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ANNALES D'HORTICULTURE.
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62-1800:
LA
BELGIQUE HORTICOLE
ANNALES D'HORTICULTURE
BELGE ET ÉTRANGERE,
PAR
ÉDOUARD MORREN,
Docteur spécial en sciences botaniques, Docteur en sciences naturelles, Candidaten philosophie el lettres, professeur ordinaire de botanique à l'université de Liége, directeur du jardin botanique, chevalier de l'ordre impérial de la Légion d'honneur et des ordres royaux du Lion Néerlandais, du Christ et d’Isabelle-la-Catholique, secrétaire de la Fédération des Sociétés d'horticulture de Belgique, de la Société royale d’horticulture de Liége, du comité d'agriculture de la Société libre d’émulation, correspondant de l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique; membre de la Société royale des sciences de Liége, de l'association britannique pour l'avancement des sciences de l'Académie impériale des curieux de la nature à léna, de la Société des Sciences naturelles de Strasbourg, de Ja Société Linnéenne de Bordeaux, des Sociétés de botanique de France et de Belgique, de la Société entomologique de Belgique, de la Société royale pour la prospérité de la Norwége, de la Société industrielle d'Angers et du département de Maine-et-Loire, de la Société des sciences, des arts et des lettres du Hainaut ; de la Société phytologique d'Anvers, de la Société impériale d’acclimatation à Paris; membre honoraire ou correspondant des Sociétés d'horti- culture de Paris, de Londres, de Berlin, de Turin, de St.-Pétersbourg, de Vienne, de Rennes, de Flore à Bruxelles, de Namur, de Tournai, de Verviers, d'Aulun, de Lille, de Marseille, de Trieste, d'Erfurt, de Goritz en Ilyrie.
LIÈGE, A LA DIRECTION GÉNÉRALE, BOVERIE, 1.
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PROLOGÜE
A LA MÉMOIRE DE
MARIE-ANNE LIBERT.
1782-1865.
Presque toutes les femmes aiment les fleurs et pourtant il en est peu qui s'occupent vraiment de botanique. Il semble qu'elles ne voient dans les fleurs qu'un délassement frivole ou un hommage éphémère. M: Libert, botaniste célèbre des Ardennes, manifesta des goûts tout opposés à ceux de son sexe : elle consacra une longue vie de travail à l'étude de la botanique sans précisément aimer les fleurs puisqu'elle s'adonna de préférence aux végétaux qui n’en donnent point : elle fut eryptogamiste; modeste et laborieuse, elle choisit dans la nature les êtres qui représentaient le mieux ses sentiments intimes.
Marie-Anne Libert est née le 2 avril 1782 à Malmedy, petite ville des Ardennes prussiennes qui faisait alors partie de la principauté de Liége. Elle appartenait à une famille belge et patricienne qui habita longtemps le château de Bevercé dans le pays de Stavelot. Son père, Henri-Joseph Libert, bourgmestre de Malmedy, avait épousé Marie-Jeanne Bernardine Du Bois.
Ses parents la placèrent dans un pensionnat à Pruym, dans
l'Eifel; un moine bénédictin de la célèbre abbaye de cette ville lui enseigna la musique, et elle fit de si rapides progrès qu'à l’âge de 12 ans elle tenait le second violon dans les concerts. Elle manifesta de bonne heure des aptitudes extraordinaires. Elle excellait surtout dans les mathématiques, la géométrie et l'algèbre.
Quand elle rentra dans sa famille et revint au pays, son penchant vers les productions naturelles l'entraina tout à fait. La petite ville de Malmedy est bien faite d’ailleurs, pour exciter et entretenir cette passion. Elle est située dans une vallée délicieuse où coule la Warge, petite rivière capricieuse dont l’humeur est parfois douce et tran- quille, parfois brusque et agitée. Partout aux alentours des collines étagées les unes sur les autres : des prés, des bois, des champs et des bruyères se partagent les vallées et les coteaux; quelques forma- tions calcaires enrichissent et diversifient la végétation. Des sources ferrugineuses se font jour au voisinage, L'Ardenne est tout proche et l'Ettel n'est pas loin; l'air est embaumé des parfums de la bruyère que viennent butiner les abeilles. Et puis encore, la vie est simple, calme; naguère Malmedy était cachée dans les fagnes comme un nid d’alouette dans les chaumes.
Elle observait, recherchait et recueillait : elle avait l'esprit des collections et bientôt devint une véritable naturaliste.
Charles Morren a raconté(1) comment M'° Libert s'éprit pour la botanique : « sa famille possédait depuis longtemps la recette d’un de ces remèdes composés uniquement de plantes sauvages; elle voulut les connaitre de manière à éviter toute méprise et un de ses parents à qui elle s’adressa pour obtenir un ouvrage de botanique où ces plantes fussent décrites, lui donna un gros volume in-folio écrit en latin ; c'était un Dodonée avec des figures gravées sur bois. Les figures lui firent reconnaitre les espèces qu’elle cherchait, mais elle voulut comprendre le texte. Avec peu de secours, mais douée d'une grande aptitude aux travaux de l'intelligence, elle sut bientôt le Tatin : plus tard elle mania cette langue avec une facilité qui n'est pas dépourvue d'élégance. »
On parlait déjà de cette jeune fille studieuse quand le D' Lejeune de Verviers, qui était à cette époque le plus renommé de nos botanistes, fut chargé par le préfet de rédiger le catalogue des plantes du département de l’Ourthe. Il s’adressa à la jeune botaniste de Malmedy et la pria de recueillir et de dessècher pour lui les
(1) Les femmes et les fleurs, discours prononcé le 11 mars 1858. Liége, 1858, p. 51.
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plantes de ses montagnes. En même temps 11 lui indiqua les ouvrages qu'elle devait se procurer. Jusqu'à ce moment elle ne connaissait encore que Dodonée et Brunsfels.
Eile mit à profit ces judicieux conseils et, travaillant avec ardeur, elle communiqua de nombreuses trouvailles au savant auteur de la Flore des environs de Spa. Dans cet ouvrage, publié en 1811, le D" Lejeune se plait à témoigner sa reconnaissance. Voici comment il s'exprime :
« Dans le courant du mois d'août de l'année dernière, (1810), M. De Candolle, professeur de botanique aux facultés de médecine et des sciences de Montpellier, auteur de la troisième édition de la Flore française, ete., est venu visiter nos montagnes par ordre du gouvernement. Ce botaniste distingué a été très-surpris, dans les petites courses que nous avons faites ensemble, d'y observer un grand nombre de plantes rares. J'ai eu l'honneur de l'accompagner jusqu'à Malmedy, pour qu’il fut plus à même de prendre des ren- seignements sur la géographie botanique des hautes fagnes, et pour qu'il fit la connaissance de Me M.-A. Libert, dont j'aurai ocea- sion de parler un peu plus amplement. »
Et plus loin :
« M'e M.-A. Libert de Malmedy, dont l'esprit nourri dès sa plus tendre jeunesse par les sciences exactes, et qui ne respire mainte- nant que pour la botanique, m'a recueilli avec soin toutes les espèces indiquées aux environs de Malmedy et sur les hautes fagnes. Cette intéressante demoiselle, qui dédaigne les amusements frivoles de son sexe, placée dans une situation extrèmement heureuse pour les recherches cryptogamiques, a déjà ramassé une collection nom- breuse de ces singuliers végétaux, nommés cryplogames, qui servi- ront avantageusement à former la troisième partie de la Flore des environs de Spa, à laquelle elle s'occupe avec activité (D. »
En effet, dans l'avertissement de la deuxième partie de la Flore de Spa, le D' Lejeune annonce que la cryptogamie sera totalement décrite par M'e Libert. Cette cryptogamie occupe les pages 272 à 285.
Enfin dans la Revue de la Flore des environs de Spa, publiée en 1824, le D' Lejeune dit de M"e M.-A. Libert, que depuis quinze ans elle ne cesse de récolter et d'étudier les cryptogames d'une petite
(1) Lejeune, Flore des environs de Spa. Liége 1811, {re partie, p. 6-7.
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partie de l'Ardenne, et qu'elle prouve par les nombreux végétaux qu'elle à rassemblés dans son herbier ce que peut promettre la Flore de toute la chaine monticuleuse des Ardennes; il est à regretter, ajoute le D' Lejeune, qu'elle ne se décide pas encore à publier ses découvertes. »
De Candolle, de retour à Paris après la mission dont nous venons de parler, n'oublia pas notre botaniste ardennaise : « M. Lejeune, dit-il, a été puissamment secondé par Me Libert, de Malmedy, qui, dans un séjour si éloigné de toute instruction, s’est livrée à l'étude de l'histoire naturelle de son pays avec un zèle et un talent d'autant plus dignes d'éloges, que ses succès n’ont aucunement altéré la modestie et la naïveté de son esprit (1), » M'e Libert comptait alors 28 printemps.
C'était une époque prospère pour la botanique belge : Lejeune, Courtois, Michel, Dossin, MM. Dumortier et Frankinet, d’autres encore, herborisaient avec ardeur. Tous ces botanistes avaient entre eux des relations fraternelles.
« Livrée avec passion, nous dit M. Dumortier @), à l'étude des végétaux inférieurs, il fallait voir avec quelle ardeur elle herborisait. Elle s'était fait faire de grandes bottes et un costume de paysanne ardennaise, pour ne point attirer l'attention, et, dans ce costume vulgaire, aucun temps ne l’arrêtait pour parcourir les bois, gravir les rochers, herboriser dans les immenses marais des fagnes, à deux mille pieds au-dessus du niveau de [a mer, infatigable à la recherche des raretés végétales et ne rentrant jamais sans une ample récolte d'objets à déterminer. »
M'e Libert était d’un caractère modeste et timide : elle commu- niquait volontiers ses découvertes aux savants qui l'encourageaient et qui lui semblaient seuls capables de les apprécier et de les publier, Elle ne croyait pas, tant sa réserve était profonde, qu'elle put elle-même prendre rang parmi les auteurs : elle aimait la serence pour les émotions intimes qu'elle fait naître, comme on aime le bien pour éprouver le bonheur de le pratiquer. Ses confrères durent lui prodiguer les encouragements et les excitations pour la déterminer à prendre la plume. Quand elle s’y décida elle fit preuve de sagacité et de talent; ses écrits sont imbus des bonnes
(1) Mémoire de la Société d'Agriculture du département de la Seine, Paris 1811, p. 219. (2) Notice sur Mie Libert, dans Bull. de la Soc. roy. de bot. 1865, t. IV, p. 406.
traditions scientifiques, d'un style sobre et correct et sans phrases inutiles.
De toutes petites Jungermannes, à peine perceptibles à l'œil nu et croissant parmi les mousses sur les rochers calcaires, lui fournis- sent, en 1820, le sujet d'une intéressante notice qu'elle remit à Bory S' Vincent, l’un des rédacteurs des Annales des sciences physi- ques. Ces délicates hépatiques, déjà signalées par Micheli, mais peu étudiées par lui, avaient été méconnues par De Candolle et Weber. M'° Libert, en les étudiant, leur reconnait une organisation particu- lière et suflisant à ses yeux pour motiver l'établissement d’un genre nouveau. Elle décrit ses deux espèces sous les noms de Lejeunia calcarea et Lejeunia serpilifolia. Les dessins qui accompagnent la description sont l'œuvre de M. Nadrin, de Malmedy. Le genre Lejeunia est devenu le type d’une tribu spéciale de la famille des Jungermaniacées.
« Peu après, en 1826, M'e Libert publia dans les Annales de la Société linnéenne de Paris, dont elle était associée libre, deux nou- velles notices, l’une sur le genre Jnoconia, créé par elle dans la famille des Byssinées, caractérisé par ses filaments continus et non cloisonnés; l’autre sur le genre Asteroma(). »
Vers cette époque plusieurs botanistes ont gracieusement dédié à M'e Libert des plantes qui porteront son nom plus loin dans la postérité que n'aurait pu le faire la plus nombreuse lignée.
En 1825, M. B. Dumortier crée un genre Libertia à l'aide d'Hémérocalles du Japon, à fleurs bleues (2) : malheureusement ce même genre avait déjà été institué par Sprengel sous le nom de Funkia et il n'a pas été maintenu. Mais pour corriger ce que cette rectification pouvait avoir de pénible pour M'e Libert, Curt. Spren- gel, applique, en 1825, le nom de Libertia à un genre qu'il détache des Sisyrinchium dans la famille des Iridées 6). Une char- mante espèce de ce genre est le Libertia formosa de Graham (), dont le Botanical Register®) et l'Horticulteur belge (6) ont publié la figure en 1855 et 1854. Elle est encore connue sous le nom de
(1) Dumortier I. e., p. 407. Nous n'avons pas été à même de consulter les Annales de la Société linnéenne de Paris.
(2) Obs. Lot. Tournay 1825, p. 9.
(5) Sprengel, Syst. I. 168.
(4) Edimb. Phil. Journ., oct. 1835. :
(5) Lindl. Bod. Reg. Décembre 1855, t. 1650.
(6) Ch. Morren, l’Horticult. belge, t. I, 1854, pl. 25, p. 8.
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Renealmia formosa que lui avait imposé Robert Brown(l). Cette élégante Iridée a les fleurs d’un blane très-pur : elle croit naturelle- ment sur les rivages de l'ile de Chiloë où elle a été observée et re- coltée par James Anderson. Ce genre de Sprengel a été consacré par Endlicher (2).
Une remarquable graminée, propre à nos Ardennes et qu’on ren- contre notamment dans les moissons près du village d’Aywaille fut dédiée en 182% à Me Libert sous le nom de Libertia arduennensis par le D' Lejeune dans sa Revue de la Flore de Spa). M. Dumor- tier, avait de son côté dédié cette même plante, sous le nom de Michelaria, à M. Michel de Nessonvaux, qui l'avait découverte. Aujourd'hui elle est généralement connue sous le nom de Bromus Arduennensis.
M. Desmazières a créé, en 1825, le genre Libertella pour un champignon rangé parmi les Nemaspora ou les Hyxosporium (4).
En 1829, M.-A. Libert a publié dans les Annales des sciences naturelles de Paris la description et la figure d’un petit champignon nouveau qu'elle avait découvert dans les bois qui environnent Mal- medy, parmi les mousses, sur les feuilles pourries du pin sauvage. Ce petit champignon, voisin des Pezizes, lui a paru constituer un genre nouveau qu'elle a dédié à M. H. Desmazières sous le nom de Desma- zierella acicola.
Tous ses confrères en botanique l’engageaient sans cesse à ne pas se borner à ces fragments détachés.
« Me Libert m’a assuré, dit Richard Courtois en 18286), avoir observé dans les environs de Malmédy, et sur les limites de notre province plus äe 5000 espèces de cryptogames, parmi lesquelles figurent plusieurs genres nouveaux et un grand nombre d'espèces nouvelles. Je ne puis m'empêcher de regretter que cette savante botaniste n'ait pas encore publié ses intéressantes recherches. »
Cédant enfin à ces pressantes sollicitations, M°° Libert commenca en 1850 la publication de son grand ouvrage sur la cryptogamie de l'Ardenne. Elle en expose elle-même le sujet et la forme dans quel- ques lignes d'introduction : |
« L'ancien pays de Stavelot et de Malmedy, formé, au VIT: siècle,
(1) Sweet., Brit. Flow Garden., 1. tab. 64.
(2) Gen. plant. no 1221.
(3) Lejeune Rev. de la Flore des environs de Spa, Liége 1824, p. 22.
(4) Fide Bull. Soc. bot. de France, t. XII, 1865, p. 95 r. b.
(3) Recherches sur la statistique de la province de Liége, Verviers 1828, tome IL, p. 6.
d'une partie de l'antique forêt Arduenna dans le bassin de l'Amblève, est un de ceux où la nature développe ses richesses avec profu- sion. Ce petit coin de l'Europe, très-intéressant d’ailleurs par ses sites sauvages el pittoresques, n'avait pas encore été exploré. J'ai cru rendre à la science un véritable service en faisant connaitre les cryptogames qu'il renferme. Encouragée par l'exemple des Mougeot et Nestler, des Desmazières, je les publie par recueils ou fascicules d'échantillons choisis et desséchés. L'utilité de cette méthode a été généralement reconnue. La vérité si bien exprimée par un savant de premier ordre : « Les descriptions les plus exactes et accompagnées des figures les plus parfaites, laissent encore quelque chose à désirer à celui qui veut connaître complètement un être naturel. Ce quelque chose que rien ne peut suppléer, ne s'obtient que par l'autopsie ou la vue de l'objet lui-même; » est réellement applicable à ce genre d'ouvrage que l’on consulte tou- jours avee fruit pour la cryptogamie. »
Les Plantes cryptogames de l’Ardenne parurent successivement en quatre fascicules, de 1850 à 1837. Chaque fascicule renferme cent espèces, toutes soigneusement étudiées : beaucoup sont dési- gnées sous des noms nouveaux ; quelques-unes sont signalées pour la première fois. Le premier fascicule est précédé d'un court mé- moire dans lequel l’auteur s'efforce de justifier l'adoption d'un nouveau groupe, parmi les champignons pyrenomycètes et qu'elle désigne sous le nom de Ascoxytacés dont elle donne les carac- tères.
Cet important herbier est un document authentique et précieux pour la connaissance de notre flore rurale. Il est préparé avec le soin le plus parfait; aujourd'hui, trente à quarante ans après sa publication, notre exemplaire est encore aussi intact que le premier jour.
L'exemple donné en Belgique par M’ Libert a été imité depuis, notamment par Westendorp, M. l'abbé Bellynck, M. l'abbé Coomans qui ont aussi publié des recueils des cryptogames.
Le Congrès scientifique réuni à Liége en 1836 la nomma à l'una- nimité vice-présidente du congrès et présidente de la section des sciences naturelles.
M'° Libert observait et étudiait avec sagacité tout ce qui intéres- sait l'histoire naturelle et archéologique de l'Ardenne.
Elle a communiqué à M. Edm. de Selys-Longchamps des recher- ches précieuses, accompagnées de preuves à l'appui sur les petits
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mammifères de son pays. Ces documents ont été utilisés par ce savant naturaliste pour la rédaction de sa Faune belge publiée en 1842 (1).
lei nous laissons la parole à l’éloquent ami et contemporain de M'° Libert, le savant président de la Société belge de botanique :
« Pour approfondir l'étude de la botanique, M'° Libert entreprit celle de la langue latine, et bientôt, grâce à son étonnante aptitude, elle devint une latiniste de premier ordre, Virgile et Ho- race faisaient ses délices : Horace surtout ne la quittait pas et elle aimait à en citer les vers. Elle cultivait aussi avec succès la poésie française et nous avons vu d'elle de charmantes pièces de vers que sa modestie n'a point voulu publier. Mais ces études littéraires la firent dévier de la botanique, d’ailleurs presque abandonnée alors dans nos contrées. Possédant cette science qui n'avait plus rien à lui apprendre, elle se livra successivement à l'histoire et à l'archéo- logie, s'occupant principalement de consulter les auteurs qui avaient parlé du pays de Stavelot et de Malmedvy.
« Au milieu de la tourmente révolutionnaire de 1848, lorsque le fracas des trônes renversés retentissait dans toute l'Europe, calme dans son cabinet, elle publia, dans les Bulletins de l’Académie royale de Bruxelles, un mémoire plein de science et d'érudition sur le cé- lèbre Wibold, abbé de Stavelot et de Maimedy, au douzième siècle. En 1852, parut son curieux mémoire sur le monument d'Igel dont elle donne une explication ingénieuse entièrement neuve et origi- nale. Enfin, elle s'occupait avec ardeur de la rédaction d’un dic- tionnaire wallon qu'elle a laissé en manuscrit. Tout en s’adonnant à ces travaux littéraires, elle n'oubliait cependant pas la botanique, objet de ses plus chères affections, et peu de temps avant sa mort elle nous a adressé un mémoire sur le genre Aschochyta, et nous promettait d'autres travaux.
« Ce qui caractérise M"° Libert, c'est cet esprit d'investigation et ce Jugement sain et éclairé qu'on observe dans ses écrits. Son coup d'œil rapide et sûr, mis au service d'une nature à la fois forte et active et de la passion de l'étude, lui faisait saisir avec une remar- quable facilité et en quelque sorte deviner la solution des difficultés de la science. Dans ses rapports, la vivacité de son esprit, son affa- bilité et la bonté de son caractère, la simplicité de ses goûts et l'élé-
(1) Edm. de Selys-Longehamps, Faune belge, Liége 1842. Voy. Avant-propos, p. XIL
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vation de ses sentiments religieux, la rendaient chère à tous ceux qui avaient le bonheur de la connaitre.
« La Belgique est surtout en droit de revendiquer cette femme extraordinaire, car, bien que devenue prussienne, par les traités de 1815, elle était restée belge de cœur et d'affection. F1 fallait la voir lorsque, s'animant dans nos entretiens, elle s'écriait en se frappant la main sur la poitrine : « Je suis belge, moi; je suis née belge et je mourrai belge (1) ! »
La mort vint la surprendre le 1% janvier 1865.
« Que vont devenir, s'écrie M. Dumortier, les nombreux maté- riaux par elle accumulés pendant plus d’un demi-siècle de recher- ches? Tous ces travaux seront-ils perdus pour la science et jetés au vent? Formons des vœux pour que sa famille comprenne qu’un grand devoir lui est imposé, celui d'élever à celle qui est la gloire et l'honneur de Malmedy un monument impérissable, par la publi- cation des Reliquiae Libertianae. Ce serait un crime de laisser perdre le fruit de tant de travaux. »
Les distinetions n'ont pas manqué à M"° Libert. Elle était membre correspondant de la Société Linnéenne de Paris: de la Société d'horticulture de Tournai (1822) ; de la Société des Sciences natu- relles de Liége (1825); de la Société des Sciences et des Arts de Lille (1828) ; de la Société des Sciences naturelles et Médicales de Bruxelles (1837) ; de la Société royale de Botanique de Ratisbonne (1838); de l'Académie de l'Industrie de Paris (1841); membre honoraire de la Société des Sciences et Arts d'Aix (1845); corres- pondante de l'Institut archéologique liégeois (1855); des antiquaires du Rhin (1857); des Sciences naturelles du Grand-Duché de Luxem- bourg (1857). En 1862, à sa fondation, la Société royale de Bota- nique de Belgique, lui décerna le diplôme de membre honoraire.
S. M. Frédéric-Guillaume roi de Prusse honora M'e Libert de lettres autographes et lui envoya successivement pour la publication de son grand ouvrage sur les cryptogames de l’Ardenne, un brace- let, un collier et la médaille en or pour le mérite(2). »
La Société belge de Botanique en herborisant dans les Ardennes, au mois de Juin 1866 sous la direction de son infatigable président M. B. Dumortier, voulut rendre un hommage publie à la mémoire de M": Libert : le 1° juillet elle se rendit au cimetière de Malmedy et
(1) Dumortier 1. c., p. 408-409. (2) La Belgique horticole, 1865, p. 15-16.
— (Ne
après une éloquente allocution de M. B. Dumortier, en présence du bourgmestre, déposa une couronne d'immortelles sur son modeste tombeau (1).
Le portrait que nous publions est la reproduction, bien réussie, d'une photographie que nous nous sommes procurée à Malmedy.
Epouarb MOoRREx.
(1) Bulletin de la Soc. roy. de bot. de Belgique, tome V, p. 197, 1866.
O1
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BIBLIOGRAPHIE DE MARIE-ANNE LIBERT.
. Cryptogames vasculaires de la Flore des environs de Spa par le
D: Lejeune, dans la 2° partie, p. 272-285. Liége 1815.
. Sur un nouveau genre d'Hépathiques, Lejeunia, 3 p. et 1 planche,
dans Annales générales des sciences physiques par Bory, Drapiez et Van Mons, t. VI. Bruxelles 1820, p. 572.
. Illustration du genre /noconia de la famille des Algues (Byssinées),
in-8° avec planche, dans les Annales de la Société linnéenne de Paris, 1826, t. V, p. 402.
. Observation sur le genre Asteroma et description de deux espèces
appartenant à ce genre ; même volume, p. 404.
. Description d'un nouveau genre de Champignons nommé Desmazie-
rella, par M.-A. Libert de Malmedy, 2 p. et 1 planche, dans Ann. des Se. nat., t. XVII, p. 82-85, pl. VI, B. Paris 1829.
. Plantae eryptogamicae quas in Arduenna collegit M.-A. Libert, plu-
rim. Soc. litterar. sodalis ; in-4°. Fasciculus I. Leodii, 1850. — Fasciculus secundus. Leodii. 1852. — Fasciculus tertius. Leodii, 18354. — Fasciculus quartus. Leodii, 1857.
. Recherches sur la patrie de Wibold. — Bulletin de l'Académie de Belgique, 1848, XV, 2°, p. 176. . Nouvel essai d'explication du monument d'Igel, avec planches. —
Bulletin des antiquaires du Rhin, 1852, in-8°.
. Sur le genre Ascochyta : notice envoyée à la Société royale de bota-
nique de Belgique. (Inédit.)
10. Dictionnaire wallon-francais. Manuscrit de 599 pages in-4°.
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HORTICULTURE.
LES OEILLETS LIÉGEOIS.
DIANTHUS CARYOPHYLLUS 1. var. LEODIENSES,
PAR M. Epouarp MoRREx. Voyez Planche I.
ès le XVI: siècle les OEïillets étaient cultivés à Liége, avec une prédilection marquée, dans ! les monastères, par les chanoines et par les ” bourgeois. 11 partageaient avec les Auricules et les Tulipes la faveur des amateurs.
Les jardins de Charles de Langhe (Zangius), où Juste-Lipse est venu chercher une amicale retraite renfermaient sans doute une OEïilleterie. « L'OEilleterie, « nous dit un vieux livre, c’est un emplacement planté « de différents OEïillets, un théâtre d’OEïillets, un lieu « où l’on élève, où l’on conserve des OEillets. L'OEil- « lerie de Gros-Jean, nous dit-il, était fournie de 800 « espèces d'OEillets. »
Les OEillets liégeois ressemblent aux flamands; moins doubles, avec 8 ou 9 pétales seulement à la corolle et, comme on dit, une boucle au centre, c’est-à-dire une étamine plus ou moins pétaloïde. Les pétales sont larges, bien étalés et d’un tissu très-ferme. Les couleurs doivent être bien franches, nettes, opposées, sans coulure; les panaches doivent trancher nettement sur le fond qui est ordinaire- ment blanc. Les meilleurs de notre planche sont figurés à gauche. Les OEïillets flamands sont devenus plus doubles et même pleins :
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aussi sont-ils exposés à crever. Un amateur expérimenté nous disait naguère que pour empêcher ce défaut, même chez les OEillets les plus fournis en pétales, il suffit de relever les boutons et de les maintenir droits. Alors l'humidité et la vermine n’affaiblissent pas le côté de la courbure : les tissus du calice éclairés, aérés et chauffés également de tous les côtés, résistent à la pression des pétales.
Les OEillets qui ont servi de modèle à notre planche viennent de la collection de M. J. Peck, ancien contrôleur d’armes, amateur à Liége et qui depuis 50 années cultive les OEillets avec le plus grand soin.
L’aquarelle elle-même est d’une fort belle exécution, traitée d’une manière artistique et fort légèrement.
Ces OEïillets, conservés chez un petit nombre de vieux amateurs consciencieux, sont assez rares aujourd’hui. Tout change avec le temps, même les fleurs. Les OEïillets de nos jours sont devenus plus Fantaisies, plus Bohémes. Ceux-ci rappelleront à la génération présente les fleurs aimées de nos pères :
« Cet OEillet n’a pas changé, nous écrit M. Peck-Raick; il est resté « intact dans les mains de mon oncle. On admet aujourd’hui des fleurs « doubles et dentelées, avec des pétales comme du calicot et sans forme « arrêtée. Les nôtres n’ont que deux rangées de pétales, bien ronds et « épais comme du parchemin : le coloris est bien tranché. »
Pour le surplus, la culture et l’histoire, nous ne saurions mieux dire que renvoyer à l'excellent article publié par la Belgique horticole en 1864 (p. 1) sur les OEïillets de Verviers, article écrit par un amateur des plus distingués. |
D'où vient ce mot OEïillet ? Le Père Rapin nous donne dans son poème des Jardins, sinon la vérité au moins la poétique légende :
Pastor erat, cursumque feras dum turbat anhelo Cynthia, pascentem vidit per rura Niphatis, Poenituitque deam; sed ne succumbat amori Tollit Pastori quos jam Jaudabat ocellos Dispersitque agris, formoso è semine, nati Formosi flores, quos plebs quoque dicit ocellos.
