer et d'amener à la bouche les particules alimentaires.
Dans le curieux Vers Phoronis, ces cirrhes sortent d’un lophophore en forme de fer à cheval ; or, dans le déve- loppement de Terebratulina, le lophophore est d'abord circulaire, puis il prend la forme de fer à cheval. Pour compléter ces nombreux rapports, il faut encore ajouter que la bouche d’Amphitrite et autres Vers alliés est placée vers le bas comme dans les Brachiopodes.
Organes rénaux. — La portion tubulaire des ovi- ductes des Brachiopodes est glandulaire et colorée comme dans les Vers. De même que ceux-ci, elle est en relation intime avec le système vasculaire et ressemble extrème- ment aux mêmes parties des organes segmentaires des Annélides.
Système nerveux. — Le système nerveux des Vers est représenté, tantôt par de simples ganglions céphaliques (Vers inférieurs), tantôt par une corde nerveuse qui peut être simple sur la partie ventrale du corps (Siponcle), ou divisée en deux moiliés latérales symétriques, qui sont parfois largement séparées, parfois très-rapprochées et pourvues, ou non, de ganglions ou de filets les réunissant.
Dans les Brachiopodes, il existe également deux cordes ventrales latérales, largement séparées et reliées à l’œso- phage par des dilatations ganglionnaires qui envoient des filets nerveux aux membranes palliales et aux différents muscles.
Dans Discina, il n’y a aucune dilatation sur le par- cours de ces cordes qui envoient seulement, à droite et
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à gauche de délicats filets nerveux, et qui se terminent par des dilatations ganglionraires, dans les deux derniers muscles postérieurs. Le rôle de ces cordes avait été bien compris par Cuvier et Owen, mais Hancock les avait prises pour des artères, erreur qui fut corrigée par Gratiolet et que M. Morse avait également reconnue, avant d’être in- formé des résultats obtenus par ce savant.
Appareil respiratoire. — Le principal appareil respi- ratoire des Brachiopodes est constitué par la membrane palliale, qui contient les plus gros vaisseaux. Dans Lin- gula, cette membrane est divisée par des sinus obliques, parallèles les uns aux autres, d’où sortent de nombreuses ampoules, très-contractiles ; ces organes, sont très-vi- sibles à l’état vivant, et pendent des parois de la mem- brane palliale comme des mamelons; leurs parois sont transparentes et l'on voit au travers le fluide circulatoire qui entre successivement dans chacune de leurs cavités. Vogt et Owen avaient reconnu le rôle de ces ampoules qui représentent les branchies de Lingula, mais, comme elles se contractent dans l’alcool, elles ont souvent échappé à l'attention des observateurs : aussi Hancock n’en fait-il pas mention.
D’après Claparède, l'artère et la veine, qui sont paral- lèles dans les branchies d’une Annélide normale, commu- niquent entre elles par une série d’anses vasculaires qui à travers la mince cuticule subissent facilement l’action de l’oxygène de l’eau. Seulement Claparède nie la con- traction indépendante des ampoules et croit qu’il y a une contraction rhythmique de la branchie tout entière ; ces faits n’ont point été confirmés par les études de M. de Qua- trefages.
Dans Discina, l’auteur n’a vu aucune trace de ces ampoules dans les sinus palliaux. Cependant, dans tous
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les Brachivpodes, ces sinus à parois transparentes doi- vent être regardés comme un organe respiratoire concur- remment avec les cirrhes du bras.
Organes génitaux. — D’après Claparède, au moment où les organes génitaux se développent, chez les Anné- lides, ils forment une sorte de fraise autour des ares vas- culaires ; puis, lorsque les œufs sont arrivés à maturité, ils se détachent eux-mêmes des ovaires et tombent dans la cavilé périviscérale, où ils sont recueillis par les bouches ciliées des organes segmentaires et rejetés au dehors par ceux-ci. Les mêmes faits se reproduisent chez les Bra-
chiopodes. Dans Discina, le développement des œufs fait plisser les minces membranes vasculaires. — Dans Lingula, les
ovaires sont intimement liés aux mêmes membranes. — Dans Terebratulina et Rhynchonella, ceux-ci sont sus- pendus en grappes aux bandes génitales et pendent dans la cavité périviscérale. Les œufs sont toujours jetés dans le liquide de cette cavité où ils flottent jusqu’à ce qu'ils soient expulsés par des conduits qui offrent une frappante analogie de structure avec ceux des Vers. Dans ceux-ci, ces organes sont des tubes ciliés, suspendus bilatéra- lement par des petites membranes dans la cavité périvis- cérale avec laquelle ils communiquent par des orifices également ciliés; ces organes, sont appelés organes seg- mentaires ; ils sont en nombre variable chez les Vers, et quelques-uns d'entre eux se modifient pour former les oviductes.