Ce qu’on peut traduire librement de la manière suivante :
« Diane en chassant rencontra un berger dont les yeux étaient si beaux et les œillades si amoureuses que, furieuse, elle les lui arracha pour les jeter au loin : tombés dans les champs ces beaux yeux devin- rent de belles fleurs que l’on nomme encore des OEillets. »
Voici, pour finir, un court extrait du Traité des OEïillets publié à Avignon en 1762 : « Par couleur, quand il s’agit d'OEillet, on entend, en général, et celle de leur fond, et celle des panaches. Le fond est ordi- nairement pris pour la couleur dominante; et les panaches sont les
autres couleurs qui brochent sur le fond, On exige pour la beauté régu- lière de cette fleur, que son fond et les panaches soient bien opposés en teintes, qu’ils ne soient nullement brouillés où confondus par leur voisinage, mais tranchés avec précision et nettement, On veut de plus, que les panaches naissent à la racine des feuilles et qu'ils s'étendent sans interception jusqu’à leur extrémité. Plus ils occupent d’espace plus ils sont estimés. Les panaches Par Quart ou par moitié des feuilles sont préférés aux petits et aux panaches à emporte-pièce, ou à pièces plaquées comme disent les maitres, pour désigner ces panaches isolés qui n’aboutissent ni à la racine ni à l'extrémité des feuilles. Les dispositions contraires ôtent de son prix à l’OEillet, De petits panaches multipliés semblent le chiffonner, Les couleurs qui s’imbibent entr'elles, le salissent ; trop de mouchetures Jes brouillent, ce qui doit s’entendre de la confusion, non de la variété; car plus un OEillet a de couleurs plus il est estimé et quand les feuilles sont les unes comme les autres exactement marquées de ces couleurs, c’est le dernier ou le plus haut degré de beauté qu'on puisse désirer dans un OEillet. Lors surtout que le blanc qui se trouve Parmi les autres couleurs est sans reproche et ne Parait pas plombé. »
On trouvera dans l'article suivant quelques renseignements parti- culiers au sujet des OEillets de Liége, En effet, Remacle Fusch, le vieux chanoine botaniste de Ja collégiale St-Paul à Liége, en parle dans un de ses ouvrages les plus rares, le De Herbarum notitia. 11 les désigne sous le nom wallon de Jalofrin. Ce livre est publié en 154%. Aujourd’hui encore le nom Wallon de l’OEillet est Jalofrène. Ce mot vient du latin Caryophyllum. Nous en avons fait en francais Giroflier et Giroflée. Les Giroflées (Cheiranthus) sont bien différentes des OEïllets. On dit Populairement en France : donner À queiqu’un une Giroflée à cinq feuilles, lui donner un soufflet si fortement appli- qué que les cinq doigts Y laissent leur trace. On dit à Liége une Giroflée à quatre feuilles, ou plutôt one Jalofrène a quat fouil d’une
jeune fille simple et bornée, Pour une feuille de plus ou moins la diffé- rence est notable.
NOTICE SUR LE DE HERBARUM NOTITIA DE REMACLE FUSCH. _ :
Nous disions, dans Ja notice que nous avons publiée en 1865 sur le botaniste liégeois Remacle Fusch(!), qu’un de ses Ouvrages, publié en 1544, le De Herbarum nolitia dialogus n'était cité dans aucune
————. ———— ——— _ ——————— ——_— ms —_. _- -—
(1) Voyez La Belgique horticole, 1 865, prologue, et Bulletins de l’Académie royale de Belgique, 2e série, tome XVI, no 12,
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bibliothèque et qu'on le connaissait seulement par les bibliographies. Tous les livres de Remacle Fusch sont d’ailleurs fort rares.
Notre savant collègue, M. le D' Ed. Martens, professeur de botanique à l'Université de Louvain, a eu le bonheur de mettre la main sur un exemplaire de cet ouvrage, en 1867, dans une vente publique à Bruges. Il avait bien voulu nous faire voir cette rareté pendant la dernière session des jurys d'examen. Nous y avions remarqué le nom wallon de jalofrin appliqué à l’OEillet. Nous nous sommes adressé à notre collè- gue pour obtenir quelques renseignements et, en réponse il nous a fourni une savante notice qui intéressera à la fois les botanistes, les bibliographes et tous ceux qui ont à cœur les annalectes de la Belgique. En la publiant iei nous exprimons à M. Martens les sentiments de notre reconnaissance.
Mon cHER COLLÈGUE,
Je m’empresse de répondre à votre désir.
L'ouvrage de Fusch est intitulé : De herbarum notitia, natura atque earum viribus, deque iis, tum ratione, tum experientia investigandis, dialogus. — De simplicium medicamentorum quorum apud pharmaco- polas frequens usus est, electione seu delectu, tabella. — Omnia nunc primum et nata et excusa. Cum medicinae herbariae studiosis, tum pharmacopolis apprime necessaria. Aulore Remaclo Fusco. — Ant- verpiae. Excudebat Martinus Nutius sub intersignio divi Jacobi, in planicie librae ferreue. An. M.D.XLITII.
Quarante-huit feuillets chiffrés, in-18. — Dédié à Michel d’Enkevort, chanoine de Liége, archidiacre de la Campine, que Fusch représente comme un amateur zélé de botanique. Le de simplicium medicam. etc., qui termine l’ouvrage est précédé d’une deuxième dédicace à Lambert Dheure, chanoine de Liége. e
La partie principale de l’ouvrage de Fusch (le de simpl. medic., etc., n’en est qu’un appendice) est une herborisation, en forme de dialogue, prétendüment faite dans le jardin du cardinal Jean du Bellay, évêque de Paris (mort à Rome, doyen du Sacré Collége en 1560). Ce dialogue a été écrit par Fusch — comme il nous l’apprend dans sa dédicace, — à Paris, après les lecons du médecin Jacques Sylvius (.... hunce dialogum, quem nuper Parisiis post Jacobi Sylvii, medicorum hujus memoriae facile principam, praelectiones conscripseram....). Le dialogue paraît donc être simulé par Fusch pour donner plus d’attrait à la description des plantes curieuses qui se trouvaient dans le jardin du cardinal du Bellay.
Les interlocuteurs du dialogue sont : Remacle Fusch, Guillaume Mar- besius (de Marbais), Jean Caballus, espagnol, Louis, pharmacien, Jean de Turck (Johannes Turcicus), jardinier du cardinal.
— ÿ —
Voici comment ce dialogue commence :
« Remacle. Qui vois-je venir là-bas? C’est, si je ne me trompe, notre Caballus, un vieil ami, savant en botanique.
« De Marbais. Peut-être nous cherche-t-il : car il s’avance d’un pas rapide.
« Remacle. Approchons et saluons-le. Bonjour, mon Caballus.
« Caballus. Salut aussi, mes meilleurs amis.
« De Marbais. Où allez-vous ?
« Caballus. J'allais droit vers vous.
« Remacle. Pourquoi ?
« Caballus. Afin que nous allions ensemble à la campagne, tant pour connaitre les plantes que pour nous donner un honnête exercice du corps et nous récréer l'esprit.
« Remacle. Comme il est déjà tard, je ne puis aller maintenant à la campagne.
« De Marbais. Ni moi non plus, car l’air devient humide et il n’est pas loin de deux heures.
« Caballus. Visitons alors le jardin du Très-Révérend cardinal Mgr. Jean du Bellay.
« Remacle. Cela me plait, si les autres en sont contents.
« De Marbais. Certes, mais dépéchons-nous, pour que la brièveté du temps ne nous chasse pas : car il est plus de midi.
« Caballus. Allons. Toi, Louis, précède-nous, et va nous annoncer au jardinier, qui est, comme tu sais, notre excellent ami.
« Louis. J’en aurai soin.
« De Marbais. Maintenant, chemin faisant, Je vous prie, entretenons- nous sur les plantes. »
Le dialogue continue ainsi, avec une bonhomie charmante. On arrive au jardin, et là on devise sur les plantes les plus remarquables qui y croissent, en passant, sans interruption, de l’un à l’autre. Ce qui préoc- eupe surtout nos herborisateurs, c'est la concordance entre les plantes qu'ils trouvent et les espèces décrites par Dioscoride, Galien, et autres auteurs anciens. Les auteurs de l’époque — Ruellius, Manardus, L. Fuchs, Cordus, Leonicenus, etc, — sont souvent cités.
Voici le passage relatif à l’OEïillet :
« De Marbais. La plante suivante, n'est-ce pas le Caryophyllus ?
« Caballus. On ne l’appelle pas aujourd’hui de ce nom.
« De Marbais. Comment donc l’appelle-t-on ?
« Caballus. On l'appelle Betonica altilis(\).
« Remacle. Les femmes lui donnent encore l’épithète de Coronaria, parce qu’elles tressent des couronnes avec ses fleurs.
(1) Dodoens applique ce nom au Dianthus caryophyllus.
LEPQB: Vel
« De Marbais. J'ai toujours entendu nommer jusqu'ici ses fleurs Giroflées (Caryophyllos flores), probablement à cause de lear odeur; dans notre idiôme liégeois on les nomme Jolafrin ().
« Caballus. Elles méritent certes d’être appelées Betonica altilis (cul- tivée), car ses fleurs sont très-recherchées à l’état de culture (nam flores altiles spectantur) : elles sont d’une telle variété, d’une telle grandeur et d'une telle beauté, qu’elles ne peuvent pas être considérées comme infé- rieures à la Rose, et que ces deux plantes se disputent la palme. La grandeur de quelques unes de ces fleurs est telle, surtout cultivée par les soins des matrones de Padoue ct. de Bologne, que vous ne pourriez presque pas les embrasser de vos deux mains.
« Remacle. Je m'étonne que cette plante, dont la fleur était si digne d’être décrite par un auteur renommé, n’ait pas été mentionnée par Dioscoride et par d’autres vieux auteurs.
« Caballus. Hermolaus Barbarus (livre 5, chap. 45) croit que le Buc- charis (des anciens) est cette espèce de fleur, que nous appelons aujour- d’hui Caryophyllus; mais tous les auteurs de botanique médicale sont d’un autre avis.
« De Marbais. N'y a-t-il pas d’autres espèces de Belonica?
« Caballus. Oui, il y en a deux autres qui sont sauvages, l’une décrite par Dioscoride sous le nom de Cestron, l’autre par Paul Æginere (livre 7) et par Pline (livre 55, chap. 8).
« De Marbais. La première de ces espèces sauvages, que Dioscoride décrit sous le nom de Cestron, est très-connue de tout le monde, et se trouve abondamment, par-ci par-là, dans les montagnes cet les bois(2). Quant à la seconde, que tu regardes également comme spontanée, veuille, sans te gêner, m'en faire l’histoire.
« Caballus. Écoute attentivement.
« De Marbais. Je t’écoute depuis longtemps. Continue.
« Caballus. Cette plante que nous appelons Gariophyllea sylvestris, a des feuilles comme celle du poireau, oblongues, étroites, pointues à l’extrémité, concolores, les tiges cylindriques, géniculées, hautes d’une coudée, les fleurs belles, simples, composées de 5 ou 6 folioles, irrégu- lièrement frangées (lente fimbriatis), généralement pourprée. Quoiqu’on en trouve aussi d’un blanc de neige.
« Louis. C’est peut-être cette plante que nous autres pharmaciens nommons Herba Tunici(5).
« Caballus. Tu as bien deviné, Louis, c’est elle-même.
(1) Actuellement on dit à Liége one djalofrenne.
(2) Le Kestpoy de Dioscoride est, d’après Sprengel, le Betonicu officinalis. (3) C’est au XVIII: siecle le nom pharmaceutique du D. caryophyllus.
NS, NS
« De Marbais. En quels lieux croit-elle ?
« Remacle. Sur les montagnes et en d’autres lieux arides, mais nulle part en plus grande abondance que dans les près secs près de Noyon (Noviomum) en Picardie, où je l’ai vue pour la première fois.
« De Marbais. Quelles sont les vertus de la Bétonique cultivée (1) (altilis), qui croit dans les jardins?
« Remacle. On affirme que sa racine est utile contre la contagion de la peste; quelques uns font aussi de ses fleurs une conserve au même usage.
« De Marbais. Et cette autre plante que dans les officines on appelle Herba Tunici, est-elle de quelque efficacité ?
« Remacle. Son suc est merveilleusement recommandé pour faire sortir les calculs de reins et pour guérir les épileptiques ; cependant, je crois que la première espèce sauvage (Belonica officin.) est plus efficace pour produire ces effets. »
Voilà tout le passage concernant les OEïillets. Il occupe les feuillets 55 et 54 de Fusch. Je l’ai traduit presque littéralement : de là les im- perfections du style. — Ce que Remacle dit des vertus de l’OEillet eul- tivé et de l’OEillet sauvage est copié presque textuellement de Léonard Fuchs. J'ai remarqué que notre auteur fait souvent usage de la com- pilation.
Espérant que ces notes pourront vous servir, mon cher collègue, je vous prie d’agréer.…. etc.
Louvain, le 20 janvier 1868. En, MARTENS.
Nous profitons de cette occasion pour rectifier une erreur qui s’est glissée dans notre biographie de Remacle Fusch. Par distraction nous avions traduit le mot Zea par Maïs (blé de Turquie), tandis que dans les anciens auteurs ce mot s'applique à l’Épeautre. On aurait pu induire de notre récit que le Maïs, originaire d'Amérique,
était déjà cultivé en 1541 dans les Ardennes, ce qui est une erreur (2).
(1) L'OEillet des jardins. (2) Il faut donc corriger page XV, ligne 12 du Prologue 1865 du Maïs par de l’'Epeautre.
AQU
LES PLANTES NOUVELLES DE 1867.
(Le Gardeners’ Chronicle 1868, Ne 2.)
Nous allons passer sommairement en revue quelques-unes des plantes les plus importantes qui ont fait leur apparition pendant le cours de l’année passée.
Nous commencons notre revue par les plantes de serre chaude. Ce groupe important se partage tout naturellement en deux divisions, l’une comprenant les plantes que l’on cultive pour leurs fleurs, l’autre, celles dont le feuillage est le principal, si pas le seul agrément. Parmi les premières, et en tenant compte de tout, nous devons assigner le premier rang au Dalechampia Rœzliana var. rosea, de la Vera-Cruz; c’est un arbuste d’un aspect particulier et d’une abondante floraison; ses fleurs, d’une structure si curieuse et ses bractées d’une teinte rose remar- quable, rivalisant avec celles du Bougainvillea, en font non-seulement une véritable plante d'ornement, mais encore le différencient radica- lement de tout ce que l’on connaissait auparavant en fait de plantes en culture. Bien plus étonnant de forme et de taille est l’Aristo- lochia Goldieana du Calabar, que l’on a su faire fleurir à force de soins au Jardin Botanique de Glasgow. Puis vient le nouvel A{la- manda nobilis dont les fleurs égalent les plus grandes que l’on con- nait actuellement, et l’emportent, pour la symétrie et la perfection de la forme, sur celles de toute autre espèce en culture.
Un autre nouvel hybride du Dipladenia (le D. amæna) réclame une mention toute spéciale; on l’a obtenu par le croisement du D. amabilis avec le D. splendens. Il tient bien plus du dernier que du premier sur lequel toutefois il est en progrès pour la beauté de la teinte et à cause de sa plus grande profusion de fleurs. L’{xora prin- ceps vient compléter heureusement l’un des genres les plus remar- quables de nos fleurs de serre; le Tacsonia Buchanani promet aussi d’être une acquisition de valeur pour nos plantes grimpantes de serre; pourtant il ne s’écarte pas aussi remarquablement des espèces con- nues que le T7. Van Volxemi. Dans un autre groupe, le Begonia boliviensis nous présente unc acquisition complètement nouvelle; il diffère tellement des Bégonias ordinaires de nos jardins qu'il faut y regarder à deux fois avant de lui reconnaitre son nom; ses fleurs pendantes, à longs pétales, d’un vermillon brillant pourraient en faire une excellente plante d'ornement dans la série des plantes her- bacées. N'oublions pas de noter ici le Vaegelia fulgida du Mexique, très-belle Gesnéracée à feuillage vert rappelant un peu par ses fleurs le N, Cinnabarina; notons encore les belles variétés hybrides à cou-
TE
leur pâle du même genre. Ce sont les W. chromatella. N. Lind- leyana, N. cymosa, N. rosea punctatissima que nous devons aux jardins belges. Puis viennent le Cyrtodeira chontalensis, Gesnéracée à larges feuilles tachetées de lilas, importée récemment de la région aurifère de l'Amérique centrale; l’Aphelandra Reœzlii, très-brillante acanthacée Mexicaine d’un orange écarlate, à feuilles argentées étran- gement tordues; le Stemonacanthus Pearcei de Bolivie, d'un rouge brillant, à longs tubes ; c’est une nouvelle acquisition dans la grande famille des Acanthacées. Le Sanchezia nobilis variegata dont la forme à raies blanches a paru cette saison, a particulièrement droit à notre attention, car les fleurs sont splendides.
La série des plantes de serre dont nous venons de parler et que l’on cultive pour leur feuillage s'est enrichie de plusieurs belles acquisi- tions; dans ce groupe, il n’y a peut-être rien de plus beau ou d’un caractère plus nouveau que l’Alocasia Jenningsii des Indes. C’est une plante herbacée, à feuilles hardiment sagittées cordées d’un vert éclatant au bord et le long des principales nervures. Entre ces nervures se trouvent des marques en coin d’un brun chocolat foncé, presque noires même; contraste tout nouveau et très-agréable. Un autre Alocasia nouveau, qui mérite une mention spéciale, est d’origine hybride; on le nomme À. intermedia et il tient le milicu entre ses parents A. Veitchi et À. longiloba. Il vaudrait peut-être mieux le décrire comme un A. Veitchi renforcé et plus grand. Avec sa belle coloration et sa forme grotesque (nous avons entendu comparer plaisamment ses feuilles au visage du « gentlemen cornu ») on sait que c’est une plante assez délicate et d’une croissance lente. On a fait aussi quelques acquisitions excellentes parmi les Codiaeum à feuilles colorées, mieux connus dans nos jardins sous le nom de Croton pictum. Ils nous viennent des iles de l’Océan pacifique et différent surtout par la taille et la forme de leurs feuilles brillamment veinées de jaune et plus ou moins sujettes à prendre en vieillissant une teinte rougeñtre; on leur donne les noms de Veitchianum, maximum, interruptum, irrequlare. La même source nous à fourni à la même époque trois nouveaux Dracaena ; plantes bien distinctes et fort belles. Ce sont : le D. Regina d’un babitus vigoureux et trapu, à feuilles largement bordées de blanc; le D. Moorer à feuilles ondulées, vigoureuses et pendantes, de couleur semblable à celle du D. ferrea; et le D. Macleyai à feuilles plus étroi- tes, recourbées, d’un tissu ferme, d’une nuance bronze rougeâtre. Ce sont là d'excellentes acquisitions pour nos collections; il en sera de même sans ancun doute pour le Ficus dealbata du Pérou avec ses larges feuilles elliptiques, d’un blanc argenté par dessous. Ce Ficus a été exposé à Paris.
Venons aux Orchidées. Sans avoir à rappeler rien d'aussi remar- quable que le Cattleya dowiana et le Saccolabium giganteum de 1866,
SAS
nous devons cependant enregistrer quelques nouveautés de choix. Le Dendrobium Bensonæ est d'une élégance ravissante à cause du con- traste délicat de ses fleurs blanches et orange et de la parfaite harmonie de ses couleurs. L'Oncidium chrysothyrsus avec ses panicules thyr- soïdes à fleurs nombreuses, grandes et d’un éclatant jaune d’or, fait pré- cisément partie d’un groupe dont on doit encourager l'introduction dans nos serres à Orchidées; et en effet, on pourrait y admettre davantage sa couleur éclatante pour contraster avec les nuances qui prédominent dans les Dendrobium, les Cattleya, les Saccolabium, les Phalaenopsis, les Aerides et dans les autres fleurs de prédilection. Le Bletia Sherrattiana de la Nouvelle Grenade nous présente une autre couleur également écla- tante (un rose pourpre riche) que fait encore ressortir son beau labelle ; c'est d’un contraste excellent. On a vu dans quelques expositions de l’été une charmante variété du Miltonia spectabilis du Brésil : c’est le M. ro- sea; les sépales de cette jolie fleur, au lieu d’être blancs, sont roses; la lèvre de la corolle est marquée de plusieurs raies longitudinales assez larges, d’un cramoisi rose foncé. Bornéo nous a donné une très-belle variété du Cypripedium Stonei qui diffère de la forme typique par ses pétales d’une largeur remarquablement plus grande; de là son nom de Platytaenium. Enfin nous avons encore une hybride de l’Aerides, le dominianum, belle plante très-semblable à l'A. Fildingii pour la cou- leur, mais ayant d’ailleurs la forme et les marques de ses congénères.
Les plantes bulbeuses de serre, cette classe si distincte dont le goût public semble recommencer à apprécier les mérites, se sont enrichies de quelques acquisitions marquantes. Le groupe Hippeastrum de l’Ama- ryllis retrouve décidément dans l’A. pardina l’une de ses plus belles espèces; c’est en même temps l’un des meilleurs gains de l’année; car les fleurs en sont nouvelles, et à la fois d’une réelle beauté; il appartient à la forme touffue, est couleur paille et tacheté de marques semblables en tout point à celles des Calceolaria à fleurs pointillées. L’Amaryllis Alberti du même groupe peut aussi passer pour une acqui- sition vu ses larges fleurs doubles d’un bel écarlate orange; la forme de ces fleurs peut être comparée à celle d’un gigantesque asphodèle double. Le Griffiniu hyacinthina maxima est une grande plante, plus vigoureuse que le type de l’espèce et porte de grandes fleurs d’un bleu foncé, mesurant en travers 4 à 5 pouces(i); il nous vient du Brésil, avec une autre jolie espèce du même genre, le G. blumenaria à fleurs blanches, rayées de rose sur les segments principaux.
Parmi les plantes de serre froide, les conquêtes sont moins nom- breuses. Le Pleroma sarmentosa à fleurs d’un violet sombre, à la manière du Pleroma elegans doit être considéré comme une nouveauté
(1) Le pouce anglais — cent. 2,5399.
th + Dm
du plus haut mérite. Il faut y ajouter deux Æydrangea du Japon, obtenus par le jardin de St-Pétersbourg, savoir : le Æ. stellata prolifera à fleurs compactes, petites, en étoile, doubles, stériles, roses; et le H. paniculata grandiflora, qui a bien plus l'habitus du japonica, mais qui produit de grandes panicules feuillées, terminales, en pyramides d’un pied de long au plus, et couvertes de nombreuses et grandes fleurs blanches. Le Dalea mutisii, arbuste de l'Amérique méridionale, à épis terminaux de fleurs d'un bleu foncé, rentre dans ce groupe; on pourra probablement l'utiliser pour la culture en pot et comme plante d’été pour les jardins si on a la précaution de le mettre à l'abri de quelque muraille; le Clerodendron serotinum que les jardins fran- cais ont recu de Chine, sera aussi à ce que l’on assure hautement, un arbuste de jardins pour l’été. On dit qu’il produit de grandes panicules corymbiformes d’un pied(!) ou plus en travers, à fleurs parfumées, d'un blanc pur, à calices roses. Parmi les plantes à feuillage pour le jardin d'été, le Coleus Veitchi a été la nouveauté la plus remarquable; il vient de la Nourxelle Calédonie ainsi que le C. Gibsoni; il a de même un facies vigoureux mais ses feuilles, d'un brun chocolat au centre, ont un limbe d’un vert vif; ce qui lui donne un aspect extraordinaire et fort convenable pour l’ornementation. Avant de laisser ce groupe, mentionnons l’Agave xylinacantha comme représentant d'une famille qui gagne dans l'opinion publique, et cela à juste titre; c'est une de ces petites espèces à feuilles hérissées d’épines comprimées et irrégu- lières, et ayant un aspect ligneux : d’où le nom.
Bon nombre de plantes rustiques méritantes ont attiré l'attention. Classons parmi les plus importantes, à cause de la taille et de la bril- lante coloration des fleurs, le Begonia Veitchii et le B. rosaeflora que l’on a recueillis tous deux à une hauteur de 12,000 pieds ou plus sur les Andes du Pérou et dont le premier a déjà été assez bien éprouvé. Ce sont des herbes naines, à feuilles arrondies et charnues, produisant mainte hampe courte dont chacune porte un petit nombre de grandes fleurs; elles rappellent la Rose de Noël (Hellébore) et sont dans le B. Veitchit, rouge cinabre foncé, et dans le B. rosæflora, d'une jolie teinte rose. Si même la variabilité de notre climat rend nécessaire quelques mesures pour les protéger contre ses vicissitudes, l’année 1867 n'en restera par moins mémorable pour avoir acclimaté deux aussi belles espèces d’un caractère plus ou moins rustique et appartenant à un genre connu surtout jusqu'à présent comme plante de serre chaude. Le Draba violacea, végétal rustique et vivace, est une belle plante de rocher, a fleurs crucifères, pourpre foncé. On l’a pris à une hauteur de 13,000 à 15,000 pieds sur les Andes de Quito. Une clématite vivace
(!) Le pied anglais — met. 0,30479.
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(le Davidiana) de grandes espérances, semblable au C. tubulosa, mais ayant ses fleurs en grappes et non isolées, est venu de Chine en France. Le Goodyera macrantha du Japon, belle Orchidée rustique à feuilles panachées, d’un vert olive sombre, à réticulations d’un vert éclatant et à bords jaunes nous rapproche fort d’un Anœæctochilus rustique. Les trois espèces suivantes de Lis japonais et chinois viennent ajouter trois perles à un genre si riche déjà en joyaux : le L. Leichtlinit à fleurs pendantes, pâle tacheté de pourpre; le Z. haematochroum à fleurs dressées, rouge sang foncé; et le L. pseudo-tigrinum à fleurs pendantes, rouges, pointillées de brun, mais totalement distinct du tigrinum ; ce dernier est chinois. Le noble Lilium auratum présente une moisson de variétés de choix; car c’est à peine si deux de ses bulbes produisent des fleurs exactement semblables. Les variétés les plus remarquables sont peut-être le auratum rubrum dans lequel la bande jaune est deve- nue rose et le L. auratum virginale à fleurs d’un blanc tout à fait pur.
L'an dernier, nous citions un aune doré qui semblait promettre comme arbre de plantation pittoresque. Nous avons à y ajouter un orme doré, Ulmus campestris aurea dont les feuilles sont d’un jaune d’or foncé, devenant cà et là vert ou bronze. Un buisson ou un arbre de eertaine taille de cette espèce doit produire un très-bel effet. On retrouve de teintes dorées analogues dans l’Evonymus japonica flavescens dont les feuilles sont d’un jaune prononcé, et dans l’Aucuba japonica flavescens dont les plus jeunes feuilles sont tout à fait d’une teinte jaunâtre. Le Cupressus Lawsoniana ochroleuca produit un effet approchant : les jeunes pousses sont assez régulièrement terminées en un jaune crême pâle, pour dorer la plante; il en est de même pour le C. Lawsoniana flava où, quoique d’une autre manière les jeunes pousses semblent baignées dans l’or. Une autre variété d’Aucuba (A. Japonica marmorata) doit être notée ici comme la plus frappante des espèces à feuilles poin- tillées; cette supériorité vient sans doute de ce que les points jaunes se détachent clairement sur le fond vert sombre; c’est une des formes bacciféres. Un gracieux <onifère, tiré de semences japonaises, qui a de longues branches flexibles semblables à des lanières de fouet (c’est le Retinospora filifera) doit-ètre classé parmi les plus élégants de son espèce; une sous variété toujours verte de Populus monilifera que l’on a remarquée à Versailles nous donne un nouveau trait de cette famille à croissance rapide. Notre variété conserve ses feuilles longtemps après l’époque ordinaire de la chute, et cette circonstance doit donner, au point de vue pittoresque, une valeur nouvelle à l'arbre.
Notre article est déjà si long que nous ne pouvons plus citer spéciale- ment les nouvelles variétés de jardin que l’année passée nous a données. Cela est d’ailleurs d’autant moins nécessaire que l’on en a récemment noté la plupart sous le titre de fleurs « de fleuristes. » Néanmoins nous devons citer ici la nouvelle rose de M, Ingram : Miss Ingram et les
ER
nouvelles clématites de MM. Jackman et de M. Cripp. Les premières fleurissent toujours ; quant aux autres nous ne savons pas s’il en est de même. Les nouveaux Chrysanthémes japonais, produits par M. Salter et autres étendront la saison des fleurs et ajouteront de nouveaux traits intéressants à cette famille populaire.