La forme de ces conduits et leurs fonctions sont abso- lament identiques chez les Brachiopodes : seulement, par suite de la forme concentrée de ceux-ci, ils sont réduits à un plus petit nombre. La plupart des Brachiopodes, tels que Lingula, Discina et Terebratulina, n’en possèdent
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qu’une seule paire. Rhynchonella, au contraire, a deux paires d’oviductes qui présentent une disposition curieuse, leurs bouches internes étant tournées vers la partie dor- sale. — M. Morse a pu suivre le parcours des œufs, tout le long des oviductes dans Terebratulina.
Dans Lingula, Discina et Rhynchonella, les orifices externes ne sont que de simples fentes ; tandis que, dans Terebratulina, ils se présentent sous la forme de tuber- cules, comme dans une Annélide, figurée par Claparède, sous le nom de Lepidonotus (Hermadion) fragile. La na- ture glandulaire de ces organes a été comparée à celle des mêmes parties, chez les Vers, dans le paragraphe con- cernant les reins, et il est inutile d'y revenir ici.
Quant aux organes mâles, ils sont fort peu connus. Hancock pensait que les sexes sont réunis dans toutes les formes étudiées, et Oscar Schmidt considère ce fait comme démontré pour Terebratula. M. Morse croit, au contraire, d’après de nombreuses recherches, que ces parties sont séparées dans tous les Brachiopodes. Chez les Lingules vivantes, il a trouvé, dans certains individus, les masses ovariennes remplissant à peu près la cavité périviscérale ; dans d’autres, ce sont des glandes mâles qui occupent la même position. Dans Terebratulina, tantôt les sinus vascu- laires sont remplis d'œufs, tantôt ces sinus sont remplis de spermatozoïdes. — Les organes mâles peuvent, comme les œufs, être suspendus en grappes aux bandes génitales. M. Morse croit que les vésicules accessoires de Huxley (cœurs accessoires de Hancock) appartiennent en propre au système génital et non au système circulatoire, puisque, en les enlevant, la circulation continue comme avant. Si lon n’a pas encore découvert leurs véritables fonctions, on sait, seulement, que leur nombre est en rapport avec celui des organes segmentaires : ainsi Terebratulina, qui
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n’a qu'une seule paire d'organes segmentaires, n’a que deux vésicules accessoires, tandis que Rhynchonella en possède quatre, el a deux paires d'organes segmentaires.
Ces vésicules accessoires n’ont jamais été rencontrées dans Lingula et Discina et, d’après nos connaissances ac- tuelles, leur présence serait limitée aux Brachiopodes à valves articulées, chez lesquels il n’existe pas d’anus, et dont les ovaires sont contenus dans les sinus vasculaires de la membrane palliale, tandis qu’on ne les trouve pas dans les groupes à valves libres (Lingulidæ, Discinidæ), qui ont un anus et dont les ovaires sont entièrement li- bres dans la cavité périviscérale.
ÆEmbryologie. — L'embryologie des Brachiopodes est encore peu connue, mais ce que l’on en sait indique de nouveau des affinités entre ce groupe et celui des Vers.
La première figure d’un embryon de Brachiopode fut donnée par Oscar Schmidt pour une forme larvaire de Terebratula.
Le corps est profondément resserré dans le milieu et brusquement tronqué à la partie inférieure, comme pour la fixation de l’animal, ce qui correspondrait au cas de certains Rotifères (Melicerta ringens).