EXPOSITION INTERNATIONALE D'HORTICULTURE A GAND, 29 MARS AU 5 AVRIL 1868 (1).
Le programme détaillé de cette importante solennité vient de paraitre. Il comprend 241 concours, auxquels sont affectés des prix considérables.
L'exposition de Gand aura beaucoup de succès. De tous les points de l’Europe un grand nombre d’horticulteurs et de botanistes s’y sont donnés rendez-vous.
Le Congrès international de botanique et d’horticulture qui avait été annoncé comme devant être réuni en coïncidence avec cette exposition, est postposé. Cette résolution a été prise récemment dans une réunion du bureau de la Société de Gand, de la Fédération horticole et du bourgmestre de la ville de Gand. On a craint ne pouvoir consacrer à l’organisation du Congrès et à ses réunions tout le temps nécessaire. La ville de Gand désireuse de recevoir ses hôtes selon les traditions hospitalières des vieilles communes flamandes, préfère convoquer le Congrès dans une circonstance spéciale et organiser, à cette occasion une exposition d’un caractère scientifique. Cette réunion aura probable- ment lieu en 1870.
EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE FLORE A BRUXELLES, 26-28 AVRIL 1868 (2).
Concours spécial et international d’Orchidées. Le programme de celte exposition est précédé du préambule suivant :
Fidèle à sa mission, le Conseil d'administration de la Société royale de Flore, après avoir pris l'initiative d'organiser à Bruxelles
(1) S’adresser pour recevoir le programme à M. Edmond Claus, secrétaire-adjoint de la Soc. Roy. d'Agric. et de Bot. de Gand.
(2) S’adresser pour recevoir le programme à M. L. Lubbers, secrétaire de la Société. rue du Berger, 26-28 à Ixelles, lez-Bruxelles.
c>'TÈRES
la première grande exposition internationale d’horticulture, a décidé d'entrer dans une voie nouvelle, en ouvrant chaque année un Cow- COURS SPÉCIAL ET INTERNATIONAL des principales familles ou genres de plantes appartenant aux diverses branches de cultures.
La famille des Oncuipées a été désignée à l’unanimité pour l’inau- guration de ces concours spéciaux et la Société fait un appel à tous les amateurs et horticulteurs du continent aussi bien que de l'Angleterre, en les engageant à y prendre la plus large part possible.
L'ouverture du Concours spécial d’Orchidées aura lieu à Bruxelles, le 26 avril prochain, et coïncidera avec l'exposition annuelle de printemps. Sa durée sera de trois jours.
Des médailles d’or, de vermeil et d'argent, ainsi que des primes de 50 à 500 francs, sont offertes comme prix.
Afin de rendre cette exposition plus attrayante et tout à fait digne d'attirer l'attention des amateurs d’horticulture, M. J. Linden, satis- faisant à un vœu exprimé par le Conseil d'administration et renon- cant généreusement à toute participation aux concours généraux, exhibera des collections très-variées de plantes totalement nouvelles, ainsi que des exemplaires spécimen de toutes les espèces d’introduc- tion récente ayant remporté les premiers prix aux grandes exposi- tions internationales de Londres et de Paris.
LES SQUARES ET LES MARCHÉS DE PARIS.
(Suite, Voir, 1867, page 332.)
IV. Janvier 1868.
Les jardins de Paris offrent peu d'intérêt en ce moment. Il y a longtemps déjà qu’ils n’ont subi un hiver aussi rigoureux que celui de cette année, le thermomètre centigrade y étant fréquemment descendu a 12 degrés au dessous de zéro dans le courant de ce mois. Or, ils sont complètement dépourvus de fleurs, et les végétaux à feuilles per- sislantes en font le seul ornement à cette époque de l’année.
La grande et belle famille des Conifères contribue puissamment à leur ornementation pendant toute l’année, et surtout pendant l’hiver, alors que les végétaux à feuilles caduques sont complètement dépouil- lés de leurs feuillages.
Le Cèdre du Liban, Cedrus Libani BarreL., y atteint de très-grandes dimensions; on en remarque surtout deux forts spécimens, l’un en
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face le lac supérieur du bois de Boulogne, et l’autre au-dessus de la grande cascade en face la plaine de Longchamp. Cet arbre majestueux supporte parfaitement l'hiver sous le climat de Paris; son tronc élevé et très-épais, est terminé par une cime arrondie, de branches très- larges, aplaties, horizontales, à feuilles linéaires, tubulées, d'un beau vert sombre. Il produit un effet charmant étant disposé dans le voisinage des rochers et des pièces d’eau dans les jardins pittoresques. Le jardin des plantes de Paris en possède un spécimen planté à la base du labyrinthe en 1754 par M. B. de Jussieu, dont les branches couvrent un espace de plus de 75 mètres de circonférence.
Le Cèdre pleureur du Népaul Cedrus deodora Lounox., est sans contredit l’un des plus élégants et de ceux que l’on cultive le plus généralement. On le plante isolément ou en groupes sur les pelouses, où il prend la forme pyramidale entourée de grandes branches rameu- ses, inclinées, pendantes à leur extrémité, et garnies d’un beau feuillage glauque blanchâtre. Cet arbre, dont la croissance est très-rapide, fait l’un des plus beaux ornements de nos pelouses, et supporte parfaitement nos hivers. On cultive encore plusieurs variétés telles que C. deodora robusta, dont les branches sont plus grosses, plus trapues, à feuilles épaisses et d’un beau vert glauque.
L’Araucaria du Chili, Araucaria imbricata Ruiz et Pav., se cultive aussi dans les jardins, où il prend régulièrement la forme pyramidale, garnie de rameaux verticillés couverts de feuilles solitaires, ovales, lancéolées, et d’un beau vert foncé.
Le Sequoia gigantesque, Sequoia gigantea ExbL., atteignant en Californie jusqu’à 500 pieds de haut, réussit aussi très-bien étant cultivé en pleine terre. Le tronc en est épais, les branches très-grosses, garnies d’un beau feuillage vert clair, sont disposées dans leur jeune âge en forme de pyramide très-large à la base. Ces végétaux produisent de très-beaux contrastes étant isolés sur les pelouses dans le voisinage des parties accidentées des jardins paysagers.
Dans les jardins de l'avenue de l’impératrice, on remarque une collection de conifères d'élite, s’élevant au delà de 500 espèces et variétés appartenant aux genres Juniperus, Cupressus, Abies, Larix, Pinus, Thuya, Taxodium, Picea, Libocedrus, etc, etc.
En fait de végétaux à feuilles persistantes, on remarque encore l'Olivier de Bohème, ÆEleagnus angustifolius, Lin., le Laurier de Portugal, Cerasus Lusitanica Loisez., le Laurier Cérise, Cerasus Lauro-Cerasus L., l’'Épine vinette aristée, Berberis aristata D. C., ete.
Les marchés en plein air sont peu fréquentés en ce moment, à cause des fortes gelées; on y trouve seulement les plantes rustiques qui supportent facilement quelques degrés de froid. Pour les plantes exotiques et de serre chaude, la vente se fait ordinairement dans des caves qui se trouvent à proximité des marchés,
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Les halles centrales et les fleuristes en boutiques au contraire, abondent en ce moment de fleurs de toutes sortes : Les maisons Burel, rue du Helder; Lyons, passage Jouffroy ; Scocard, rue du faub. St. Honoré; Lefilleul, boulevard des Italiens; Debrie, rue des Capu- cines; Bourgeon, place de la Madeleine, etc., etc., sont profusément pourvues de Bruyère odorante, variété Vilmorin, Erica odorata Axpr., var. Vilmoreana., de Bruyère persolute variété, £rica persoluta, Lax., var. regerminans, Horr., de Bruyère grêle var. d'hiver, Erica gracilis SaLisB., var. hibernalis, etc., de Pittosporum ondulé, Pittosporum undulatum Venr., de Bilbergia pyramidal Bilbergia pyramidalis LinpL., etc.
La Tulipe odorante duc de Thol, Tulipa suaveolens Rortu., la variété à fleurs roses et celle à fleurs écarlates, abondent aussi en ce moment. On commence à voir apparaître la variété à fleur jaune dite Tulipe de Tournesol.
Les Jacinthes romaines abondent encore en ce moment. La rose et la bleue de Hollande apparaissent aussi en grand nombre. Ces der- nières doivent être forcées sous l'influence d’une chaleur de fond très-élevée, et dans une grande obscurité, lorsqu'on veut les avoir en fleur de bonne heure. Les chassis sous lesquels on chauffe les oignons doivent être recouverts de paillassons jusqu’au moment où les tiges seront suffisamment sorties de terre; sans cette précaution, elles ne monteraient pas, et les fleurs s’épanouiraient dans le sol. M. Lemaire, habile horticulteur rue de Lourcine, 84, les force au premier degré de perfection ; les couches qu'il destine à chauffer ses oignons n’ont pas moins de 40 degrés centigrades de chaleur sou- terraine.
On continue aussi à voir apparaître le safran printanier, Crocus vernus L., le Narcisse Soleil d’or, Warcissus aureus LoisL., le Cyclamen de Perse, Cyclamen persicum Mic, etc.
En fait de plantes à feuillage propres à décorer les vases, jardi- nières, corbeilles, etc., dans les appartements, on remarque le Palmier sauvage d'Afrique, Chamærops humilis Lin., le dattier cultivé, Phœnix dactylifera Lan., le Yucca alæfolia Lan., var. quadricolor, le Pteris de Crète à feuilles panachées Pleris cretica albo lineata, etc., ainsi que toutes les espèces citées dans les mois précédents.
(A continuer.) DELCHEVALERIE.
DORVANTHES EXCELSA.
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NOTE SUR LE DORYANTHES EXCELSA Corrr,
A L'OCCASION DE SA FLORAISON A ORLÉANS EN 1867. (Figuré PI. 2-3.)
Peu d'amateurs ont eu l’occasion de voir la floraison de cette superbe Amaryllidée australienne introduite en Europe en 1800; elle a, depuis cette époque, fleuri très-rarement et chaque fois l’apparition de ces fleurs a été signalée comme un évènement horticole. On cite, dans les Annales des jardins, la première floraison en 1814 chez M. Charles Long à Browley Hill (Kent), en Angleterre; une autre, dans la Grande-Bre- tagne en 1855, à St. Petersbourg en 1855, à Orléans chez M. Mallet en mai 1861. Un fort exemplaire a donné ses fleurs dans les serres du jardin des plantes de Paris, au mois de février 1865, et ce remarquable phénomène a été signalé à l'attention publique, même dans les journaux quotidiens. Le Doryanthes excelsa a provoqué, à cette occasion, de nom- breuses notices, qui nous dispensent d’entrer ici dans de longs détails.
Mais l’exposition universelle de Paris a permis à un grand nombre de personnes d'admirer cette superbe plante dans toute la majesté de son développement parfait. Un pied fleuri, envoyé par M. Delaire, jardinier chef du jardin botanique à Orléans, a figuré longtemps dans la grande serre centrale. Comme beaucoup d’autres, c'était la première fois que nous assistions à cette rare apparition de fleurs. Présenté au jury qui a fonctionné le 15 mai 1867, ce Doryanthes a recu un troisième prix. Ce pied paraissait un peu faible et sa floraison n’était pas aussi riche que celle qui avait eu lieu précédemment au muséum.
Le Doryanthes est d’une famille où la beauté est de naissance. Amaryllis, la jolie bergère de Théocrite et de Virgile lui a donné son nom ; Narcisse, qui pour avoir désespéré toutes les Nymphes et s'être trop complaisamment admiré fut changé en fleur, est de ses proches parents. Combien ces noms linnéens sont poétiques et euphoniques à côté de ces mots forgés du grec ou de l’indien de Doryanthes et de Yucca ! Il a, par son feuillage le port de cette plante. Ses feuilles sont droites et comme des glaives à deux tranchants, hauts d’un mètre et demi à deux mètres et plus. Sans autre ornemént elle est déjà d’un effet remarquable. Quand elle flcurit, il s'élève du milieu du feuillage une hampe droite et forte qui monte à trois ou quatre mètres de hauteur et se couronne d’un véritable bouquet tout fait qu’on dirait composé de la fleur si connue du Lys de St. Jacques (Amaryllis (Sprekelia) formosis- sima). Ce bouquet peut avoir la moitié d’un mètre en travers, soit un mètre et demi de tour. Il est tout fourni de fleurs de plus beau rouge qui se remplacent à mesure qu'elles fanent.
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Il faut à la plante, dans les meilleures conditions, 20 à 25 années pour arriver à ce moment éphémère de la perfection qui marque le terme de sa croissance. Beaucoup de plantes, comme Narcisse, perdent la vie, pour avoir été trop belles. Le plus souvent les Doryanthes pas- sent 50 à 40 années en quelque sorte à l’état de chenille avant d’éclore en papillon.
Avant de périr elle donne parfois des graines et souvent des drageons à la base qui permettent de la multiplier.
Originaire de l’Australie méridionale elle se plait dans nos serres tempérées par une température de 8 à 12°.
L’aquarelle que nous publions ici, représente un capitule floral moitié de grandeur naturelle. Elle a été peinte d’après un excellent modèle qui nous a été gracieusement offert pendant notre séjour à Paris par un jeune peintre de talent, M. Numa Morel. M. R. Houllet l’aimable et savant jardinier chef des serres du Muséum, avait autorisé en 4865, cet artiste à dessiner et peindre d’après nature le Doryanthes qui fleurissait dans ce célèbre établissement. M. Numa Morel a exécuté sous l’habile direction de M. Houllet, plusieurs planches concernant le Dorvyantes considéré sous divers aspects.
SUR LE VÉRITABLE FUCHSIA COCCINEA, n’Arron.
Dans la séance de la Société Linnéenne, du 19 décembre dernier, après différentes communications , le D' Hooker donne lecture d’une note sur le véritable Fuchsia coccinea D’Arron. Voici la substance de ce travail. On a démontré que le véritable F. coccinea est une espèce tout à fait différente de celle que l’on cultive sous ce nom dans toutes les régions du globe et sur une si grande échelle. Il a été introduit en 1788 et publié dans la première édition du Hortus kewensis. On ne le connaît plus maintenant que grâce à quelques spécimens vivant du jardin botanique d'Oxford et à quelques exemplaires desséchés de la plante de Kew appartenant aux herbiers de Banks et de Smith. La véritable plante a été reproduite par Salisbury; mais lui-même, ainsi que les auteurs subséquents, l’a confondue avec le F. magellanica de Lamarck, qui est la plante reproduite comme F. coccinea dans le Bota- nical magazine et que l’on cultive partout sous ce nom. Ce dernier est une plante commune du Chili et de la Terre de feu, tandis que le pays natal du F, coccinea est encore inconnu. C’est là un point d’un baut intérêt; d'autant plus qu’il se rapporte à la question de l’acclimatation. On à prétendu que si le fuchsia était naguère délicat, il est devenu rela- tivement rustique. La vérité est, semble-t-il, que le véritable F. coccinea
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est aussi délicat que jamais, tandis que la plante que l’on cultive commu- nément sous ce nom (c’est-à-dire le F. magellanica), est beaucoup plus
rustique. De là cette constatation dont il vient d’être parlé. (Gardeners’ Chronicle, 1868. N° 2.)
NOTE SUR LES ORCHIDÉES.
Vers le milieu de la seconde moitié du siècle dernier, Linné ne connaissait guère qu’une centaine d'espèces d’Orchidées, comprises dans quelques genres seulement ; tandis que dans l'ouvrage du docteur J. Lindley (The genera and species of Orchidaceous plants, À vol. in-8. London) publié de 1850 à 1840, c’est-à-dire environ une cinquantaine d'années plus tard, on trouve la description de près de 2000 espèces d’Orchidées appartenant à plus de 500 genres.
Le Folia Orchidacea, publié depuis cette époque par ce célèbre bota- niste, contient encore la description d’un grand nombre d’Orchidées nouvelles.
Dans la nouvelle Iconographie des Orchidées (Pescatorea) publiée par M. J. Linden, et dans les ouvrageS spéciaux en cours de publication, tels que la Flore des serres et des jardins de l’Europe publiée par M. L. Van Houtte, le Botanical Magazine par Sir William Hooker, le Linnæa et Botaniche Zeitung, journaux allemands, dans lesquels on trouve un grand nombre d’Orchidées publiées par M. Reichenbach fils, etc., se trouvent aussi décrites et figurées un grand nombre d’Or- chidées d'introduction récente.
Les grands établissements d’horticulture tels que celui de M. Linden à Bruxelles, J. Veitch à Chelsea, Lowe à Clapton (Londres), etc., ont aussi introduits en Europe dans ces dernières années un grand nombre d'Orchidées, rares et nouvelles, de sorte qu'aujourd'hui, nous ne serions pas éloigné de croire que le nombre des espèces décrites ou cultivées en Europe ait doublé depuis 1840.
Ce nombre très-considérable d’Orchidées exotiques introduites dans un espace de temps relativement très-rapproché, prouve suffisamment de la faveur dont ces merveilleuses plantes furent accueillies des ama- teurs.
Bien qu'un grand nombre d’entre elles ne présentent d'intérêt que pour les botanistes, en ce que les fleurs sont d’une coloration sombre, exhalant quelquefois même une odeur désagréable, la plupart nous offrent des fleurs bizarres variant autant par la grandeur que par la forme, dont le coloris brille ordinairement des plus vives couleurs, répandant souvent une odeur délicieuse très-pénétrante.
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Les amateurs de ces nobles plantes peuvent done aujourd’hui, en choisissant l’élite des Orchidées exotiques cultivées en Europe, en réunir quelques centaines d'espèces d’un très-grand mérite et avoir dans leurs collections des plantes propres à leur procurer les fleurs les plus élé- gantes et les plus suaves que nous fournisse le règne végétal.
Nous avons eu souvent l’occasion d'admirer une collection de ce genre, appartenant à M. Guibert, amateur distingué à Passy-Paris, dont les cultures sont confiées à M. Leroy, jardinier d’une habileté bien connue.
Dans cette belle collection, les espèces rares ou nouvelles les plus mérilantes seulement y sont représentées en forts spécimens : on y remarque en outre de très-beaux Vanda Lowii Lixpr., originaire de Bornéo, V. cœærulea Honrr. (Sylhet), V. suavis Livpz. (Java), V. Bate- manii Br. (Philippines), V. teres LixpLc. (Indes Orientales), ete., Sacco- labuim quttatum Linpe. (Indes Orientales), S. retusum Horr. (Bornéo), S. curvifolium Linpc. (Népaul), S. Blumei Lin. (Java), ete., Ærides odo- ratum Lour. (Indes Orientales), Æ. maculosum Linz. (Bombay), Æ. lar- pentæ Horr. Angl. (Indes Orientales), Æ. Lindleyanum Weicur (Indes Orient.), Æ.nobile R. Warwer (Inde), Æ. crispum Lino. (Bombay), etc., Phalænopsis amabilis BLuue (Philippines), Ph. grandiflora Lino. (Java), Ph. sp.? (de Bornéo), Ph. Schilleriana Re. fils (Manille), ete., Cattleya labiata Line. (Brésil), C. Skinnerii Barem. (Guatemala), C. Mossiæ, Bot. Mag. (Vénézuela), C. Bogotensis Lispex (Nouvelle Grenade), C. su- perba Scous. (Guyane), C. Leopoldit Horr. (Brésil), C. Trianei LiNDEN (Nouvelle Grenade), ete., Lælia Stelzneriana, L. elegans Morrex (Brésil), L, purpurala Lino. (St Cathérine), etc., Odontoglossum ornithoryn- chum H. Br. K., O. crispum Lonn., O. lanceanum Linpz., etc., An- græcum eburneum P. Taouars (Maurice), À. sesquipedale P. Taouars, A. superbum P.Taouars(Maurice),etc., Dendrobium nobile Lips. (Chine), D. formosum Roxs. var. giganteum (Indes Orientales), D. densiflo- rum WaLc. (Indes Orientales), D. moniliforme Swarrz (Indes Orient.), D. Dahlousieamum WALL. (Indes Orientales), etc.
Enfia on admire encore dans cette collection d’élite, un grand nombre de plantes remarquables par leur rareté et leur beau développement, appartenant aux genres Lycaste, Stanhopea, Calanthe, Burlingtonia, Maxillaria, Zygopetalum, Phajus, Miltonia, Cæœlogyne, Renanthera, Trichopilia, Sobralia, Cypripedium, Uropedium, Selenipedium, ete., ete.
Les espèces terrestres y sont généralement cultivées dans un mélange composé de sphagnum de terre de bruyère brute tourbeuse grossièrement concassée, et d’un peu de charbons de bois pilé. Dans le fond des pots, on met un bon drainage de tessons pour favoriser l’écoulement de l’eau provenant des arrosages.
Celles qui vivent en épiphytes sont cultivées dans des paniers en bois confectionnés pour cet usage, ou simplement fixées sur des morceaux de
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buches brutes ou de planches ete. Le sphagnum est à peu près la seule matière qui sert d’aliment à ces sortes de plantes, dont la vigueur et le parfait état de santé dans lesquelles elles se trouvent, prouvent suffisam- ment des connaissances théoriques et pratiques du cultivateur.
M. Leroy, jardinier en chef de l'établissement, ne s'occupe pas seule- ment de la culture de ses Orchidées; il s'occupe aussi activement de féconder leurs fleurs, soit avec leur propre pollen, soit avec celui provenant d’espèces différentes. Ses expériences furent déjà couronnées de succès dans maintes circonstances ; il obtint en outre de très-bonnes graines d'une espèce très-rare encore, le Selenipedium Schlimi, LiNpen, et Reus. r., dont il fit un semis qui lui procura bon nombre de jeunes plantes dont une certaine quantité sont actuellement en voie de flo- raison.
Une autre espèce non moins remarquable produisit également des graines l’année dernière : c’est le Vanda Lowir Lixpz. On sait que cette belle espèce produit des grappes de fleurs qui atteignent quelquefois de 5 à 4 mètres de longueur, et que les deux premières fleurs sont tou- jours d’un Seau jaune foncé, tandis que toutes les autres qui se trouvent à la suite, et à une assez grande distance des deux premières, sont d'un jaune pâle rubané de larges lignes d’un beau rouge pourpre. Ces fleurs, bien que sur la même grappe, n’ont pas entre elles la moindre ressem- blance; elles furent fécondces de la manière suivante : une des fleurs jaunes fut fécondée avec le pollen d’une rouge, tandis qu’une rouge le fut avec le pollen d’une jaune ; les deux ovaires grossirent, et produisi- rent des graines qui atteignirent leur complète maturité, et qui au mi- croscope paraissaient renfermer tous les organes de la germination. Ces graines ont été semées avec le plus grand soin, il y a peu de temps encore; nous leur souhaitons les mêmes chances de réussite que celles du Selenipedium Schlimii.
Les Ærides quinquevulnerum Lino. (Manille), Stanhopea tigrina Bar. (Mexique), Catileya Lindleyana Rcus. r. (Brésil), Vanda cœærulea Lixo. (Sylhet), etc., ayant été également fécondés par des moyens artificiels, ont produit des graines qui sont semées depuis quelques temps déjà, et dont on espère un résultat prochain.
Il serait à désirer dans l'intérêt général de l'horticulture que les expé- riences de ce genre se multipliassent et que tous les cultivateurs d'Orchi- dées imitassent M. Leroy, en suivant les principes du célèbre professeur Ch. Morren, qui s’occupa aussi beaucoup de la fécondation artificielle des Orchidées, et qui obtint le premier à l’aide de moyens artificiels des fruits d’une espèce grimpante, la Vanille, le plus précieux de tous les parfums, Vanilla aromatica Swanrz, dans les serres du jardin botanique de l’université de Liége.
G. DELCHEVALERIE.
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CULTURE DES GLOXINIAS.
Nous venions de publier, à la fin de 1867 (p. 259), quelques spécimens de la riche collection de Gloxinias, de M. H, Carcenac, quand nous avons lu dans la Revue horti- cole de M. E. A. Carrière un article sur la culture de ces jolies plantes écrit par M. J. Vallerand, jardinier de M. Carcenac, à Bougival. Les Gloxinias cultivés par M. J. Vallerand ont été fort remarqués au jardin réservé du champ de Mars, tant pour la nouveauté du coloris que pour la vigueur de la végétation. Nous croyons donc pouvoir prendre la liberté d'emprunter à l'excellente Revue horticole de M. E. A. Car- rière, les renseignements pratiques de M. Vallerand.
Il serait inutile, selon nous, de rappeler ici ce qui a déjà été dit bien des fois sur l'avantage que présentent les Gesnériacées tuberculeuses en général, et les Gloxinias en particulier, pour la décoration des serres froides transformées en serres chaudes pendant l'été, car c’est un usage pratiqué presque partout maintenant; seulement, bien souvent encore on voit des plantes chétives, produisant peu d’effet, tandis que, bien cultivées, il n’est peut-être pas d’autres collections qui puissent offrir un coup d’æil aussi ravissant qu’une serre remplie de Gloxinias lorsqu'ils sont en pleine floraison.
Depuis un certain nombre d'années je m'occupe spécialement de ces plantes, et avec assez de succès, j'ose dire. Je vais donc indiquer, aussi clairement que possible, les moyens que j'emploie, espérant me rendre utile à ceux qui ne sont pas encore bien initiés à cette culture.
Sans présenter de bien sérieuses difficultés, cette culture demande des soins particuliers pour obtenir une belle végétation et une floraison abondante, je dis floraison abondante en parlant de plantes faites, c’est-à-dire provenant de tubercules soit de semis d’un an, ou de boutures après leur deuxième année. Je vais premièrement parler de la mise en végétation de ces tubercules, des soins à leur donner pendant leur période active, de la manière de les préparer au repos, et de leur conservation jusqu’à l’année suivante. Ensuite je complèterai cette notice par leur multiplication de boutures, par la fécondation, et enfin par les semis.
L'emploi d’un bon compost agit, c’est vrai, sur la vigueur des plantes; mais ce n’est pas, comme on le croit souvent, une des causes principales de succés. J’ai essayé plusieurs fois différents mélanges de terre qui m'ont toujours donné à peu près le même résultat ; je ferai cependant remarquer que ceux dans lesquels les matières fécales entrent comme engrais doivent être préférés. Voici, du reste, celui que j'emploie le plus souvent : trois parties de bonne terre de bruyère grossièrement concassée, une partie de terreau de feuilles, et une partie de terre de potager légère et naturellement engraissée ; j'ajoute sur le tout 5 pour 100 de poudrette bien pulvérisée, et je mélange. Si la terre est sèche, je la mouille un pen pour la rendre fraiche, mais jamais trop humide.
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Enfin, je le répète, la terre ne joue, on pourrait dire, qu’un rôle secon- daire, l’état des tubercules, le début de la mise en végétation, l’aména- gement de la serre, et surtout les arrosements distribués à propos agissent plus particulièrement sur la bonne venue des Gloxinias.
C'est vers la fin de février ou dans la première quinzaine de mars que je mets la plus grande partie de mes tubercules en végétation, c’est- à-dire ma collection, pour l'avoir en fleur en juillet, saison la plus propice pour obtenir un bon résultat, d’un autre côté, le moment de les sortir des châssis arrive quand les serres froides viennent d’être débarrassées, de sorte qu’on peut les mettre dedans pour y passer leur période active.
Suivant la force et la vigueur des plantes, je prends des pots de 15 à 18 centimètres de diamètre, que j’emplis à moitié du compost ci-dessus, après avoir mis quelques tessons dans le fond, je place le tubercule, puis je le recouvre de terre très-légèrement tassée, la disposant de manière à former au milieu un petit tertre, dont le sommet de niveau avec la hauteur du pot, laisse au pourtour un centimètre de vide. Si quelques arrosements sont nécessaires avant que les plantes soient en pleine végétation, cette disposition fait que l’eau descend le long des parois du pot, humecte la terre sans tomber sur le tubercule, ce qui dans certains cas pourrait lui nuire.
Plusieurs jours à l'avance, j'ai préparé, sous châssis dans une bâche accotée de réchauds de fumier et feuilles, une couche tiède recouverte de vieille tannée ou terreau dans lequel j'enterre mes pots près les uns des autres, à environ 20 centimètres du verre, qui est blanchi afin d’ombrer un peu. Quand le soleil pourrait élever la température de 20 à 25 degrès centigrades, je donne de l'air, en soulevant le châssis par le haut; je l’ouvre par le bas, si le vent est aride et du nord. La nuit je couvre de paillassons. Mes plantes restent ainsi jus- qu’en mai, et à moins d’une aridité exceptionnelle, les arrosements sont nuls jusqu'à ce qu’elles soient bien poussées, ce qui demande environ un mois ; puis je les arrose légèrement deux ou trois fois par semaine, toujours avec de l’eau tiédie au soleil et, de préférence, vers le soir, évitant autant que possible de mouiller les feuilles qui se tache- raient si elles n'étaient pas ressuyées le matin, lorsque les premiers rayons du soleil arrivent dessus. Cependant si dans le courant d'avril, par suile du mauvais temps et du refroidissement de la couche, mes plantes paraissent bouder, je renouvelle les accots, et, lorsqu'ils com- mencent à chauffer, je donne un peu d’air pendant la nuit, ayant soin toutefois de faire descendre les paillassons en face de la partie restée ouverte par le soulèvement des châssis, ce qui n’empêche pas la buée de s'échapper, chose essentielle, car lorsqu'elle se condense sur les feuilles elle en altère le tissu. En résumé, un point très-important dans cette période de Ja culture des Gloxinias est de leur donner une végétation continue, mais lente et graduée jusqu’à leur mise en serre, où alors ils prennent en peu de temps un grand développement.
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Lorsque l'on dispose d'une serre chaude, on peut sur les tablettes près du verre y mettre des Gloxinias en végétation dès le mois de janvier; puis tous les mois jusqu'en mai de manière à avoir une floraison sueces- sive jusqu’en septembre. Mais comme alors les pots se trouvent dans un milieu plus aride que s’ils étaient enterrés dans la tannée d’une couche, il faut arroser un peu plus souvent, surtout pour faire lever les plantes qui, sous châssis, le sont peu ou point jusqu’à ce moment. Que les plantes aient été élevées sous châssis ou sur les tablettes d’une serre chaude, lorsqu'elles couvrent la superficie de leur pot, je les place dans l'endroit où elles doivent fleurir. Bien que j'aie obtenu de très-bons résultats dans différentes serres, néanmoins je préfère une serre adossée contre un mur, la face tournée vers le sud-ouest, et assez élevée pour que les plantes s’y trouvent au moins à un mètre du toit vitré. Il est surtout nécessaire que ce soit une serre établie sur un terrain sec; car un sol humide porte une fraicheur la nuit qui est tout à fait nuisible, à moins de faire du feu. Au moyen de pots renversés, j'établis, sur la terre pleine des bâches, de petits gradins légèrement inelinés, de sorte que les plantes ainsi isolées du sol viennent beaucoup mieux ; je les y distance de manière que, lorsqu'elles ont atteint leur entier développement, les feuilles ne s’entremélent pas trop lesunes dans les autres et que l’air puisse toujours eirculer autour de chaque plante. Les vitres de la serre sont blanchies, ce qui forme un om- brage léger, mais suffisant jusqu’à la complète formation des boutons ; après cette époque je descends les claies, dans le milieu du jour, chaque fois que le soleil donne, et quand les plantes sont en pleine floraison, il m'arrive même quelquefois d’ombrer avec des paillassons, car il faut pour la durée des fleurs s’opposer autant que possible à une température qui dépasse 50 degrés. Je donne de l’air soit par les châssis du haut de la serre ou mieux en laissant la porte ouverte lorsqu'elle ne communique pas directement avec l’air extérieur; dans aucun cas il ne faut établir de courant d’air. Toutes les fois que je suis certain d’une assez prompte évaporation, je bassine les sentiers le matin en même temps que j’arrose les plantes qui en ont besoin, et vers le soir je les visite une seconde fois. Il vaut mieux donner des arrosements fréquents, mais non abondants, de manière à entretenir la fraicheur de la motte, sans jamais la rendre trop humide et même, si le temps devenait pluvieux pendant quelques jours, il vaudrait mieux qu’elle füt presque sèche. Lorsque, par une température basse et humide, les racines sont gorgées d’eau, la végéta- tion languit, s'arrête, et si cet état dure quelque temps, c’est alors qu’ap- paraissent des insectes qui parfois sont très-nuisibles à ces plantes. Il arrive même quelquefois que les plus délicates pourrissent du collet.
Quand les boutons sont bien formés, et qu’un temps propice active la végétation, j'arrose deux ou trois fois à huit ou dix jours d’intervalle avec de l’eau dans laquelle j'ai fait dissoudre de la poudrette (3 à 4 livres pour un hectolitre d’eau environ), ou bien dans les mêmes proportions,
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j’emploie du sang provenant d’une boucherie et ayant séjourné depuis plusieurs mois dans un récipient quelconque ; je donne ainsi une nouvelle vigueur aux plantes, et j'obtiens un feuillage luxuriant, des fleurs larges avec des coloris plus vifs, en un mot une floraison splendide qui dure cinq à six semaines.
Une fois les fleurs entièrement passées, comme je remplace par une nouvelle série, je transporte celle-ci dans une autre serre moins ombrée, en donnant aussi un peu plus d’air; je diminue graduellement les arrosements, pour les cesser tout à fait lorsque les feuilles commencent à jaunir, ce qui ne doit arriver que vers la fin de septembre. Je laisse sécher entièrement mes plantes, et, dans les premiers jours de novem- bre, je les dépote, je secoue la terre, je coupe la tige et toutes les racines jusque près du tubereule, afin qu'il soit bien propre et bien net; je place ensuite les tubercules près les uns des autres entre deux couches de sable fin de rivière, dans des terrines que je laisse passer l'hiver dans un endroit sec, et où la température ne doit pas descendre plus bas que 6 à 8 degrés au-dessus de zéro. Je suis certain, au printemps suivant de trouver des tubercules sains et bien constitués, qui me produiront de nouveaux des plantes d’une franche végétation.
Cette méthode de culture, qui m'a toujours parfaitement réussi, qui convient à toutes les variétés plus ou moins délicates, et que je crois même la plus praticable pour toutes les localités, n’est cependant pas exclusive, surtout si l’on veut obtenir de très-fortes plantes. Au moyen de rempotages successifs dans une terre un peu plus substantielle et en mettant chaque fois ses plantes sur une nouvelle couche, et aussi en se servant plus fréquemment d'engrais liquides, on peut arriver à produire des spécimens de dimensions surprenantes; mais il faut pour cela être un peu exercé dans cette culture, bien connaitre la qualité des engrais que l’on emploie et surtout faire un choix de plantes naturellement vigoureuses. Il en est beaucoup dans les collections, et souvent les plus belles, qui ne s’accommoderaient nullement de ce traitement. La con- servation des tubercules est aussi moins assurée. J'ai obtenu également de très-bons résultats en plantant mes tubercules en pleine terre sur couche et sous chàssis, pour être relevés et mis en pots quelque temps avant la floraison ; mais en définitive, je préfère les procédés sur lesquels je me suis étendu premièrement.
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NOTE SUR L'ARISTOLOCHIA GOLDIEANA Hook. Fr.
On lit dans la Revue horticole re p. 55), sous la signature de M. L. Neumann.
Dans le Gardeners’ Chronicle de novembre, nous trouvons la figure et la description d’une nouvelle espèce d’Aristoloche, l’Aristolochia Gol- dieana Hook. r., dont les dimensions florales rappellent celles des
. gigas et À. cordiflora. L’A. Goldieana, quoique différent de ces dernières par son lieu d’origine, s’en rapproche néanmoins beaucoup par le port et par l’ampleur de ces fleurs. Voici la description scienti- fique de cette espèce que le journal en question reproduit d’après les Transactions Linnéennes, vol. XXV, p. 185, t. XIV.
« Aristolochia Goldieana Hook. r.
« Globerrina, foliis ovato vel triangulare cordatis base profunde exculplis, acuminatis, floribus maximis, perianthii refracti utriculo elongato subclavato, limbo infundibuliformis campanulato, ore am- pliato truncato obtuse trilobo lobis caudato acuminatis, staminibus ad 24 columnæ lobis ad 12 bicruribus. »
La figure de cette magnifique Aristoloche rappellera tout de suite à nos lecteurs la plante mentionnée par Humboldt, « dont les fleurs, ne mesurant pas moins de 4 pieds de circonférence, servent aux enfants indiens à se faire des bonnets de fête. » C’est, nous croyons pouvoir l'affirmer, de l’Aristoloche grandiflora Swarrtz, A. gigas Linoz., indi- gène de l'Amérique méridionale, du Brésil et de Ja Nouvelle-Grenade dont il est question. Celle-ci, qui est originaire de l’Afrique équatoriale occidentale, a été découverte par le Rév. W. C. Thomson dans les forêts près de l'embouchure de la vieille rivière Calabar.
Cette même espèce a été trouvée par l’évêque de Sierra-Léone, par Bar- ter et par Mann, ce dernier collecteur l'ayant rencontrée dans l’ile de Fer- nando Pô. D’après la description qu'en donne le journal des Transac- tions de la Sociélé Linnéenne, nous voyons que cette plante remarquable par ses immenses fleurs forme un arbrisseau volubile, d’à peu près 20 pieds de hauteur, à feuilles cordées, acuminées, auriculées, portées sur de longs pétioles. La fleur est inclinée en deux portions inégales, la partie inférieure surmontant l'ovaire d'à peu près 20 centimètres de longueur presque cylindrique, se termine par un nœud, courbé en forme de massue ; la partie supérieure commençant à partir de ce nœud, est de près d’un pied de longueur, formant entonnoir, dilatée en dessus en un limbe presque trilobé. Les étamines sont au nombre de 24, ce qui arrive rarement dans ce genre, où elles dépassent rarement à ou 6. Les stigmates sont bifides ; chaque subdivision se termine par un petit nœud glanduleux, ce qui n’a rien d’analogue chez les autres espèces de ce
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genre. La couleur de la fleur est d’un violet plus ou moins panaché de jaune et de rouge pourpre, ct l'odeur est analogue à celles des Cham- pignons en décomposition. Cette liane remarquable a fleuri pour la premiére fois en Angleterre au jardin botanique de Glascow dirigé par M. Peter Clarke. Une figure coloriée, réduite de moitié, se trouve dans le dernier numéro du Botanical Magazine.
De même que l'A. labiosa, Ker., autrefois cultivé avec beaucoup de succès au jardin des plantes de Paris ainsi que l'A. gigas, dont il est question ci-dessus, celle-ci nous parait d’une culture facile; généra- lement ces plantes, très-vigoureuses, ne se plaisent que placées en pleine terre dans les serres chaudes, dans un sol mélangé de bonne terre franche et de terreau de feuilles, et dans un milieu plutôt humide que sec. Pendant la forte végétation, elles ont besoin de seringuages fréquents et de beaucoup d'air afin de bien nourrir leur abondant feuillage et d'empêcher les insectes de leur nuire, ce qui arrive trop fréquemment pour ces plantes, et qui souvent même les fait détester des jardiniers. Après la floraison on devra avoir le soin de rabattre les rameaux jusqu’au vieux bois, afin de faire développer de nouveaux bourgeons vigoureux lorsque la saison sera convenable.
Ce moyen est un des plus sûrs de se débarrasser de la cochenille ou pou blanc dont ces plantes sont fréquemment pourvues. La mul- tiplication se fait par boutures de bourgeons aoûtés, en été qu’on place sur couche chaude et sous cloche. Peut-être les réussirait-on de racines.
Dans l'American agriculturist (vol. XXVI, n° 11) nous trouvons un renseignement assez intéressant sur la multiplication des Muriers et Framboisiers, et qui peut être utile aux cultivateurs obtenteurs de bonnes variétés lorsqu'ils ont intérêt, et cela est à peu près toujours, à en obtenir la propagation. Voici le procédé : au lieu d’attendre la production normale des drageons, en novembre, époque très-convena- ble, on peut faire des boutures de racines, qui donneront au printemps de jolis sujets capables de pouvoir être livrés au commerce.
RUSTICITÉ DE CERTAINS PALMIERS,
PAR M. E. A. Canrnière.
Sans avoir été ce qu'on peut appeler rigoureux, l'hiver dont nous venons de traverser la partie la plus dure a permis de constater la rusti- cité de certains végétaux sur lesquels on n'était pas suffisamment ren- seigné. En première ligne, nous placons celui que, en général, on
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désigne sous le nom de « Palmier à chanvre de Chine, » Chamaerops excelsa, Tuuxs. Bien que nous sachions depuis longtemps ectte espèce relalivemeut rustique, nous n’aurions pas osé affirmer qu'elle le füt à ce point. En effet parmi les exemplaires que nous avons en pleine terre, l'un d'eux, haut de près de 1 mètre 50, n’a eu d’autre abri qu’une sorte ruche ou de capuchon en paille supporté par des piquets, de manière à abriter contre les pluies ou la neige la tête de la plante, de sorte que ce pied à supporté, et cela sans en souffrir, tout le froid, c’est-à-dire jusqu’à 12 degrés au-dessous de zéro. Voilà donc une des plus belles plantes à feuillage et même à fleur qui est assurée à la décoration de nos jardins, auxquels elle donnera un certain cachet tropical qui faisait défaut jusqu'ici.
Dans une lettre que nous avons reçue de Munich (Bavière), notre colla- borateur et collègue M. Kolb, jardinier en chef au jardin botanique de cette ville, nous informe que, là aussi, l’hiver a été très-rigoureux et qu'une grande quantité de neige à couvert la terre pendant longtemps. Un fait très-intéressant que nous signale notre collègue est celui de la floraison dans une des serres de leur jardin d’un Livistona Austra- lis, R. Br., Corypha Australis, Horr., qui a près de 17 mètres d’éléva- tion, et qui est en fleur depuis longtemps déjà. Voici le passage où il est question de cette plante : « Dans une des serres de notre jardin fleu- riste, on voit en ce moment en fleurs un pied de Livistona Australis. Ce spécimen, qui fleurit pour la troisième fois depuis six ans, est sans aucun doute un des plus forts qu’il y ait sur le continent. Il mesure 50 pieds. Ses fleurs sont hermaphrodites, tandis que le grand individu de L. Australis que possède le Muséum, ct dont les dimensions ne le cédent guère à celle du Livistona de Munich, a fleuri il y a quelques années et nous a donné des fleurs mâles. Ce fait, pour nous, a une grande importance, car en même temps qu’il démontre que chez une même espèce on peut trouver des individus soit hermaphrodites, soit dioïques, il montre aussi que la valeur de ces caractères est beaucoup moins impor- tante qu’on ne l'avait eru jusqu'ici. Ces faits peuvent jusqu’à un certain point autoriser à poser cette question : À quoi sont dus les sexes des végétaux ? C’est une question que nous nous proposons de traiter.
Le grand pied de Livistonu Australis que possède le Muséum est placé en pleine terre dans le grand pavillon tempéré. C’est un des plus beaux arbres que l’on puisse voir : il a près de 10 mètres de hauteur; son tronc, qui mesure 40 centimètres environ de diamètre est élargi à la base, où se trouve une sorte d’empâtement conique, solide, dont la partie la plus large, en contact avec le sol, a presque 1 mètre de diamètre. C’est, nous le répétons, un très-bel arbre qui fait l'admiration de nombreux visiteurs. Malheureusement, il va bientôt périr par le manque d'espace qui obligera à lui couper la tête, attendu qu’il ne tardera pas à atteindre le sommet de la serre. Depuis quelque temps déjà on est obligé d'abaisser les feuilles du sommet qui tentent à passer à travers les vitres.
(Revue horticole 1868.)
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NOTES SUR LES PLANTES DU PEROU,
par R. Cross.
(The Gardeners’ Chronicle and agricultural gazette, 1861. pp. 735, — et 1047.)
Trapuir par Victor Cu.
L'auteur de ces articles était attaché à la dernière expédition de Quinquina (non pas celle de M. Markham.) Il veut rendre compte du voyage qu’il fit dans l'Amérique méridionale à la recherche de la Cinchona Succirubra ou quinquina rouge du commerce ; de la propagation de cette plante dans la forêt du versant occidental du Thimborazo ; de son transport à Quayaquil, enfin de la manière dont il l’a traitée pendant la traversée de l'Amérique méridionale aux Indes, vià Southampton. On peut établir que de 600 plantes de quinquina rouge, mises dans des « Wardian cases » et embarquées à Quayaquil (Amérique méridienale) environ 500 sont parvenues dans l'Inde dans un parfait état de santé.
Je quittai Southampton le 17 avril 1860, à bord du vapeur Atrato de la Royal Mail Steam Packet Company (compagnie royale des paquebots de poste à vapeur). Mes instructions portaient que je devais me rendre directement à Quayaquil; à mon arrivée, me mettre en rapport avec M. Spruce, et recevoir de lui mes instructions ultérieures. M. Spruce, éminent botaniste qui a exploré les rives de l’Amazone et plusieurs de ses principaux affluents, et qui, plus tard, traversant les Cordilières vià Javapota, était arrivé à Hambato, était alors occupé à former des collections de graines et à réunir, pour autant que cela serait possible, un assortiment de jeunes plantes ({) pour le moment où j'arri- verais à l’Equateur. Pendant la traversée, je n'observai rien de parti- culièrement intéressant jusqu'à ce que le steamer arriva à Colon sur l’isthme de Darien : là, pour la première fois, je contemplai une végé- tation tropicale.
Vu de Colon, l'isthme présente l'aspect d’une basse terre de marécages, fréquemment entrecoupée de collines montagneuses, ou mieux de mon- tagnes semblables à des cairns : car elles n’ont pas en général plus de 50 à 60 pieds de haut et sont en maints endroits parsemées de gros rochers. Une forêt impénétrable, d'un vert intense, couvre le pays tout entier, montagnes et plaine, aussi loin que la vue peut s'étendre. Aux environs de Colon, j'ai remarqué plusieurs beaux spécimens de Cocos Nucifera; cette plante va, dit-on, s’éteignant dans quelques iles des Indes Occidentales. Ici, au contraire, elle avait un air de vigueur et de santé. Quand on traverse l’isthme, la végétation présente un aspect tout
cantine —.———
(1) De Quinquina. (Cinchona Succirubra).
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à la fois grandiose et imposant. Les arbres de la forêt, malgré leur élé- vation, sont littéralement couverts de plantes grimpantes et de Bromélias. La grande majorité de ces plantes grimpantes, semble consister en Passiflores et en Ipoméas. En mainte place, je remarquai çà et là des clairières de 5 à 4 acres d’étendue (fl), couvertes d’une espèce de Diplazium (du moins il m'a semblé), entremêlé de rares sauvageons de Palmiers. Le système général que l’on suit en Angleterre pour la culture des Fou- gères, m'avait toujours fait croire que pour cultiver ces plantes avec succès, il fallait absolument une certaine mesure d’ombre pendant les journées de soleil de l'été; mais ici, elles poussaient plantureusement sous les rayons d’un soleil tropical, sans ombre d’aucune espèce. En arrivant à la ville de Panama, sur la côte occidentale de l'Amérique du Sud, je trouvai quelques groupes de Bananiers (Musa sapientum) ; ils croissaient à proximité du village, et présentaient, pour la plupart, de belles grappes de fruits. Dans ce pays-ei, les feuilles du Bananier sont déchirées et brisées, même avant leur plein développement. Cela provient de ce qu’on les plante dans des endroits ouverts, où il suffit d’une légère brise pour causer ce que j'ai dit. Dans la suite, quand je remontai les sombres rivages du fleuve Quayaquil, où l’on rencontre de vastes plan- tations de Musa Sapientum, je remarquai que dans la plupart des cas, les feuilles restent entières sur les plantes jusqu’au moment où elles se fanent. Aux alentours de la ville de Panama, la végétation naturelle est moins exubérante que celle de la côte orientale de l’isthme ; cela provient peut-être du peu de profondeur du sol et du caractère rocheux du pays avoisinant. Sur plusieurs des collines des environs de la ville, je re- marquai beaucoup d’espèces de Cactus. Bien des gens entourent leurs jardins de haies formées des espèces qui poussent le plus vigoureusement : protection efficace contre les ravages des porcs etc., etc. Je remarquai aussi une espèce de Momordica qui croissait en abondance dans le sol pierreux des environs de la ville.
Je quittai Panama en steamer l'après-midi du 9 mai, et j’arrivai à Quayaquil tard dans la soirée du 15. Après mon départ de Panama, comme nous faisions voile le long de la côte, je pus voir les collines blanches d'apparence crayeuse de la Nouvelle-Grenade, et le brouillard qui s'élevait lentement de leurs sommets. La plupart des collines raboteuses que l’on voit en longeant cette côte ne sont que des masses de rochers presque entièrement nues, sans la moindre trace de végé- tation. À mesure que l’on approche du golfe de Quayaquil, le pays s’aplanit graduellement; et quand l’on entre dans le fleuve du Quaya- quil, les vastes étendues de pays que l’on découvre des deux côtés semblent presque de niveau avec la mer. Le pays est couvert au loin
(1) Ares 40, 4671.
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d’une verdure de bien moindre apparence que la végétation gigantesque de la côte orientale de l’Isthme de Darien. En remontant le Quayaquil, je vis de grandes masses de Pontedera crassipes et de Paistia stratiotes dont la végétation s’entrecroisait et formait de petites iles montant et descendant avec le flux et le reflux de la marée. Quand j'arrivai à Quayaquil, M. Mocatta, vice-consul de Sa Majesté pour l’Equateur, m'informa que M. Spruce était encore retenu à Hambato par une maladie : mais il lui avait écrit qu’à mon arrivée à Quayaquil, je devais rester là à attendre qu’il füt en état de s’ahoucher avec moi. Ayant done encore beaucoup de temps devant moi, j'en profitai pour faire chaque matin de petites excursions à une chaine peu élevée de collines rocheuses, du genre des Cairns qui s’étend au loin au nord de Quaya- quil. J’espérais y trouver croissant naturellement quelques unes des plantes tropicales avec lesquelles je m'étais familiarisé dans d’autre pays. La majorité des plantes aux environs de Quayaquil consiste en espèces de la famille des légumineuses qui du rang de plantes herbacées qu’elles occupent dans l'échelle botanique s'élèvent à celui d’arbres déployant un large cime. Beaucoup d’Acacias arborescents restent en fleur toute l’année; leurs longues gousses noires qui se mêlent à leur feuillage verdoyant et à leurs fleurs jaunes leur donnent une apparence fort agréable. Examinées de plus près, les collines des environs de Quayaquil ne me montrèrent point une végétation aussi intéressante que je me l’étais imaginé. Néanmoins je trouvai en abondance les Acacias semi-arborescents, les Ipoméas, les Bignonias, les Convolvulus, les Passiflores dont quelques unes portaient de fort belles fleurs, et le Ricin commun. Un jour, étant descendu à la base d’une falaise rocheuse, sur l’une de ces collines basses, je vis qu’un certain espace s'étendant au devant de la falaise était couvert de l’?Zpomea Learii, cette magni- fique plante grimpante : elle était alors en pleine floraison. Jamais encore je n'avais vu une seule fleur se déployer avec autant de magni- ficence. Le sol d’abord, dans un certain rayon à partir de la base de la falaise, était parsemé de grandes fleurs bleues; de plus tous les arbustes, tous les végétaux herbacés du voisinage étaient ornés d’une manière analogue et couverts de festons pour ainsi dire. Dans la suite, le pied de ces rochers devint le but favori de mes fréquentes promenades; j'y découvris alors un Adiantum, un Piteairnia et un Begonia d’une singulière physionomie, à feuilles étroites, crepées et ovales, et à petites fleurs lilas.
C’est aussi depuis cette époque que je ne m'étonne plus de voir que le traitement contre nature auquel on soumet quelques plantes dans les serres chaudes d'Angleterre ne les fait point périr : ici en effet les minces débris de rocher où croissaient ces plantes, étaient aussi secs, aussi dépourvus de toute humidité que si on venait de les prendre dans une fournaise ardente. L’Adiantum, je le vis bien, n’avait pu vivre long-
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temps dans cet aride précipice. Mais le Begonia avait continué à résister pendant plusieurs années, à en juger du moins par la longueur de sa tige noueuse, tordue, semblable à un rhizome. Depuis longtemps j'avais conçu un vif désir de voir quelques espèces d’orchidées croissant natu- rellement. Mais je ne pus en découvrir un seul individu malgré mes nombreuses recherches sous les vieux arbres couverts de lichens, qui se trouvaient répandus sur ces collines. Pourtant j'avais vu dans la vérandah de plus d’une maison de Quayaquil quelques belles plantes d’Oncidium Papilio d’une vigoureuse santé. Je m'étais mis à m'informer assidûment du lieu de provenance de ces plantes. Ce ne fut qu'après un laps de temps assez long que j'appris que l’on trouvait ces plantes dans « el monte » (la forêt). Assez mince renseignement que celui qu’on me donnait là, puisque le pays élait couvert dans toutes les directions d’une forêt vaste ct profonde.
Dans la suite pourtant, quand je remontai le Quayaquil je trouvai mainte occasion de noter les circonstances particulières dans lesquelles cette belle famille semble arriver à fleurir. Je m’occuperai ailleurs de ce point.
... .... Entretemps je n’avais pas quitté Quayaquil, Le 28 juin je tombai malade de la fièvre. Le lendemain M. Mocatta recut une lettre de M. Spruce, disant que le D' Taylor, chirurgien anglais qui avait accompagné M. Spruce du Rio Bamba à la forêt, s’était rendu à Ventanas; que là, il attendrait mon arrivée. Je devais m’y rendre immédiatement. La fièvre me quitta quelques jours après ; mais J'étais tellement affaibli qu’à peine avais-je la force de me traîner jusque chez les droguistes pour y chercher des médicaments. — La République de l’Equateur était, à cette époque, en pleine guerre civile ; et cela durait déjà depuis douze mois, avant mon arrivée. Les deux partis en lutte étaient d’abord celui de Quayaquil, comprenant les villes et les villages situés sur les différentes branches du Quayaquil, ou dans son voisinage; puis, la faction de Quito, occupant la capitale et d’autres villes et villages de la Sierra ou partie montagneuse du pays. Les Quayaquiliens désiraient ouvertement ré- former et refondre le gouvernement du pays en établissant les vrais « principes libéraux; » de plus, ils voulaient un développement plus large des différentes sciences. Quels grands avantages le pays devait-il enfin de compte retirer des principes libéraux. Je ne saurais le dire; mais, à coup sûr, il était grandement besoin de faire avancer au moins quelques unes des sciences. À preuve, le fait suivant : l’année passée, le D' Jameson, alors professeur de botanique à l’université de Quito, n'avait que trois élèves.
Vers le 11 juillet, je me trouvai assez bien remis des suites de la fièvre; je m’adressai à M. Mocatta pour obtenir de lui les fonds qui m'étaient nécessaires pour remonter le Quayaquil jusqu'à Ventanas où, je l’ai dit, je devais aller rejoindre M. Teylor. M. Mocatta voulait m'en empêcher
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jusqu’au moment où une action aurait eu lieu entre les partis en lutte; cette action serait décisive, pensait-il, et mettrait fin à tous Jes troubles. En ce moment les troupes de la Sierra étaient descendues dans la grande plaine du Quayaquil, et avaient pris possession de Ventanas et de plusieurs villages voisins. M. Mocatta pensait done qu'il serait extrêmement chanceux, vu les circonstances présentes, de tenter d’arriver à Ventanas. Mais j'étais bien décidé à ne pas rester plus longtemps à Guayaquil dont le climat est chaud et très-malsain. La température moyenne de l’année est de 80° Fahren., à ce que me disait M. Mocatta ; j'incline pourtant à croire qu’elle doit être un peu plus élevée. Pendant le séjour que j'y fis du 45 mai au 12 juillet, mon thermomètre (c'était un excellent ther- momètre à tube poli), ne marqua jamais moins de 82° Fabr. Il est juste toutefois d'ajouter que l’on regarde le mois de juin et le mois de juillet comme les plus chauds de l’année.
Le 12 juillet j'embarquai mes « Wardran cases » au nombre de 45, à bord d’un petit vapeur des Etats-Unis que le général Franco avait chargé de transporter des troupes et des munitions de guerre à Bodegas, petite ville sur la rive du fleuve, à 40 milles(1) environ au-dessus de Quayaquil. 11 y avait à bord Son Excellence le général Franco, comman- dant en chef des troupes de Quayaquil, grand nombre d’ofliciers géné- raux, et environ 200 soldats,
Le steamer quitta Quayaquil vers 10 heures du matin au milieu des cris peu harmonieux des soldats et de la populace, et se mit à remonter lentement la rivière. La vasle région de basses terres qui court le long de la côte maritime depuis les parties méridionales de la Nouvelle-Grenade jusqu'aux déserts sans pluie du Pérou, sans être strictement stérile, n’est, en beaucoup d’endroits, que parcimonieusement couverte d’une végéta- tion de légumineuses en broussailles ou en plantes herbacées. Néanmoins, à mesure que l’on remonte la rivière, la végétation s'améliore par degrés, et cela continue jusqu’à ce qu’elle devienne enfin une magnifique forêt toujours verdoyante. Pendant environ 20 milles au-dessus de Quayaquil, les rives du fleuve ne présentent qu'un amas de vase molle où l’on voit pourtant se réunir en grand nombre de hideux alligators. Plusieurs fois je comptai 52 de ces monstres, ayant atteint toute leur taille, qui s'étaient formés en groupes et qui ressemblaient à autant de poutres que le reflux aurait abandonnées sur les rives boueuses du fleuve. Cette année-là justement beaucoup d’alligators avaient succombé à la suite de quelque maladie, et leurs cadavres qui gisaient cà et là dans des mares de boue, et sur lesquels le soleil dardait en plein ses rayons, répandaient une infection vraiment intolérable.