Lacaze-Duthiers, dans son Mémoire sur la Thécidie, donne plusieurs figures des embryons de ce Brachiopode, qui sont composés de quatre segments profondément res- serrés, dont l’antérieur est petit et recouvre le second. Le nombre des anneaux, la forme particulière du segment céphalique et, si O0. Schmidt ne s’est pas trompé, la fixa- tion de l’embryon par le segment caudal sont autant de traits de ressemblance avec l'embryon de Melicerta rin- gens figuré par Huxley.
M. Morse a vu lui-même fraÿer Terebratulina et il a pu suivre, à deux reprises différentes, ses phases embryon-
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paires : le corps est d’abord rond et cilié et présente des touffes de longs cils, comme les embryons d’un grand nombre de Vers ; puis, il se divise en trois segments très- resserrés, ayant, un peu plus tard, des contractions vermi- formes. Ces embryons, après avoir nagé pendant quelque temps, se fixent par leur segment caudal, tandis que les segments thoracique et céphalique continuent leur déve- loppement; bientôt la bouche apparaît, et, en même temps qu’elle, deux groupes de setæ, délicatement bar- belées et caduques, comme dans beaucoup de Vers à l’état larvaire. M. Morse a pu constater, dit-il, pour la première fois, d'une manière certaine, que la bouche et les bras re- présentent le premier segment; les membranes palliales et les coquilles, le second segment ou segment thoracique, tandis que le pédoncule est formé par le troisième seg- ment ou segment caudal.
Caractères de dissolution. — Le D' Williams qui a fait un beau travail sur les Annélides, dit en parlant d’Areni- cola et de Naïs, qu’elles sont sans doute annuelles: qu’elles naissent à la fin de l'été, passent l'hiver, puis, périssent par la division spontanée de leur corps en fragments. Les portions céphalique et caudale, éiant plus résistantes, con- servent pendant plus longtemps leurs contractions vermi- formes.
M. Morse croit aussi que la durée de vie du Lingula pyramidata ne dépasse pas une année ; ayant recueilli, au mois de janvier, un grand nombre d'échantillons, il les trouva tous à peu près de même taille, tous ayant des valves fraiches et jamais recouvertes de parasites. Ces spé- cimens, gardés pendant les mois de l’été, périrent en sep- tembre, en reproduisant presque exactement les phéno- mènes décrits par le D' Williams pour Arenicola et Naïs,
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c’est-à-dire qu'une division spontanée eut lieu entre le pé- doncule et le thorax : celui-ci fut rejeté à la surface, n’eut plus que de lentes manifestations de vie et tomba bientôt en décomposition. Le pédoncule, au contraire, vivait en- core plusieurs jours après et le fluide périviscéral contenu dans sa cavité, y circulait rapidement, quoique la partie tronquée füt déjà noire ; peu après, cependant, la décom- position gagna toutes les parties. Ce sont donc là de nou- veaux rapports entre les Brachiopodes et les Vers.
Opinions des auteurs relativement aux Brachiopodes. — Il était intéressant de rechercher dans l'histoire des Brachiopodes, les comparaisons qui ont été faites entre leurs caractères et ceux des Annelés et des Articulés. — Gratiolet, dans son étude sur Lingula anatina, dit que l’organisation des bras rappelle les branchies de certains Crustacés, auxquels les Brachiopodes sont encore alliés par leur système vasculaire ; ce dernier caractère les éloigne des Mollusques et encore plus des Tuniciers,
Lacaze-Duthiers, comme nous l'avons dit plus haut, s'est aussi demandé s’il n'y avait pas, dans les Brachio- podes, deux circulations distinctes comme dans Bonellia ; et, de plus, il a fait remarquer que leurs oviductes rap- pellent les ouvertures qui, chez Bonellia, servent d’ori- fices génitaux.
Il cite également certains points embryogéniques en- tièrement dissemblables à tout ce qui existe dans les La- mellibranches.
Burmeister a comparé les branchies de Lingula aux branchies de Lepadidæ, et Gegenbaur, à plusieurs reprises, a appelé l'attention sur les affinités des Brachiopodes et des Vers. Mais aucun de ces auteurs n’a suggéré l’idée de les séparer des Mollusques, et quant à Owen, Vogt, Huxley
— 151 — et Hancock, ainsi qu'il a été dit en commençant, ils n’ont jamais fait la moindre allusion aux vues de Steenstrup, relativement aux affinités des Brachiopodes et des Vers.
Récemment encore, on a soutenu qu’Anomia formait un passage entre les Brachiopodes et les Lamellibranches ; mais M. Morse est très-opposé à cette idée, et il prouve qu'Anomia n'a de rapports réels qu'avec Pecten auquel elle est reliée par la curieuse forme Hemipecten de Reeve.
En 1847, dans une réunion des Naturalistes de Copen- hague, Steenstrup combattait déjà l’opinion qui rappro- chait Anomia de Terebratula et il démontrait que l’ouver- ture de la première correspond à l’entaille de Pedum, de Pecten, qu'elle sert au passage du bhbyssus calcifié, et qu’Anomia est très-rapprochée des autres Monomyaires. C’est dans cette même réunion qu'il déclarait que la véri- table place des Brachiopodes est parmi les Vers et près des Annélides tubicoles ; « dans cette classe, cependant, dit M. Morse, il ne les classait pas comme un ordre parti- culier, mais plutôt comme un chaînon ou une série de fa- milles particulières qui, successivement, se rapprochent davantage des Serpules vivantes, en y arrivant lentement, mais sans saut brusque.
Depuis cette époque, Steenstrup a exposé, chaque an- née, ses vues aux étudiants de l'Université de Copen- bague, et il y est resté fidèle, bien qu’il en ait été forte- ment blâmé.
Conclusion et récapitulation. — L'ensemble des carac- tères des Brachiopodes en fait un type ancien, synthétique, ne ressemblant, particulièrement, à aucun groupe spécial de Vers, mais ayant des rapports, à un plus ou moins grand degré, avec chacun de ces différents groupes, tout en ayant un petit nombre de caractères communs avec les Arthropodes.
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Dans ces relations, il est important de remarquer que les Mollusques , les Echinodermes et les Crustacés de temps anciens sont différents des groupes actuels e qüe les Trilobites, par exemple, offrent assez de dissemblances avec les Crustacés récents, pour que Milne-Edwards et Van Beneden aient voulu en faire des Arachnides. De même, les Céphalopodes Tétrabranchiaux sont nettement séparés des Céphalopodes Dibranchiaux etles Crinoïdes anciens des Crinoïdes de nos mers. Donc, dans les Vers, nous devons nous attendre à rencontrer d'anciens types ayant une organisation élevée, mais différente des groupes actuels auxquels ils appartiennent. — Il est pro- bable, dit M. Morse, que les formes les plus anciennes de Brachiopodes étaient molles, comme la plupart des formes inférieures d'un groupe quelconque, et cette hypothèse expliquerait, d'après lui, l’apparition brusque d'animaux de structure compliquée.
Les Vers dont le corps estmou, n’ont pu être conservés, et les renseignements sur leur structure font défaut. Le pédoncule solide de Lingula lui-même ne nous est connu que par un ou deux exemplaires. Les documents servant à relier les formes éloignées manquent donc souvent, et cependant c’est seulement à l'aide des formes intermé- diaires qu’on peut saisir les relations qui existent entre deux types qui, au premier coup d'œil, paraissent dissem- blables. Par exemple, si nous ne connaissions des Brachio- podes que la forme large et courte de Chonetes, comment deviner Lingula avec ses plaques minces et allongées, son long pédoncule à contractions vermiformes, partiellement annelé, et enfermé dans un tube de sable ?
D’après M. Morse, Lingula, qui caractérise les formations les plus anciennes et dont les coquilles sont extrèmement minces, a eu comme précurseurs d’autres Brachiopodes
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dont le pédoncule devait avoir d'importantes fonctions et chez lesquels l’anus se trouvait placé postérieurement, comme dans certaines Annélides. Ensuite, auraient apparu les Brachiopodes à anus placé antérieurement, comme chez Phoronis et quelques Siponcles, et ce ne serait que plus tard que le pédoncule dut se fixer et l’anus s’oblitérer. Telles sont, pour M. Morse, les phases de développement que le type Brachiopode a successivement traversées dans le temps.