Le steamer toucha Bodegas à à heures environ de l’après-midi. Je me
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(1) = Kil. 1.6095.
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mis immédiatement en devoir de faire transporter mes « wardian cases » dans une maison, ou mieux dans une baraque dressée à la hâte sur un radeau qui se trouvait dans le lit de la rivière. Cet endroit s’intitulait fonda ou hôtel; mais il ne méritait certes pas ce titre. En entrant je dus presque m'agenouiller; une fois à l’intérieur, il me fallut avancer avec la plus grande attention ; car, bien que les poutres sur lesquelles la baraque avait été élevée fussent amarrées, plusieurs troncs pourtant ne laissaient point d'être ployés et tordus, si bien qu'il restait mainte ouverlure assez grande pour que l’on püt tomber dans la rivière. Quand la révolution avait éclaté dans le pays, Bodcgas fut l’une des premières places dont s’empara le parti de Quayaquil et où il mit garnison. Comme il fallait bien que les soldats fussent à couvert, les habitants furent immédiatement chassés de leurs maisons, et ils durent chercher un abri où ils le pouvaient.
Le jour qui suivit mon arrivée, j'examinai le terrain à quelque distance aux environs de la ville. Dans les places humides je trouvai en grande abondance la sensitive, Mimosa pudica. Je remarquai aussi des espèces d'Oxalis, Cissus, Bignonias et quantité d’Ipomeas et de Solanum. A mon retour je vis que les rives du fleuve étaient abondamment couvertes d’une magnifique espèce de Mucuna, à grandes fleurs d’un jaune de cire : cette plante n’est pas en culture. L’après-midi du même jour , je traversai le fleuve; je trouvai au milieu d’un massif d'arbres, un bel exemplaire d’Artocarpus incisa, l'arbre à pain des îles du Pacifique. L'arbre en question devait avoir de 50 à 60 pieds ({) de haut; ses branches s'étendant au large et ses feuilles prodigieuses me firent croire que je venais d’avoir le bonheur de découvrir quelque arbre remarquable encore inconnu. Je savais fort bien à cette époque que l'arbre à pain n'était indigène dans aucune partie de l’Amérique ni dans les iles des Indes Occidentales. Connaissant la profonde apathie et l’indolence des gens de ce pays, je pensais que nul d’entre eux n'était capable de s'être donné la peine d'aller chercher des semences dans un endroit quelconque du Pacifique ou aux Indes Occidentales où il avait été importé par le capitaine Blighe. Au premier coup d'œil, je erus vraiment que les feuilles n'étaient autres que celles de l’Artocarpus incisa. Mais je rejetai bientôt cette idée en voyant la taille de la feuille différer tellement de celle des plantes que j'avais vues en culture, et en remarquant la grande hauteur de l’arbre et enfin ses larges branches. Pendant que je contemplais ma nouvelle découverte, un parti de soldats qui étaient allés faire du bois, vint à passer et fit halte sous l’arbre pour se reposer. L'un d'eux m'apprit que l'arbre s'appelait « Arbol de pan » arbre à pain; il devint done évident qu'après tout c'était bien là le véritable arbre à pain. Certes, les misé-
(4) Pied angl. — M. 0,50479.
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rables spécimens de ces arbres que l’on voit cultiver en Angleterre, ne peuvent guère donner une idée exacte de l'arbre, avec leur hauteur moyenne de 5 à 4 pieds et les 2 ou 5 feuilles déchiquetées qu’elles por- tent à leur sommet; et sans les minces renseignements que m’avaient donnés les soldats, j'aurais pu assez longtemps encore méconnaître l’iden- tité de la plante, car ce fut alors seulement que je me rappelai avoir vu des modèles du fruit, en cire, dans les musées d'Angleterre.
A mon retour, je trouvais au milieu de cette végétation changeante des Adiantum, des Gymnogrames, des Lygodium gt cà et là quelques plantes d’A sclepias curassavica, croissant en arbuste. Autour de la ville, il y a plusieurs bouquets de Manguiers, d’Orangers et de Bananiers. Mais les Mangues de Quayaquil, malgré le renom dont elles jouissent sur le littoral occidental de l'Amérique du Sud, trouveraient difficilement à s’écouler aux Indes. Les Mangues que je vis exposées en vente en différents endroits de l’Inde, dans mon expédition aux Nilgherries, dépassaient de beaucoup pour la grosseur et pour le parfum les fameuses « Daule mangos » que l’on apporte tous les jours à Quayaquil pour les vendre et les exporter.
Bodegas , comme Quayaquil , est excessivement chaud et fort malsain. S'il y avait là un comité de salubrité un peu sérieux et revêtu de pleins pouvoirs, afin d’agir comme il le croirait nécessaire, la mortalité ne serait pas de moitié aussi considérable que maintenant. Mais, pour autant que je sache, on n’a jamais songé à une chose du genre d’un tel comité.
À Bodegas, à Quayaquil, à Panama, on voit autour de chaque habi- tation des restes de Bananes, des rebuts de poissons, des entrailles d’ani- maux et toute espèce d’immondices. On laisse toutes ces ordures s’aceu- muler : les pluies viennent les détremper; la chaleur ardente du soleil les dessèche et en fait de la poussière ; jamais personne ne s’est avisé de parler des effets désastreux que cet état de choses produit sur toute la communauté.
DESTRUCTION DE L'ANTIQUE DRAGONNIER DE TÉNÉRIFFE (1).
M. E. O. Fenzi, de Florence, vient d'annoncer au Gardeners Chronicle (1868, n° 2), un évènement dont la date deviendra historique dans les annales de la science.
Un des rois du règne végétal, celui-là même que l’on s’accordait à reconnaître pour le doyen des Monocotylédones, le grand Dracaena Draco
(1) Voyez la Belgique horticole, t. IF, p. 79.
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d'Orotava n'est plus. Un violent coup de vent l’a complètement détruit l'automne dernier; quelques minutes ont suffi pour abattre au niveau du sol cette couronne immense qui avait crû et prospéré pendant soixante siècles. Chose étrange! malgré cette vie si longue, on ne l’a connu d’une facon un peu générale que pendant le dernier siècle de son existence. C'est le baron de Humboldt qui, le premier, il y a de cela soixante ans, a répandu des notions scientifiques sur cet arbre; plusieurs de nos lecteurs connaissent sans doute la description qu’il en a donnée et la manière dont il a calculé l’âge extraordinaire de ce colosse végétal. Notons pourtant qu'avant Humboldt il avait été visité en 1795 par le voyageur anglais sir George Staunton, et en 1771 par un Français, F. Ch. Borda, qui laissa du Dracaena un dessin que Humboldt publia nombre d’années plus tard. La tempête du 21 juillet 1819 dépouilla l'arbre d’une partie de sa couronne; mais il n’en resta pas moins un merveilleux objet d’admiration. On publia une grande et bonne gravure anglaise représentant l’arbre tel que l'avait fait la tempête (1). Cette gra- vure fut faite, je crois, d’après le dessin original de Webb, qui le mesura de nouveau et le décrivit dans son magnifique ouvrage sur l'histoire naturelle des Canaries, édité en collaboration avec M. Berthe- lot. Le Dracaena a été ensuite décrit par plusieurs auteurs qui se sont bornés à copier plus ou moins les descriptions mentionnées plus haut, et qui en ont donné en général des tableaux de fantaisie. Aussi me permettrez-vous de dire quelques mots sur l’état dans lequel il se trou- vait avant cette dernière catastrophe.
Quand je le visitai en février dernier, il était encore en bonne santé; sa couronne immense était couverte d'innombrables panicules de fruits écarlates, et l'énorme tronc, quoique totalement délabré à l’intérieur, sou- tenait encore avec vigueur la masse de ses branches charnues et de ses feuilles en forme de glaive. Du côté de l’occident où le terrain s’abais- sait en pente, on avait bâti une muraille solide en dessous du tiers envi- ron du tronc; de l’autre côté, deux ou trois étais à moitié pourris soute- naient les branches les plus saillantes. Tout autour du tronc, un épais fouillis de plantes grimpantes et autres couvrait sa large base, dans un désordre vraiment pittoresque. Je me rappelle encore ÿ avoir vu quel- ques Bignonias, des Jasmins, des Héliotropes, des Abutilons etc., ainsi qu'un Amandier complétement fleuri qui avait poussé tout près du tronc. La circonférence de l'arbre (pour autant que les irrégularités du sol m'aient permis de mesurer exactement) n’avait pas moins de 78 pieds anglais (environ 26 mètres); mais la hauteur totale de l’arbre ne dépas- sait point 75 pieds. Chose assez curieuse! à travers quelques crevasses du tronc, on pouvait découvrir un petit Dracaena qui ceroissait sponta- nément dans les détritus végétaux de la plante mère. Mais maintenant
(1) La Belgique horticole a donné cette gravure en 1852, p. 80.
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CN — tout cela a disparu : c’est d'autant plus regrettable que nous ne pos- sédons pas de photographie du dernier état de l'arbre, car l'étroitesse de l’enceinte et la présence inopportune de nombre d’autres plantes n’ont pas permis de se placer à un bon point de vue pour le photo- graphier. Vraiment, c’est pitié qu'une telle curiosité naturelle, qu'un tel monument historique soit à jamais perdu ; et cela parce qu’on a sim- plement négligé quelques précautions peu dispendieuses. Car il est bien certain qu’on l’eût préservé de la destruction en plaçant des étais nou- veaux et plus nombreux. Mais à peu de distance de l’endroit où s'élevait le Dracaena, on trouve une nouvelle preuve de l'indifférence générale des Espagnols et du gouvernement de l'Espagne pour tout ce qui est botanique et beautés naturelles. Le fameux jardin d’Orotava a été com- plétement négligé pendant de longues années; et ce n’est que tout récemment que le jardinier, jeune Allemand aussi intelligent qu’actif, a amené le gouvernement espagnol à reprendre le paiement du maigre subside annuel. Tous les amateurs de botanique et d’horticulture par- tageront, j'espère, mon ardent espoir de voir notre jeune jardinier, M. Hermann Wildpret, avec cette science et cette activité qui le distin- guent, réussir dans les efforts qu’il fait pour développer et augmenter cet établissement si remarquable à cause du climat et si propre à la fois à faire progresser la science et à donner d'importants résultats pratiques.
LES CHAMAEROPS EXCELSA, FORTUNE! sr SINENSIS,
par M. A.-E. CARRIÈRE.
Les plantes qu’on cultive sous les noms de Chamaerops excelsa, Thunb., C. Fortunei Hort., C. sinensis, Fort., appartiennent-elles à une même espèce, ou bien constituent-elles deux espèces, ainsi que l’affirment cer- taines personnes ? La question nous paraît difficile à résoudre, par cette raison que ces diverses opinions sont formulées isolément, d’après des sujets différents qu'on ne voit jamais réunis, et que par conséquent, on ne peut pas comparer. Jusqu'ici, nous avons penché pour une seule espèce; aujourd'hui la comparaison que nous avons faite d'individus cultivés dans différents endroits nous fait sinon changer d'opinion, du moins modifier celle-ci. Nous maintenons fortement notre opinion en ce qui concerne l'unité de l'espèce; nous la modifions en reconnaissant deux formes ou variétés très-distinctes dont nous allons essayer de faire res- sortir les différences, celles-ci, toutefois, portent sur des caractères physiques, que faute de mieux, nous appellerons caractères jardiniques. Ils sont peu nombreux du reste. En voici l’'énumération :
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Le C. excelsa nous parait être plus vigoureux et aussi plus rustique que le C. Fortunei (C. Sinensis). Ce qui semble surtout le distinguer, c’est la très-longue persistance des pétioles, même bien longtemps après que le limbe qui les termine a été enlevé. D'où il résulte que le tronc ou stipe parait relativement ct pendant longtemps très-gros, à cause de la base de ces pétioles et de la quantité considérable de filaments qui les accompa- gnent. Mais, par suite de cette persistance des pétioles, les filaments deviennent très difficiles ou plutôt impossibles à enlever. Au point de vue industriel, ce serait un grand inconvénient. |
Les quelques plantes un peu fortes que nous avons vues sous le nom de C. Fortuner ou C. sinensis ne nous ont pas paru différer sensible- ment par les feuilles, du C. excelsa, si ce n’est par leur pétiole, qui est beaucoup plus grêle. La principale différence consiste dans la nudité que présente bientôt la base du tronc par suite de la facilité qu'ont les pétioles de s’en détacher, en sorte que les filaments qui les acompagnent s’enlèvent très-facilement et qu’il devient alors plus facile de les utiliser. Ces filaments nous ont paru un peu plus jaune roux, moins gris, que ceux du C. excelsa.
Pour donner une idée de cette différence de dépouillement des feuilles que présentent les plantes dont nous venons de parler, nous dirons que nous connaissons des C. excelsa de 2 mètres de hauteur, dont le tronc est encore couvert de feuilles, de la base au sommet, tandis que des C. Fortunei (du moins ceux que nous avons vus sous ce nom) beaucoup moins grands, avaient leur base complètement nue et leur tige bien nette et bien formée sur environ 20 centimètres de hauteur. Nous ajoutons que la plupart de ceux qu’on rencontre en pleine terre sont des C. excelsa.
La différence physique entre ces plantes est telle, qu’elle apparaît à première vue. Ainsi, tandis que le C. Fortunei a les pétioles grêles, relativement étroits, le C. excelsa a les pétioles gros, larges, et son tronc est entièrement découvert et pendant très-longtemps par la base des pétioles. En général aussi, les divisions des feuilles sont plus larges et plus tombantes, et d’un vert un peu plus foncé, souvent glaucescent bleuâtre.
Les caractères, que nous venons d'indiquer, sont-ils suffisants pour constituer des espèces ? Nous ne le croyons pas. Et, d’une autre part, y en a-t-il d’autres plus marquants et plus forts, ou bien y a-t-il, sous les noms que nous avons rapportés, d’autres plantes que celles que nous avons vues et que nous avons indiquées ? Nous l’ignorons. Dans cette circonstance, nous n’affirmons rien ; nous émettons des doutes; en cher- chant à attirer l’attention des horticulteurs sur cette question qui a un véritable intérêt pratique et même économique, et à laquelle s’en rat- tache un autre : l'intérêt scientifique.
Une autre espèce de Chamaerops, très-belle et aussi très-rustique, est le C. Martiana, dont nous parlerons dans une prochaine chronique.
s Revue horticole, 1868.
NOTE SUR L'ÉRABLE PLANE A FEUILLES ROUGES,
ACER PLATANOIDES L. vin. RUBRUM.
(Figuré pl. 4.)
Notre savant collègue, M: le D" Ed. Regel, de St. Pétersbourg, a récemment attiré l'attention sur ce bel arbre dans son Gartenflora (1867, p. 165, pl. 545). II l'avait remarqué dans les pares de St. Péters- bourg, où il produit le plus bel effet. Il existe aussi en Allemagne. Ses feuilles sont d’un beau rouge : les fruits sont verts.
Nous ignorons si l’Érable rouge est introduit dans l’Europe centrale.
Le climat du Nord n’est peut-être pas étranger à cette rubéfaction du feuillage.
Le feuillage de certains arbres rougit, en effet, à l'automne, quand le froid commence à se faire sentir.
Il est remarquable que toutes les plantes à feuillage rouge, brun ou noir des jardins sont des variétés d’un type vert : par exemple le Choux rouge, les Coudrier, Vinetier, Chêne rouge, le Hêtre noir.
LE CHEVALIER JOSEPH DE RAWICZ-WARSZEWICZ, ESQUISSE BIOGRAPHIQUE
PAR LE Garten-Inspeclor GAERDT. (Traduit du Wochenschrift par M. Auc. CHauvix.)
D'après les récits de Warszewicz dans le cercle de ses amis intimes, il se trouvait en 1850 à Wilna lorsque le cri de guerre, qui devait donner le signal de l'insurrection de la Pologne, éclata dans sa patrie. En patriote jeune et ardent, il vint se ranger comme volontaire sous les drapeaux. Il prit part à divers combats et parvint par sa bravoure au grade d’oflicier. Blessé à la tête de la troupe, le destin le forca, comme des milliers de ses camarades, d'abandonner sa patrie. Il passa comme officier sur le territoire prussien et vint à Insterburg, où il fut recu dans la maison d’un haut fonctionnaire; il y trouva des hôtes pleins d'amitié et de compassion. Quand il fut guéri de ses blessures, son esprit plein d’ardeur chercha une nouvelle sphère d'activité dans le domaine du jardinage; il se présenta bientôt une occasion favorable à la réalisa- tion de ses vœux.
Insterburg, autrefois fortifié, était encore entouré de fossés et de vieux
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remparts tombant en ruines. Monsieur de S., homme très-distingué, occupait précisément à cette époque la place de président de régence; il nourrissait déjà depuis longtemps le projet de faire transformer ces ruines peu attrayantes en promenades et en jardins agréables. Il fit la connaissance de Warszewiez, le prit en amitié et lui confia l'exécution des plantations. Warszewiez réussit par son activité à mener à bonne fin cette tâche diflicile; ces créations éveillèrent bientôt l'attention générale.
Mais il lui était réservé d'obtenir une consécration encore plus écla- tante de son talent; elle lui fut donnée par feu Sa Majesté le Roi Frédé- ric-Guillaume IV (qui était encore prince héréditaire à cette époque). Lors du voyage que Sa Majesté fit dans les provinces orientales, elle visita aussi Insterburg et à cette occasion elle se promena dans les plan- tations; elles lui plurent tellement qu'il fit tout de suite mander auprès de lui le jeune artiste. En bienfaiteur éclairé des arts, Sa Majesté royale exprima, de la manière la plus gracieuse et la plus encourageante, toute sa satisfaction au jeune architecte de jardins; elle décida alors que Warszewiez viendrait à Sans-Souci.
Après un laps de temps assez long, Warszewicz recut l’ordre de se rendre à Potsdam. Peu de jours après avoir recu cette invitation il quitta Insterburg; dans la suite il. conserva toujours un souvenir plein de reconnaissance des nobles protecteurs, bienfaiteurs et amis qu'il y laissait.
Warszewicz arriva à Potsdam au commencement de l’année 1852 et fut attaché à H. Sello jardinier de la cour à Sans-Souci. C’est alors qu'Alexandre de Humboldt fit sa connaissance; bientôt il prit, lui aussi, Warszewiez en affection et devint son protecteur. Mais Warszewiez ne s’apercutque trop tôt, que, malgré la sincère bienveillance de Humboldt, il ne pouvait, en sa qualité de Polonais, espérer se créer une carrière de cette facon.
C’est pourquoi il quitta Sans-Souci la même année et se rendit à Schoneberg ; Warszewiez y fut recu avec joie par Otto dont le coup-d’æil pénétrant reconnut tout de suite en lui l’horticulteur doué d’autant de talent et de spontanéité que de connaissances pratiques.
Le séjour de plusieurs années qu’il fit dans cet institut-modèle, devint le fondement de sa vocation future; c’est là qu’il étudia et parvint à connaitre à fond la plus riche collection de plantes qui existât.
Son excellente mémoire vint seconder de la facon la plus heureuse le penchant irrésistible, qui le poussait à étendre sans relâche le cerele de ses connaissances botaniques; aussi était-il excessivement rare qu'il ne reconnüt pas immédiatement une plante donnée. Il s’acquit une répu- tation toute spéciale par son habileté dans la multiplication des plantes. Son activité se porta aussi sur la manière de faire les croisements ; ainsi par exemple, il en essaya d’abord avec des Bégonias et, si nous ne nous trompons pas, Walpers admit ses hybrides dans son répertoire.
Plus tard il obtint de très-belles variétés de Gloxinia caulescens.
Warszewicz sut mériter la confiance et la considération de Link, de Kunth, d'Otto, et plus tard de Bouché, par l’activité qu'il exercait dans tant de sphères différentes et par les résultats exceptionnellement heureux qu’il obtint dans la culture. Il chercha constamment à introduire une amitié sincère et intime dans ses relations avec ses collègues ; c’est à cette époque qu’il noua les liens d'amitié qui l’unirent à Regel, Ed. Otto et à nous-même; malgré tous les changements qui survinrent dans sa carrière, ces liens restèrent inaltérés.
On eût dit qu'un bon génie s’en mélait : le service de l’État amena à Berlin le fils du noble protecteur, qui, pendant le séjour de Warszewiez à Insterburg, lui avait montré tant d’amabilité et de bienveillance; ce fut un très-grand bonheur pour notre ami ; ce digne fils continua les nobles procédés de son père d’une manière tout aussi affable., Warszewicz eut à partir de ee moment un soutien assuré dans son ami Bouché.
Au bout de quelques années de travail assidu au jardin botanique, l'esprit inquiet de Warszewicz chercha un plus grand champ d'activité dans le domaine des sciences et des arts.
Le retour de R. Schomburgk et les précieuses collections de plantes qu'il rapportait d'Amérique, les rapports de Karsten, ainsi que le retour d'Australie de Preiss avec les semences qu'il y avait récoltées, ne lais- sèrent pas d'exercer une influence très-considérable dans cette eir- constance.
D'un autre côté, Klotzsch essaya aussi de le déterminer à passer au Chili où Philippi se trouvait à cette époque.
Toutes ces raisons réunies lui firent concevoir le plan de se rendre en Amérique pour y collectionner ; il n’attachait pas une grande importance à la partie à explorer, pourvu qu’elle eût été peu visitée.
Une circonstance propice se présenta du reste bientôt pour l’exécution de ce projet.
Déjà en 1845, pour autant que nos souvenirs sont exacts, il se formait en Belgique une société pour la fondation d’une colonie belge au Guaté- mala; la direction en était confiée à un certain de Bulow.
M. L. Van Houite, ne voulant pas laisser passer cette occasion favorable d'importer des plantes de ce pays en Europe, chercha un collectionneur qui voulüt s'engager à accompagner l’expédition comme membre de la colonie.
Notre ami Otto Deines, qui connaissait les projets de Warszewiez et qui était employé à l'établissement Van Houtte entama tout de suite les négociations; on n’échangea que peu de lettres; pendant ce temps Warszewicz prenait conseil de A. de Humboldt, qui le pressa aussi très- vivement de se rendre au Guatémala; bientôt l'engagement fut conclu.
Warszewicz, avant de quitter l’endroit qu'il aimait tant à habiter, et avant de dire adieu à ses amis, leur fit présent de son portrait, parfai-
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tement réussi, en tenue d'oflicier; ce précieux souvenir est encore aujour- d'hui en notre possession.
Pourvu de recommandations de A. de Humboldt et de Klotzsch, et plein d’une virile confiance dans ses forces, Warszewicz quitta Berlin par une belle matinée du mois d'août 1844; ses amis ne le quittèrent qu'au moment du départ. Se séparer de ses bienfaiteurs et de ses amis, être obligé de quitter, pour longtemps peut-être, cette Prusse qui l'avait accueilli jadis avec tant d’hospitalité et qui était devenue pour lui une seconde patrie, c'était certainement là une destinée rude et pénible pour notre ami. Mais sa résolution était prise, le signal du départ retentit, un dernier adieu — et quelques secondes après, le train, qui devait le mener à ses nouvelles et difficiles fonctions, l’em- portait de toute sa vitesse.
La première lettre, toute pleine encore du regret de la séparation, apporta la nouvelle, qu'il était arrivé le 15 août à Gand et qu’il avait été reçu de la facon la plus aimable par M. L. Van Houtte.
L'équipement du navire, avec lequel Warszewiez devait faire la traversée au Guatémala, trainait en longueur, et cette longue inaction lui fut, comme il l'écrivit, très pénible. Enfin le 7 décembre, à 7 heures du matin, comme nous l’apprend notre ami O. Deines, le deux-mâts belge, la Minerve, cap. Brix, mit à la voile à Anvers au bruit des boîtes et aux acclamations de la foule.
Le 1" février 1845 Warszewicz toucha le sol américain. Il avait heureusement fait la traversée sans être malade, de facon que, sentant la terre ferme sous ses pieds, il n’eut pas besoin de s’accorder de repos pour se remettre en voyage; dès les premiers jours de son arrivée à St-Thomas, une ardeur insurmontable le poussa à parcourir les forêts vierges. Les lettres de Warszewiez montrent clairement quelle profonde impression la végétation puissante de ce pays avait faite sur lui. Il se consacra avec une ardeur infatigable aux fonctions qu’on lui avait confiées. Déjà au mois de mars, il envoya à L. Van Houtte 10 grandes caisses pleines de semences et de plantes vivantes, entre autres des Orchidées, des Palmiers..., etc.
Toutefois, le climat (car Warszewicz disait constamment que St.Thomas était malsain et fatal aux Européens) et des fatigues par trop grandes, le clouërent lui aussi pour longtemps sur un lit de douleur. Bien plus, le peu d’aide qu’il recevait de la direction de la Colonie lui donnait autant de soucis que sa maladie; et ce secours finit même par lui manquer com- plètement. A la suite de cet évènement, Warszewiez eut à passer des moments bien tristes et bien misérables; par la faute de qui cela arriva-t-il? C’est par considération pour certaines personnes que Wars- zewicz ne voulut jamais le faire connaitre.
Warszewicz était dans une position telle qu’il devait essayer de se tirer d'affaire avec ses seules ressources; même dans cette situation
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pénible sa confiance en lui-même ne l’abandonna point. Les recomman- dations de A. de Humboldt lui servirent d'introduction auprès du consul de Prusse Klee, qui le recut de la façon la plus aimable. Klee le recommanda à Skinner qui reconnut bientôt en Warszewiez le parfait collectionneur, rien qu'aux plantes qu'il avait envoyées. Les lettres de crédit de Skinner le mirent à même d'entreprendre ses voyages si intéressants, mais en revanche si pleins de périls et de fatigues. Malheu- reusement toutes les plantes qu'il découvrit ne sont pas arrivées en Europe; souvent, à cause des communications mal établies, on perdait des trésors pour la réunion desquels il avait fallu de longs mois de peines. Cependant toutes les plantes que Warszewiez a envoyées en Europe sont les preuves les plus frappantes de la facon admirable dont il savait collectionner.
Si ce parfait collectionneur avait été doué en même temps d’une certaine habileté commerciale, ses envois lui auraient procuré un revenu rémunérateur et proportionné à ses peines. Pour ne donner qu’un seul exemple, nous citerons la Monstera Linnea; n’aurait-elle pas rapporté des milliers de livres sterlings à maint anglais ?
Mais à lui, elle n’apporta que le renom et l’honneur.
Les Zamia Skinneri, Zamia Lindleyi, Maranta Warszewiczi, Tri- chopilia gloxiniæflora et beaucoup d’autres encore, conserveront hono- rablement dans l’histoire, le nom de Warszewiez aussi longtemps qu'il y aura une botanique et des jardiniers.
En 1850, après six ans de travail pénible, de recherches et d’études sans repos dans les forêts vierges et sur les hautes montagnes des soli- tudes de l’Amérique, Warszewicz revint en Europe. C’est en Angleterre, où sa réputation l'avait depuis longtemps précédé, qu’il toucha de nou- veau le sol européen. Peu de semaines après, le désir de revoir ses amis le conduisit à Berlin.
En outre des Orchidées vivantes, Warszewicz rapporta une grande quantité de semences des plantes les plus importantes; et de plus d’autres acquisitions du domaine du règne animal et du règne minéral.
Pendant le séjour de près de huit mois qu'il fit à Berlin, le cercle de ses amis et de ses protecteurs s’élargit de plus en plus. Au nombre de ses amis, vint alors s'ajouter Giroud. L. Mathieu devint un des protec- teurs les mieux intentionnés de notre ami Warszewiez et lui fut utile de la façon la plus noble et en même temps la plus discrète. Il n’y a que peu de personnes qui sachent avec quelle sollicitude L. Mathieu s'employa pour lui. Warszewiez sut apprécier, en son for intérieur, cette noble facon d'agir, et toujours il parla avec une reconnaissance et un attachement cordial du bicnfaiteur qu’il honorait infiniment.
Pendant son séjour à Berlin, la perspective de s'établir à Cracovie s'évanouit pour lui; mais comme il ne pouvait pas penser à ce moment à se fixer d’une facon définitive, il préféra entreprendre un second voyage au loin.
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Il pouvait prendre cette résolution avec d’autant plus de tranquillité, qu'il savait que tous ses intérêts étaient gérés depuis longtemps d’une facon excellente par les soins de Brunow ; c'était son plus vieil ami et il lui était réellement dévoué.
La tempête et les vents de l'hiver étaient dans toute leur violence, quand Warszewiez quitta pour la seconde fois Berlin, au commencement de Novembre 1850. Son itinéraire le conduisit directement à Londres, où il se pourvut de nouveaux crédits, et d’où il partit le 16 novembre pour aller s'embarquer à Southampton. Son deuxième voyage d’explora- tion eut pour objet le Pérou et la Nouvelle-Grenade. Tous ceux qui s'occupent de botanique et d’horticulture savent combien il a enrichi ces sciences des produits de ces deux contrées,
En octobre 1855, il revint en Europe après un voyage non moins pénible que le premier; cette fois son esprit était en repos, attendu qu’il avait la certitude d’être appelé à Cracovie. Par son activité, Brunow avait réussi à mener à bonne fin, et cela, à des conditions très-favorables à Warszewiez, les négociations au sujet d’un emploi à Cracovie. Encore avant la fin de l’année 1855, il entra en fonctions comme inspecteur du jardin botanique I. et R. de Cracovie.
Comme il vivait dans une entente parfaite et dans les rapports les plus amicaux avec son chef, celui-ci lui fit prendre part au travail de la publication du Catalogus Plantarum horti Botanici Cracoviensis, qui parut à Cracovie en 1864 lors du Jubilé du 500: anniversaire de l’univer- sité des Fagellons. Par ses relations étendues, ainsi que par ses rapports avec plusieurs des plus grands établissements horticoles de l’Europe, il parvint à enrichir l'institut du jardin botanique de plus de mille espèces.
Son habileté pratique bien connue assurait au jardin les trésors végétaux les plus rares et lui donnait une renommée de spécialité pour ce qui concerne la culture des plantes.
Quoique Cracovie fut devenu l'asile de Warszewicz et qu'il s’y fût bientôt créé un cercle d'amis, le but de ses aspirations demeura cepen- dant toujours Berlin et les amis qu’il y avait laissés.
Chaque année il faisait le voyage de la capitale prussienne qui lui était devenue si chère, pour y passer quelques jours de bonheur au milieu de ses plus anciens amis.
Ses manières affables lui procuraient partout d’amicales relations, aussi bien dans la modeste hutte de feuilles de palmier de l’Indien, que dans les salons splendides de la haute aristocratie européenne. II était tout dévoué à ses amis. Il aimait à venir au secours de l’indigent. Dans le cours de sa vie agitée et au milieu des circonstances les plus accablantes, il trouva toujours des consolations et la tranquillité d’âme dans la religion; car il était profondément religieux.
Warszewiez, très estimé dans le monde horticole, était appelé à
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toutes les expositions internationales comme juge pour tout ce qui a rapport au jardinage. C’est à l'exposition mémorable de l’hospitalière ville d’Erfurt alors toute en fête, qu’il séjourna pour la dernière fois au milieu de ses amis allemands.
Les Esquisses de ses voyages en Amérique seront bientôt revues et publiées par un de ses amis à Cracovie et paraîtront en langue polo- naise.
Nous apprenons la mort, en Russie, de M. TscnerNiAErr, directeur du Musée agricole de St. Pétersbourg, l’un de nos collègues du jury inter- national de l'Exposition universelle de 1867.
LE GROSEILLIER A MAQUEREAU SANS ÉPINES.
La variété dont il est question ici a été obtenue par M. Billiard, pépi- niériste à Fontenay aux Roses, près de Paris, et nommée Groseillier Billiard, par M. Carrière. Elle a fructifié cette année pour la première fois. Les fruits sont gros, d’abord d’un vert pâle jaunâtre, puis rouge foncé, finalement presque noir, lisses, savoureux, réunissant par consé- quent toutes les qualités qu’on peut désirer. En outre ils sont un peu oblongs et passablement gros.
(Bull. du Cerc. prof.)
UN VERGER D'AUTREFOIS A PROPOS DE LA DURÉE DES VARIÉTÉS,
par M. Pauz DE Mortier.
La notice de M. de Boutteville que nous avons publiée naguère (Belg. Hort. 1866 p. 29), sur l'existence limitée et l'extinction des végétaux propagés par division, c’est à dire en termes plus simples sur la dégénérescence des anciens fruits, a donné lieu dans la presse horticole à une vive polémique. L'opinion dont M. de Boutteville s’est fait le défenseur a été contestée par plusieurs (voir le Rapport de M. le Dr Pi- geaux dans la Belg. Hortic. 4867, p. 186) et soutenue par d’autres. Nous nous sommes rangé parmi les plus convaincus au nombre de ceux-ci. Tel est aussi l'avis de M. Paul de Mortillet qui vient d'écrire dans la Revue de l’horticulture quelques pages fort simples et fort péremptoires, nous parait-il, pour le défendre.
Sans vouloir prendre part au débat, nous croyons utile d'exprimer celte observation que la propagation par division, c’est-à-dire par bouture, greffe ou quelque procédé analogue, naturel (Fraisier) ou artificiel (Poirier), est à peu près étranger au fait de la dégénérescence des variétés. Les variétés, qui sont le résultat de phénomènes locaux,
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accidentels, éphémères, ont une existence limitée. Cela est vrai en-dehors de toute propagation. La greffe ou la bouture n'étend ou ne diminue leur durée. En parlant ainsi, nous considérons les choses en général en faisant exception de toutes les circon- stances particulières. En outre, nous avons spécialement en vue les variétés fruitières. Dans les sciences naturelles il faut se garder des aflirmations absolues : c’est pourquoi nous nous bornons à dire ici que le fait de la propagation par division n’est pas connexe de phénomène de l'existence limitée des variétés. Mais nous avons hâte de céder la place à M. de Mortillet.
Qui donc le premier a dit : « Tout est dans tout? » Je ne saurais ré- pondre à cette question, mais je puis affirmer que cet aphorisme, si aphorisme il y a, recoit aujourd’hui une solennelle consécration dans les colonnes de la Revue de l’Horticulture.
La variété est sujette à vieillir, dit l’un ; non, répond l’autre, elle peut vivre autant que l'espèce. La variété, reprend le premier, s’affai- blit par degré ; le fait même de sa multiplication par division peut bien retarder, mais ne saurait arrêter les effets de la caducité; après un temps plus ou moins long elle arrivera fatalement à la mort. Erreur, riposte le second, la variété puise une vie nouvelle dans chaque multi- plication ; si ancienne soit-elle, sa vigueur n’augmente ni ne diminue, quand elle est placée d’ailleurs dans des conditions qui lui conviennent.
Jusqu'iei je vois deux affirmations contradictoires, mais la question est simple et bien posée. Quels sont les juges qui la trancheront ? L’ob- servation et les faits; je ne crois pas que l’on puisse distraire la cause de ce tribunal.
Tel n’a pas toujours été l'avis des nombreux champions qui ont pris parti, qui pour l’une, qui pour l’autre opinion. On est remonté à l’ori- gine des choses ; on nous a parlé de grandes races éteintes; puis on s’est lancé dans les subtilités de la physiologie végétale : la graine n'est-elle, comme la bouture, qu’une parcelle de la mère ; la première, au contraire, amène-t-elle à la vie un être nouveau, alors que la seconde ne provient que d’une cité de bourgeons, sorte de polypie habitée et cons- truite par une population bourgeonnante ? À ce propos on nous a cité la théorie positive de l’ovulation spontanée de M. Pouchet: j'avoue que j'ai craint de voir arriver M. Pasteur. Ailleurs on se reprend à deux fois pour nous parler de l’homme actuel ; et, de peur que nous ne com- prenions pas, on nous avertit charitablement que « pour tous ceux qui ont un peu réfléchi et qui n’ont pas laissé obscurcir leur intelligence par le mysticisme, il est évident que tout être quelconque sort de la vie universelle pour y rentrer à un temps déterminé. »
Au risque de paraître un peu hébété par le mysticisme, je pourrais contester cette proposition et bien d’autres, mais ce n’est pas ici le lieu. Je déclare donc que la passe-d’armes a été des plus brillantes ; les uns ont montré beaucoup de science, les autres une grande liberté de penser; et, maintenant que je suis en règle avec tout le monde, je
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demande aux jardiniers et aux praticiens la permission de causer quel- ques instants avec eux de quelques vieux arbres que j'ai connus, je devrais dire que j'ai pratiqués, dans mon enfance. Peut-être arriverons- nous à quelques conclusions qui me feront pardonner, je l'espère, ce que la causerie pourra présenter d’un peu personnel.
Il est incontestable que, de tout temps, les ordres religieux se sont adonnés, tout particulièrement, à la culture des jardins; tous ceux qui se sont occupés de l’origine des fruits ont pu se convaincre que la plu- part des anciennes variétés sortent des monastères; les unes y sont nées, les autres y ont été conservées alors que, au milieu de l’indiffé- rence générale, elles couraient grand risque de s’éteindre. Il me serait facile, à l'appui de cette assertion, de citer de nombreux exemples.
Je me contenterai de rappeler les pépinières du Luxembourg, si flo- rissantes sous la direction des Chartreux. Leurs catalogues sont restés des documents que tout homme spécial doit connaitre et consulter.
Les Oratoriens ne faisaient point exception à la règle générale; ces religieux possédaient autrefois près de Grenoble, sur la commune de Meylan, un domaine qui se nomme encore aujourd'hui l'Oratoire. Char- gés de l’enseignement ecclésiastique et de la direction du grand sémi- naire, les Oratoriens consacraient à l'alimentation de la communauté les produits de l'immeuble, qui servait encore aux délassements des élèves en même temps que les malades et les convalescents y trouvaient un refuge.
Cette propriété fut vendue nationalement; elle était dans un tel état de prospérité que l'acquéreur n'’eüût qu'à jouir ; sauf quelques modifica- tions aux bâtiments, il respecta ce qui existait alors; et lorsque mon père, vingt-cinq ans plus tard, c’est-à-dire en 1818, fit à son tour l’acqui- sition du domaine de l'Oratoire, il put y reconnaitre encore les deux cachets des ordres religieux : des arbres centenaires et de magnifiques caves. Les arbres fruitiers surtont étaient nombreux, et toutes les variétés de choix connues à l’époque, s’y trouvaient représentées, principalement dans les genres Poirier, Pommier, Cerisier et Prunier. Je ne parlerai aujourd'hui que du premier et je rangerai par ordre approximatif de maturité les variétés que j'ai pu voir encore et dont la plantation datait des Oratoriens, c'est-à-dire du siècle dernier ; je ferai suivre le nom de chaque variété du numéro correspondant des descriptions de Duhamel.
Amiré Joannet, VIII. — Petit Muscat ; Sept-en-gueule, 1. — Epargne ; Beau Pré- sent, XVII. — Gros Blanquet ; cramoisin, XIIL. — Poire à deux têtes ; à deux yeux, CXIIL. — Gros Rousselet; Roi d'été, XXXIV. — Bergamotte d'été, XLV. — Épine rose; Poire rose, LVII. — Epine d'été; Fondante musquée, LXII. — Bon Chrétien d'été, XC. — Grise bonne ; œuf (en Dauphiné}, CXIV. — Rousselet de Reims, XXXII. — Doyenné; Doyenné blanc; Beurré blane, LXXXI. — Verte longue ; Mouille-bouche, LXXIII — Bezi de la Motte, LXXXII. — Suerée vert, LXVIIL — Doyenné gris, LXXXIV, — Beurré; Beurré gris, LXXV. — Crassane; Bergamotte Crassanne, XLIX.
sé.
— Marquise, XCHI. — Lansac ; Dauphine ; Satin, CIX. — Bési de Chaumontel, LXXXI. — Ambrette, LXV. — Echassery ; Bezy de Chasserie, LXVI. — Martin see, XXX VI. — Frane-Réal (Poire Louve en Dauphiné), LX. — Virgouleuse, XCV. — Colmar; Poire manne, XCIV. — Saint-Germain; Inconnue la Fare, XCVI. — Catillac, CII. — Royale d'hiver, LXXI. — Bon Chrétien d'hiver, LXXX VIT. — Impériale à feuilles de chène, XCVIIE.
Tous ces Poiriers étaient greffés sur france, élevés en haute tige ct cultivés en plein vent; les uns formaient une avenue, les autres alter- naient avec des Pommiers dans un verger gazonné; quelques variétés se trouvaient isolées dans des treillages ou dans des vignes basses; pour ceux qui étaient plantés régulièrement, la distance d’un arbre à l’autre était de 42 à 15 mètres.
Tous ces arbres ont disparu; mais j'en ai gardé un souvenir assez précis pour pouvoir donner les dimensions approximatives des plus beaux. Un Poirier gros Blanquet devait mesurer au moins 3 mètres de circonférence à hauteur d'homme; ses branches s’étendaient sur un rayon de 8 mètres environ; il couvrait par conséquent une superficie de 58 mètres. Tous les deux ans, il donnait une pleine récolte; on étendait alors, au-dessous, un chargement de paille, un homme montait dans les branches, les secouait tour à tour, et l’on portait au marché les fruits à plein tombereau. Un Poirier à deux têtes approchait beau- coup des dimensions du précédent; son tronc était un peu moins gros, sa tête moins Ctalée, mais beaucoup plus élevée; on avait adopté pour lui le même genre de cueillette. Un Franc-Rcal, de même taille, rem- plissait, certaines années, un appartement de ses excellents fruits à cuire. Ces trois arbres étaient hors ligne et d’une force que je n'ai plus rencontrée. Après ceux-ci venaient, par ordre de développement, Verte longue ou Mouille-bouche, Epargne ou Beau présent, Sucré vert, Martin sec, Echassery, Virgouleuse, Royale d'hiver, Bon-chrétien d’été, Lansac ou Dauphine, Cattillac, Impériale à feuilles de Chêne. Le tronc de tous ces arbres avait au moins un mètre et demi de circonférence, et la tête était développée en proportion. Sans atteindre d'aussi fortes dimen- sions, les autres variétés présentaient encore des arbres fort remar- quables.
Quelques-unes des variétés que je viens de citer sont devenues rares et tendent à disparaitre. Combien de personnes connaissent aujour- d’hui l’Épine rose, la Marquise, la Lansac, l'Ambrette, la Poire à deux têtes? Et cependant, ces variétés n'étaient pas sans mérite. Je retrouve encore la Marquise inscrite sur le catalogue de M. André Leroy, mais avec cette annotation : « 2° qualité. » M. Leroy peut avoir raison au- jourd'hui, mais autrefois ce fruit était considéré comme un des meil- leurs de sa saison, et je puis assurer que ceux que j'ai mangés dans mon enfance étaient de première qualité. La Marquise était un gros fruit pyriforme, d’un vert très-prononcé, tiqueté de gros points plus foncés.
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Voici, du reste, l'appréciation de Duhamel : « La chair est beurrée et fondante. L'eau est sucrée, douce, quelquefois un peu musquée. Ce Poirier est un des plus vigoureux; il est beau, fertile, et se greffe sur franc ou sur Coignassier..….. La grande vigueur de l'arbre exige qu'on le charge à la taille. » La Lansac et l’Ambrette étaient d'excellents petits fruits d’arrière-automne.
Les fruits récoltés sur ces vieux arbres étaient généralement très- sains; cependant, certaines variétés laissaient déjà apercevoir quelques défectuosités. Parmi celles-ci, je citerai le Besi de Chaumontel, le Bon- chrétien d'été, le Bon-chrétien d'hiver, la Crassanne, l'Ambrette, le Doyenné blanc, le Saint-Germain, la Royale d'hiver, le Rousselet de Reims. Je tiens à établir toutefois que ces défectuosités n'étaient pas per- manentes ; elles dépendaient essentiellement de la température de l’année, et, même dans les cas les plus défavorables, elles n’attaquaient jamais la totalité du fruit; ainsi, le Bon-chrétien d'hiver et le Doyenné blanc étaient parfois tachés; l’Ambrette et le Bon-chrétien d'hiver parfois pier- reux; le Saint-Germain et la Crassanne présentaient exceptionnellement des taches ou des concrétions ; la Royale n’arrivait pas toutes les années à maturité ; le Rousselet de Reims laissait à désirer dans son bois; la variété la plus défectueuse sous le double rapport de la végétation et de la qualité du fruit, était sans contredit le Resi de Chaumontel.
Lorsque les vieux Poiriers plantés par les Oratoriens existaient encore, je ne m'occupais nullement de culture; je n’avais guère que vingt ans lorsque les derniers se sont éteints; mais ce que je connaissais fort bien, c'était la qualité de leurs fruits, et plus tard lorsque j'ai voulu planter à mon tour, il m'a semblé que je ne pouvais mieux faire que de revenir aux variétés qui avaient fait les délices de mon enfance et de ma jeu- nesse ; j'ai donc greffé et regreffé; voici mes résultats :
Les variétés qui se sont maintenues les plus vigoureuses et les plus saines sont : l’Épargne, la Bergamotte d'été, la Grise bonne, le Franc- Réal, le Catillac, l'Impériale à feuilles de Chène; mais il me faut bien reconnaître que jamais les arbres n’atteindront les dimensions de leurs devanciers. J'ai été obligé de renoncer à la culture en plein vent du Beurré gris, du Doyenné blanc, de la Crassanne, de la Marquise, du Bezy de Chaumontel, de la Virgouleuse, du Colmar, du Saint-Germain, du Bon Chrétien d'hiver ; les arbres deviennent chancreux et les fruits ne sont plus mangeables. Quant aux autres variétés, elles ont d’abord poussé vigoureusement ; plusieurs ont produit des fruits sains et en assez grande abondance; mais, à quinze ou vingt ans, les arbres étaient vieux; ils ont cessé de croitre, le tronc ne prend plus de déve- loppement ; l’écorce exfoliée se couvre chaque année, malgré tous les soins, de Lichens et de Mousses. Le Bon-Chrétien d'été est devenu im- possible ; la Royale d'hiver ne mürit plus ses fruits. Il faut à ces arbres, comme à tous les vieillards, un soleil plus chaud ; et de même que vous
prolongerez la vie d’un poitrinaire en l’envoyant à Nice ou à Hyères, de même vous obtiendrez encore quelques bons fruits en plaçant cer- taines variétés dans des conditions exceptionnellement favorables. Duhamel, nous parlant du Beurré gris, débute ainsi : « Ce Poirier est très-fertile, s’accommode de toutes les formes, espalier, buisson, éven- tail, plein vent, et presque de toutes les expositions. Il se greffe sur franc ou sur Cognassier. » Quel est le jardinier qui en dira autant aujour- d'hui? Que l’on ne croie pas au reste que j'ai manqué de constance lorsqu'il s’est agi de multiplier chez moi les variétés anciennes; j'y ai apporté, au contraire, l’entêtement qui s'attache aux souvenirs d’en- fance. J'ai choisi des terrains analogues à ceux dans lesquels j'avais vu prospérer les mêmes variétés; j'ai adopté la même exposition; le sol d’ailleurs était vierge de la culture du Poirier. Lorsque j'ai reconnu que les arbres achetés chez les pépiniéristes ne réussissaient pas, j'ai choisi chez eux les plus beaux égrains, et je les ai greffés en place; après un nouvel échee, je suis allé moi-même dans les bois, et j'ai fait déplanter sous mes yeux des sauvageons; j'ai cueilli mes scions à greffer sur les arbres les plus sains que j’ai pu rencontrer; tout a été inutile.
Je le demande à tout homme pratique, puis-je conclure autre chose, sinon que les variétés vieillissent et qu’elles sont destinées à disparaitre dans un temps donné? Faites-moi les raisonnements les plus spécieux, exposez-moi les théories les plus savantes, vous ne ferez jamais que les faits ne soient pas des faits.
Un mot encore. Lorsque mon estimable collègue, M. de Bouteville, m'adressa son remarquable Mémoire sur l’extinction des variétés mul- tipliées par division, je me permis quelques observations. Ainsi, Je ne crois pas que l’on puisse avancer, comme l’ont fait quelques auteurs, que la durée d’une variété est nécessairement limitée à la durée qu’au- rait pu avoir le pied-mère. Je pense, au contraire, que la multiplica- tion par division prolonge toujours, plus ou moins et suivant certaines conditions qui nous échappent encore , la durée de la variété. Je suis aussi porté à croire que les variétés de certaines espèces à bois mou ou tendre se maintiennent plus longtemps que les variétés des espèces à bois dur; les variétés de la vigne, par exemple, me paraissent devoir durer plus longtemps que celles du Poirier. J’admettrai volontiers que la multiplication par bouture amènera moins promptement la caducité et par suite l'extinction que la multiplication par la greffe. Ces appré- ciations de détail ne sont pas purement hypothétiques ; elles reposent sur un ensemble d'observations et de faits qu’il serait trop long de dé- velopper aujourd’hui.
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LES SQUARES ET LES MARCHÉS DE PARIS. par M. G. DELCHEVALERIE,
Chef de culture au fleuriste de la ville de Paris. (Suite, voir page 14.)
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Les grands froids de l'hiver qui commence à s’écouler, ont exercé quelques ravages dans les squares et les jardins publics de la ville de Paris.
Une partie des végétaux exotiques qui y sont cultivés, furent atteints de la gelée, qui depuis longtemps, n'avait été aussi intense que cette année. Les Aucuba du Japon, les Lauriers tins, les Lauriers amandes, les Bambous et un grand nombre d’arbustes exotiques à feuilles persistantes qui n'étaient pas abrités, ont eu les feuilles légèrement endommagées.
Les végétaux exotiques plus délicats, tels que Gunnera scabra R. et P. G. manicata LiNDEN, Gynerium argenteum albo-lineatum, ete., qui ont été empaillés pendant le moment des fortes gelées, sont découverts pendant les parties les plus chaudes de la journée, et recouverts le soir lorsque le temps se dispose à la gelée.
Pendant le courant du mois, on peut mettre en place les plantes telles que Muguet alpestre, Myosotis alpestris Scumpr, Giroflée jaune, Cheiranthus cheiri Lin., Pensées annuelles, Viola tricolor L., ete., qui ont passé l'hiver à l'abri du froid, ou dont la plantation n'aurait pu se faire avant l'hiver. On remplace également le vide que l'hiver aurait laissé sur les plates bandes plantées à l’automne, avec du plant hiverné à l'abri.
Le Lierre d'Irlande, Æedera hibernica, Lax., si fréquemment employé pour la formation des bordures autour des massifs de fleurs et d’arbustes peut être planté déjà, sur la fin de ce mois, alors que les fortes gelées ne sont plus à craindre. Dans les jardins des palais du Louvre, des Tuileries, des Champs-Elysées, ete., on en voit des bordures admirables, qui ont l'avantage sur toutes les autres, d’être d'un beau vert foncé pendant toute la mauvaise saison.
On se les procure aisément sur le marché du quai, ou chez les pépi- niéristes de Fontenay-aux-roses, qui en font chaque année des quantités considérables pour la grande ville.
On les plante en bordures, en les couchant en long, sur des talus de 0,50 ou 0,40 centimètres de largeur, selon la grandeur des massifs; on les fixe sur le sol à l’aide de crochets en bois, et on étend par dessus les rameaux une légère couche de terre; les autres soins consistent
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seulement à les débarrasser des mauvaises herbes, et à les entretenir dans un état d'humidité modérée; traité de cette facon, le Lierre d'Irlande formera déjà de belles bordures pour l’année suivante.
A Paris, on l'emploie aussi communément pour garnir les grilles et les treillages qui clôturent les parcs et les jardins; on leur fait subir le palissage pendant les premières années, afin de bien combler les vides, et à la fin de la deuxième année, on peut avoir des grilles com- plètement recouvertes; alors, il suffira de couper chaque année, les rameaux qui auraient une tendance à sortir de l'alignement.
Les Lierres que la ville de Paris emploie pour garnir les plates-bandes de ses squares, les troncs d'arbres, grilles, entourages, etc., se cultivent et se multiplient dans les pépinières du Bois-de-Boulogne. Là, c’est ordi- nairement sur la fin de l'été que l’on pratique le bouturage du Lierre commun; on coupe les boutures à trois ou quatre feuilles, et on les plante en pépinière à mi-ombre; lorsqu'elles sont suffisamment enra- cinées, ce qui a lieu ordinairement au printemps suivant, on les empote isolément dans des pots de 10 à 15 centimètres de diamètre ; ensuite, on plante au milieu de ceux-ci, un tuteur de un à deux mètres de hau- teur, que l’on maintient en alignement, en les fixant sur des fils de fer tendus à un mètre de hauteur, afin d’avoir des planches bien régulières, et que le vent ne puisse les renverser; plusieurs fois pendant l'été, on palisse les rameaux, et à la fin de la deuxième ou troisième année, les plantes sont assez fortes pour être employées aux différents usages.
Les pépiniéristes des environs de Paris, le multiplient ordinairement par marcottes. À cet effet, ils plantent des mères à une assez grande distance et lorsqu'elles sont bien ramifiées, ils enfoncent dans la terre, des pots de 10 à 12 centimètres de diamètre; ils procèdent alors au marcottage, en fixant à l’aide d’un crochet en bois, un rameau au milieu de chaque pot; ensuite, ils enfoncent un tuteur dans celui-ci, sur lequel ils palissent les rameaux au fur et à mesure qu’ils se développent ; lorsque les marcottes sont suffisamment enracinées, on les sépare des mères, et vers la deuxième ou troisième année, ils les livrent au commerce avec leurs pots; de cette façon, la transplantation s'opère d’une manière parfaite puisque les racines sont conservées intactes, et les chances de réussite, ne sont alors nullement compromises.
Le Lierre d'Irlande, est aussi très-avantageusement employé pour former les bordures dans les endroits ombragés où le gazon ne peut prospérer. Si on le plante contre le mur d’un rez-de-chaussée, il y ab- sorbera aussi une grande quantité de l'humidité de celui-ci.
Pour la fin de ce mois, les labours devront être entièrement terminés, les allées sablées à neuf, et les plates bandes garnies de plantes à floraison printanière telles que l’Aubrietie deltoïde, Aubrietia deltoidea D. C.; A. deltoidea, var. foliis variegatis ; A. Campbellii ; A. Campbelli, var. foliis variegatis; A. purpurea Horr.; Digitale pourprée, Digitalis
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purpurea L.; D. purpurea, var. alba., etc.; Primevères des jardins, Primula veris L., var. alba, rubra et lutea ; Arabette printanière, Arabis verna, Ait. ; À. verna, var. foliis variegatis ; À. lucida L.; A. lucida, var, foliis variegatis ; A. mollis Srev.; À. mollis, var. foliis variegatis; Corbeille d’or, Alyssum saxatile L. ; À. saxatile var. foliis variegaltis ; Campanule des montagnes, Campanula carpathica Jaco. ; C. carpathica var. alba ; Platycodon à grandes fleurs, P. grandiflora DC.; Silène à fleurs pendantes, Silene pendula Lax., Primevères élevées, Primula elativr Jaco.; P. elatior, var. alba, rubra et lutea ; Hélianthes vivaces, Helianthus multiflorus, L., latifolius Pers., Orgyalis, Dei, ete., vio- lette de Parme et des quatre saisons, etc.
Toutes ces plantes sont propres à fleurir les parterres, depuis le com- mencement de mars, jusqu’au moment de la floraison des plantes exoti- ques, que l’on livre ordinairement à la pleine terre dans les premiers jours du mois de mai.
A cette époque de l’année, on voit déjà les fleurs du safran printa- nier, Crocus vernus ALL., dont les premières fleurs s’épanouissent ordi- nairement vers la fin de février ; étant plantés en massifs ou en groupes en mélangeant les couleurs, ou eu les séparant pour en faire des dessins, forment de très-jolis effets, lorsqu'ils sont disposés en bordure autour des massifs, ou sur plates bandes. On voit aussi les fleurs de la Nivéole du printemps, Leucoium vernum L., de la Galantine perce-neige, Galan- thus nivalis L., de l'Eranthe d'hiver, Eranthis hiemalis L., de l'Hellé- bore noire, Helleborus niger, L., du bois gentil, Daphne Mezereum L., de l’Hellébore d’Abasie, Helleborus abschaticus AL. Braux. — H. purpu- rascens WiLLp., etce., dont l'avant-garde nous laisse entrevoir le prin- temps avec son nombreux et magnifique cortége de fleurs.