Pour lui, la seule différence réelle entre les Brachio- podes et les Vers consiste dans l'existence de plaques ven- trale et dorsale, et de muscles chargés de faire fonc- tionner celles-ci. Comme la plupart des Brachiopodes sont fixés, il s'ensuit forcément une certaine modification dans leur structure; c’est ce qui arrive aussi pour les Crustacés, les Cirrhipèdes, les Lernéens, et, dans ce cas, ces modifications peuvent parfois masquer les affinités des groupes. M. Morse conclut à réunir les Brachiopodes aux Chétopodes céphalisés, et il termine en ces termes :
« Les anciens Vers Chétopodes se sont développés sui- « vant deux lignes parallèles, d'une part les Brachiopodes, « de l’autre les Chétopodes fixés et céphalisés. La diver- « gence des Brachiopodes ayant eu lieu dans des temps « très-anciens, il en résulte que ce groupe a conservé un « petit nombre de caractères dégradés, qui le rattachent « aux Vers Inférieurs; tandis que les Annélides fixées « el céphalisées, vu leur plus récente divergence, sont « plus près alliées aux Chétopodes actuelslibres.
« Ainsi on doit regarder les Brachiopodes comme d’an- « ciens Chétopodes céphalisés, tandis que Serpula, Am- « phitrite, Sabella, Protula et autres peuvent être regar- « dés comme des Chétopodes récemment céphalisés. »
Tel est le résumé des faits exposés dans le Mémoire de
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M. Morse. L’auteur a-t-ii réussi à démontrer rigoureuse- ment la réalité de ses conclusions? Nous ne le croyons pas, et il nous semble prématuré de regarder les Brachio- podes comme définitivement classés parmi les Annélides. Il ne faut pas oublier la remarque du professeur Verrill, qui dit que « presque chaque groupe Invertébré peut étre rendu Annélide, en exagérant certains points de ses affini- tés. » D'autant plus que des vues contradictoires sont émises, à ce sujet, par de savants zoologistes et que cer- tains faits cités par l’auteur ont été parfois interprétés tout différemment. Ainsi, d’après M. Jeffreys, le pédon- cule de Lingula, dont M. Morse tire de si curieux rap- prochements avec les Annélides tubicoles, ressemble- rait beaucoup à celui des Anomia. En tout cas, il parait différent du pédoncule des Térébratulidées; et, par consé- quent, il ne représenterait pas les affinités du groupe.
M. Dall est également un adversaire de la théorie sou- tenue par M. Morse; il est très-opposé au rapprochement des Brachiopodes et des Annélides et croit, d'après l’en- semble de leurs caractères, qu’ils appartiennent aux Mol- lusques typiques.
Peut-être encore de nouvelles recherches donneront- elles raison à M. Davidson, qui pense que les Brachiopo- des constituent un groupe voisin des Mollusques ou des Annélides, mais qu’ils « possèdent des caractères suffi- « sants, à eux propres, pour constituer une classe bien « définie (1). »
Quoiqu'il en soit, on ne peut manquer de reconnaitre que M. Morse plaide savamment et habilement sa cause, qu'il défend ses vues avec une conviction profonde et que
(1) Davidson. Qu'est-ce qu’un Brachiopode (Trad. par E. Le- fèvre. Annales Soc. Malac. de Belgique, t. X, 1875) ?
— 155 — la science lui est redevable d’une série d'observations nou- velles démontrant que les Brachiopodes et les Vers ont en commun un certain nombre de caractères importants. D. OE.
Sur l'identité des genres Hainesia, Dacrystoma
el Mascaria,
Par H. CROSSE.