Vers la fin de ce mois, on peut semer toutes les plantes annuelles qui doivent produire leurs fleurs au commencement de l'été, telles que le Réséda odorant, R. odorata L., dont on fait les semis en pots, afin de pouvoir les transplanter sans les faire souffrir ; le Lobelia erinus gracilis, et L. erinus Paxtonii, ete., ou encore, celles qui doivent être élevées sous chassis, et avoir un certain degré de force avant d’être livrées à la pleine terre, telles que Cobæa scandens Cav., Celosia cristata L., Wigan- dia Vigierii Bar, Nicotiana grandiflora purpurea, Eucalyptus glo- bulus LaBiiL., Solanum marginatum Lix., S. Warscewiczit (extra) S. la- ciniatum A1T., S. betaceum Cav., S. robustum WexpL., S. reclinatum Ener., ete., Cyperus papyrus Lix., ete. Ce dernier par la légèreté et la ténuité des parties de-ses grosses ombelles retombantes portées sur de longs pédoncules, est devenu l’objet d’une culture très-étendue dans les jardins publics de la ville de Paris; comme cette plante n’est pas assez répandue encore dans les cultures, nous allons indiquer un moyen de la multiplier, qui nous a parfaitement réussi.
Le Papyrus antiquorum Lk., (Cyperus papyrus, L.), vulgairement
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souchet à papier, parce que les anciens Egyptiens faisaient une sorte de papier avec la moelle de ses tiges, peut être semé depuis le mo- ment de la récolte des graines jusqu’à la fin de février ; d’abord, pour s'en procurer des graines, on plante un pied de Papvrus dans le bassin d’une serre tempérée-froide, et on l'y laisse sans y porter aucune atten- tion; lorqu'arrivera l'automne de la deuxième année, les premières têtes qui se seront développées, auront sans doute produit des graines; on les récolte alors, et on les sème en terrines ou en plein chassis, sur une terre de bruyère brute tourbeuse, grossièrement concassée. Les grai- nes étant très-fines, ne doivent pas être recouvertes; on leur donne tout simplement un léger bassinage, afin de les fixer sur le sol, de facon à ce qu'elles puissent s’intercaler dans les interstices laissés entre les petites mottes de terre. Là, leur germination s'effectuera d’une manière par- faite, si on a soin de donner à ces graines une chaleur souterraine {18 à 20 degrés centigrades), et beaucoup d'’obscurité. Trois semaines, un mois après, on récoltera déjà le premier plant, qui aura à peine la gros- seur d’un fil de soie; on l’empotera isolément dans des godets de 0.05 ou 0,04 centimètres de diamètre, dans une terre siliceuse mélangée de bon terreau de feuilles; ensuite, on place ce jeune plant sur les tablettes de la serre les plus rapprochées de la lumière, mais alors, dans un milieu légèérementombragé. Vers la fin du mois qui succède au répiquage, on les empote dans des godets plus grands, et lorsque arrive le mois de février, on place ces plantes sur une couche tiède et sous chässis à l’air libre. Vers la fin d'avril, on peut les empoter dans des vases de 0,10 à 0,12 centimètres de diamètre, en les replacant de nouveau sur couche et sous chässis, mais alors, en leur donnant de l'air, afin de les habituer insensiblement à la température extérieure. Pour le 15 mai, si le jeune plant a été convenablement traité, il aura déjà 0,25 ou 0,50 centimètres de hauteur, et pourra dès lors, être livré à la pleine terre, où il atteindra pour la fin de l’été si on a eu soin de le planter dans le sol substantiel et frais du voisinage des pièces d'eaux, deux mètres de hauteur, portant de grosses et belles têtes de feuilles cylindriques retombantes du plus gracieux effet.
En ce moment, on poursuit aussi activement le bouturage des plantes exotiques qui doivent servir à l’ornementation des squares et jardins de la ville de Paris pendant toute la belle saison. Telles sont, les Alyssum maritimum Lank., var. foliis variegatis, très-jolie miniature dont on fait grand usage pour la formation des bordures, les Veronica, L., Cuphea, Jaco., Fuchsia, PLux., Coleus, Lour., Gaura, Lix., Achyran- thes, W., Alihernanthera, Forsk. Ageratum , Laix., Anthemis, Lix., Verbena, Lix., Solanum, Lix., Pelargonium, L'HéniT., Begonta, Lix., Hibiscus, Lix., Wigandia, Kuxta., Lantana, Lix., Gnaphalium, Lin, Salvia, Lix., Heliotropium, Lax., Calceolaria, Feuizz., Coronilla, Lix., Plumbago, Tour., Centaurea, Lix., Pentstemon, L'HÉRIT., Nierember-
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gia, R. et P., Dianthus, Lax., Tradescantia, Lix., Petunia, Juss., Cyr- tanthera, Nees., Gazania, Gzxrtx., Cassia, Lix., Abutilon, GærTx., Erythrina, Lax., ete., ete.
Les marchés et les fleuristes en boutiques abondent en ce moment de Violettes de Parme, Viola Parmensis, Hort., et des quatre saisons, Viola odorata, Lix., variété; les bouquetières de Paris en emploient des quantités considérables pour la confection des bouquets à cette épo- que de l’année; elles les montent par petits groupes sur des tiges de jone, Juncus glaucus, Swetu., et entourent les pétioles de quelques feuilles de pervenches, Vinca minor, Lis. ; ensuite, elles réunissent ensemble un certain nombre de ces petits groupes pour en constituer un bouquet d’une grosseur convenable, dans lequel elles disposent avec une grande habileté, des fleurs de Camellia, du Lilas blane, des roses, ete. ; un bouquet de ce genre, lorsqu'il est bien constitué, se vend en ce moment de 15 à 25 francs.
Pour avoir des violettes pendant tout l'hiver, les jardiniers des envi- rons de Paris les cultivent sur des planches ordinairement inclinées au midi, et proportionnées en largeur, à la longueur de leurs chassis; au commencement d'octobre, on récolte déjà les premières fleurs, et lors- que arrive le mois de novembre, on entoure les planches de coffres que l'on recouvre de chassis; lorsque le froid devient plus intense, on établit des réchauds dans les sentiers, et on couvre les chassis de paillassons pendant la nuit. On donne de l'air toutes les fois qu'il ne gèle pas ou qu’il fait du soleil afin d'empêcher l’étiolement; car ces plantes fleuris- sent mieux sous l'influence d’une température de quelques degrés centi- grades que lorsqu'elle est plus élevée. Traitées de cette facon, les Vio- lettes fleuriront abondamment, et le cultivateur pourra tous les jours en faire une ample cueillette et en alimenter les marchés pendant toute la mauvaise saison.
La culture en pots ne diffère en rien de celle-ci. Les Violettes une fois empotées, sont placées sous chassis à froid, où elles fleurissent absolu- ment comme celles qui se trouvent plantées en pleine terre. On enlève au fur et à mesure les plantes qui fleurissent pour les envoyer sur les marchés.
Les cultivateurs de violettes des environs de Paris, les empotent ordi- nairement pour les livrer sur les marchés lorsqu'elles sont en fleur ; alors, les touffes sont soulevées avec de bonnes mottes de terre, et empo- tées avec précaution dans des vases de 0,10 à 0,12 centimètres de dia- mètre.
La Violette de Parme est plus délicate que celle des quatre saisons ; lorsqu'on la cultive en pleine terre, on doit lui donner une exposition bien abritée. Aussi, sont-elles très-recherchées pour la formation des bouquets, qui sont toujours d’un prix plus élevé que ceux qui sont com- posés de violettes des quatre saisons.
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Les Jacinthes Parisiennes à fleurs simples, telles que la romaine blanche hâtive, blanc de montagne, couleur chair, ete., que les jardi- niers destinent à la culture forcée pour les livrer au commerce en pots, ou pour en couper les fleurs et en approvisionner les marchés à l’au- tomne et au comment de l'hiver, sont devenues rares. En ce moment, ce sont les Jacinthes de Hollande qui tiénnent le premier rang parmi les oignons destinés à la culture forcée. On en voit sur tous les étalages, des quantités considérables à fleurs doubles et simples, dans les couleurs rouges, roses, bleues, jaunes, blanches, etc., ete.
Les Jacinthes de Hollande destinées à être chauffées, de même que celles de Paris, doivent être empotées à l'automne; on enfonce également les pots qui les contiennent jusqu'aux bords, sur des planches ou plates bandes en pleine terre, en les recouvrant même de quelques centimètres de terre. Au fur et à mesure que l’on est disposé à les chauffer, on les place successivement à la chaleur, soit sur couche chaude sous chassis, ou en serre, sur les tablettes les mieux exposées. Enfin, si on veut avoir la jouissance des fleurs pendant tout l'hiver, on rentre tous les huit ou quinze jours, la quantité d'oignons nécessaire à son approvisionnement. Plus ou force les Jacinthes de bonne heure, plus ou leur procure d’obscu- rité, afin de forcer les tiges à monter; sans cette précaution, elles ne donneraient que des petites hampes de fleurs, et fleuriraient même en partie dans le sol; mais lorsque arrivera la saison où elles fleurissent naturellement en plein air, on pourra les laisser fleurir à la lumière, alors qu'on n'aura plus à craindre l’avortement des fleurs.
On fabrique à Paris de jolis vases à pied en terre et en verre, percés de trous dans toutes les directions, dans lesquels on place la tête des oignons, qui se développent alors dans tous les sens, et produisent de très-beaux effets au moment de la floraison.
Les amateurs parisiens, affectent aussi la culture des Jacinthes sur carafes. A cet effet, ils se procurent des carafes, dont l’orifice est propor- tionnée à la grosseur des oignons; on les emplit d’eau, et on pose les oignons sur l’ouverture, de facon à ce que la base touche le niveau de l’eau. On a soin de remplir la carafe au fur et à mesure qu’elle se vide, et de renouveler l'eau tous les quinze jours, pour éviter qu'il ne se déve- loppe des algues autour des racines. Les fleurs mettent environ deux mois d'intervalle entre le moment de la plantation et leur épanouisse- ment.
Ce mode de culture s'applique ordinairement dans les appartements, où il procure au cultivateur, les fleurs les plus suaves pendant une partie de l'hiver, et dont il ne peut avoir la jouissance qu'au printemps dans les jardins.
On trouve également à Paris, des appareils en verre, dans lesquels on plante deux oignons de Jacinthes , l’un la tête en bas et dans l'eau, et l’autre la tête en l’air; ils fleurissent parfaitement dans ces circonstances
De.
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lat. du 1. d
TE. -S
et produisent de très-singuliers effets, surtout, si on a eu soin d'y placer deux variétés de couleurs différentes.
Les Tulipes duc de Thol, Tulipa suaveolens, Rotu., variétés à fleurs simples, blanc pur, rosé, écarlate, jaune pur, rouge flammé de jaune, blanche flammée et panachée de violet, semi double à fleurs rouges bordées de jaune, etc., abondent encore en ce moment. On les plante ordinai- rement par trois dans des godets de 0,08 centimètres de diamètre, en les traitant sur couche chaude sous châssis, ou en serre, où ils fleu- rissent promptement.
La Tulipe Tournesol double et semi double, est également cultivée à Paris, où elle succède ordinairement aux variétés due de Thol; sa fleur globuleuse est plus grosse, et d’un beau rouge marginé de jaune.
Les Narcisses à bouquets ou de Constantinople, Warcissus Tazelta Lix., variété à fleurs pleines, N. Tazetta flore pleno Horr., variété toute blanche X. T. totus albus, Hort., variété Soleil d’or, , T. aureus Loisez., variété Grand primo, N. T. concolor Hort., variété Grand monarque, Ÿ. T. concolor, var., Horrt., elc., se cultivent parfaitement sous chàssis, en serre, ou dans les appartements à la manière des Jacinthes pendant tout l'hiver; à cet effet, on empote à l'automne, plusieurs oignons ensemble, dans des pots, ou des terrines d’une gran- deur convenable, et on les enfonce dans le terreau d’une plate bande à l’air libre ; on peut commencer à les rentrer vers le mois de novembre pour les chauffer, et successivement tous les quinze jours, si on veut en avoir en fleurs jusqu’au moment où ils fleurissent en plein air.
Le Safran des fleuristes, Crocus vernus ALL., se livre à la culture forcée de même que les Narcisses, Tulipes, etc., en plantant les oignons en groupes dans des pots, et en pleine terre, sur couche sous chässis, ou en serre. Là, ils fleuriront pendant tout l'hiver, si on a soin d’en renouveler la plantation tous les quinze jours.
On les force aussi dans la mousse humide, ou sur des carafes pleines d'eau; ils v fleurissent parfaitement bien. On confectionne pour cet usage des vases et des suspensions de toutes sortes, dans lesquels on plante les oignons de différentes manières.
La terre que l’on emploie ordinairement pour empoter les oignons destinés à la culture forcée, est un mélange de terre franche, terre de potager, terreau de feuilles et de fumier, de gros sable, ete. On les plante isolément ou en groupes, selon leur nature spécifique.
Les plantes vivaces que l’on force pour avoir les fleurs pendant l'hiver sont; le Diclytra remarquable, D. spectabilis Hont.; les touffes sont relevées à l'automne de la pleine terre, empotées, et placées sur couche froide sous châssis jusqu’au moment de les forcer; en les plaçant sur couche tiède dans les premiers jours de janvier, on peut jouir de ses belles fleurs rose vif, disposées en jolies grappes arquées pendant tout le mois de février.
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L'Hoteia du Japon, 4. Japonica Dexe., jolie plante vivace de pleine terre, est aussi en faveur, et l’objet d’une grande culture pour les marchés de Paris. On relève à l'automne les touffes de la pleine terre, et on les empote dans des vases proportionnés à leur développement. On les rentre après sur couche froide pour leur faire développer les pre- mières racines, et les habituer insensiblement à la chaleur. Vers le milieu du mois de Janvier, on commence à les chauffer, en les plaçant sur couche tiède; et pour le mois de février, ces admirables plantes auront développé des tiges pyramidales garnies d’une profusion de jolies petites fleurs blanches, qui sont d'une grande ressource pour la formation des bouquets.
Les OEillets remontants ou à floraison perpétuelle, Dianthus caryo- phyllus, Lix., variétés formant une section renfermant un grand nombre de variations à fleurs unicolores ou striées, à fond blanc, rouge, jaune, ardoise, rose, cramoisi, etc., présentant des formes à pétales entiers, et d’autres à pétales dentés; tous les œillets de cette section étant rentrés sur couche froide sous chassis, en serre froide, jardin d'hiver, orange- ries, y fleurissent pendant tout l'hiver. Les fleurs étant coupées sont très-recherchées des bouquetières, qui les montent sur des tiges de jonc, et en font de jolis bouquets très-recherchés sur les marchés et chez les fleuristes de Paris.
Le Lys de la St. Jacques, Amaryllis formosissima, Lix., étant relevé de pleine terre, empoté, et tenu sur couche sourde ou placé sur des cara- fes pendant l'hiver, produitses jolies fleurs rouge pourpre foncé dans le courant de ce mois.
Enfin, la Galantine perce-neige, Galanthus nivalis, Lin. ; l’Iris de Perse, Iris Persica, Lan. ; le Cochléaria acaule, C. acaulis, Desr.; la Scille de Sibérie, Scilla Siberica, Axor.; le Triteleia uniflore, T. uni- flora, Lio. ; l'Hépatique à fleurs bleues, Æepatica triloba Cuaax, var. cœærulea ; le Mugnet ou Lys des vallées, Convallaria maialis Lin, etc., étant empotés et rentrés sur couche et sous chassis pendant l’hiver, pro- duisent des fleurs dans le courant de février, qui sont d’une grande ressource pour la confection des bouquets, la garniture des serres froides, orangeries, appartements, etc.
Les arbustes de pleine terre dont on voit les fleurs en ce moment sont :
Le Lilas commun dit de Marly, Syringa vulgaris, L., var. purpurea Lix. C’est celui que les chauffeurs de Lilas de Paris préfèrent pour avoir des fleurs pendant tout l'hiver. Les pépiniéristes leur en préparent chaque année des quantités considérables de touffes , auxquelles ils cou- pent l’année précédente, unc partie des racines, afin de forcer la plante à végéter moins vigoureusement et à produire beaucoup de boutons à fleurs. Les touffes ainsi préparées, n’ont pas moins de deux mètres de hauteur, sur autant de circonférence ; à l’automne suivant, on procède à
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l’arrachage, et on les place alors entre les mains de ces habiles horticul- teurs qui les livrent ensuite à la culture forcée.
Vers le mois de novembre, ils plantent ces touffes dans les bâches de la serre destinée à les recevoir, de facon à ce que leurs têtes soient très-rap- prochées des vitrages; ensuite, ils commencent par les chauffer à l’aide du themosvphon. Lorsque les boutons à fleur commencent à vouloir se développer ils couvrent leurs serres de paillassons, afin de leur procurer une obscurité complète. Les fleurs alors qui s'épanouissent dans ces cir- constances sont blanches, au lieu d'être pourpre violacé, et constituent les Lilas blanes dont on fait un commerce considérable à Paris, où il n’est pas rare de voir vendre dix et quinze francs, un bouquet de ces fleurs pendant l'hiver.
On force aussi le lilas commun à fleurs blanches, Syringa vulgaris, Lix., var. alba ; les fleurs qui en proviennent étant du blane le plus pur, “ sont très-recherchées des fleuristes ; malheureusement, cette belle variété ( se prête mal à la culture forcée, et produit beaucoup moins de fleurs
que le lilas de Marly. Le lilas saugé, Syringa saugeana Lix., l'une des plus jolies variétés qui fait abandonner la culture du lilas de Perse, est également très- | recherché par les chauffeurs de Paris. On le cultive en pépinière, et on le taille en buissons de 0,50 ou 0,60 centimètres de hauteur ; vers la fin
de l'hiver qui précède celui où on doit le chauffer, on l’enlève de la pleine terre, et on l'empote dans des vases d'environ 0,15 centimètres de diamètre, afin d'arrêter la végétation, et de leur faire produire ainsi beaucoup de boutons à fleur pour l'année suivante. Ces plantes sont alors enterrées avec leurs pots pendant tout l'été, sur des planches ou plates bandes en plein air, et vers le mois d'octobre ou novembre, on peut commencer à les chauffer ; n'étant pas très-élevées, elles peuvent être placées sur les tablettes des petites serres hollandaises que l’on construit pour cet usage. On les chauffe comme les lilas blancs, seulement, on ne leur donne point l'obscurité. Lorsque les fleurs commencent à s'épanouir, on livre les plantes avec leurs pots sur les marchés, et chez les fleuristes qui les vendent en grand nombre pour les garnitures d'appartements, des bals, des soirées, etc.
La rose de Portland, variété dite du roi, Rosa Portlandica, Luw. var. du roi, celle que l’on soumet la première à la culture forcée, produit pendant tout l'hiver, des fleurs d’un beau rouge éblouissant. Les sujets destinés à être chauffés, sont greffés sur églantier à quelques centimètres du sol, et cultivés en pépinière jusqu’à la fin de l'hiver de la deuxième année ; alors, on les enlève de la pleine terre, on les empote dans des vases de 0,12 ou 0,15 centimètres de diamètre, que l’on enfonce jus- qu'aux bords sur plate bande à l'air libre jusqu'à l'automne suivant. Vers le mois de novembre, on leur donne la taille convenable, et on peut ensuite commencer à les chauffer, si on veut avoir des roses de bonne
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heure. On les force ordinairement dans des serres hollandaises très-basses, au milieu desquelles se trouve un petit sentier pour le service; des deux côtés, se trouve une bâche emplie de terreau, dans laquelle on enfonce avec leurs pots, six ou sept lignes de ces rosiers demi tiges; entre Ceux-ci, on plante encore des rosiers franc de pied tels que le Bengale à fleur rouge cramoisi, Rosa semperflorens, Curr., var. cramoisi supérieur, dont on fait un grand usage à Paris pour avoir des fleurs au commencement de l'hiver; lorsque le placement est terminé, on commence par chauffer la serre à l’aide de deux tuyaux du thermosiphon qui circulent autour des bâches. Quelques temps après, les bourgeons se développent, et les boutons à fleurs apparaissent. Lorsqu'on approche du moment de la floraison, on diminue la chaleur, et on Fe même un peu d'air si on opère au premier printemps.
Les rosiers du Roi, étant bien traités pendant l'hiver, donnent leurs premières fleurs environ deux mois après avoir commencé à les chauf- fer, et fournissent au cultivateur une floraison continuelle, s’il a soin d’en chauffer à différentes époques ; pendant l’hiver, il n’est pas rare de voir se vendre à Paris, douze francs, un bouquet composé d’une douzaine de ces jolies roses.
Les rosiers que l’on destine à être chauffés à l’aide du fumier chaud, doivent être également empotés une année d'avance. On se sert ordi- nairement de rosiers franc de pied, et de basses tiges. Après leur avoir fait subir la taille, on enfonce les pots sur couche tiède, et on entoure les coffres de réchauds; on les couvre ensuite de châssis vitrés, sur lesquels on met des paillassons pendant la nuit lorsque le temps devient plus intense. Les réchauds doivent être renouvelés toutes les fois que la chaleur tend à diminuer. On donne un peu d’air lorsque la température le permet, surtout, lorsqu'on approche de l’époque de la floraison.
Après le Bengale cramoisi supérieur et la rose du Roi, viennent la reine, la gloire de Dijon, la reine d’Angleterre, Jules Margottin, baronne Prevost, général Jacqueminot, triomphe de l'exposition, ete.
De tous les temps, la rose fut un objet d’admiration; elle a obtenu le titre de reine des fleurs, et aucune autre jusqu'à ce jour, n’a réuni toutes les perfections que l’on rencontre chez elle; en effet, il n’est pas de fleurs réunissant à la fois les nuances les plus vives et le parfum le plus suave que la rose: emblème de la vertu, de la grâce et de la beauté, elle fut célébrée par tous les poètes; elle servit à couronner Horace dans ses jours de festin ; et enfin, on rapporte que « dans un banquet de l’Olympe l’amour voltigeant au milieu des déesses, renverse une coupe avec son aile, et le nectar répandu sur les roses blanches, les colora en rose, » etc.
En ce moment, on admire en fleurs de nombreuses variétés hybrides des Rhododendrons arborés, R. arboreum Suit. ; Rhododendron campa-
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nulé, R. campanulatum G. Dox.; Rhododendron pontique, R ponticum Lix., ete., dont les magnifiques et volumineux corymbes de fleurs rouges, écarlate, roses, cramoisi, lilas, blanches, etc., ordinairement ponctuées et maculées sur les lobes de la corolle, contribuent pour une large part à l’'ornementation des serres et des appartements à cette épo- que de l’année. On les force à peu près de la même facon et à la même époque que les rosiers.
Le Kalmia à larges feuilles, Æ. latifolia Lix., et la variété à fleurs blanches étant empotés à l’automne et chauffés en serre ou sous châssis pendant l’hiver, se couvrent de belles fleurs blanches lavées de roses, disposées en jolis corymbes, qui sont d’une grande ressource pour la confection des bouquets.
Enfin, les arbustes de pleine terre que l’on soumet le plus à la culture forcée pour les garnitures d’appartements ou la confection des bouquets pendant l'hiver sont : la spirée à feuilles de prunier, Spiræa prunifolia var. flore pleno, Sies., le prunier de la Chine à fleurs blanches doubles, Primula sinensis, Pers., var. alba plena, le Weiïgelia à fleurs roses W. rosea Linpc., le Deutzie à rameaux grêles, Deutzia gracilis, Zucc., le Deutzie à feuilles rudes, Deutzia scabra, Horr., le Spirée calleux, variété à fleurs blanches, Spiræa callosa Tauxs., var. alba, l’Azalée gracieuse, Azalea amæna, Horr., etc.
Parmi les plantes de serre, on remarque de nombreuses variétés -du Camellia du Japon, C. Japonica, L., qui sont en pleine floraison à cette époque de l’année.
Les espèces destinées à produire les fleurs pour les bouquets, sont cultivées en pleine terre dans de grandes serres froides ou jardins d’hi- ver, et plantées sur des plates bandes de terre de bruyère siliceuse, dont le fond doit être convenablement drainé; on y entretient pendant l'hiver, une température de 6 à 10 degrés centigrades, ce qui suffit pour en déterminer la floraison qui commence ordinairement vers le mois de décembre et qui se prolonge jusqu’en avril.
Ceux que l’on cultive pour vendre en pots sur les marchés, sont eulti- vés dans des petites serres sur les tablettes ou gradins les plus rappro- chés de la lumière ; au fur et à mesure que les fleurs sont suffisamment épanouies, ou les transporte chez les fleuristes et sur les marchés.
Les fleurs de Camellia sont également très-recherchées pour les garni- tures d'appartements l'hiver. On en compose des bouquets, en montant les fleurs sur des tiges de jonc dont on entoure le pétiole de quelques feuilles de petite pervenche.
On en fait aussi des corbeilles de table, et on en garnit les cheminées, les vases, les jardinières, etc., dans les appartements.
Les Azalées de l’Inde, Azalea Indica, Lix., de même que les Rhodo- dendrons s’accommodent parfaitement de la culture forcée, et se conser- vent en fleur pendant très-longtemps dans les appartements. Aussi, les
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horticulteurs qui en font leurs spécialités, en multiplient-ils des quan- tités considérables qu'ils eultivent à cet effet dans des petits pots; ils commencent à chauffer les variétés les plus précoces au commencement de l'hiver et continuent ensuite avec toutes les meilleures variétés jusqu'au moment où elles fleurissent naturellement dans les serres.
Ces plantes se couvrent d’une profusion de fleurs remarquables par la fraicheur et l'éclat de leurs corolles brillant des plus vives couleurs, et constituent l’une des branches les plus importantes du commerce horti- cole actuel. On les vend en pots, ou on en coupe les fleurs, qui étant montées sur des petites tiges de jonc sont très-employées pour confec- tionner les bouquets, etc,
Les Cinéraires hybrides naines, Cineraria hibrida nana, Hook., sont aussi en pleine floraison à cette époque de l’année. Au moyen de semis précoces et d’une culture convenablement dirigée, on en obtient des fleurs pendant toute là mauvaise saison. Pendant l'hiver surtout, elles sont favorablement accueillies des bouquetières qui en montent les fleurs et les disposent dans les bouquets; on en garnit aussi avantageusement les serres tempérées, jardins d'hiver, orangeries, appartements, etc.
Les Epiphyllum Ruckerianum, Horruz., var. rubrum et superbum ; Ep. truncatum, Haw. var. speclabilis, CELs.; et var. aurantiacum, Horr., etc,, abondent encore en ce moment sur les marchés et chez les fleuristes de Paris. La vente de ces plantes, se fait ordinairement en pots. On en coupe aussi les fleurs, que l’on monte sur des tiges de jonc pour en confectionner des bouquets charmants. M Luddmann, horti- culteur distingué boulevard d'Italie, et Chevet fils à Paris-St. Mandé, en préparent chaque année des quantités considérables ; ils les cultivent en serre tempérée sur les tablettes rapprochées de la lumière, ou leurs jolies fleurs rouges, orange, rose cocciné, blanc marginé de rose violacé, etc., se succèdent une grande partie de l’hiver. Les sujets sur lesquels ils les greffent sont le Peireskia aculeata, PLum. et le Cereus rostratus, Lin. Ce dernier périt quelquefois par le pied, mais aussi, sur celui-ci, les greffes reprennent bien mieux que sur le Peireskia, et on n’en manque presque pas. |
Le Libonia floribond, Libomia floribunda, C. Kocu., jolie Acanthacée récemment introduite en Europe par M° Linden, est actuellement l’une des plantes les plus à la mode pour les garnitures d’appartements. Mr Châté, horticulteur à Paris-St. Mandé le cultive en très-grand nombre pour les marchés ; il en forme de jolies petites pyramides se couvrant de fleurs tubuleuses d'un rouge cinnabre à la base, et orange à l’extré- mité, dont l’ensemble forme une des plus gracieuses petites plantes pour les marchés à cette époque de l’année.
On voit aussi en fleur en ce moment sur les marchés, le genêt des canaries, Genista canariense, Lix., l’Arum d’Ethiopie, Richardia Æthio- pica, Scnorr., le Pittospore ondulé, Pitiosporum undulatum, Ann.,
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l’'Oranger, Citrus aurantium, Lin., le Viorne Laurier tin, Viburnum tinus, Lin, l’Anthémis frutescente, Chrysanthemum frutescens, L., la Célestine à fleurs bleues, Ageratum cœlestinum, Lix., Cuphéa à fleurs couleur de feu, C. ignea, Aupu. DC., l'Eupatoire à feuilles molles, £upa- torium gleconophyllum, Less., le Stevia de Lindley, Stevia Lindleyana, la Lopézie à fleurs rouges, Lopezia miniata, DC., le Bilbergia pyramida- lis, Tauxs., l'Amaryllis à bandes, À. vittata, L'Hénir., var. rubra, les Erica campanulata, Monr., E. gracilis, Horr., Æ. hyemalis, Honr., E. Linneoides, Honr., £. persoluta alba, Hort., E. rubra superba, Horr. E. regerminans, Hont., £. transluscens rosea, Honr., £. vilmoreana, Horr., Phylica ericoïdes, Lix., Primevères de la Chine, Primula sinen- sis, LinpL., etc.
En fait de plantes à feuillage ornemental, ce sont les Begonias Rex Prz., les B. Leopardina, B. grandis, B. secrétaire Morren, B. van den Heckii, B. Princesse Charlotte, B. Duchesse de Brabant, B. secrétaire Kegeljan, etc., les Ficus, Tour., Dracæna, Vauv., Curculigo, GæÆrrx., Latania, Corux., Aspidistra, Ker., Acanthus, Tourner., Yucca, Lin., Chamærops, Lix., Pandanus, Lin, Adianthum, Saxifraga, Lix., Agave, Lin., etc., etc.
(À continuer.)
ÉCOLE DU FLEURISTE DE LA VILLE DE PARIS.
Paris, le 12 février 1868.
MONSIEUR,
Comme il me paraît supposable que les fréquents rapports que vous avez avec les personnes qui s'occupent d’horticulture, peuvent vous attirer parfois des demandes de renseignements sur l’emploi d'élève jardinier au fleuriste de la ville de Paris, je m'empresse de vous infor- mer que nous avons en ce moment plusieurs vacances de ce genre.
Désirant vous procurer toute facilité pour l’exactitude des indications que vous jugeriez devoir donner à ce sujet, j'ai l'honneur de vous adresser ci-joint les conditions d'admission pour 1868 en vous priant de vouloir bien les porter à la connaissance de tous ceux qu’elles vous paraîtraient capables d’intéresser.
Je saisis cette occasion pour vous renouveler, Monsieur, l'assurance de mes sentiments les plus distingués.
Le Jardinier en Chef, BARILLET.
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MONSIEUR,
J'ai l'honneur de vous informer que par décision de Monsieur le Directeur de la Voie publique et des Promenades, les conditions d’admis- sion des Élèves au Fleuriste de la Ville de Paris, sont ainsi fixées pour l’année 1868 :
1° Etre âgé de 18 ans révolus ; présenter une pièce pouvant servir à constater l’identité; posséder les premières notions de l’art horticole et avoir fait pendant un an au moins de la culture pratique ;
2 L’Administration alloue mensuellement aux Élèves, à titre de rému- nération de leur travail : Pendant les 5 premiers mois, 60 fr.; » les 5 mois suivants, 70 fr. ; Cette période écoulée, l’allocation mensuelle peut être portée, suivant les aptitudes et les capacités de l’Élève à 80 ou 85 fr. et au-dessus ;
5° Les Élèves sont assujettis aux règlements concernant les ouvriers et Chefs de section des Etablissements horticoles de la ville de Paris;
4° Chaque mois, ils sont changés de section, afin d'étudier avec fruit tous les genres de culture;
5e Les Élèves qui désirent quitter l’Établissement en préviennent le Chef de culture quinze jours à l’avance et ne peuvent réclamer le paie- ment de ce qui leur est dû avant le jour de la paie, qui a lieu du 8 au 10 de chaque mois.
Une place d'élève se trouvant vacante, en ce moment, veuillez, si vous remplissez les conditions relatées au $ 1°", et si les dispositions ci-dessus indiquées sont à votre convenance, vous présenter à mon bureau d'ici
jours. |
Passé ce délai, je disposerai de cette place en faveur d’un autre postu- lant.
Recevez, Monsieur, mes salutations,
Le Jardinier en Chef, BARILLET.
B eSonia boliviensis
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HORTICULTURE.
LES NOUVEAUX BEGONIA,
Begonia Boliviensis DC. figuré Planche V. — Veitchi Hook. r. figuré Planche VI. — rosacflora Ilook. r. figuré Planche VIT. — Clarkei Hook. r. figuré Planche VIIT.
Gp > es Bégonias fournissent à nos cultures un fond C SANT 2s inépuisable et d’une variété infinie. Jadis de belles espèces frutescentes ornaient les serres et les expositions; Anvers et Malines en mon- traient notamment des collections remarquables. Ces plantes, cultivées en buissons élevés, ruisselaient de fleurs. Elles ont été délaissées. Puis sont venus les Bégonias à feuillage coloré : Le Begonia rex en tête. Ils ont fait fureur et déjà la mode en est passée; on les trouve communs. Mais ce dédain même est éphémère : les Bégonias, anciens et nouveaux, resteront toujours les _ hôtes de nos serres.
Il vient d’en arriver toute une nouvelle fournée. On a déjà remarqué,
f avec un légitime étonnement, que les nouveautés d’un même genre apparaissent, en général, par troupes, comme les années d’abondance et de disette, les heurs et les malheurs. IT fut un temps où l’on ne voyait venir que des Caladium, puis des Maranta et ainsi de suite. L'année 1867 s’est signalée notamment par ses nouveaux Bégonias dignes d’un véritable intérêt.
Plusieurs se ressemblent un peu. Nous avons cru pouvoir, sans craindre une certaine monotonie, réunir les portraits des plus intéressants. L’amateur aura ainsi, en même temps, sous les yeux la figure exacte des espèces nouvelles signalées dans les catalogues. Toutes ont été décrites dans le Botanical Magazine par le D" J. Hooker, l’éminent directeur des jardins de Kew.
Begonia Boliviensis DC. ou Begonia de la Bolivie (Prodr. vol. XV,1re partie, p. 287. — Bot. Mag. 1867, pl. 5657). Voyez planche V. 5
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Ce Bégonia s’est trouvé à l'exposition universelle de Paris, dans le lot de plantes nouvelles exposé par MM. Veitch. Il y a été fort remarqué par la conformation de ses fleurs aussi singulières qu'élégantes. Ces fleurs, au périanthe fort allongé et d’un rouge vermillon, pendent avec grâce à la manière des fleurs de Fuchsia. Il avait été découvert par M. Weddell dans les Cordilières de la Bolivie, mais on doit son intro- duction dans les cultures à l’infatigable M. Pearce, le voyageur de MM. Veitch, qui a retrouvé la plante dans les mêmes contrées.
C’est une belle plante de serre tempérée. Sa tige est herbacée et glabre ; elle s'élève à 2-5 pieds en se ramifiant : les feuilles ont un pétiole court. Les fleurs sont nombreuses. Elle sera fort estimée.
Begonia Veitchi Hook. riz. ou Bégonia de Veitch (Gard. Chron., 1867, p. 754. — Bot. Mag., 1867, t. 5663). Voyez planche VI.
« De tous les Bégonias connus, dit le D' Hooker, celui-ci est, je crois, le plus beau. » Or, on en connait bien près de mille. Il a le port trapu, la tige fort courte, les feuilles rondes d’un vert foncé, crénelées, ciliées sur les bords. Tout cela rappelle, presque à s’y méprendre, le Saxifraga ciliata. Ses fleurs sont énormes, rondes, régulières, d'un rouge vermil- lon tellement vif que le pinceau ne saurait le reproduire.
Cette belle plante est de pleine terre. C’est pour nos jardins une acquisition telle qu’ils n’en ont pas faites depuis fort longtemps. Il pas- sera en plein air, sinon partout, au moins dans les jardins un peu favori- sés, dans un sol bien drainé et peut-être sous une légère couverture.
Il a été découvert près de Cuzco, au Pérou, à une élévation au-dessus du niveau de la mer de 12,000 à 12,500 pieds près des neiges. C’est encore M. Pearce qui a fait cette belle découverte et c’est à MM. Veitch que nous devons son introduction dans les jardins.
Cette plante se propagera bien vite ct sans doute on en tirera grand parti.
Begonia rosaeflora Hook. riz. ou Bégonia à fleurs de rose (Bot. Mag. 1867, pl. 5680). Voyez planche VII.
Même patrie et même origine que le précédent auquel il ressemble d’ailleurs beaucoup. On ne saurait dire s’il est de la même espèce. Quoi qu’il en soit, il diffère du B. Veitchi par ses pétioles et ses pédoncules plus forts et rouges, par ses feuilles plus arrondies, par sa hampe velue et par ses fleurs d’un coloris manifestement rose. Il est acaule, comme le Vertchi et pourra, sans doute, se cultiver comme lui en pleine terre.
Begonia Clarkei Hookx. FIL. ou Bégonia du major Clarke (Bot. Mag., 1867, t. 5675). Voyez planche VIII. |
Celui-ci est de serre tempérée : il a une tige qui se ramifie, un feuil- lage ample et opaque; les fleurs sont grandes et.d’un rose foncé. Il est
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LES SQUARES ET LES MARCHÉS DE PARIS,
PAR M. DELCHEVALERIE.
Chef de culture au fleuriste de la ville de Paris. (Suite, voir page 51.) VI.
Parmi les arbres, arbrisseaux et arbustes que l’on voit en fleurs en ce moment dans les jardins, on remarque quelques espèces d’Erables, d’Alisiers, de Spirées, de Pruniers, Groseilliers, ete. L’Amandier satiné, Amygdalus argentea Laux.; le Viorne laurier tin, Viburnum tinus Lin. ; le Mahonia à feuilles de Houx, Hahonia aquifolium Hurr.; le Forsythie à fruit doux, Forsythia suspensa Sies. ; le Skimmia du Japon, Skimmia Japonica Turc.; l’Akebie à cinq feuilles, Akebia quinata Dxe, ete., y sont en pleine floraison en ce moment.
Les plantes annuelles à floraison printanière, couvrent déjà de leurs jolies fleurs les massifs, plates bandes, corbeilles ou les bordures à cette époque de l’année.
Les Pensées à grande fleur surtout, Viola tricolor Lix. var. hortensis Hort., sont en pleine floraison. On en voit des massifs fleuris dans presque tous les jardins publics; les nuances qu’on y rencontre le plus sont celles à fond blanc ou jaune, cuivrées, mordorées, rougeàtres, etc. Cette plante est sans contredit l’une de celles qui constitue le plus bel ornement des parterres à la sortie de l'hiver.
La Giroflée jaune simple, Cheiranthus Cheiri Lin, est également très- recherchée pour garnir les jardins au premier printemps; on en voit ence moment de très-beaux massifs recouverts d’une abondance prodigieuse de fleurs ressemblant à de jolis rameaux d’or.
Les Cinéraires hybrides naines, Cineraria hybrida nana Honr., dont la floraison s’est effectuée en serre, peuvent étant enfoncées sur plates bandes avec leurs pots, à l'air libre à une exposition bien abritée, pro- duire leurs jolies fleurs jusqu’à la fin de mai.
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Les Narcisses à bouquets, Varcissus Tazella Lix., variété jaune, double, orange Phænix, grand double, naine, etc. ; les Jacinthes hâtives à fleurs simples, Æyancinthus orientalis Lan. ; les variétés nombreuses du Safran printanier, Crocus vernus ALc.; le Bulbocode printanicr, Bulbocodium vernum Lix.; la Nivéole du printemps, Leucoïum vernum Lin.; la Scille de Sibérie, Scilla siberica Axv.; le Triteleia uniflore, 7. uniflora Linos. ; ele., qui, étant plantés autour des massifs d’arbustes à feuilles persistan- tes, en groupes, en corbeilles, ete., en séparant les couleurs pour en faire des dessins de toute sorte, nous procurent de très-gracieux effets au moment de la floraison.
Les plantes vivaces dont on voit les fleurs en ce moment sont la Pulmo- naire de Virginie, Pulmonaria Virginica Lin. ; la Saxifrage de Sibérie, Saxifraga crassifolia Lin.; le Tussilage blanc de Neige, Tussilago nivea Viz.; la Violette odorante des quatre saisons, Viola odorata Lix.; la Violette de Parme, Viola Parmensis Horr.; l’Anémone Hépatique À. Hepa- tica Lix. ; l’'Anémone à fleurs bleues doubles, À. Æepatica triloba var. flor. ros. pl.; la Corbeille d'argent, Arabis alpina Lin. ; la Corbeille d'argent à feuilles panachées, Arabis alpina foliis variegatis ; le Dielytra remar- quable, Dielytra spectabilis DC.;le Doronic du Caucase, Doronicum cauca- sicum Biss.; l'Eranthe d'hiver, Eranthis hiemalis Sauss. ; l’Hellébore d’Abasie, Helleborus abschaticus ALL. Bram.; le Muscari à grappes, M. race- mosum Lix.; la pervenche grande, Vincu major Li. ; la Primevère oreille d'ours, Primula auricula Lix. ; l’'Héliotrope d'hiver, Tussilago suaveolens Desr.; la Primevère des jardins, Primula elatior Horr., etc.; toutes ces plantes sont propres à fleurir dans les parterres au premier printemps.
Parmi les plantes qui garnissent les rochers et les rocailles, on voit en ce moment les fleurs de l’Ionopsidium acaule, I. acaule Recs. ; l'Anémone sylvie, À. nemorosa Lin., var. flore pleno ; l’'Adonide du printemps, À donis vernalis Lix.; la Corydale bulibeuse, Corydalis bulbosa DC. ; le Cynoglosse printanier, Cynoglossum omphaloides Lin. ; la petite pervenche, Vinca minor Lix.; etc. Cette dernière est propre à orner les talus des bords ombragés des rivières et des pièces d’eau; étant plantée ou mélangée dans les bordures de Lierres, avec lequel son feuillage s’accorde parfaite- ment, elle forme de trés-jolis effets surtout au printemps au moment de la floraison.
Pour avoir de belles bordures à feuillage blanchâtre, nous recomman- dons tout particulièrement la Cinéraire maritime, Cineraria maritima Lix. Elle imite en quelque sorte la Centaurée candide si recherchée dans les jardins; étant plantée en bordures autour des massifs d’arbustes à feuillage persistant, tels que Lauriers tins, Troënes, Fusains, ete., elle forme de très-beaux contrastes pendant toute la belle saison et même pendant l'hiver. Nous en avons remarqué cette année dans plusieurs jardins de Paris, et notamment aux champs Elysées, qui ont parfaitement résisté sans aucun abri aux grands froids de cet hiver, et qui sont aussi fraiches et aussi vigoureuses qu’elles l’étaient à l’automne dernier.
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Une autre plante récemment introduite dans les cultures par M. Lin- den, vient également de passer l'hiver en pleine terre sous le climat de Paris; c’est le Gunnera manicata Lixn.; pendant tout le temps que-cette belle plante fut cultivée en serre, on n'a pu en obtenir que des sujets faibles et d’une mauvaise venue. L'année dernière M. Barillet Deschamps, en fit essayer un pied à la pleine terre dans le jardin d'expérience de la Muette ; il y passa l'hiver qui fut cependant assez rude, aux mêmes con- ditions que le Gunnera scabra R. et P., c’est-à-dire qu'il fut couvert d'un bon capuchon en paille pendant les fortes gelées.
Pendant le courant de ce mois on dédouble les plantes vivaces qui auraient pris trop de développement, telles que Phlox, Aster, Aconit, Campanules, Chrysanthèmes, Ancolie, Pyrêthre, Lobelia, Pivoines. ete. De même on peut mettre en végétation en ce moment, les plantes exoli- ques bulbeuses qui ont passé l'hiver dans les caves ou selliers à l'abri de la geléc, tels que Canna, Dabhlia, Erythrina, Mirabilis, Begonia, ete. On les empote ou on les plante en pleine terre sur couche et sous châssis, en les recouvrant d’une légère couche de terre ou de terreau. Dès qu’ils commencent à pousser, on leur donne de l'air, ct on l'augmente au fur et à mesure que l’on approche de l’époque de les planter en pleine terre.
En ce moment, on sème les plantes annuelles de pleine terre qui doivent fleurir de bonne heure et succèder aux semis d’automne. A cet effet, on élève vers les premiers jours du mois, une couche que l’on entoure de réchauds et que l’on recouvre de châssis; elle doit être exposée au pied d’un mur au midi si c’est possible. Dès que le fumier a jeté son feu, et que la couche de terreau étalée à la surface ne ren- ferme plus que 20 ou 25 degrès de centigrades, on y sème les graines des plantes telles que Rhodante de Mangles, Rhodante Manglesii Lixve. ; Perilla de Nankin, Perilla Nankinensis Dxe.; Perilla à feuilles crispées, P. arguta crispa ; Celosie à épi rose, Celosia margaritacea Lix. ; Lobelie erine grêle, Lobelia erinus gracilis Horr.; Lobelie erine de Paxton, Lobelia erinus Paxtonii; le Maurandia de Barcley, M. Barcleyana, Bot. Mag. et ses variétés; le Brachycome à feuilles d’ibéride, Brachycome iberidifolia Bexru.; les Giroflécs quarantaines, Mathiola annua DC. variétés liliputiennes, cocardeau, anglaise, demi anglaise, anglaise à grande fleur, ete. Pour avoir de bonne heure les fleurs de la Giroflée quarantaine, on la sème vers la fin de l'été, et on la repique sous châssis en octobre où elle passe l'hiver; au printemps, on la met en pots ou en pleine terre, et les premières fleurs apparaissent en mai; en faisant ensuite des semis successifs depuis le mois de février jusqu’à la fin de juin, on peut en avoir en fleurs jusqu'aux gelées. Les semis de février et mars doivent être faits et repiqués sur couche et sous châssis; mais à partir du mois d'avril on peut déjà les faire en pleine terre à bonne exposition.
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Pendant le mois de mars, on peut encore semer sur couche et sous châssis, les plantes dont la floraison se fait longtemps attendre telles que la Pervenche de Madagascar, Vinca rosea Lin. et la variété à fleur blanche; le Baguenaudier d’Æthiopie, Sutherlandia frutescens R. Bn.; la Centaurée gymnocarpe, Centaurea gymnocarpa ; le Cobée grimpant, Cobæa scandens Don. ; l’Alonzoa de Warcewiez, A. Warcewiczit REG. ; le Lophosperme grimpant, Lophospermum scandens Dox.; l’Argemone à grande fleur, À. grandiflora, Bot. Reg.; les Roses Tremières de la Chine, Althœæa sinensis Cav.; le Chocnostome fastigié, Chœnostoma fastigiata Honr.; la Nycterinée à feuilles de Selagine, Nycterinia selage- noides BExTu.; la Cinéraire maritime Cineraria maritima Lin.; le Daubentonia magnifique, D. magnifica; le Liseron d’Algérie, Convolvulus Mauritanicus Bois. ; l’Erythrine crète de Coq, £rythrina crista galli Lin; la Belle de nuit, Mirabilis Jalappa Lix. ; le Tabac à grandes fleurs pour- pres, Vicotiana grandiflora purpurea; le Phytolacca pourpré, Phytolacca purpurascens ; le Tournefortia faux héliotrope, Tournefortia heliotro- pioides Hook.; le Wigandia de Vigier, W. Vigierii Bar. ete. Toutes ces plantes doivent être semées sur couche et sous châssis, el repiquées séparément dans des godets proportionnés à leur développement; on continue ensuite de les élever sur couche et sous châssis en leur donnant d’abord un peu d’air, puis en l’augmentant au fur et à mesure que l’on approche du moment où on peut les livrer à la pleine terre.
En ce moment, on sème aussi en pépinière à l’air libre et à bonne exposition, les plantes telles que Collinsia bicolore, C. bicolor BENTu.; Cynoglosse à feuille de lin, Cynoglossum linifolium Lin. ; l’Eschsholtzie à feuille menue, Eschsholtzia tenuifolia Benxtu.; l’Adonide d’été, Adonis æstivalis Lix.; le Pois de Senteur varié, Lathyrus odoratus Lin., variétés à fleurs blanche, rouge, violet, brun, panaché rose, panaché violet, etc.; les pieds d’Alouette des blés à fleurs doubles, Delphininm consolida Lax., variété blanche, couleur chair, lilas, gris de Lin, violette, rouge, pana- chée, etc. On leur prépare une planche de terre à bonne exposition, à laquelle il est bon d’ajouter une certaine quantité de terreau. On y sème ensuite les graines à la volée, en rayons ou en fosses, et on les recouvre d’une couche de terreau égale à leur épaisseur. Lorsqu’elles sont très- fines ou qu’elles sont aigrettées, on les mélange avec de Ja terre ou du sable, afin de pouvoir les disséminer régulièrement sur le sol.
Lorsque le plant est suffisamment développé, on le repique sur une plate-bande bien préparée ou on l’éclaircit sur place en attendant delle planter à demeure.
À cette époque on peut semer en place en plein air les plantes telles que Réséda odorant, Reseda odorata Lin. Pavot des jardins, Paparer Rhœas Lix.; Lupins annuels, Lupinus Guatemalensis Horr., L. hirsutus Lix., L. luteus Lix., L. mutabilis Swr., L. nanus Doucr., L. pubescens Horr., L. speciosus, L. sulphureus Hort., L. varius Lin. cte. La terre
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BEGONIA ROSAEFLORA
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destinée à les recevoir étant bien préparée, on y sème les graines; lorsque le plant est suffisamment développé, on l’éclaireit de manière à laisser entre chaque plante une distance convenable qui lui permette de bien se développer. On donne de temps en temps un léger binage afin de faire disparaitre les mauvaises herbes et d'assurer au jeune plant une belle végétation et une floraison abondante.
Vers la fin du mois, on commence aussi à semer les gazons; lorsqu'on veut former de jolies pelouses dans les jardins d'agrément telles qu'on en voit chaque année dans les jardins des palais du Luxembourg, des Tuileries, ete. On emploie le Ray-grass ou gazon anglais dans la propor- tion de un à deux kilogrammes par are, selon que l’on voudra obtenir une herbe plus ou moins fine.
Le Ray-grass anglais Lolium perenne Wiio. forme des pelouses ravis- santes lorsqu'on le sème dans un sol riche et profond, convenablement arrosé dans les moments de sécheresse ; mais dans les terrains secs de peu de profondeur, il se dessèche ordinairement pendant les chaleurs de l'été.
Le terrain étant labouré et la surface convenablement régularisée par la herse ou le rateau selon la grandeur des pièces, on sème les graines à la volée le plus également possible, et on les recouvre légèrement en y passant la herse et le rouleau, ou ce qui vaut mieux encore, en semant sur la surface une légère couche de terreau. Vers la fin du printemps on donne un bon sarclage afin d'enlever les mauvaises herbes et surtout celles à racines pivotantes ; on fauche très-souvent, tous les quinze jours au moins, afin d'avoir des pelouses constamment vertes et un gazon bien régulier. On donne après chaque coupe un coup de roulcau, pour raffer- mir les plantes qui auraient pu être soulevées par les vers. On arrose le soir ou le matin pendant le moment des fortes chaleurs, et vers la fin de l'été on donne un second sarclage pour finir d'enlever les mauvaises herbes qui y seraient restées. A l'automne, on étend sur la surface une légère couche de fumier ou de terreau, et an commencement du prin- temps, avant que l'herbe ne commence à pousser, on enlève la paille qui ne serait pas consommée avec la herse ou le rateau. Lorsqu'il se trouve des places ou l'herbe a dépéri, on y répand des graines à la volée et on les recouvre d’une légère couche de terreau; on passe ensuite un tour de rouleau, ct cela suflit pour rétablir l'équilibre dans une grande pièce de gazon qu'il est toujours coûteux de retourner et de refaire à neuf. Mais s'il ne s'agissait que d’une petite pelouse, siluée près d’une habitation dans un jardin d'agrément, le meilleur moyen de lavoir toujours parfaitement fraiche est de la retourner et de la ressemer chaque année.
Pour les grandes pelouses à établir dans les terrains secs et peu pro- fonds, la maison Vilmorin Andrieux et Ci° recommande un mélange de graines composé de Brome des prés, Bromus pralensis Linx.; Fetuque
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durette, Festuca duriuscula Wirup.; Fetuque ovine, Festuca ovina L.; Paturin des prés Poa pratensis, L.; Flouve odorante, Anthoxantum odoratum L.; Crételle des prés, Cynosurus cristatus L.; Trèfle blanc, Trifolium repens L.; comme résistant mieux à l’action dévorante de la sécheresse.
Pour former les gazons sous bois, c’est-à-dire sous des arbres élevés où l'air circule encore assez librement, la même maison recommande un mélange composé de Paturin des bois Poa nemoralis L. vel. angus- tifolia L.; Flouve odorante Anthoxanthum odoratum L.; Fetuque à feuille menue, Festuca tenuifolia Sisru. ; Fetuqueheterophylle, Festuca heterophylla Per. ; ordinairement, dans des mélanges de graines de ce genre, on ajoute une certaine quantité de Ray-grass, qui garnit bientôt le terrain, et qui cède ensuite la place aux autres au fur et à mesure qu’elles se développent.
Les grandes pelouses de ce genre se sèment ordinairement de bonne heure à l'automne, en ayant soin de ne pas laisser séjourner dessus pendant l’hiver, les feuilles qui y seraient tombées à la fin de l’automne. Ces sortes de gazons ne demandent pas à être fauchés aussi fréquemment que le Ray-grass, cependant, on doit leur donner au moins deux ou trois coupes par an, les engraisser et les rouler selon le besoin. Au bout de deux ou trois ans, si la mousse voulait les envahir, il faudrait les ratisser fortement avec des rateaux en fer, afin de l'enlever complètement ; à la suite de cette opération, le gazon qui se trouve à moitié déraciné se rétablira parfaitement, si on a soin de semer des graines dans les parties qui seraient trop dégarnies, et de répandre ensuite à la surface une légère couche de bonne terre ou de terreau et d’y passer ensuite le rouleau pour raffermir les plantes.
Les marchés et les fleuristes de Paris sont abondamment pourvus de plantes de terre de bruyère de toute sorte en ce moment.
Le Camellia du Japon Camellia Japonica Lin. (dédié par Linné au révérend père Camelli, son importateur en Europe) est encore en pleine floraison en ce moment; les fleurs étant coupées et montées sur des tiges de jonc sont toujours employées pour la formation des bouquets, pour garnir les corbeilles, jardinières, etc. On en cultive aussi des quantités considérables en pots pour vendre sur les marchés ou chez les fleuristes en boutiques dès qu’ils sont en fleurs.
Le Camellia est sans contredit la plus riche conquête que l’horticul- ture ait faite dans le courant du siècle dernier. Le port élégant de cet arbrisseau, le vert brillant de ses feuilles et ses jolies fleurs axillaires Qui varient autant par la grandeur et la perfection des formes, que par la fraicheur et la beauté du coloris, apparaissent dans la saison la plus critique de l’année au moment où les fleurs de toute sorte font générale- ment défaut. ;
Les premières variétés à fleurs doubles, le blanc, le panaché, ct le
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rouge furent introduites du Japon en Europe vers la fin du siècle dernier seulement. Au commencement de ce siècle apparurent ensuite les variétés à fleurs carnées, rouge foncé, rouge pourpre, rose carminé, ete. Entre ces dernières et le Camellia du Japon type, les horticulteurs obtinrent des hybrides charmants qui furent multipliés et accueillis par tous les amateurs. À partir de cette époque, le Camellia se répandit de par le monde entier, et on en obtint successivement de nouvelles variétés per- fectionnées qui vinrent détrôner les anciennes.
L'abbé Berlèze, dans la troisième édition de sa monographie du genre Camellia, publiée en 1845, en décrit déjà 701 variétés. Aujourd'hui, que la science horticole a poussé à un haut degré de perfection les procédés de propagation et d’hybridation artificielle, le nombre de variétés de Camellia obtenues sur le continent européen a peut-être doublé depuis cette époque.
Le Camellia n’est pas seulement ca faveur dans nos pays, où on lui construit des serres spécialement affectées à sa culture. Dans son pays natal, où la fleur porte le nom de rose du Japon, il est également très- estimé, et fait l’objet d’un commerce considérable pour l'exportation.
Les Bruyères du Cap, ne sont pas moins en faveur sur les marchés de Paris; les horticulteurs qui s'occupent spécialement de la culture de ces jolies plantes pour l’approvisionnement des marchés, en ont adopté 25 ou 50 seulement, parmi les nombreuses espèces et variétés cultivées aujourd’hui dans les collections. Leur but étant d’avoir des plantes faciles à multiplier, et qui se prêtent parfaitement à la culture ordinaire et à la culture forcée, de facon à les propager rapidement et en grand nombre pour l’approvisionnement des marchés aux différentes époques de l’annéc.
Parmi celles-ci, on remarque en ce moment la Bruyère persolute à fleur blanche, Erica persoluta ulba Horr.; l’une des plus belles et des plus flo- ribondes qui soit conaue. M. Deshayes, l’un des plus habiles cultivateurs