Le D' Louis Pfeiffer a proposé, en 1856 (1), la coupe Hainesia, dédiée à M. Haïnes, de New-York, comme sec- tion du genre Megalomastoma de Guilding, dont il ne connaissait pas l’opercule, qui avait pour caractère une ouverture ovale, devenant anguleuse à la partie supé- rieure, et dans laquelle il comprenait 3 espèces : Megalo- mastoma Myersi, Redfield, de Siam; M. croceum, Sowerby, que, sur la foi de Benson, il croyait habiter l'île Maurice; M. bifasciatum, Sowerby, de Guayaquil (Equateur). Il alla même, deux ans après (2), jusqu’à se demander si cette coupe n’était pas assez fortement ca- ractérisée pour constituer un genre distinct.
Plus tard {3), il enleva avec raison des Hainesia le M. Myersi, qui est un Hybocystis et appartient, par consé- quent, à un genre différent, et, en 1876 (4), il crut devoir comprendre dans sa coupe, réduite définitivement par lui à l’état de simple section, une curieuse forme de Mada-
(4) Malak. Blaätter, vol. IL, p. 120, 1856.
(2) Monog. Pneumonop., Suppl. I, p. 79, 1858 . « An genus distinctum (L. Pfeifier) ? »
(3) Monog. Pneumonop., Suppl. IL p. 86, 1865.
(4) Monog. Pneumonop., Suppl. I, p. 135, 1876.
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gascar, rapportée par M. Grandidier et décrite, il y a quelques années, par le Dr Fischer et par nous, sous le nom de Dacrystoma arboreum (1).
Enfin, en 1878 (2), M. George French Angas, oubliant que la coupe Haïnesia avait été déjà créée antérieure- ment par Pfeiffer, pour le Megalomastoma croceum, eut le tort de proposer, pour la même espèce, le nouveau genre Mascaria, qui devait, nécessairement, tomber en synonymie, comme constituant un double emploi. D’ail- leurs, ce nom générique malencontreux se trouvait mau- vais, à une foule de titres. D'abord, il ne constituait qu’une reproduction pure et simple de la coupe Hainesia, déjà existante, ainsi que nous venons de le dire, ce qui le ren- dait complétement inacceptable. Ensuite, il était inexact, aucune des espèces dont il se composait, n’habitant, en réalité, les îles Mascareignes. Enfin, il était mal formé, le vocable Mascaria ne pouvant que difficilement passer pour la latinisation du nom des îles Mascareignes.
Au reste, après avoir critiqué les autres, nous devons également nous critiquer aussi un peu nous-même. En effet, notre genre Dacrystoma (D. arboreum, Crosse et Fischer) nous paraît, en définitive, appartenir au groupe des Hainesia, dont, avec le Megalomastoma lituratum, de Morelet, il ne constitue guère qu’une section, caractéri- sée par une forme générale plus allongée, par des tours de spire plus plans, et par la présence d'un épiderme mince comme une pelure d’oignon et sujet à s’exfolier et à disparaître, à certains endroits du test.
Quant à la coupe Haïinesia, considérée en elle-même, nous pensons qu’elle est excellente et qu’il convient, à tous égards, de lui attribuer une valeur générique, sur-
(1) Journ. Conehyl., vol. XIX, p. 332, 1871. (2) Proc. Zool. Soc. London, p. 310, 1878.
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tout depuis que l’on connaît les caractères si particuliers de l’opercule des espèces dont elle se compose. Nous ne nous expliquons même l’hésitation qu’a semblé montrer Pfeiffer à l’adopter comme genre que par la répugnance bien connue du savant naturaliste de Cassel pour la mul- tiplication des coupes génériques et par l'ignorance abso- lue dans laquelle il se trouvait, relativement aux ca- ractères de l’opercule qu’il supposait, probablement, semblable à celui des Megalomastoma, ou au moins très- voisin, tandis qu’il n’en est rien, en réalité.
L’opercule des Megalomastoma (1) est circulaire, arcti- spiré, mince, corné et à nucléus central. Il ressemble tout à fait à celui des Cyclophorus et des Leptopoma.
L’opercule des Haïinesia est de forme ovale et il de- vient anguleux, à la partie qui correspond au point d’in- sertion du bord externe de la coquille. Il est pauci- spiré, assez mince, corné, à nucléus subexcentrique (2) et à dernier tour relativement très-grand. Il ressemble donc à celui des Cyclostoma, pour la forme générale, et ne s’en éloigne guère que par sa contexture cornée et